Chapitre 53
Ecrit par La Vie d'Ielle
Chapitre 53 : Toi, comment tu me vois ?
**Anne-Lily
Il m'embrasse et cette fois-ci il n'y a aucune opposition dans ma tête, je me laisse faire et je fais même mieux... Je réponds à son baiser.
Pourquoi je le fais ? J'en sais rien.
J'ai eu envie d'ailleurs, je ne vais pas me mentir.
Je ne sais pas ce qui m'arrive ces derniers jours, j'ai l'impression de perdre un peu mes moyens et ça c'est juste avec Marc. Depuis qu'il a quitté Libreville pour son travail il ne cesse de m'appeler et on discute tranquillement sans blancs. En un mois je suis devenu moins défensive avec lui que je ne le suis normalement et ne ne sais pas ce qui de passe pour que les choses soient désormais ainsi.
Quand il m'a demandé de venir le chercher je ne voulais pas d'abord mais après, il a tellement insisté que j'ai finalement accepté.
Tout ce que Cynthia m'a dit j'ai compris et je me suis dit que je vais essayer de me lâcher comme elle aime bien le dire. Du coup, je me suis dit que je vais me laisser aller. Je ne dis pas que je vais sortir avec Marc, je dis juste que je vais me laisser aller et apprécier la vie... C'est ça non ?
Dans tous les cas, la vie jusque là ne me dérange pas et depuis que j'ai décidé cela j'ai l'impression qu'elle est un peu plus aérée. Je ne dis pas que j'oublie Luc, ce que je fais c'est vivre avec. Marc dit qu'il veut m'aider ? Alors qu'il le fasse.
Marc ( me regardant ) : Quelque chose a changé ou quoi ?
Moi ( timide / fuyant son regard ) : Ne me fais pas regretter ça s'il te plaît.
Marc : Pourquoi tu le regretterais ?
Moi ( évitant le sujet ) : On va où là ?
Marc : Cette manie que tu as de changer de conversations te trahit tu sais ?
Moi : Quoi ?
Marc : Je t'ai posé une Question et tu as évité de répondre.
Moi : Parce que je ne veux pas répondre.
Marc : Parce que tu ne veux pas répondre ou parce qu'il n'y a pas de réponse ?
Moi : On s'en va ou pas ?
Marc ( souriant / mettant sa ceinture ) : En plus elle recommence... Je peux avoir un autre baiser s'il te plaît ?
Moi : Non.
Marc : Jamais deux sans trois dit-on.
Moi : Non Marc... On y va !!
Marc ( amusé ) : Elle fait la difficile ?
Moi : Qu'est-ce que... Tu dis quoi là ?
Marc ( éclatant de rire ) : T'inquiète pas ! Je ne dis pas que tu es une femme facile.
Il a ce sourire là, ce rire là...
C'est bien ainsi que Luc aurait été si seulement il avait eu la chance d'être encore en vie de grandir.
Je sais pas depuis le port je ne perds pas une miette de tous les mouvements qu'il fait, comme si je le sondais ou comme si je cherchais quelque-chose.
C'est involontairement que je le fais parce que je me surprend à le faire.
Marc : Tu pense à moi alors que je suis là ?
Moi : Tu es toujours aussi prétentieux que ça ?
Marc : Tu es belle Anne-Lily, tu le sais ça ?
Moi : ...
Marc ( mettant le contact ) : Bon écoute, j'ai besoin que tu m'aide mais avant tu dois me dire si as pensé à ce que je t'ai dit par rapport à maman. De ta réponse dépend ce que je dois te dire.
Moi : J'y ai pensé, oui.
Marc : Et ?
Moi : Ok... Je vais la voir... Luc était son petit fils donc c'est normal je pense de répondre positivement à sa demande.
Marc : Du coup, là j'ai besoin que tu m'accompagne chercher un studio.
Moi : Un studio ?
Marc : Entre mes allers et retours j'ai besoin d'être stable aussi ici et là, maman doit descendre avec ma soeur et il faut absolument un endroit où elles pourront vivre.
Moi : Oui, tu as raison.
Marc : Je ne sais pas trop comment on fait ici donc euh j'ai besoin de ton aide.
Moi : On va aller voir les affiches à sotega et nkembo.
Marc : D'accord !!
