Chapitre 54
Ecrit par Auby88
Edric MARIANO
Je m'abandonne aux accolades chaleureuses de Delmundo.
- Mon fiston est de retour ! Quelle joie. Mais dis, qui est cette jolie demoiselle qui t'accompagne ?
Je me retourne vers Maëlly.
- Je vous présente Maëlly FREITAS, une grande amie.
Je remarque que Delmundo s'efforce de garder le sourire sur son visage.
- Une amie, tu dis ?
- Oui, agréé-je en lui faisant des clins d'œil.
Il ne prête pas vraiment attention à moi. Il se rapproche de Maëlly. J'espère qu'il ne dira aucune bêtise.
- Enchanté, mademoiselle Maëlly.
Il lui tend une main qu'elle saisit.
- Enchantée aussi, monsieur.
- C'est un plaisir de vous recevoir dans ma maison d'hôtes.
- Merci, monsieur. Je suis certaine que je passerai un bon séjour ici.
- Je n'en doute pas ! réplique-t-il en me regardant sévèrement.
Quelques heures plus tard.
Maé se repose. Fatiguée par le voyage. Moi, je suis au bord de la place occupé à siroter un Ti-punch.
- Tu peux m'expliquer ce que tout cela signifie ! Parle, je t'écoute.
- Je…, brédouillé-je devant Delmundo.
- Comment as-tu pu la ramener ici, sans lui avouer tes sentiments ?
- C'est seulement dans l'avion que j'ai su qu'elle voyageait avec moi. Je te l'assure.
- Et quand est-ce que tu comptes tout lui dire ?
Je fixe le vide, pour éviter de répondre à sa question.
- Fiston, tu joues à un jeu très dangereux en étant prêt de cette femme que tu aimes tant, mais qui ne le sait pas. Tu as oublié dans quoi cet amour à sens unique t'avait auparavant plongé.
- J'ai changé. Mes vices passés sont loin de moi. Aujourd'hui, j'ai un mental d'acier prêt à toutes épreuves.
- Le cœur se fiche de tout cela, Edric. Et puis, tu es un homme. Tu ne pourras pas éternellement rester de marbre devant elle. C'est impossible. Il viendra bien un moment où tu ne pourras plus rien contrôler. Et j'ai peur qu'à ce moment là, tu sombres à nouveau dans l'alcoolisme et dans la débauche !
- Ça n'arrivera pas, je t'assure. Je ne jetterai pas ordures tous les progrès que j'ai fait aujourd'hui. Crois-moi.
- Tu es bien trop confiant, fiston ! Et cela me fait davantage peur... Je t'en supplie, parle avec elle. Dis-lui ce que tu ressens pour elle. Et tu sauras ce qu'elle ressent pour toi.
- Je le sais déjà : rien que de l'amitié ou de la gratitude pour l'avoir soutenue. C'est tout… Je te remercie de te préoccuper pour moi, mais je ne lui avouerai rien du tout.
- Fiston !
- Papa Delmundo, je t'ai toujours écouté, toujours obéi. Mais pas cette fois-ci.
- Edric !
- Ne le prends surtout pas mal. Je t'en prie. Mais c'est ma décision.
Je l'entends soupirer.
- Ok, je n'insiste pas. J'espère néanmoins que tu ne regretteras pas cette décision insensée !
Il s'en va et me laisse pensif.
**************
Maëlly FREITAS
Discrètement, je m'avance derrière Edric et applique mes paumes sur ses yeux.
- Maé !
- Comment t'as vite su ?
- Ton parfum t'a trahie.
- Zut alors !
Je vais m'asseoir dans le fauteuil près de lui.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Rien de particulier. Je contemple la mer et ses vagues.
- On fait un tour dans l'eau ?
- Pas moi. Je viens juste de manger. Mais tu peux y aller si tu veux.
- Non, je préfère te tenir compagnie.
- Merci Maé… Au fait, j'espère que tu aimes l'endroit. C'est un lieu modeste certes, mais très convivial et près de la nature.
- Ce n'est pas le genre d'endroit auquel je m'attendais, je l'avoue mais…
Il m'interrompt.
- Si tu ne te sens pas à ton aise ici, je peux t'aider à t'installer dans un hôtel très classe pas loin d'ici. Je ne t'en voudrai pas si tu décides d'aller ailleurs ; Delmundo et son épouse encore moins.
- Non. Je préfère mille fois rester ici avec toi que seule dans un hôtel cinq étoiles d'un pays que je connais à peine.
- Tu en es bien sûre ?
- Sûre et certaine ! assuré-je en souriant.
Le sourire sur mon visage disparaît quand je vois une jeune femme s'approcher de nous. De nous ? Non. Plutôt d'Edric.
- Bonjou doudou ! (Bonjour chéri) T'es de retour ? commence-t-elle en se penchant vers Edric pour lui faire la bise.
Ce faisant, je me retrouve, malgré moi, à mater ses fesses à peine dissimulées sous cet bikini qu'elle porte. Quelle horreur ! Quelle vulgarité ! Quelle supplice pour mes yeux ! J'ai juste envie de vomir !
