Chapitre 6: Face à un Dilemme
Ecrit par Plume Inspirée
Chapitre 6 : Face à un Dilemme
Qui aurait cru qu’un frère pouvait soutenir le regard de sa sœur après de tels actes ? Pourtant Martin osait regarder Ushindi et Ben en face et leur parler comme si ce qui se passait dans cette maison était normal.
- Je ne sais pas si vous vous rendez compte que ce n’était même pas mon idée que vous veniez ici mais celle de Sandra. Sandra a aussi une petite sœur à Kin elle aurait pu proposer que je fasse venir sa petite sœur mais c’est à vous deux qu’elle a pensé. Elle n’est pas une mauvaise personne mais les réalités d’ici sont différentes de celles du Congo, la baby-sitter coute très cher et Séphora n’a pas pu trouver une place à la crèche. L’année prochaine tout sera réglé et vous serez inscrits à l’école de langue. Nous allons nous y prendre plus tôt avec les démarches de la crèche de la petite
- Ya Martin ce sont des histoires ce que tu nous dis là, supposons que ce soit à cause de la baby-sitter qui coute trop cher alors pourquoi Ben ne va pas déjà à l’école de langue ?
Lui questionnait Ushy qui refusait de croire au discours de son frère
- Ushindi je suis votre grand frère à Ben et toi, je ne peux pas avoir une conscience tranquille si Ben commence avec l’école et toi tu restes à la maison, je me suis donc décidé que vous irez tous les deux le semestre prochain
- Je ne sais même pas quoi dire face à tout ça Ya Martin, tu sais Ushy ne voulait pas venir ici et je me rends compte qu’elle n’avait pas tort. Comment peux-tu laisser ta femme transformer ta sœur en femme de ménage ? non seulement elle dort avec le bébé donc elle est dérangée toute la nuit mais en plus de ça, elle doit se lever très tôt pour préparer les petits pour l’école, elle doit faire à manger, elle dort au coin de la cuisine ; Toutes ces choses horribles c’est à ta propre sœur que tu infliges ça. Que moi je dorme au salon, je peux accepter, je suis un homme ; Mais Ushy est une fille, elle a besoin d’intimité Ya Martin !
- Ecoute Ben je ne vais pas vous faire des fausses promesses, la vie ici est dure et ce que nous paye les locataires va aider pour vos petits besoins, Ushy n’a qu’à souffrir un peu, c’est un sacrifice qui en vaut la peine. Pour ce qui est de déposer les enfants à l’école, vous devez comprendre que Sandra travaille et ici le retard n’est pas autorisé au boulot.
- Non mais Ya Martin tu t’entends là ! donc si je comprends bien, quand nous serons sois disant à l’école de langue, ça sera toujours à Ushy de se lever tôt et préparer les enfants pour l’école? Ya Martin est ce que tu te rends compte que si Ushy racontait ce qui se passe ici à maman, ça va créer des véritables tensions en famille ?
- Ben vous êtes en train de grandir vous devez comprendre qu à un certain âge, on oublie maman et on commence à prendre des décisions seuls. Je suis votre frère et je ne peux pas vous faire venir ici pour vous faire souffrir.
Il avait pris quelques minutes pour retrouver son souffle avant de poursuivre,
- Ecoutez ce que nous allons faire, je vais déposer les enfants chaque matin à l’école, quant à toi, Ben, tu te chargeras de les chercher le soir, ça va décharger Ushy. Je vais aussi parler à Sandra, Ushy et elle feront des alternations pour faire la cuisine
Ben et Ushy s’étaient regardés, Martin avait l’air convaincant, Ushy était la première à répondre après ça
- Ya Martin je veux croire que dans un semestre nous irons à l’école de langue, alors je t’accorde le bénéfice du doute
Ben ne disait rien, il préférait garder son silence, leur grand frère avait fait appel à Samira qui jouait dans la cours avec Praise
- Oui papa j’arrive !
