Chapitre 55

Ecrit par Myss StaDou

Chapitre 55


Junior reste ancré dans son mutisme, croisant les bras sur sa poitrine, nullement dérangé par ma question :

 

− Onana Junior, si tu ne me réponds pas dans les cinq secondes qui viennent, la bouteille de jus que tu observes soigneusement là va finir sur ta tête ! Je n’aime pas la sorcellerie.

− Ah, tu es trop comme ça ! marmonne-t-il en boudant. Toujours agressive, même là où il ne faut pas !

− Il est plus qu’évident que tu sais quelque chose et tu le caches.

 

Junior ne pipe mot.

 

− Moi qui croyais que tu tenais à mon bonheur, murmuré-je tristement. Depuis des jours, je me morfonds de soucis alors que tu peux m’aider ?

− Ce n’est pas ce que tu penses.

− Alors c’est quoi ?

 

Junior jette un coup d’œil vers la route.

 

− Parle ! Bon sang !

 

En criant, je frappe sur la table, qui pas très équilibrée, se met à trembler. La bouteille de Fanta que je buvais se renverse d’un coup. Stéphane, qui a pourtant sursauté devant ce geste, la relève très vite. Heureusement qu’elle était presque vide.

 

− S’il vous plait ! dit Stéphane. Calmez-vous tous les deux. Nous sommes en public.

− Qu’il parle alors, ça finit. Est-ce que ça va le tuer ?

 

Junior tchipe :

 

− Ah !

 

Stéphane se tourne vers Junior :

 

Parle-lui. Je crois qu’elle en a vraiment besoin. Elle finira par devenir folle si elle ne sait rien.

 

Junior reste tranquille un moment avant de se redresser dans sa chaise. Qui a même rendu cet enfant têtu, je ne sais pas. Mais à cet instant, je n’étais pas du tout fière de lui. Comme si Stéphane prévoyait encore une crise de ma part, il pose sa main droite sur mon poignée gauche.

 

− Ça va  aller. Écoute-le.

 

Je respire un coup :

 

− Ok. Junior, je t’écoute.

− Victor…

− Oui. As-tu eu de ses nouvelles depuis ?

− Plus ou moins oui.

− Explique.

− Comme Stéphane m’a dit à mon retour le jeudi soir qu’il se pourrait que Carole est droguée Victor et j’avais peur qu’il aille l’enfermer au commissariat, j’ai décidé de prendre les devants. Alors je l’ai appelé le vendredi pendant ma pause.

− Et ?

− On n’a pas parlé longtemps. Il m’a juste demandé comment tu avais réagi quand tu les avais vus, si j’avais de tes nouvelles depuis.

− Il t’a dit s’il allait bien ?

 

Junior hausse les épaules :

 

− Je ne me suis pas attardé dessus en tout cas. Il m’a juste dit de lui faire un message quand tu reviendrais. Impulsive comme tu es, il ne voulait pas venir quand la situation était encore bouillante.

− Et ? Quoi d’autres ?

− Et …. Enfin …. Bref, il m’a dit qu’il avait besoin de réfléchir à tout ça !

− Réfléchir comment ?

− Je…

− Junior ne me dit qu’il a évoqué l’idée de me quitter ! Tu lui as dit que je n’y étais pour rien non ? Tu lui as expliqué ! Dis-moi que tu l’as fait !

− Calme-toi. C’est à cause de ce genre de réaction que je ne voulais pas t’en parler. Tu paniques trop. Il m’a pourtant fait promettre de ne rien te dire. Mais lui aussi fait trainer le temps un peu trop.

 

Comment n’allais-je pas paniquer à l’idée de savoir que mon homme envisage de me quitter après une incartade avec ma sœur ? Ce n’est vraiment pas le moment pour qu’il fasse cela. Pas à moi. Pas maintenant que je porte son enfant…

 

− Et depuis ?

− Il m’a juste appelé tard le soir de ton retour pour me dire qu’il a bien reçu mon message. Mais depuis plus rien, avoue Junior.

− Comment ça plus rien ?

 

Stéphane me pose une main sur le bras :

 

− Calme-toi, Nicole. Il t’a dit tout ce qu’il sait.

