Chapitre 55
Ecrit par Auby88
Maëlly FREITAS
Depuis quelques jours, Edric et moi visitons la Martinique. Actuellement, nous sommes à Tartane, un village de pêcheurs. (Long Soupir)
- C'est le "Trempage". Un plat typiquement martiniquais, d'habitude cuisiné par les hommes...
Edric me parle, mais je ne l'écoute pas vraiment. Je suis trop occupé à regarder le mets devant mes yeux. Edric dit que c'est intéressant, mais je trouve ça plutôt dégoûtant.
- Allez, Maëlly, mets-y les doigts.
Je secoue la tête en regardant le mets devant les yeux. Un mélange bizarre. En gros de la morue, des fruits de mer, de l'avocat, de la banane, du pain rassis servi sur une feuille de bananier… Et le drame, c'est que cela se mange avec les doigts.
- Propose-moi autre chose, s'il te plaît.
- Non, Maëlly. Tu as perdu hier aux cartes et tu as promis de faire ce que je te demanderai. En plus, c'est très bon. Regarde comme tout le monde autour de nous mange avec entrain.
- Edric, je…
- Regarde-moi faire... Allez à ton tour.
Je secoue la tête.
- Bon, je vais t'aider un peu... Ouvre la bouche !
- Non. Ça ne tiendra pas dans mon ventre.
- Maé ! Arrête de jouer à la femme trop hautaine.
- Je suis sérieuse.
- Tout se passe dans ta tête. Maintenant ferme les yeux et ouvre la bouche.
Il insiste tant que je finis par obtempérer. La seconde d'après, je cours à toute vitesse du restaurant pour aller dehors. Je viens d'avoir un soudain haut-le-coeur... Trop tard, je vomis tout sur le sol avant d'atteindre la sortie...
- Tu vas mieux ? s'enquiert Edric, assis près de moi.
- Oui, maintenant que j'ai libéré cette horreur de mon ventre.
Il me fixe en secouant la tête.
- Tenez mademoiselle, c'est de l'eau pour vous rafraîchir la bouche et le visage.
J'hésite à prendre le verre d'eau que me tend la gérante. Edric me fait signe d'accepter.
- Merci, dis-je sans grand entrain.
- Votre compagne est enceinte ? demande la dame à Edric.
Celle-là est bien trop curieuse !
- Non, ce n'est pas ma compagne et elle n'est pas enceinte !
- Ok. En tout cas, vous formez un très beau couple.
Je regarde discrètement Edric qui ne semble pas à son aise devant le commentaire de la dame. Moi encore moins…
La dame est à présent loin.
- Je suis désolé, Maëlly pour avoir tant insisté. Dès à présent, je prends note que tu es condamnée à manger avec couverts !
Il le dit sur un ton ironique.
- Moque-toi bien de moi.
Il éclate de rire. Je le contemple discrètement. C'est fou comme Edric est beau ! Je le remarque de jour en jour.
- Maëlly, tu m'écoutes ?
La voix de la femme de Delmundo me ramène à la cuisine.
- Oui...maman !
- Ok. Passe-moi le piment et le poivre.
C'est dur à croire, je l'admets. Mais c'est la pure réalité. Maëlly FREITAS est bien dans la cusine !
Je dois quand même avouer que je le fais plus par politesse que par envie. Parce que la cuisine et moi, nous sommes deux entités opposées.
Peut-être que lorsque j'aurai un bébé et un mari, il me viendra l'envie de cuisiner pour eux.
Une femme doit impérativement savoir cuisiner, dit-on. Que des bla-bla-bla pour Maëlly FREITAS ! En plus pourquoi me gêner à faire cela quand je peux engager un cuisinier ou aller manger dans un restaurant cinq étoiles ?
Donc la maman parle de sa recette. Moi je fais semblant d'écouter. Ça entre par une oreille et ça sort par l'autre oreille. Je préfère penser à quelque chose de moins ennuyeux, de plus intéressant comme "Edric MARIANO" (Sourire)
- Ça sent bon, par ici.
"Quand on parle du loup, on voit sa queue" dit-on. Je souris instinctivement en le voyant. Lui aussi.