- Vas avec tantine Ushy acheter des jus nous allons boire
- Youpiiiiiiiiii, s’était écriée la petite Samira, ainsi que son petit frère Praise
Ushy quant à elle, s’était levée et avait pris l’argent que lui tendait son grand frère. L’après-midi s’était passé dans une ambiance familiale en l’absence de Sandra qui était au boulot, Sandra était caissière dans un supermarché.
Cette conversation avec Ya Martin avait réussi à redonner espoir à Ushy, mais Ben restait cependant sceptique et sans enthousiasme. Ushy était dans la cuisine en train de faire à manger, son grand frère était venu s’asseoir sur l’un des longs tabourets de la cuisine pour lui faire la conversation
- Dis-moi tu as déjà pensé à une église où tu iras communier, maman me disait hier au téléphone, qu’au pays tu étais très attachée au programme de ton église, parait-il que tu chantais même à la chorale
- Oui c’est vrai je suis chantre, mais bon comment veux-tu que je pense à une église où communier ici si personne ne m’y amène ?
- Fini de faire la cuisine je vais t’amener chez Belinda une amie à Sandra, elle vit non loin de la station de train de Belleville là, tu pourras aller la chercher demain pour aller avec elle à l’église
- D’accord Ya Martin
C’est ainsi que cet après-midi, Ushy avait retrouvé son grand frère, elle avait retrouvé la bienveillance de celui-ci, ce qui la consolait un peu de tous ces changements. Mais n’empêche qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si le semestre prochain elle irait à l’école de langue comme venait de le promettre Martin…
Alors qu’elle cuisinait encore, la jeune femme qui louait l’ancienne chambre d’Ushy avait rejoint la cuisine à son tour
- Bonjour grande sœur je ne t’ai pas vu depuis le matin
- Bonjour Didi, j’avais fais un tour au mall faire des courses, je suis rentrée il y a quelques heures, je pense que tu étais sous la douche quand je suis revenue
- Ah ok je vois
La cuisine était suffisamment grande pour que trois personnes y cuisinent sans problème, la jeune femme s’était lancée aussi dans ses taches.
- Dis-moi grande sœur je ne connais pas ton prénom, je suis gênée de te poser cette question
- Ne t’inquiète pas, ne sois pas gênée pour ça. Moi c’est Lielle
- C’est un très joli prénom, j’aime bien
- C’est dans ma langue maternelle, ça veut dire l’intelligence
- C’est trop beau et c’est quoi cette langue
- Le vili c’est une langue d’une des ethnies du Congo Brazzaville
- Ah je vois
- Dis-moi tu ne vas pas à l’école ?
- Le semestre prochain je commence mes cours de langue
- Ça veut dire que tu es venu ça ne fait pas bien longtemps ?
- Juste quelques jours avant toi en fait
- Oh c’est vrai ça ? ok je vois, moi je suis là pour une mission de service qui va durer près de six mois, voir même plus
- Donc tu parles anglais déjà ?
- Oui j’ai fait mes études au Ghana
Il semblait avoir une connexion entre les deux filles, Lielle était âgée de 26 ans…
Ushy avait terminé de cuisiner avant de prendre congé de Lielle qui était encore occupée dans la cuisine.
- Je fais un tour avec mon grand frère voir une amie à ma belle sœur
- D’accord Didi à ce soir alors !
Derrière son sourire timide, se cachait une très grande gentillesse, Belinda, l’amie à Sandra, avait été très accueillante avec Ushy. Elle était aussi chantre et n’avait pas caché sa joie en apprenant que Ushy aussi était chantre. En moins d’une heure du temps, les deux s’étaient déjà lancées dans une grande conversation sur le déroulement des répétitions. Ushy avait l’air très enthousiaste, elle était aux anges de savoir que bientôt, elle pourrait encore chanter pour le Seigneur, le chant était l’une des passions de la jeune UShindi.
Le mari de Belinda aussi était sympa, il avait précisé à Ushy au moment où ils prenaient congé, qu’elle devait venir les chercher le lendemain à 8 heures pour ne pas être en retard au culte.