 

Je le regarde dépassée :

 

− Donc toi aussi… Donc tu étais au courant ?

 

Je les regarde tous les deux à tour de rôles.

 

− Vous les gars, vous êtes mauvais ! Comment vous pouvez me voir souffrir sans rien faire ?

 

Désolée, mais les hormones me font dérayer. J’essaie  de rester calme, respirer un coup, penser à quelque chose de positif (un plat de poulet braisé). Mais je n’y arrive pas. Trop d’émotions se mélangent en même temps en moi : peur, colère, déception. Je n’arrive plus à rien coordonner dans ma tête.

 

− Nini weh, murmure tristement Junior. Ne le prends pas mal. Tu sais combien ton bonheur me tient à cœur. J’ai essayé de rattraper le coup. Et je sais que vous vous aimez vraiment.

 

Une larme coule sur ma joue.

 

− Ne commence pas aussi à pleurer. Nous sommes en public. Que vont-ils penser de nous ?

− Désolée, murmuré-je en reniflant.

− Ça va aller. Il refera surface tôt ou tard. Continue à sourire comme tu m’as dit plus tôt et garde la tête haute. Ok ?

− Ok.

 

D’apprendre que Junior et Victor étaient en contact me laisse stoïque. Ça veut dire que Victor pouvait bien me contacter. Mais qu’il avait choisi volontairement de ne pas le faire. Tout ce qui arrive est à cause de Carole. Je lui en veux tellement ! Elle est venue vers un sac de sel dans ma sauce d’arachide. Je regarde Junior, émue :

 

− Tu crois qu’il va me quitter ?

− J’espère qu’il ne fera pas, dit Junior en souriant. Car il sera bien bête de le faire. Belle comme tu es.

 

Je mets à glousser :

 

− Merci, petit frère. Je suis déçue que tu ne m’ais pas parlé plus tôt. Mais je ne t’en veux pas. Vous les hommes et votre fausse solidarité masculine.

 

Stéphane ricane sous cape. Je lui lance un regard vexé :

 

− Je ne t’ai pas oublié… Tu ne pouvais pas venir me parler ?

− Pour te dire quoi ?

− C’est ça !  Joue l’innocent. Finissez vos bouteilles et partons d’ici. Nous nous sommes assez donnés en spectacle comme ça.

 

Nous finissons nos consommations en silence. Les motos qui chargent leurs clients pas loin de là nous distraient avec leur bruit incessant.

 

− Où allons-nous maintenant ? demande Stéphane.

−nous allons aller à pied, dis-je. Ce n’est pas loin. Tu es déjà allé au Vancouver ?

− Vancouver ? C’est au Canada non ?

 

Je me mets à rire. Junior aussi fait pareil. Stéphane nous regarde étonné par notre attitude.

 

− Je me suis trompé ?

− Pardon… Ne fais pas rire. Doncnous allons aller prendre l’avion maintenant ? Je te parle de Vancouver. Le Snack qui est à Titi Garage.

− Je ne sais même pas où c’est, Titi Garage.

− Ton cas est grave ! On t’a vraiment enfermé dans la bouteille chez vous. Ce n’est pas loin. On continue juste la route d’en face ci à pied. Ça va nous permettre de digérer et de faire la place.

− Ok, chef.

− Oui, la mère, dit Junior en riant.

 

Je tape sur la nuque de Junior comme sur celui d’un enfant impoli.

 

− Mouf ! Ne m’appelle pas comme ça ! Tu veux finir ma carrière à mon jeune âge ? Une jeune femme sucrée comme moi, tu appelles « la mère » ?

− Pardon. Excuse-moi.

− Vraiment ! On peut partir ?

 

Stéphane règle rapidement la facture et nous quittons les lieux. Guidés par la lumière de la lune et les taxis qui passaient ça et là, nous avançons à pied vers notre prochaine destination.

Nous arrivons après quinze minutes de marche lente devant le snack qui est encore relativement vide. Nous choisissons une table dans la terrasse couverte du snack. Un match de foot passe sur les écrans plats accrochés ça et là et cela suffit à captiver mes deux accompagnateurs. Je prends une bouteille de Top Grenadine et ils prennent des bières.