Il a démarré et nous avons pu commencer la rondee à la recherche d'un studio.
Au départ, quand il m'a dit que sa mère voulait me voir je n'étais du tout pas d'accord.
Du coup, j'en ai parlé à papa et maman et ils m'ont demandé d'accepter. C'est ce que j'ai fait et avec du recul je me dis que sa démarche, vouloir me voir, est bonne. Je vais le faire et on en parlera plus.
On a fait sotega et nkembo pour filmer les affiches de maison puis il s'est garé pour passer des coups de fils. On a visité tellement de maison que je commence à avoir faim. Marc est plus compliqué qu'une femme, c'est pas possible !
On fait tous les quartiers aujourd'hui. Il paraît qu'il avait besoin de mon aide mais non apparemment parce qu'il est très exigent du coup, les maisons que j'apprécie ne sont pas ainsi perçues par lui.
On quitte Nzeng Ayong pour revenir à sotega visiter une maison... de toute façon ce n'est pas mon carburant qu'il dépense mais j'ai faim quand même et la journée se termine dans quelques heures.
Moi ( descendant ) : Si tu refuse la maison là je te jure que je te laisse, j'ai faim moi.
Marc ( souriant ) : Fatiguée aussi ?
Moi : Tu es exigeant dis donc !
Marc : Je tiens ça de mon père ( verrouillant ), il était très exigeant aussi et mon frère aussi l'était.
Moi : C'est de famille alors.
Marc : Juste les hommes. On y va ?
Moi : Je te suis.
On est allé à la rencontre de la personne qui devait nous faire visiter la maison, il a dit que nous ne sommes pas proches du coup nous sommes revenus dans le véhicule et c'est en suivant ses instructions que nous sommes arrivés.
On n'a même pas fini la visite qu'il a demandé à signer le contrat de bail.
Moi : Tu es sûr ?
Marc : Oui, pas toi ?
Moi : Je te demande juste pour ne pas que tu choisisse juste parce que j'ai dit que j'ai faim.
Marc : Non, ne t'inquiète pas. Ça te plaît ?
Moi : Je ne vivrai pas dedans.
Marc : J'ai besoin de ton avis quand même.
Moi : Oui, c'est un bel endroit.
Bailleur : Et l'endroit est calme aussi. Vous ne serez pas dans la concession mais n'ayez crainte, ils n'ont qu'un enfant donc pas de bruit. Vous avez des enfants ?
Marc : Plus maintenant.
Bailleur : Ah... Navré !!
Moi : Tu la prends ou pas ?
Marc : Je la prends. Quoi dois-je faire ( regardant le bailleur ) ?
Le temps qu'il parle avec le bailleur j'ai continué la visite et quand il a fini de faire ce qu'il fallait pour l'acquisition de la maison nous sommes parti.
C'est à la teranga que nous sommes allés, ils ne font que du tchiep ici.
Moi : Maintenant que c'est fait, ta mère viendra dormir sur le sol ?
Marc : Je prendrai le nécessaire, le reste suivra plus tard.
Moi : Okay !
Marc : Ça va ?
Moi : Oui, ça va.
Marc : Tu es moins bavarde.
Moi : Je ne suis pas bavarde, tu le sais.
Marc : Au téléphone tu parlais Quand même. Il n'y avait pas de blancs mais là, si et c'est moi qui tient la discussion depuis. Qu'est-ce qu'il y'a ?
Moi : Rien.
Marc : Tu es gênée ? Mal à l'aise ?
Moi : Non.
Marc : Alors, c'est quoi ?
Moi : Rien je te dis.
Marc : D'accord, si tu le dis
Silence ...
Marc : Ne te sens pas gênée quand on est ensemble Anne-Lily et ôte toi de la tête que quand tu me vois tu vois Luc.
Moi : C'est-à-dire ?
Marc : Ce que j'essaie de te dire c'est que oui, Luc me ressemblait mais ce n'est pas moi Luc... C'était mon fils... Si tu essaies de me substituer à lui tu me dis et on arrête les frais parce que je ne suis pas un Luc de remplacement. Aussi, si tu me catégorise en tant que celui qui te rappelle Luc uniquement tu me dis déjà pour que je saches à quoi m'en tenir ?