Ushy était contente, en trois semaines, aujourd’hui était la journée où elle se sentait un peu soulagée. Au retour d’Ushy Sandra sa belle-sœur était déjà de retour à la maison
- Bonsoir Ya Sandra
- Bonsoir
Elle avait une mine serrée, elle était visiblement contrariée de n’avoir pas trouvé Ushy à la maison
- Mais tu étais où? tu as laissé l’enfant ici et tu n’as pas protégé Praise et samira, tu n’as pas idée de combien dangereux est le froid de l’Afrique du Sud hein toi, si les enfants là attrapent des maladies pulmonaires c’est toi qui va les soigner ? Ushy il ne faut pas t’imaginer que moi-même je n’ai pas les mains pour m’occuper de mes enfants hein, ce sont les réalités de l’Afrique du Sud qui font que je ne puisse pas être à mesure de m’occuper de mes enfants moi-même, donc ça ne sert à rien de te comporter comme si sans toi je serais finie
Ushy avait opté d’ignorer toutes les mauvaises paroles que sa belle-sœur avait sorti pour ne se focaliser que sur le « tu étais où »
- J’étais chez Ya Belinda avec Ya Martin, il fallait que j’aille voir sa maison pour que demain je passe la chercher pour aller à l’église. Nous nous sommes séparés à la station de train avec Ya Martin, il est parti au boulot
- Tchuiiiiiiiiiip
En guise de réponse, Sandra l’avait regardé avec dédain avant de la bousculer pour après se diriger vers la chambre. Ushy en se rendant dans la cuisine s’était rendu compte que sa belle-sœur n’avait pas laissé à manger pour elle.
- Ben as-tu mangé ?
- Oui j’ai mangé, Ya Sandra nous a servi Cyril et moi
- Mais apparemment elle n’a pas laissé à manger pour moi
- Comment ça ? attends je vais la parler
- Non Ben laisse tomber je t’en prie ne crée pas d’histoire
- Je ne vais pas créer d’histoire, je vais juste la demander où est ta nourriture, tu as cuisiné et toi-même tu ne vas pas manger ? c’est quelle histoire ça !
Ben s’était rendu devant la porte de la chambre de sa belle-sœur et avait frappé
- Ya Sandra ?
- Ouiiii
- Où est la nourriture d’UShy ?
Elle était restée un long moment silencieuse, Ben était quant à lui resté devant la porte attendant une réponse de sa part. En guise de réponse, c’était le bruit de ses pas qui s’annonçait. Étant sorti de la chambre elle avait ignoré Ben qui était debout là pour se diriger droit au salon.
Au salon, il y avait Ushy, les deux locataires Sud-africaines, Samira, Praise ainsi que Cyril assis tous devant la télé
- Ushy dis-moi je suis ta rivale ?
Son ton était menaçant, Ushy était perdue, qu’avait-elle fait ? Elle préférait cependant garder le silence par respect, car à cette allure c’était parti pour une dispute si seulement elle osait répondre
- Ushy je suis en train de te parler, je te demande si je suis ta rivale ? parce que ton comportement commence à me dépasser, tu sors tu laisses les enfants non protégés avec ce froid et tu reviens gaillardement demander ta nourriture ? non mais tu m’envoies même un intermédiaire pour le faire, genre tu n’as pas mon temps quoi !
- Ce n’est pas Ushy qui m’a demandé de venir te voir Ya Sandra, c’est moi qui ai décidé de venir te demander parce que ce n’est pas normal que celle qui cuisine, on ne lui laisse même pas à manger
- Ben tu me parles sur ce ton ? D’ailleurs Ushy elle-même ne peut pas parler, c’est ça ? si elle n’avait pas parlé de nourriture, comment tu devais savoir quelle n’a pas eu de part, Ushy si tu as des choses à me dire c’est à moi-même qu’il faut le dire, je n’ai pas besoin que tu partes chuchoter et surtout ça ne sert pas de m’envoyer des intermédiaires. Ici c’est ma maison, je n’ai pas peur de quelqu’un donc inutile de m’envoyer Ben. Ben n’est pas le chef de cette maison tu m’entends ? ici c’est chez moi !