 

Ce snack est plutôt pas mal. Le service est plutôt cool et rapide. On a déjà Mbeng sur place. Qui dit mieux ? Nous restons au-delà de minuit avant que la fatigue ne se fasse vraiment ressentir de mon côté. Bien que j’aie dit à ma mère que je sortais avec Junior et Stéphane, je ne veux pas trainer dehors. Nous sortons du snack et prenons un taxi qui nous ramène rapidement à la maison. Les rues sont assez vides. Jusqu’à ce que nous arrivions au cœur d’Essos où les jeunes venus des quatre coins du pays sont en train de se défouler dans les différents snacks de la place. On sent que les examens sont passés. Dansez bien mes petits : Le jour des résultats, les larmes vont couler ! Quand vous allez chercher vos noms au verso de la liste sur le babillard, on verra qui va encore danser…

 

Le taxi gare devant notre entrée et nous nous dépêchons d’avancer pour éviter de possibles agresseurs. Par prudence, Junior et moi allons déposer Stéphane chez lui. Deux contre un, c’est plus sûr.

 

Arrivés devant son portail :

 

− Merci pour cette soirée, dit Stéphane. Moi qui pensais que mon week-end devait finir aussi nase que les précédents, tu y as mis un peu de lumière.

− Je m’en réjouis.

− Mine de rien, ce pays commence à avoir le goût. Surtout que les bonnes choses commencent à se dessiner à l’horizon.

− Comment ça ? 

− Mon père a eu pitié de moi. Quand je te dis que te fréquenter m’aide énormément... Dès mardi, je vais le seconder à son travail. Sa société pourrait bien profiter de mes connaissances.

 

Je crie de joie :

 

− Mais c’est bien ça !

− Gars, je suis content pour toi, dit Junior.

− Merci. Il est vrai que ce n’est pas mon domaine en tant que tel. Mais c’est mieux que rien. J’en ai marre de trainer ici au quartier comme un voyou.

− Avoue que tu en es un ! Avoue.

− Va dormir, Nicole, se moque déjà. La fatigue te dérange déjà.

− Ça va  alors. Papi, viens. Partons d’ici ! Mieux on laissait même les bandits le caresser un peu.

− Je te dis ! Ça lui aurait fait une expérience en plus.

− Rentrez chez vous, se moque Stéphane. Je vous fais signe en semaine. Ok ? Junior, on doit encore discuter.

− Ok. Il n’y a pas de souci.

− Bonne nuit.

− Bonne nuit à vous.

 

Nous rentrons rapidement et prenons le soin de fermer le portail soigneusement derrière nous. Étant sûre  que Carole ne rentrerait pas après la sentence que mon père, je me décide à aller dormir dans ma chambre. Mais une chose  importante doit être faite avant : Changer les draps. Je ne peux me résoudre à me coucher sur le même drap que… Non. Vaudrait mieux ne plus y penser. Si je pouvais, je changerais le décor tout entier de la chambre, juste pour effacer ces images de ma tête.

 

Étant déjà bien fatiguée, la manœuvre me prend plus de 20minutes.

Je n’arrive même plus à vraiment coordonner mes gestes, tellement mon corps est lourd. Travailler toute la journée et aller s’amuser le soir… Pas une très bonne journée.

 

C’est juste avec le kaba que je porte sur moi depuis mon retour que je m’écroule sur le lit. J’ai même quoi à faire demain ? Ah…nous allons voir ça le matin. Je serre mon oreiller et m’endors en priant que Victor ne se laisse pas guider par des vilains démons dans ses décisions.

 

*****

 

Le lendemain, début d’une nouvelle semaine, s’annonce sous d’autres horizons, que j’espère positifs en tout cas. Déjà une semaine que je suis rentrée et que je suis tourmentée. N’ayant pas de cours tôt le matin, je décide de m’occuper de la maison, faire le ménage et à manger avant de sortir. Je dois retrouver une camarade à midi pour l’aider à travailler sur des exercices qui lui compliquaient la vie. Vu que j’ai un peu traîné à la maison, j’arrive en retard. La fille en question est bien sûr vexée de ce retard. Mais elle ne peut pas se plaindre vu que c’est elle qui a besoin de moi. Nous travaillons durant quatre heures. Deux autres camarades – des garçons – nous ont rejoints entre temps.