Moi : Comment tu peux dire ça ? Personne ne pourra jamais remplacer Luc, même pas toi.
Marc : Ne vois prends pas ça mal. Ce que je dis c'est que le déni peut faire en sorte que tu te crée cette bulle dans laquelle passer du temps avec moi c'est passer du temps avec Luc. Tu dois apprendre à vivre... Tout comme ce n'est pas parce que tu es la mère de Luc que je me rapproche de toi. Certes tu l'es mais il y'a aussi le fait que tu sois une belle femme et une belle personne du peu que je connais. C'est ainsi que je te vois en dehors de l'étiquette de la mère de Luc. Toi alors, comment tu me vois ? Est-ce que j'ai l'étiquette du père de Luc ? Est-ce que je suis seulement celui qui ressemble à Luc, celui qui te rappelle Luc ? Est-ce que je suis un homme ? Voici les questions que tu dois te poser, tu as tout ton temps.
Moi :...
Marc : Je peux te demander quelque chose ?
Moi : Dis-moi.
Marc : Il y'a l'ouverture du prêt à porter dans un mois, tu m'y accompagneras ?
Moi : Je ne sais pas où je serai dans un mois.
Marc : Maintenant tu le sais. Le nom c'est Absolutely Chic donc à l'ouverture on doit Être chiquement vêtu, il y'aura une petite collation après et nous irons quelque part pour célébrer par la suite. Ça te dit ?
Moi : Non !
Marc : Super, je viendrai te chercher chez toi alors.
Il fait exprès ou il n'a pas entendu ce que je viens de dire ?
Moi : J'ai dit non.
Marc : Tu as décidé de me laisser t'aider à vivre ou pas ?
Moi : Je peux me débrouiller toute seule.
Marc : Ça se voit que tu t'en sors ( ironique ).
Moi : Ne te moque pas.
Marc : Laisse toi aller, laisse toi tomber et aies confiance.
Moi : Confiance en qui ?
Marc : En moi.
Moi : Qu'est-ce qui me rassure de ta confiance ?
Marc : Regarde moi, j'ai une tête de bandit ?
Moi : C'est écrit sur la tête peut-être?
Marc ( amusé ) : Tu sais ce qu'on va faire ?
Moi : Je suis sûre que tu vas me le dire.
Marc : On va continuer à faire connaissance d'accord ? Ça va certainement nous aider à mieux cerner l'autre un peu plus.
Moi : Ainsi je verrai pourquoi te faire confiance ?
Marc : Certainement.
Moi : Okay !
**Annabelle
_ Quelques jours plus tard _
Mira : Maman n'oublie pas de m'apporter deux tenues s'il te plaît. Mes deux longues robes que tu connais là ?
Moi : Tu vas me répéter ça combien de fois ?
Mira : Je répète parce que je sais que tu oublie vite les choses, on se connait.
Moi : Ne fatigue pas ! Éric elle sort quand ?
Éric : Demain.
Moi ( regardant Mira ) : Maintenant tu veux deux tenues pourquoi vu que tu sors demain ?
Mira : Mais je dois aussi rester avec les mêmes habits ? Je dors avec quoi ce soir ? Demain je porte quoi ?
Moi : Tu es venu ici pour faire le défilé ?
Mira : Je dois aussi être négligée parce que je suis à l'hôpital ?
Moi : Je t'ai envoyé à l'hôpital ? Quand on te dit de manger tu refuse.
Mira : C'est moi ?
Moi : Pardon, j'y vais ( se levant ).
Mira : N'oublie pas oh.
Moi : Tu embête !
Mira : Tu vas revenir avec papa ?
Moi : Certainement.
Mira : Okay.
Je les ai laissé et je suis rentrée à la maison.
On l'a gardé parce qu'elle ne se nourrit pas, tout ce qu'elle met dans sa bouche elle renvoie du coup on a dit qu'elle reste.
Je rentre à la maison et je trouve Charles devant ma télévision. Je ne dis même pas un mot et vais directement dans la chambre de Mira prendre les affaires qu'elle a demandé, si j'oublie elle va me fatiguer.
Moi : On y va ensemble ou pas ?
Charles : Bien sûr mais avant j'aimerais que tu t'asseye, j'ai à te parler.
Moi : De quoi ?
Charles : Tu t'asseois ou pas ?
