CHAPITRE 55: SECONDE CHANCE 1

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 55 : SECONDE CHANCE 1.


**ALVINE ABESSOLO**


Aujourd’hui c’est dimanche et nous rentrons à Peine du culte à l’église d’Ebouma. Oui j’étais à l’église et j’ai l’intention d’y retourner encore et encore. La première semaine que nous avions passé ensemble à l’hôpital Ebouma et moi, je le voyais lire la Bible, discuter de certains versets bibliques avec Jo, enseigner la parole à ses enfants quand ils venaient nous voir ou par téléphone lorsqu’ils étaient à la maison et aussi, je l’entendais prier pour moi, pour Reine, pour Arsène et Leslie. Il le faisait très tôt le matin ou très tard dans la nuit quand il me pensait endormi et que je ne l’écoutais pas. Je l’entendais prier pour nous et pour nos familles et il y avait des jours où je pleurais en silence car je réalisais la chance que nous avions d’avoir un ami tel que lui. Lorsqu’il était sorti au bout d’une semaine, il m’avait laissé sa Bible et m’avait dit qu’il viendrait me voir tous les jours mais que si je me sentais seul, je pouvais toujours la lire et prier. Deux jours après son départ j’avais ouvert la Bible et j’étais tombé sur un passage qu’il avait surligné au stabilo de couleur rose, le passage disait « Jésus, qui les avait entendus, leur dit : Les bien-portants n’ont pas besoin de médecin ; ce sont les malades qui en ont besoin. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. Marc 2:17 BDS ». J’avais regardé encore et encore ce verset puis mes larmes s’étaient mises à couler toutes seules. Sans que je ne puisse me contrôler, je m’étais mis à prier et quand il était venu me voir le jour d’après, je lui avais dit que je voulais suivre le Seigneur comme lui. Il avait prié avec moi et m’avait donné quelques conseils. À partir de ce moment, je m’étais mis à lire la Bible et prier assez régulièrement, aujourd’hui je suis allée à l’église avec eux et j’ai aimé, j’ai l’intention de m’y rendre désormais. Je n’ai pas la prétention de dire que je serai un grand croyant ou quelque chose du genre, je me laisse simplement porter par le mouvement et je vais voir où il va m’emmener.


Sasha : (Poussant ma chaise) Tonton Alvine, je t’emmène dans ta chambre ?

Jennifer : Toi tu es terrible, tous les jours on te dit que son fauteuil est automatique, il n’a pas besoin de se faire pousser.

Sasha : Tonton Alvine aime quand on le pousse, n’est-ce pas ?

Moi : ( Souriant) Tu as raison ma puce, n’écoute pas ta mère, c’est la jalousie.

Jennifer : (Riant) Ta fille et toi vous êtes des rigolos.

Derreck : Maman, le pasteur a dit qu’on n' insulte pas les autres.

Paul : (Souriant) Elle dormait, il faut lui rappeler.


Nous avons tous éclaté de rire. Derreck est venu s’asseoir sur mes cuisses malgré les protestations de sa mère et Sasha s’est mise à nous pousser. Pour eux et notamment Derreck, ma chaise est un bon moyen de déplacement et il la prend comme une voiture de jeux. Ce qui fait que même moi, ça m’amuse et je ne le vois pas comme un handicap d’être assis dessus. J’ai joué avec les enfants pendant un moment avant que Paul ne nous interpelle, en revenant le trouver dans le grand salon, nous l’avons trouvé avec Arsène, le sourire que j’avais s’est peu à peu effacé et j’ai arboré une mine neutre, mon cœur s’est automatiquement mis à battre plus vite dans ma poitrine. 


Moi : Bonjour Mfoula.

Arsène : (Neutre) Bonjour.


Les enfants sont allés lui sauter dessus avant de se mettre à lui poser plein de questions, notamment sur où il était ? Pourquoi ils ne le voyaient plus ? Ils lui ont dit que Paul et moi avions été agressés et qu’on était hospitalisé pendant un long moment avant de prendre des nouvelles de ses enfants. Après avoir répondu à toutes leurs interrogations et avoir également pris de leurs nouvelles il nous a regardés.


Arsène : On peut discuter ?

Paul : Oui. Allons dans mon bureau.


Nous sommes tous les trois partis dans le bureau de Paul et ils se sont tous les deux assis. Nous nous sommes tous les trois regardés et par un accord tacite, nous avons tous pris nos téléphones, les avons manipulés avant de les poser sur la tablette. Après quelques minutes de silence, Arsène a pris la parole.