   

Il est 18h quand j’entre à la maison ce jour-là. Je n’ai eu aucun signe de vie de Victor de la journée. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de l’appeler. On dirait qu’il a tout simplement couper le contact avec le monde. Je passe la soirée avec mon frère devant la télé. Je regarde l’écran, parle avec lui, mais mes pensées sont ailleurs. Comment faire pour prendre contact avec Victor, tout en respectant son silence : lui écrire un message ? Je n’arrive pas à trouver les mots justes pour lui parler, de peur que leur interprétation puisse prêter à confusion :

 

« Je t’aime chou, tu me manques » - On connait ça !  Trop facile.

« Fais moi signe STP» - Pourquoi ? C’est la police ?

« Où es-tu ? » - C’est l’agression ?

 

Mais la meilleure serait :

 

« S’il te plait, appelle-moi. Je suis enceinte de toi » - Le correspondant que vous essayez de joindre n’est plus disponible pour les mois à venir. Veuillez vous débrouiller vers un autre numéro !

 

Cette situation est sérieuse. Mais ironiquement, je pense à tout ça avec le sourire. Je suis tellement dépassée par ce qui arrive. J’en ai marre que ma vie se complique tout le temps.

 

Couchée ce soir-là dans mon lit, j’essaie  de retracer toute l’histoire. Mon cas n’est pas du tout simple. Ça il faut l’avouer. Depuis quelques heures, j’ai de légères crampes abdominales. Je sais que je dois aller me faire consulter ici pour vérifier que tout va bien avec l’enfant que je porte. Mais je suis trop soucieuse pour ça. Et quelque part, je n’arrive pas vraiment à réaliser ce qui m’arrive. Il faudrait déjà que je sonde ma mère sur cette histoire de grossesse. Je me demande si c’est naturel ou  alors c’est la pilule qui m’a fait voir des règles imaginaires – pardon, des règles anniversaires.

 

Les écoles primaires étant en vacances, ma mère est plus libre dans son programme. Elle a pourtant beaucoup d’autres activités qui l’occupent en journée. Mais je dois avouer qu’elle est quand même plus présente à la maison. J’arrive à l’attraper à la cuisine le mardi soir lorsqu’elle rentre de chez la maman de Rosy – ma cousine qui avait accouché après son accident sur la moto.

 

Il faut que je choisisse bien mes mots pour qu’on ne m’attrape pas. Je profite de ce qu’elle me parle du bébé de Rosy pour aborder le sujet.

 

− Ma’a…

 

Je me gratte un peu la tête.

 

− En parlant même de bébé. Il y a des choses bizarres ici bas. J’ai vu l’autre jour à la télé (mensonge oblige !) une émission qui parlait d’une jeune fille qui était enceinte et saignait en même temps. C’est étrange, je trouve.

− Ça existe, dit-elle. Ça m’ait arrivé pendant mes grossesses, une ou deux fois.

 

Je lis la tristesse dans ses yeux.

 

− Ce n’est pas impossible.

− Quoi ? Ma’a ça existe en Afrique ? Et c’est héréditaire ?

− Je ne sais pas, ma fille ! Est-ce que c’est important ? Si une femme est mariée, qu’elle sache le premier jour ou le mois d’après qu’elle est enceinte de son mari ? Qu’est-ce que ça change ?

− Rien du tout !

 

Il me faut vite fuir avant qu’on ne me coince ici.

 

− Je vais dans la chambre. Je dois appeler une camarade.

− Ok.

 

Je me faufile hors de la cuisine et vais rapidement m’enfermer dans la chambre. Dieu merci, je ne suis pas une extraterrestre. Si ma mère a eu la même chose que moi, ça me rassure. Je sais qu’elle avait eu des grossesses difficiles. Mais ce n’est pas le moment d’en parler avec elle.

