Chapitre 4 : Découverte horrifiante
Ecrit par kaynaliah
Nous sommes tous réunis à la PROCI SARL, maison de pompes funèbres à Cotonou. Il y a du monde. Le corps de Mawa devrait sortir dans quelques minutes. Ses parents sont à l’intérieur avec son mari. J’attends à l’extérieur avec mes soeurs qui sont également venues dire un dernier hommage à Mawa. Toute sa famille est réunie, paternelle comme maternelle. Mais il est tellement flagrant et déroutant de voir les deux clans qui se sont formés: sa famille et ses amis d’un côté et ceux de son époux de l’autre côté. J’aperçois Khaleb qui vient vers moi et me prend dans ses bras.
- Ca va?
- …. Oui.
- Tu tiens le coup?
- Je n’ai pas trop le choix non plus.
- C’est vrai.
- Et toi ça va?
- Ca peut aller même si j’ai du mal à me faire à cette idée.
- C’est dur.
- On se voit après. Je vais aller voir les parents de Mawa à l’intérieur.
- Ok.
Il desserre son étreinte après m’avoir fait un bisou sur le front. Il rentre dans les locaux des pompes funèbres et je décide d’aller m’asseoir dans la voiture car je me sens mal soudainement. Une dizaine de minutes plus tard, je vois Khaleb sortir et tenant d’une main la maman de Mawa. Quelle tristesse! Ils montent dans une voiture. Je sens que le corps ne va pas tarder à sortir. Les filles me rejoignent dans la voiture. J’entends tout d’un coup la sirène des motards. Cela doit être encore une idée de son mari. Apparemment il ne connaissait pas bien sa femme car elle détestait cela. Claire démarre la voiture et on suit le cortège silencieusement jusqu’à leur domicile.
Je manque de m’effondrer lorsque je vois le cercueil sortir du corbillard. Heureusement que je m’agrippe au bras de Nancy qui est près de moi. Et dire que Mawa est couchée dans cette boîte. J’en ai les larmes aux yeux. L’émotion est à son comble et entendre les gens pleurer n’arrange pas du tout mon état. Tante alima est totalement effondrée et son mari ne dit rien. Il a juste dissimulé ses yeux derrière sa paire de lunettes de soleil. Je vois Thomas se lever et sortir de la concession. Je décide de le suivre pour le consoler mais je vois que Khaleb a déjà pris la relève. Mawa regarde comment tu nous laisses ici? Comment allons-nous survivre à cette blessure que tu nous infliges là? Comment allons-nous nous consoler les uns des autres? Ca fait trop mal. Je n’arrive presque plus à me contenir. Je m’excuse auprès des filles et me rends aux toilettes pour y crier ma peine. Mawa comment as-tu pu nous faire cela? Regarde tes parents et ton frère qui sont brisés par cette nouvelle. Nous t’aimions tellement. Comment allons-nous faire sans toi? Je ne pensais pas que j’aurai aussi mal.
Je retrouve mes soeurs quelques instants plus tard. je regarde autour de moi et je n’aime pas du tout l’attitude de cet homme. Je le déteste vraiment. Il est là à sourire avec les gens qui sont venus pour lui alors que le corps de sa femme n’est même pas loin. Il ne peut même pas faire semblant d’être atteint par le décès de Mawa. Comment peut-il être aussi sans coeur? Je regarde le portrait de Mawa qui se trouve au pied du cercueil. Elle était tellement magnifique. Que s’est-il passé Mon Dieu? J’ai trop mal au coeur. Je pense tellement à Mawa et ce bébé qu’elle a en son sein. La vie est vraiment injuste des fois. Comment est-ce possible de parler au passé d’une personne qu’on a tant aimé? Comment est-ce possible de se dire qu’on ne la reverra jamais? Elle avait toute la vie devant elle et elle est partie comme ça.
Lorsque j’ai enfin eu le courage d’aller la voir allongée dans son cercueil, je me suis effondrée au sol. Même à la mort de mon père, je n’avais pas si mal. Ce sont Claire et Khaleb qui sont venus me relever et m’ont fait sortir de là. Je commence à faire une crise d’angoisse et Claire préfère que nous rentrons à la maison. Je n’ai même pas le temps de discuter que je me retrouve à l’arrière de la voiture avec les larmes aux yeux. Nancy est restée avec moi jusqu’à deux heures du matin avant d’aller se coucher. J’ai tenté tant bien que mal de m’endormir pour essayer de taire cette douleur quelques instants mais je n’y suis malheureusement pas parvenue. Je me suis levée du lit, ai mis mon peignoir et suis sortie de ma chambre. Je me suis allongée sur le tapis de son bureau et me suis mise à fixer le plafond. Mes yeux croisent un portrait posé sur la table. Je me lève pour le regarder de plus près. C’est une photo de toute la famille. Nous étions heureux à cette époque mais ça c’était avant qu’on nous vole notre innocence.