Elle criait fort, les locataires Sud-Africaines essayaient de la calmer
- Sandra calmes toi (elles parlaient en anglais)
- Non cette fille depuis qu’elle est arrivée ici ; je sens qu’elle me cherche des histoires ; donc moi j’ai mal fait de demander à leur frère de les faire venir ici ? si ce n’était que votre frère il n’aurait jamais songé à vous faire sortir du Congo mais elle ose quand même me montrer son ingratitude
- Calme toi Sandra s’il te plait, les problèmes de famille ne se règlent pas en criant sur les toits, c’est ta petite sœur si elle fait quelque chose qui ne te plait pas tu peux juste l’appeler à l’écart et parler avec elle
Cette fois ci c’était Cyril qui essayait de calmer Sandra à son tour. Ushy ne disait mot, Ben qui ne semblait pas se maitriser était sorti s’asseoir à la véranda pour éviter de répondre à Sandra. Cet incident avait mis tout le monde mal à l’aise, les filles sud-africaines n’osaient pas regarder UShy dans les yeux, elles s’étaient levées toutes les deux pour rejoindre leur chambre
- A demain les gars !
- Bonne nuit les filles
Avait lancé Cyril ; Ushy n’osait ouvrir sa bouche, ses yeux étaient remplis de larmes alors elle ne voulait pas les faire couler devant tout le monde. Une dizaine de minutes plus tard c’était au tour de Cyril de prendre congé.
Au bout d’une heure passée, le salon était vide, Sandra avait pris avec elle ses trois enfants, c’était la première nuit qu’Ushy passait sans un bébé pour couper son sommeil depuis son arrivée.
Ben avait rejoint le canapé qui le servait de lit et Ushy quant à elle avait rejoint le coin de la cuisine qui la servait de chambre. Maintenant quelle était seule dans son coin, elle n’avait pas pu retenir ses larmes, au-delà des larmes, elle n’avait pas pu retenir les cris quelle poussait à voix basse
- Seigneur pourquoi ça ? sniff sniff sniff Seigneur j’étais tranquille chez ma mère, Seigneur pourquoi ? sinff sniff sniff
Elle mourrait d’envie de parler à la seule personne avec qui elle partageait ce qui se passait ici, elle venait de prendre son téléphone pour faire un message à Olivier
« Wangu c’est trop dur ce que je vis ici, je pense qu’il serait mieux que je revienne seulement au Congo »
Message not sent !
Indiquait son opérateur téléphonique… pourquoi fallait-il que tout ceci tombe alors quelle n’avait pas de crédit ? se disait-elle. Ben compte à lui avait écouté sa sœur pleurer tout à l’heure mais il ne trouvait pas la force de venir la consoler. Dans son coin au salon, il gardait sa peine dans son cœur et il se promettait de relancer son ami demain pour en savoir plus sur le deal de la dernière fois.
Ushy essayait à plusieurs reprise d’envoyer le message tout en sachant qu’elle n’avait pas de crédit, mais tellement désespérée, elle s’attendait peut être à un miracle. Son operateur lui renvoyait la même alerte
Message not sent
Assise sur le matelas, des larmes aux yeux, Ushy pensait à sa mère, Olivier, Emmanuelle,… sa vie si simple lui manquait tant. Elle n’avait pas entendu s’approcher Lielle…
Lielle s’était approchée d’Ushy et avait discrètement posé sa main sur l’épaule de celle-ci
- Viens on va papoter un peu entre fille ça va te faire du bien
Sans dire mot, Ushy s’était levée de son matelas pour suivre Lielle dans sa chambre. Une fois dans la chambre, il y avait un plateau sur le bureau de Lielle, du pain, du beurre d’arachide dans un pot, le lait, le chocolat en poudre, le sucre et deux oranges ainsi qu’une tasse y étaient posés. Lielle avait mis en marche sa bouilloire pour faire de l’eau chaude à Ushy
- Je suis ta grande sœur et tu dois te sentir libre avec moi, je ne suis pas riche mais je mange quand même tous les jours alors sens toi libre de venir me demander quand tu as un besoin Didi. J’avais malheureusement déjà mis la nourriture au frais, c’est déjà congelé sinon je t’aurais sorti de la nourriture
- Merci beaucoup grande sœur
Lielle avait pris une tranche de pain juste pour accompagner Ushy qui prenait le lait. Ushy se sentait à l’aise avec Lielle. C’était sans doute ce qu’il lui fallait, une amie avec qui parler de tout ce qu’elle vivait, du coup elle avait sauté sur cette occasion. Les minutes qui suivaient, Ushy avait fait à Lielle le résumé de sa vie à Lubumbashi ; ses rêves et ses projets avec Olivier. Elle avait aussi partagé avec Lielle son désir de retourner au Congo et retrouver sa vie paisible.