- Tu ne touches surtout pas au poulet, Edric, fait la maman en lui tapant doucement les doigts avec sa palette.
Je souris en les regardant.
- Ok, je passais juste vous dire que je vais me baigner.
Il est temps pour moi d'en profiter pour me soustraire d'ici.
- J'aurais bien voulu te suivre. Dommage, je suis occupée.
- Une autre fois, alors Maé. Bonne cuisine, mesdames.
- Allez, vas-y ma fille !
- Non, maman, ce serait impoli de ma part de vous laisser …
- Allez, va avec lui.
- Mais…
- Vas-y.
Intérieurement, je souris. Ça ne pouvait pas tomber mieux.
- Edric, Allons-y !
Une fois dehors...
- Avoue que tu avais hâte de quitter la cuisine !
- Moi...non.
- Oui, c'est ça. Pourtant le monde entier sait que même les légumes tremblent quand ils te voient arriver dans la cuisine !
- Edric ! C'est pas gentil.
Il se marre. Je lui donne une tape dans le dos.
- Allez, va te changer.
- Ok, mon commandant.
Il me pince le nez puis disparaît à toute vitesse avant que ma main atterrisse à nouveau sur son dos.
**************
Edric MARIANO
C'est un réel plaisir pour mes yeux de voir à chaque fois Maëlly en maillot de bain. Même si rien ne déborde à tort du maillot uni-pièce de Maëlly. Non seulement ça couvre tout, mais en plus Maé prend le soin d'attacher un grand foulard pour tout flouter. (Sourire)
Je suis encore là à la contempler discrètement quand de l'eau m'atterrit en plein visage. L'auteur, c'est elle évidemment.
- Maé, si je t'attrape !
- Essaie !
- C'est ce que tu vas voir.
Derrière elle, je me mets à courir. Nous voilà en train de se poursuivre sur la plage, comme deux gamins. Comme avant.
Maé est tenace, légère et très expérimentée en matière de course. Comme d'habitude. Mais je finis par la rattraper. Dans notre élan, nous nous retrouvons au sol. Moi au dessus d'elle. Son corps mouillé contre le mien. Nos yeux se croisent. Mon cœur lui bat fortement. Et je sens qu'en bas chez moi, quelque chose se trame.
Tout ça n'a duré que quelques secondes à peine. Je me suis vite levé pour prendre plusieurs respirations et penser à autre chose que Maëlly collé contre moi. Je ne veux surtout pas prendre le risque d'avoir une érection maintenant. Non, je ne peux pas.
- Edric, tu as bien failli m'écraser !
Je souris juste en attendant de reprendre entièrement contrôle de la situation.
- Mais comment t'as fait pour me rattraper alors que j'ai toujours été meilleure en course ?
- Tous les jours ne sont pas les mêmes, Maé !
- Mais…
- Bonjour Edric !
Je réponds à la salutation de la femme qui vient de s'approcher de nous.
- Bonjour Morgane.
Maëlly la regarde de travers, d'autant plus que Morgane semble l'ignorer.
- Comment vas-tu, doudou ?
- Bien. Au fait je ne suis pas seul.
- Ah, tu parles de cette mémère !
- La mémère, c'est ta mère ! riposte Maëlly.
- T'es qui toi pour mal parler de ma mère ?
Voilà ça recommence. J'essaie de calmer les esprits, puis disparais vite de là avec Maëlly...
- Maintenant, lâche-moi !
Elle semble contrariée.
- Maé, tu n'as pas à être en colère pour si peu !
- Pour si peu, tu trouves ? Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Ce n'est pas la première fois que tes conquêtes me prennent à partie parce qu'elles nous ont vus ensemble.
Cette fois-ci, je souris intérieurement. Y a de la jalousie en l'air. Du côté de Maëlly, évidemment.
- Il n'y a jamais rien eu entre Morgane et moi. Ce n'est pas ma faute si je les attire.
- Et tu en profites bien, cela se voit.
- Que veux-tu que je fasse d'autre. Les rejeter, les fuir ? Je ne peux pas me le permettre. Parce que l'une d'entre elles pourrait être ma future compagne !