- Sa ou fè, Orlane ? (Comment vas-tu, Orlane ?)
- Sa ka marché (Ça va), Edric.
Heureusement que je connais quelques phrases en créole martiniquais, sinon je serais restée bleue entre ces deux-là.
- Tu nous as beaucoup manqué, doudou. Toi et tes superbes tablettes ! Ah ! Je vois que tu n'es pas seul. C'est… ta meuf ?
- Oh, Non. Maëlly est juste une amie.
Combien j'aurais aimé à l'instant qu'Edric me présente comme sa fiancée pour pouvoir flanquer un regard foudroyant à cette… garce !
- Ouf, dit-elle en souriant. Tu aurais dit que ton cœur est pris que j'aurais fait une crise cardiaque. Parce que crois-moi, je ne désespère pas de te voler ton coeur un jour, doudou !
Pendant combien de temps devrais-je encore me farcir celle-là ? Elle m'est insupportable !!!
- Maëlly, je suis enchantée de faire ta connaissance.
Elle me tend une main. Je la fixe droit dans les yeux.
- Désolée, mais mes mains sont sales.
Edric me fait des clins d'œil. Je n'y prête pas attention.
- C'est bien impoli, vous savez ! me jette l'autre.
- L'impolie, c'est plutôt toi qui viens presque à poil tourner tes vilaines et maigres fesses devant moi.
- Tu ne…
- Arrêtez ! gronde Edric.
Nous ne l'écoutons pas.
- Doudou, où es-tu allée pêcher celle-là ?
- Dans le lac de ta mère ! rétorqué-je.
- Sauvage !
- Ça suffit vous !
- Pétasse ! riposté-je.
- Vous voulez vous battre ? Alors battez-vous ! Faites-vous plaisir. Moi je m'en vais.
Edric joint l'acte à la parole et nous laisse. Je reste bien à distance de l'autre idiote pour lui lancer un tchrou suivi d'une insulte en langue fongbé. Ensuite je cours rattraper Edric. L'idiote semble bien trop occupée à comprendre ce que je viens de lui dire pour me courir après. (Sourire)
- Edric, attends-moi !
Il continue de marcher.
- Edric !
Il finit par s'arrêter.
- Je suis désolée pour tout à l'heure.
- Tu m'as déçu Maëlly. Il t'aurait simplement suffi de lui tendre la main. Et vous auriez évité de vous disputer.
- Je ne la supportais pas celle-là. Trop vulagaire, trop hardie, trop…
- Maëlly, tu ne vas pas recommencer à traiter les gens de haut ! Voyons ! En plus, tu la connais à peine.
- Bah ! C'est plus fort que moi. C'est ma nature. J'ai beau lutter contre ça, je n'y arrive pas. Chez moi quand ça ne passe pas, ça ne passe pas. C'est tout.
Il secoue la tête.
- Maëlly ! Tu ne changeras donc jamais !
- Je n'allais quand même pas laisser cette dévergondée avoir le dernier mot !
- Orlane donne une apparence de fille facile, mais c'est une brave femme ! En plus, c'est toi qui l'as provoquée.
- En plus, tu la défends !
- Cette fois-ci, oui.
- C'est normal après tout, puisque tu adores coucher avec la racaille, pour ne pas dire les catins ! lancé-je sur un ton plein d'ironie.
C'est quand j'ai vu la mine grave sur son visage que j'ai compris que je venais de faire une bourde.
- C'est parti tout seul, Edric. J'ai parlé sous l'emprise de la colère. Excuse-moi.
- Je te pardonne cette fois-ci, Maëlly. Mais ne t'avise plus jamais de me blesser ainsi. Parce que tu n'as aucune idée de comment je me suis retrouvé à fréquenter des putes !
- Je suis désolée, Edric.
- Sache pour ta gouverne que je ne couche plus avec les prostituées, qu'Orlane n'en est pas une et que je n'ai jamais couché avec elle ! Jamais !
- J'ai compris.
- Je ne sais même pas pourquoi je me tue à t'expliquer tout cela ! Tu n'en fais qu'à ta tête, de toutes manières !
- Pardonne-moi, Edric. Je te promets que cela ne se répètera plus.
Il évite de me regarder. Je le force à le faire.
- Je suis sincère Edric. Allez, arrête de me regarder de travers. J'aime pas qu'on reste fâchés. S'il te plaît ! insisté-je en affichant un visage très innocent.
- D'accord Maë ! Mais tu devras présenter tes excuses à Orlane.
- Je ferai tout ce que tu voudras ! Pourvu que tu ne me tournes pas le dos !
- Sache, Maé, que si tu te comportes encore comme une gamine pourrie gâtée, je te ligote ou je te menotte et je te mets dans le premier vol à direction de Cotonou.
J'éclate de rire.
- Tu n'oserais pas !
- Tu veux me tenter ?
Je ris à n'en plus finir.
- Rira bien qui rira le dernier !
Il le dit sur un ton qui m'amuse davantage. Le rire étant contagieux, il finit par se joindre à moi. Puis, main dans la main, nous avançons en direction de la maison.