 

*****

 

En me réveillant le mercredi matin, je suis assez heureuse en pensant au programme de la journée. Je dois retrouver Jeanne en fin de matinée pour suivre un cours, puis passer un examen et ensuite je vais l’accompagner en ville pour faire quelques courses. Ça me fera vraiment du bien de me changer les idées un peu.

 

Après les travaux ménagers, je vais m’apprêter pour sortir. Je le fais en chantant au rythme des chansons qui s’égrènent de mon téléphone. Ma joie diminue lorsque je fais un constat en m’habillant. Ça fait deux minutes que j’essaie  en vain de fermer le jeans slim noir que je veux porter ce matin. Je me couche donc sur le lit. En tirant, je parviens à fermer le jeans. Mais on dirait que ça m’étouffe. Debout, j’ai vraiment du mal à respirer. Juste quelques secondes… Comment ça sera alors toute une journée ? Non. Obligée de retirer le jeans. Mon ventre a déjà gonflé si vite ? Magie noire ! Hum… Il faut que je trouve vite une solution avant que mes proches se rendent comptent de mon état.

 

Je sens déjà la douleur sur mes fesses quand ma mère va me botter les fesses. Je vais aller rejoindre Carole dans la rue. Je me demande où cette fille est partie ? Junior m’a juste dit qu’elle était passée un jour en catimini pour récupérer quelques affaires. En tout cas, je n’ai pas le temps ce matin à traumatiser mon cerveau pour penser à elle.

 

Je prends une robe bouffante fleurie dans l’armoire et la porte avec des ballerines noires. Mon sac à main prêt, je me mets en route pour la Fac. J’ai hâte que les vacances arrivent. Je suis fatiguée de sortir tous les matins. Je retrouve Jeanne et nous passons la journée à courir partout sur le campus, d’une salle à l’autre. Pour voir telle ou telle personne. Vers 14h, la maman de Jeanne appelle pour prendre de ses nouvelles et savoir si elle pourra venir l’aider le week-end.

 

Nous terminons notre marathon à 16h. Je suis un peu fatiguée. Mais je me réjouis intérieurement à l’idée de faire un peu de shopping. Si Josy était là, ça devait être la mort du bavardage. Nous sortons du campus et nous dirigeons lentement sur le trottoir, traversant la route pour aller chez Jeanne. Elle veut y déposer ses affaires de la journée avant d’aller en ville. Nous marchons en riant d’un camarade qui a glissé le matin par inadvertance devant plusieurs personnes avant de s’étaler sur le sol. Le mec nous a raconté sa mésaventure et déploré le fait qu’il soit tombé devant une fille qu’il voulait draguer. Pas très ingénieux…

   

Soudain, une main ferme se saisit de mon avant-bras avec violence et me tire en arrière.

 

− Eh, c’est quoi ?

 

Effrayée, j’arrive juste à apercevoir un homme assez bien bâti et musclé me tirer vers un endroit inconnu. Il se déplace tellement rapidement que j’ai l’impression que mes pieds touchent à peine le sol. Jeanne est ébahie devant la manœuvre et se met à courir après nous.

 

− Jeanne, au secours ! Jeanne oh !

 

Soudain, notre course s’arrête et l’homme me pousse contre une voiture sur laquelle j’atterris lourdement de dos. Je ferme les yeux sous l’effet de la douleur. Que se passe-t-il ? On m’agresse en plein jour ? Voulant les ouvrir à nouveau pour voir ce qui se passe, je reçois alors une gifle bien appliquée.

 

− Aïe ! crié-je de douleur.

 

J’ouvre les yeux pour voir la mère de Victor plantée devant moi, les yeux en flamme. Elle a le visage déformé par la rage.

 

− Je dis hein petite trainée, que t’avais-je dit ? De laisser mon fils tranquille. N’est-ce pas ?

− Mais… begaie-je.

− Maintenant tu essaies de le tuer pour moi ? hurle-t-elle. Tu vas me sentir !

 

Un frisson d’horreur traverse mon dos. Dans quel pétrin me suis-je encore retrouvée ?

Mon amour, mon comba...