- Je sais que c’est dure pour une fille de 18 ans de faire face à ce genre de chose mais je ne pense pas que retourner au pays soit une bonne idée, j’ai appris avec mon peu d’expérience que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu et de ceux qui sont appelés selon son dessein, alors, toi contentes toi d’aimer Dieu et laisse toi porter par les vagues de sa volonté. Ne va jamais à contrecourant de la volonté de Dieu et moi je pense que tu n’es pas ici par hasard. Tu es déjà arrivée ici, bats toi et tu vas t’en sortir
- Mais à cette allure je ne vais pas arriver à supporter grande sœur, je t’avoue que si c’était seulement faire le ménage et toutes les corvées je pourrais supporter mais devoir être comme sa rivale, là je ne sais pas comment je vais y arriver
- Tu n’es pas arrivée ici par hasard, lorsque la vie te donne du citron fais en une limonade et sirote tranquille le gout
Ushy avait éclaté de rire
- Kiekiekiekiekiekiekie, sérieux !
- Voilà je t’assure, en plus je ne pense pas que rester dans ta zone de confort t’aurais fait gagner la même force et la même expérience qu’en sortir. Tu devrais te dire que si tu es ici, tu dois profiter au maximum de ta présence dans ce pays car la bible dit que tout lieu où foulera la plante de tes pieds l’Eternel te le donne en possession
- Amen ma grande sœur et que me conseilles tu devrais-je en parler à ma mère ?
- Oui, tu devrais lui raconter que tu ne vas pas à l’école et qu’ici on ne te donne pas de sous, mais tu dois attendre de le faire quand tu seras apaisée pour que tu ne rapportes pas mal la situation ; si je pense que tu dois en parler à ta mère, c’est parce que je me dis que si elle sait, elle pourrait même avec le peu qu’elle a, t’envoyer un peu d’argent de temps en temps car tu es une fille et tu as besoin d’un peu d’argent pour t’acheter tes serviettes hygiéniques par exemple. Mais ne fais pas mention des détails qui pourraient choque ta mère, ne parles pas de comment ta belle-sœur te chamaille ; tu dors avec le bébé, bla bla bla tu vois ?
- Oui grande sœur je vois
- Tu vas me donner ton numéro je te mettrais du crédit de temps en temps pour te permettre de parler à ta mère et à ton fiancé, ça te fera du bien et te fera oublier un peu les difficultés que tu traverses
- Merci beaucoup grande sœur, tu ne peux pas comprendre ce que ça me fait de pouvoir en parler avec une personne.
- Chaque fois que tu as envie de parler, viens parler avec moi
Lielle avait passé la soirée à réconforter Ushy et à l’encourager de rester en Afrique du Sud et de se battre pour réussir.
En revenant dans ce coin qui lui servait de chambre, Ushy se remémorait tous les bons conseils de cette grande sœur que la vie venait de lui donner. Elle était d’accord de rester, mais commet pouvait-elle s’en sortir sans économie ? C’est à peine si UShy avait pu fermer l’œil de la nuit, elle réfléchissait sur les façons de gagner de l’argent dans un pays où elle ne connaissait pas les rues, et dont elle ne parlait même pas la langue.
Elle avait fini par trouver le sommeil, elle gardait l’espoir qu’en parlant avec Olivier et en partageant les conseils de Lielle avec lui, Olivier allait lui donner des idées sur quoi faire ? Jusqu’ici Ushy avait toujours compté sur Olivier pour des bons et sages conseils.