Moi ( m'asseyant ) : Je t'écoute.
Charles : Ne sois pas déjà sur la défensive.
Moi : Charles, parle sinon je me lève... Mon enfant m'attend.
Charles : Annabelle : Reviens dans notre chambre s'il te plaît.
Moi : C'est tout ? Je peux m'en aller ?
Charles : Pourquoi tu fais ça ?
Moi : Si tu n'as rien de mieux à me dire je vais m'en aller.
Charles : Annabelle ce n'est pas normal que tu dorme dans une autre chambre. Tous les couples ont des couples et ça peut se régler. Encore que ça, ce n'est pas un problème mais une incompréhension.
Moi : Tu as raison, ce n'est pas un problème... Tu n'as fait que dire ce que tu ressens, ce que tu m'as longtemps caché.
Charles : Ne dis pas ça !
Moi : Je ne dis que ce qui est.
Charles : C'est une incompréhension, je ne voulais pas dire ça.
Moi : Tu l'as dit.
Charles : Tu sais bien que Anne-Lily c'est ma fille.
Moi : Ne fais pas le bipolaire avec moi et ne tente pas d'apaiser mon coeur avec tes nouvelles phrases.
Charles : Mira n'est pas obligée de savoir que nous avons des incompréhensions, il faut que tu revienne dans la chambre et il faut qu'on parle calmement... Sans que tu ne sois déjà sur la défensive.
Moi : Tout a été dit Charles, ne me fatigue surtout pas ( me levant ). Si tu viens à l'hôpital on y va maintenant, dans le cas contraire ne me cherche pas ( m'en allant ).
Je l'ai laissé au salon.
Depuis notez dernière discussion je ne partage pas le même lit que lui.
Pourquoi le faire encore ?
Je regrette déjà d'avoir partager ma vie avec quelqu'un qui n'a jamais réellement aimer mon enfant, Il a bien caché son jeu il faut le dire.
Quand je pense que j'ai perdu mon enfant parce qu'il l'a punit d'une chose qu'elle n'a pas faite. Je l'ai regardé partir sans rien dire, je l'ai regardé pleurer sans essuyer ses larmes. Physiquement je l'ai fait mais représentent les larmes physiques devant celles du coeur, celles intérieures ?
Il n'y a même pas à réfléchir.
Aujourd'hui, j'ai totalement perdu Anne-Lily.
Elle ne veut rien savoir de moi, je suis morte pour elle.
Ça fait mal quand votre enfant vous dit ça, surtout quand on sait qu'on y est pour quelque chose.
Je ne sais pas où elle vit, je n'ai aucun contact et je ne sais même pas par où la chercher.
Je n'ai plus le numéro de Lilian ou de Jeanne donc je suis complètement perdu, je ne sais pas comment agir... Je ne sais pas quoi faire.
**Charles
J'éteins la télévision et je la suis à l'extérieur.
Rien ne va entre nous depuis la fois où on avait parler de Anne-Lily, elle dort dans une autre chambre et m'adresse froidement la parole.
Je sais que là elle est fâchée mais je ne sais pas comment faire pour que cette colère quitte son coeur.
Elle fait ce qu'elle doit faire dans la maison en tant que femme mais rien de plus.
Je n'ai pas fait exprès, je ne sais même pas ce qui m'a pris. Là, elle va longtemps rester sur la défensive et je ne veux pas de ça.
Le problème c'est que là, elle m'a l'air entêtée et quand elle est comme ça c'est difficile de lui fais comprendre les choses.
Je ne peux même pas m'excuser parce qu'elle ne voudra pas m'écouter.
Bref, nous en parlerons plus tard mais là il faut que j'aille voir Mira. Elle ne mange pas même pas, elle vomit tout donc on l'a gardé à l'hôpital.
Je la retrouve à l'extérieur puis nous partons pour l'hôpital.
On l'a trouvé avec Éric... Elle ne sait pas que sa mère et moi avons des problèmes. Je ne veux même pas qu'elle sache, ce sont nos histoires et je n'ai même pas envie de la fatiguer avec. Elle est déjà assez préoccupée par sa grossesse qui embête un peu. Elle ne mange pratiquement rien et il faut voir comment elle maigrit, tout ce qu'elle mange elle rend à la minute qui suite.