J’ouvre la porte de la chambre doucement afin d’éviter qu’elle ne grince comme d’habitude. Je referme derrière moi t m’approche du lit. Adanna est emmitouflée dans mes draps et dort paisiblement enfin. Je l’observe un long moment avant de poser une de mes mains sur son front. Je ne sais pas ce que je ferai si je venais à la perdre. Ma vie s’effondrerait tout simplement. Je baisse la luminosité de la lumière avant de récupérer le plateau qu’elle a posé sur la table de chevet. Elle a bu tout le thé à la camomille que je je lui ai préparé. Je récupère le plateau et sors de la chambre en veillant à ne pas claquer la porte. J’arrive dans la cuisine et pose le plateau dans l’évier avant de commencer à tout nettoyer. 

Je sors à peine de la douche et me pose quelques instants au salon. La soirée a été très mouvementée et riche en émotions pour Adanna. Elle a tellement pleuré que ses yeux ont presque doublé de volume. Elle n’a pas voulu rentrer dans cet état chez elle de peur qu’elle ne tombe sur ses sœurs et qu’elles lui posent des questions. Elle m’a demandé si elle pouvait passer la nuit chez moi et je n’ai pas hésité une seule seconde. Il s’agit d’Adanna et elle n’est pas n’importe qui à mes yeux. Je récupère mon Mac posé sur la table et le déverrouille. Je lis rapidement mes mails avant de me rendre sur Facebook pour me reconnecter un peu avec la réalité. Depuis le décès de Mawa, je me suis coupé de tout. Je fais à peine cinq minutes sur ma page avant de me déconnecter et de mettre de la musique. J’ai toujours du mal à croire qu’Adanna soit chez moi actuellement. Ces quatre dernières années ont été vraiment difficiles pour moi. Il est vrai que j’ai un bon travail aux Etats-Unis et que je suis indépendant sur tous les plans mais le bonheur n’a pas encore toqué à ma porte. J’avais Adanna dans ma vie et j’ai réussi à l’en sortir sans que je ne m’en rende compte. J’ai tout perdu lorsqu’elle m’a quitté. Repenser à cela me fait vraiment du mal. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même de toute façon. J’ai voulu jouer et je me suis brûlé violemment. Je fais parti de cette catégorie de personnes qui s’arrangent toujours à détruire leur propre bonheur.

- Aaargh.

J’ouvre immédiatement les yeux alerté par les cris. Je regarde rapidement l’heure sur l’écran de mon téléphone. Il est trois heures trente-cinq du matin. J’entends encore le même cri. Je bondis du canapé sur lequel je me suis endormi et cours vers la chambre. J’ouvre la porte à la volée et je vois Adanna en train de couler des larmes mais elle dort toujours. Elle donne des coups dans le vide comme si elle se battait. Je pensais que ses problèmes de cauchemars avaient cessé. Je m’approche d’elle et le secoue pour la réveiller de force. Elle finit par ouvrir les yeux mais s’attaque sur mon torse en me mettant des coups.

- Adanna calme-toi s’il te plaît. C’est moi : Khaleb.
- Khaleb ?
- Oui Khaleb.
- Je suis désolée.
- Tu as fait un cauchemar encore ?
- Oui.
- Bon calme-toi. 

Je l’attire à moi et la serre dans mes bras. Cela a le don de la calmer.

- Tu veux en parler ?
- Non. Dit-elle en bougeant la tête.
- Ok. Tu veux un verre d’eau ?
- Oui. Merci.
- Ok je reviens.

Je relâche mon étreinte et descends à la cuisine lui chercher un verre d’eau que je ramène quelques petites minutes plus tard. Je le lui tends et elle s’empresse de le vider avant de le poser sur la table de chevet.

- Désolée de t’importuner.
- Ce n’est pas le cas t’inquiète. 
- …….
- Tu veux que je reste avec toi jusqu’à ce que tu t’endormes ?
- Oui merci.
- Ok.

Je m’allonge à ses côtés et je la regarde dans les yeux avant qu’elle ne détourne son regard de braise. 

- Tu me manques Adanna.
- Arrête Khaleb.
- Je n’arrive plus à cacher ce que je ressens pour toi que tu le veuilles ou non.
- Bonne nuit Khaleb.

Elle s’est retournée en me montrant le dos. J’ai soupiré d’agacement mais je ne me suis pas laissé démonter pour autant par son comportement. J’ai attendu patiemment qu’elle s’endorme afin de la serrer tendrement dans mes bras. Elle me manque terriblement. Je ne suis qu’un gros con. La disparition de Mawa m’a enseigné qu’il faut savoir profiter de tous ceux que nous aimons. Je compte bien appliquer cette règle avec Adanna aussi.

En me levant ce matin, j’ai trouvé la place d’Adanna froide. Cela m’a immédiatement réveillé. Je me suis levé du lit avant de m’enfermer dans la salle de bains où j’ai pris une douche J’ose espérer qu’elle se trouve encore dans l’appartement. J’espère qu’elle ne s’est pas enfuie encore une fois. 

En me rendant à la salle de séjour, je l’ai trouvée debout devant la baie vitrée avec la chemise que je lui ai prêtée hier.

- Hey ! Ca va ?

Elle se retourne vers moi et me fait un petit sourire.