Le lendemain Ushy avait intégré l’église où priait Belinda l’amie à Sandra ; UShy avait même déjà intégré la chorale. Tout le monde avait été très gentil avec elle à la chorale.
Deux semaines s’étaient écoulées depuis qu’Ushy partait maintenant à l’église, ça lui faisait du bien de voir du monde, à la chorale tout le monde était sympathiques à un point où les samedis étaient devenus les jours préférés d’Ushy car elle partait à la répétition de la chorale. Ce samedi, elle avait terminé de faire la cuisine à temps, Ben devait rester s’occuper des enfants ; Ushy était en route pour les répétions de la chorale, quand elle avait reçu un appel d’Olivier
- Oui Wangu
- Mais je t’écris sur whatsapp en vain
- Je ne suis pas connectée je n’ai pas de crédit, ma grande sœur qui me met parfois le crédit ne l’a pas fait depuis quelques jours et je ne peux pas lui demander j’ai honte
- Ah d’accord Wangu je vois, comment va-t-elle ta grande sœur Lielle
Ushy avait parlé de Lielle à Olivier
- Elle va bien ; elle est débordée en ce moment au boulot ; elle rentre tard et quand elle rentre, elle est très fatiguée on ne parle pas beaucoup ces derniers temps
- Je vois, sinon tu fais quoi ?
- En route pour les répétitions
- Ah oui, c’est vrai que c’est samedi aujourd’hui. Donc je vais te laisser aller à ta répétition, je te rappelle plus tard
- Non on peut parler je n’ai pas de quoi payer le ticket de train alors je marche, c’est à deux stations de chez moi
- Oh Ushy tout ce que tu vis là-bas me fait trop mal. Je ne cesse de réfléchir à tout ça et je pense que la solution c’est de rentrer au pays, tu devrais rentrer au pays. Prends ton passeport chez ta belle-sœur et demande à maman de se battre pour te trouver un ticket de bus pour que tu rentres. Il n’est pas encore trop tard pour prendre une inscription. Je pense que si je m’atèle ici je peux déjà te prendre une inscription à l’ISP de Lushi
- Wangu tu sais bien que je n’ai pas dit à ma mère exactement ce qui se passe ici, c’est vrai que je lui ai dit qu’on ne me donne pas d’argent de poche et que je commence les cours le semestre prochain mais je ne me suis pas plainte et je ne pense pas que c’est sage de le faire
- C’est ta mère tu devrais lui dire Wangu et tu dois rentrer, ici tu seras plus tranquille et en paix rien ne vaut plus que la paix Ushy
- Mais Wangu Ya Martin dit qu’il nous inscrira le semestre prochain, comment veux-tu que je rentre sans observer pour voir s’il le fera. Tu sais comme le dit Lielle il n’y a pas de réussite sans sacrifice
- Ecoute Ushy, je ne comprends plus ce que tu veux, arrête de te fier à ce que cette Lielle te dit, je sais qu’elle est gentille et t’aide un peu, mais n’oublie pas qu’elle rentre dans quelques mois quand sa mission prendra fin. Yandis que toi, tu continueras à supporter tout ça toi-même. Je ne suis même pas sûr que ton frère t’inscrive à l’école de langue, au lieu de perdre ton année comme ça rentre au pays !
- Wangu je ne pense pas que c’est raisonnable de rentrer au pays
- Ça veut dire que tu ne souffres pas assez Ushy,
… la conversation n’était pas terminée mais apparemment Olivier n’avait plus de crédit. Cette conversation mettait Ushy face à un dilemme, devait elle considérer le conseil d’Olivier et rentrer au pays ? Ou bien devait-elle considérer le conseil de Lielle ?
Ushy ne savait plus où se mettre ; rentrer allait certainement faire du bien à sa relation avec olivier, d’ailleurs, elle n’avait jamais voulu se retrouver ici. Alors rentrer devrait résoudre tous ses problèmes, mais si elle se referait à ses conversations avec Lielle, elle ne pouvait pas négliger le fait que ce n’était peut-être pas un hasard, qu’elle se soit retrouvée en Afrique du Sud. Une question tourmentait désormais Ushindi : était-ce sage de rentrer au pays ?