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Trois jours plus tard
Mawa a été conduite à sa dernière demeure et j’ai refusé de m’y rendre. Pourquoi? Je n’aurai pas pu lui dire au revoir. Je ne pouvais pas tout simplement. Cela était au-dessus de mes forces tout simplement.Je ne suis pas assez forte pour affronter cela. Je suis profondément triste depuis quelques jours et je me sens si coupable de n’être pas allée lui dire un dernier au revoir mais je ne pouvais pas. J’ai besoin de sortir et de m’évader l’esprit car je me sens déjà trop empressée. J’emprunte les clés de voiture de Nancy et sors de la maison. Je roule jusqu’à FIDJROSSE BEACH qui est une plage magnifique. Je me souviens que plus jeune j’aimais venir ici retrouver Mawa. On restait là face à la mer à discuter de nos futurs projets, de nos rêves. Nous n’étions que des petites filles mais pleines d’espoirs et de rêves car on attendait tellement de la vie. Cet endroit est notre repère tout simplement. Je viens de garer la voiture et je descends du véhicule. J’enlève mes chaussures et marche sur le sable chaud dont les grains s’enfilent à travers mes orteils. Je retrouve finalement notre endroit préféré. Je déplie ma serviette de plage et je me pose dessus en croisant mes jambes. Mes lunettes de soleil sur le visage pour dissimuler mes cernes, je fixe l’horizon.
- Je savais que je te trouverais ici.
Je me retourne et je vois Khaleb dans mon dos.
- Khaleb? Mais que fais-tu ici?
- Je te cherche depuis des jours.
- Pourquoi?
- Je m’inquiète pour toi.
- …..
- Tu t’es tellement renfermée que je ne sais pas quand tu as besoin d’aide ou de quelque chose tout simplement”
- ……
- Je ne t’ai pas vue à l’enterrement de Mawa.
- Je n’ai pas envie de parler de ça.
- Mais il le faut bien Adanna.
- Comment m’as-tu trouvée?
- Je te rappelle que c’est ici que je t’ai rencontrée la première fois en compagnie de Mawa.
- ….
- Je sais qu’elle te manque Adanna. Je veux être là pour toi. Je veux t’épauler. Ne me repousse pas je t’en prie.
J’ai la gorge nouée et je ne sais même pas quoi répondre. Je le sens poser ses bras autour de mes épaules et m’attirer à lui tout simplement. je n’ai même pas de force pour m’y opposer. Je finis par laisser échapper ces larmes que je voulais retenir sans succès. Il me fait une bise sur le haut de la tête.
- Je t’aime Adanna. Plus que tout. Ne l’oublie pas. Je serai toujours là pour toi.
Je préfère ne même pas répondre car ce n’est ni le lieu ni le moment d’avoir cette conversation. On a passé l’après-midi là à ressasser chacun nos souvenirs avec Mawa avant de s’en aller. La mort de Mawa me fait prendre conscience que la vie est vraiment courte et qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre avec elle. En rentrant chez moi ce soir-là, je me suis promise de passer le plus de temps possible avec ma famille.
Les jours passent lentement et je prends du temps pour chaque personne de mon entourage. Je suis assise à une table d’un des restaurants de la place lorsque je sens un regard sur moi. Je lève la tête mais je ne vois personne. Je trouve cela étrange car je suis persuadée d’être épiée. Je finis par prendre mon sac et à m’en aller. J’en profite pour passer à l’agence de voyages et repousser la date de mon départ d’une semaine. En sortant de là, j’entends la sonnerie de mon portable retentir. Je le sors de mon sac et le numéro est inconnu. Je décroche malgré tout.
- Allo.
- Bonjour. C’est Mademoiselle OUEJIN Adanna?
- Euh oui. Je peux vous aider?
- Je dois vous voir urgemment.
- Mais qui êtes-vous?
- Je ne peux rien vous dire au téléphon.
- Je ne sais même pas qui vous êtes et vous voulez que je vous rencontre.
- Ecoutez-moi bien car je ne peux pas durer au téléphone avec vous de peur de me faire tracer.
- …….
- Je sais des choses sur la mort de votre amie Mawa.
- Pardon?
- Retrouvez-moi au Bénin Royal Hôtel à 20h chambre 407.
- Mais….
La communication a déjà été rompue. Je raccroche mon téléphone encore choquée par tant d’audace. Comment cette personne a eu mon numéro? Et qui est-elle? Et que me veut-elle? Si elle a des informations sur la mort de Mawa pourquoi elle ne va pas voir les autorités compétentes? Je suis restée dans mes questionnements durant un long moment avant d’arriver à la maison. Je n’ai pas cessé de cogiter si je devais y aller ou pas. L’heure ne fait que tourner et je ne me suis toujours pas décidée. En tant normal, je serai restée chez moi mais cette personne dit savoir des informations sur Maawa et son décès mystérieux. Je veux savoir ce qui lui est arrivé. Je prends mon téléphone et appelle Khaleb. il est le seul à pouvoir m’aider. Si j’en parle à mes soeurs, elles ne seront jamais d’accord que j’aille à ce rendez-vous ambigu.