Moi : Je suis là aujourd’hui parce que j’ai pris le temps de réfléchir à ce dont vous m’avez parlé hier. Si je dis que je ne suis plus fâché par rapport à ce que vous m’avez fait ce serait vous mentir, je vous en veux toujours et je ne regrette pas les coups que je vous ai mis. J’estime que vous les avez largement mérités en proportion de votre implication dans cette histoire. Dieu même était d’accord avec moi et les douleurs ont été réparties de façon équitable c’est pourquoi je ne m’excuserai pas pour ça. Toutefois je suis content d’apprendre qu’il ne vous soit rien arrivé d’irréversible et que vous ne soyez pas morts, pour ça seulement je dis merci à Dieu. (Me regardant) En ce qui te concerne, je continue de penser que tu es le plus grand connard que j’ai eu à fréquenter et que tu m’as trahi en montant sur ma sœur. Je n’approuve pas ce que tu as fait et je ne le ferai jamais.


J’ai baissé ma tête en fermant les yeux et je me suis mis à soupirer. Je l’ai bien mérité.


Arsène : (Poursuivant après un moment) Cependant, même avec toute la mauvaise foi du monde, je ne saurais te dénier le fait que tu ais toujours pris soin de ma sœur et que tu te sois toujours démené pour la protéger même d’elle-même. Je serais certainement un sorcier si je te disais que tu aurais dû t’empêcher d’éprouver ce que tu éprouves pour elle quand moi-même je n’ai pas pu m’empêcher de le faire avec une fille qui m’a presqu’ envoyé dans la tombe. Je suis donc bien placé pour savoir que les sentiments ne se contrôlent pas et nous ne choisissons pas qui aimer ou non. Même si ça me fait bizarre de l’admettre , je comprends donc que tu puisses aimer et que tu aimes ma sœur comme tu me l’as dit hier. Manque de peau pour moi, il s’avère que cela soit réciproque. Ma sœur est une partie de moi et je l’aime plus que tout, c’est pourquoi je veux qu’elle soit avec un homme bon, qui l’aimera et la traitera avec tous les égards qu’elle mérite et malgré tout le désordre que tu as fait dehors ici depuis que je te connais et le ressentiment que j’éprouve présentement, je ne peux pas nier le fait que tu sois une bonne personne et que si tu ne joues pas au con, chose d’ailleurs que je te déconseille fortement de faire, tu sauras lui donner ce qu’elle mérite. Il me faudra certainement un moment pour assimiler une image de toi (Faisant une grimace) montant sur ma petite sœur mais je suis prêt à faire un effort et te laisser la fréquenter. Comme dit le dicton, il vaut mieux le diable qu’on connait que l’ange qu’on ne connait pas. Étant tous les deux des diables (rétrécissant ses yeux et fronçant ses sourcils pour intensifier son regard) nous nous connaissons très bien, c’est pourquoi si tu te décides à aller vers ma sœur et tu tentes de lui foutre la merde, l’un d’entre nous ira au cimetière et l’autre en prison car il n’y aura pas d’autre issue possible. Tu as donc intérêt à faire gaffe avec elle. J’espère que j’ai été assez clair ?

Moi : (Essuyant une larme qui venait de couler de mes yeux) Très clair. Merci.

Arsène : Ne me remercie pas, fait simplement ce qu’il faut.

Moi : D’accord .

Arsène : Et félicitations à toi.


Paul et moi avons arqué un sourcil interrogateur.


Arsène : Tu seras bientôt papa, Reine est enceinte.


J’ai écarquillé les yeux de surprises tant je ne m’y attendais pas puis une scène que j’ai vécu quelques semaines en arrière est venue dans mon esprit. Je venais de récupérer les enfants d’Arsène à l’école et l’un d’eux , Amour je pense, avait pris la parole pour me dire qu’un homme lui avait dit de me dire que ma femme était enceinte. Mes yeux se sont remplis de larmes qui se sont mises à couler le long de mes joues. Je n’arrive pas à croire que je vais avoir un enfant avec la femme que j’aime et que je viens de recevoir la permission de la fréquenter ouvertement. Si on m’avait dit un jour que cela allait être possible, je ne l’aurais jamais cru. J’ai fermé les yeux et je me suis mis à pleurer de plus en plus fort sans pouvoir me retenir. J’ai senti les bras de quelqu’un m’enlacer et c’était Ebouma.


Paul : Félicitations Abess et bienvenu au club. Je suis content pour toi.