- Oui et toi ?
- Ca va. Bien dormie ?
- Plus ou moins. 
- Wahou ! Tu as fait le petit-déjeuner ?
- Euh oui.
- Je vais donc honorer cela.
- Fais toi plaisir je t’en prie.
- A condition que tu m’accompagnes.
- Ok.

On passe un bon moment avant qu’Adanna ne débarrasse la table et s’éclipse à l’étage. Je reste assis devant la baie vitrée. Il faut que j’ai une discussion sérieuse avec Adanna. Je ne peux pas continuer ainsi. La douleur que je ressens en pesant à toute cette histoire est vive de plus en plus.

- Toc Toc.

Je me lève et vais voir à travers l’œil de judas qui se trouve devant la porte. Je finis par l’ouvrir exaspéré.

- Que veux-tu Murielle ?
- Bonjour Khaleb. J’ai appris par ta mère que tu étais de retour au pays.
- Et ?
- Je voulais juste passer te voir.
- Qui a dit que je voulais te voir et de surcroît chez moi ?
- Tu n’es pas obligé d’être si méchant.
- Je suis franc tout simplement. Fous-moi la paix une bonne fois pour toute.
- Jusqu’à quand vas-tu me traiter ainsi ?
- Jusqu’au jour où tu disparaitras complètement de ma vie.

J’entends des pas se rapprocher derrière moi et je vois Adanna descendre des escaliers. Elle s’est changée.

- C’est à cause d’elle que tu ne veux plus me voir ? crie Murielle

Adanna relève la tête comme intriguée par cette voix et croise le regard meurtrier de Murielle. Elle ne lui accorde aucune attention avant de disparaître dans le salon après avoir tchipé.

- Qu’est-ce qu’elle a que je ne peux te donner ?
- Elle a mon cœur tout simplement. Et cela vois-tu aucune autre femme ne l’aura. Tu ferais mieux de penser à construire ta vie et rencontrer un homme car l’heure biologique tourne.
- Tu es un salaud Khaleb.
- Je sais. Merci de débarrasser mon plancher et de ne plus revenir m’importuner.

Je ferme la porte à double-tour et vais retrouver Adanna que je trouve debout au salon en train de fouiller son sac.

- Je vais y aller Khaleb. Merci pour l’hospitalité.
- C’est normal ne t’inquiète pas. Avant que tu ne t’en ailles j’aimerais qu’on discute tous les deux s’il te plaît.
- De ?
- Nous deux .
- Khaleb….
- Laisse-moi terminer s’il te plaît.
- Ok.
- Je sais que j’ai été lamentable avec toi mais je mérite une seconde chance car je t’aime. Oui j’ai fait des conneries et je suis venu te l’avouer mais tu m’as condamné lourdement. Je ne suis même pas capable de tenter une expérience avec une autre femme car je ne veux que toi. Si c’est une punition, la sentence est vraiment lourde. J’ai besoin de toi Adanna. J’ai vraiment besoin de toi. 
- …….
- La disparition de Mawa m’a ouvert les yeux sur la vie. On ne sait pas de quoi est fait demain. Je ne veux plus perdre de temps avec toi Adanna. J’ai tellement peur de te perdre. Je n’y survivrai pas tout simplement. Je ne veux plus perdre de temps. Je veux profiter de chaque seconde avec toi
- Cela ne sert à rien Khaleb.
- Combien de fois dois-je te dire que je suis désolé ?
- Dis-le autant de fois que tu veux. Cela ne change rien pour moi Khaleb.
- Tu n’as pas de cœur Adanna. Regarde comment je souffre là à glérer en espérant un signe de toi.
- Lol ! Tu es vraiment marrant toi !
- ……
- Dois-je te rappeler que c’est toi qui m’a brisé le cœur et ce de la pire des façons.
- Et je ne n’en suis pas fier ?
- Rien à foutre Khaleb. J’en ai strictement rien à faire.
- …..
- Tu sais ce que ça fait d’entendre l’homme qu’on aime coucher avec une pétasse à travers un téléphone et avec l’appui de ta mère ? Non tu l’ignores. 
- Je t’ai avoué ce faux-pas.
- Mais j’étais déjà au courant car j’ai assisté en direct via son téléphone à vos ébats pimentés. Et tu crois que moi, Adanna OUEDJIN j’ai envie de reprendre avec toi ? LOl. Va voir dans les WC si j’y suis.
- Adanna.
- Tu me soules Khaleb. Fiche-moi la paix. Combien de fois tu m’as dit qu’il n’y avait rien entre Murielle et toi et comme par enchantement vous couchez ensemble. Fous-toi bien de ma personne.

Je la bloque contre un mur et l’emprisonne avec mes deux bras qui prennent appui contre le mur et je la fixe.

- J’ai été un salaud. Je le reconnais. Mais je t’ai avoué ma faute. Je suis honnête. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne m’aimes plus Adanna. J’ai besoin de l’entendre Adanna.
- …….
- Tu n’y arrives pas. C’est bien ce que je me disais.
- Khaleb laisse-moi partir.
- Je suis prêt à tout pour toi. A tous les sacrifices. Tu es toute ma vie. Je veux t’épouser Adanna. Je ne veux plus perdre de temps. Tu as six mois de réflexion. Après ce temps, je passerai à autre chose. La balle est dans ton camp.

Je me suis baissé vers elle et l’ai embrassée. J’ai l’impression de revivre.