- Adanna? Tu as un problème?
- Il faut que je te vois urgemment.
- Euh oui si tu veux. Mais que se passe-t-il?
- Je ne peux pas t’en parler au téléphone.
- Très bien. j’arrive chez toi dans une heure.
- Ok. Je t’attends.
- A tout à l’heure.
Je ne sais pas dans quoi je suis en train de m’embarquer mais une chose est sûre: ça ne sent pas bon. Je fais des tests avec le micro de mon téléphone lorsque Claire m’annonce l’arrivée de Khaleb. Je descends le retrouver et je lui demande de sortir de la maison pour se rendre dans le jardin à cause des oreilles indiscrètes de mes soeurs. On s’installe sur des chaises et je lui sers à boire avant de rentrer dans le vif du sujet.
- Il n’en est pas question Adanna.
- Et si cette personne disait la vérité?
- Et si elle nous racontait des mensonges?
- ……
- Te rends-tu compte du danger que tu es entrain de courir?
- …..
- On ne sait même pas dans quoi on va mettre les pieds.
- Je veux savoir ce qui est arrivé à Mawa.
- Moi aussi mais là on peut ne pas en sortir vivant.
- Si tu refuses de m’aider je me débrouillerai autrement.
- Je serai là mais au moindre faux pas on s’en va.
- Ok.
- Je n’aime pas du tout cela.
Khaleb était anxieux et fâché tandis que moi je racontais des blagues pour détendre l’atmosphère en attendant l’heure. Claire n’arrêtait pas de sourire et je sais à quoi elle pense. Khaleb vient de garer la voiture sur le parking et on descend tous les deux. Khaleb a exigé être avec moi lorsque j’irai rencontrer cette personne dans sa chambre d’hôtel et ce n’était pas négociable. On emprunte les ascenseurs et on arrive rapidement à l’étage qui nous intéresse. Arrivés devant la porte, Khaleb frappe deux coups secs à la porte qui ne tarde pas à s’ouvrir pour laisser apparaître un homme.
- Entrez je vous en prie.
- Bonsoir.
- Bonsoir et merci d’être venus.
- Qui êtes-vous?
- Asseyez-vous je vous en prie.
- Ok.
- N’ayez pas peur car je porte une arme mais c’est pour ma sécurité car je suis en danger.
- Ok.
- Avant de commencer comment avez-vous eu le contact d’Adanna? demande Khaleb.
- Par l’intermédiaire de Mawa.
- Je ne vous suis pas.
- J’y viens.
- ……
- Madame HOUNSINOU m’a contacté il y a quelques semaines. Elle voulait que j’enquête sur son mari et surtout sur son passé.
- Pourquoi?
- Les raisons je l’ignore mais je n’ai pas chômé.
- Qu’avez-vous découvert?
- Monsieur HOUNSINOU a été marié déjà trois fois et sa défunte femme était sa quatrième épouse.
- Pardon? Je pensais qu’il n’avait été marié qu’une fois.
- C’est archi-faux. Voyez par vous même ce dossier.
- ……
- J’ai retrouvé les actes de mariage mais cet homme est très malin pour dissimuler ses actes.
- …….
- Il s’est marié dans des mairies où il a des liens particuliers avec les maires qui ont le pouvoir de camoufler certaines informations.
- ……
- Jamais on a retrouvé les corps de sa deuxième et troisième épouse. La première serait morte dans un accident de la circulation mais je n’y crois pas.
- Pourquoi?
- J’ai vu ses hommes assassiner sa dernière épouse sans remords.
- Quoi?
- Je partais la chercher car elle devait quitter le pays par la route. Je devais l’amener en Côte d’ivoire et de là-bas elle devait prendre son col pour les Etats-Unis.
- -Il l’a tuée? dis-je en larmes
- Ils lui ont brisé le cou avant de jeter son corps dans la piscine. J’étais caché derrière un busquet et j’ai tout filmé.
- Oh Mon Dieu! Il faut aller à la police.
- On ne peut pas.
- Pourquoi?
- Il est le nouveau ministre de la justice et c’est simple pour ses acolytes et lui de faire disparaître des preuves.Je vous laisse ce dossier et faites-en bon usage. Mawa m’a demandé de vous remettre cette clé USB au cas où elle échouerait sa mission.
- ……
- Je vais m’en aller maintenant car j’ai peur de ces hommes. Faites attention à vous car il est très dangereux.
Sans tarder, il sort de la chambre en nous souhaitant bonne chance.
- En fait cet homme est un assassin. dit Khaleb.
- Comment il a pu faire cela à Mawa? Elle n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.
- Je te promets qu’on le mettra hors d’état de nuire. Dit Khaleb en m’attirant à lui et en me serrant dans ses bras avant que je ne fonde en larmes.
- Snif.
- Je te promets qu’on vengera Mawa. Ce veuf noir ira brûler en enfer.