Je l'ai dit à dessin pour voir sa réaction. Comme je m'y attendais, elle a levé des yeux tristes vers moi.
- Ta future compagne !
- Oui, je ne resterai pas éternellement célibataire, voyons !
- Je vois. Mais tu as intérêt à bien faire ton choix ! Parce que j'en ai marre d'être traitée de mémère à chaque fois que je viens sur la plage… Le comble c'est que tu ne m'as même pas défendue aujourd'hui !
Je souris.
- Peut-être parce qu'elle a un peu raison !
- En quoi c'est mal d'être pudique pour aller à la plage ?
- Ce n'est pas mal, mais tu en fais un peu trop, Maé.
- Bof ! C'est certainement parce que tu préfères te rincer l'oeil avec tous ces maillots vulgaires qui dévoilent tout que tu défends autant ces libertines.
- Maé ! Hmmm !
Elle me tourne le dos. Je ris sous cape puis la retourne vers moi.
- Je m'excuse si tu t'es sentie offensée. Ce n'était pas mon intention. Suis-je pardonné ?
Je la fixe droit dans les yeux.
- Eh bien… oui ! dit-elle en me souriant et fuyant mon regard.
- On repart se baigner ? ajoute-t-elle en saisissant ma main.
- Avec plaisir, dis-je en la suivant.
Plus les jours passent et plus je me rends compte que Maëlly tient beaucoup à moi. Peut-être qu'elle commence à m'aimer.
Ce qui est sûr, c'est que la barrière que j'ai mise entre nous est tombée. Il ya l'espoir qui renait en mon cœur, l'espoir de pouvoir vivre une belle histoire d'amour avec Maëlly. Dès maintenant, je prends l'engagement de la conquérir chaque jour un peu plus. Mieux encore, je lui avouerai mes sentiments très bientôt.
* *
*
Quelques jours plus tard
Aujourd'hui, je franchirai une étape importante avec Maëlly : lui déclarer ma flamme. On s'entend tellement bien elle et moi, que je suis sûre qu'elle me dira oui.
J'ai tout organisé pour ce soir : un dîner en tête-à-tête dans un endroit magnifique. Je lui en parlerai tout à l'heure après le petit-déjeuner. Actuellement, j'avance en direction de sa chambre pour lui signifier que maman nous attend pour le petit-déjeuner familial.
- Maé, tu es là ?
Par sa porte entrouverte, je l'aperçois. Elle essaie de dissimuler des photos sous son oreiller. Je feins n'avoir rien vu. Elle feint n'avoir rien fait.
- Oui, bonjour Edric.
- Bonjour Maé, acquiescé-je en m'efforçant de sourire.
- J'espère que je ne te dérange pas.
Elle se lève pour me rejoindre près de la porte.
- Non évidemment !
Ses mots sont hésitants. Je devine aisément qu'elle n'est pas à son aise.
- Je venais juste te dire que le petit déjeuner est servi. Tu viens ou tu…
- Je viens avec toi. Allons-y. Bien.
Quelques minutes plus tard.
J'ai prétexté d'un besoin pressant pour quitter la table. Mais en réalité, je me suis levé pour un autre motif. J'ai besoin d'avoir le cœur net concernant Maëlly.
Je m'assure qu'il n'y a personne aux alentours avant d'entrer dans la chambre de Maëlly. Je me dirige directement vers l'oreiller...
C'est bien ce que je pensais. Je ne me suis pas trompé. En dessous de l'oreille, il y a non pas une mais plusieurs photos d'Eliad. Pas d'anciennes photos mais des récentes. Je suppose qu'elle les a téléchargées sur le Net.
A reculons, je sors de la chambre et vais m'adosser contre l'un des murs du couloir.
Comment ai-je pu être aussi bête ? Comment ai-je pu croire qu'elle commençait à m'aimer ? Comment ai-je pu encore nourrir de l'espoir concernant Maëlly ? Comment ? Comment ? C'est dur à admettre, mais je me suis encore fait berner par Maëlly FREITAS ! Pauvre idiot que je suis !!!