Moi : (Tenant son bras en remuant la tête, gorge nouée par l’émotion ) Merci.

Arsène : Donc cet enfoiré a même la larme facile comme les femmes comme ça.

Paul : (Riant) Moi-même je ne comprends pas ça. Le gros dur est maintenant une grosse pleureuse.


Je me suis mis à rire à travers mes larmes.


Paul : (Riant) Mfoula pardon prend ton téléphone et tu filmes on va lui montrer dans quelques années.


J’ai ri d’avantage en essayant de me cacher le visage mais Ebouma m’a bloqué ma main valide et Mfoula m’a filmé en train de pleurer. Ils se foutaient tous les deux de ma gueule pendant un moment avant que le calme ne revienne. Ebouma m’a passé des mouchoirs avec lesquels je me suis nettoyé le visage.


Paul : Alors on est toujours amis ?

Arsène : (Nous regardant) Est-ce que j’ai le choix ? On avait dit qu’on s’en gueule et on se réconcilie.

Paul : parce que la fraternité passe avant tout.

Moi : Et tout le monde.

Paul : Même si tu es encore fâché, on peut au moins se faire un câlin de groupe ?

Arsène : (Après un moment) D’accord.


Ils se sont tous les deux levés et sont venus vers moi, ne pouvant pas me lever, ils ont dû tous les deux s’agenouiller pour être à mon niveau. Nous avons ensuite collé nos trois têtes ensemble avant de nous prendre dans nos bras. Je suis tellement reconnaissant aujourd’hui car je sais qu’ au-delà d’avoir reçu un enfant et la possibilité de me mettre avec la femme que j’aime , je n'ai pas non plus perdu mon frère et au fond de moi je sais que si cela est possible, c’est uniquement parce qu’Ebouma a prié, que son Dieu est bien réel et qu’il opère des miracles. C’est pourquoi j’ai d’autant plus de raison de continuer à le suivre car je crois que le chemin que j’ai emprunté est le meilleur.


Paul : (Mettant sa main sur sa poitrine) Frères de cœur.

Nous : (Faisant de même) Et frères de sang.

Ensemble : Dans les bons comme dans les mauvais moments, on s’engueule et on se réconcilie parce que la fraternité passe avant tout et tout le monde.

Paul : Je vous aime Mfoula et Abessolo.

Moi : Je vous aime aussi Ebouma et Mfoula.

Arsène : Même si vous êtes des cons et que vous ne le méritez pas (nous avons esquissé un sourire) je vous aime malgré tout Abessolo et Ebouma.

Paul : (Souriant) On ne choisit malheureusement pas sa famille, on tombe dedans et on vit avec.

Arsène : Hum.

Paul : (Lui faisant un bisou sur la joue)

Arsène : (Le repoussant) Va là-bas salop, tu embrasses qui judas ?

Paul : (Riant) Accepte mon bisou mon amour.

Arsène : (Se relevant en souriant) Dégage chien. (Hurlant en récupérant son téléphone pour se diriger vers la porte) Jo, ton mari a des tendances homosexuel.


Nous avons éclaté de rire, il a ouvert la porte et est sorti en le répétant jusqu’à ce qu’on entende la voix de JO au loin qui démentait ce fait en disant que son homme ne pourrait jamais l’être même s’il le voulait. Il l’avait déjà rencontrée et elle l’avait tellement travaillé qu’à part elle, il ne pourrait plus avoir une autre tendance. La seule tendance qu’il connaissait et connaîtrait jusqu’à la fin de sa vie tenait sur trois lettres J.O.A, entendez par là Jennifer Octavia Agondjou. En termes de folie, chacun a trouvé sa part avec les femmes sur lesquelles nos yeux se sont posés. Nous avons éclaté de rire avant de sortir tous les deux du bureau pour les retrouver au salon.


Jennifer : (Nous regardant) Vous avez arrangé vos problèmes ?

Nous : Oui.

Jennifer : Donc vous êtes de nouveau amis ?

Nous : Oui. 

Jennifer : (Souriante) Ah, donc je peux valablement faire ça ?

Nous : Quoi ?


Sans qu’on ne s’y attende, elle a mis un coup de poing a Mfoula au ventre avant de sauter sur lui pour bloquer son cou avec ses bras.


Jennifer : Tu as frappé mon chéri pourquoi ? Je te rends ça aujourd’hui .

Arsène : (Riant et criant en même temps) Tu as gagné Jo, excuses moi, je ne vais plus recommencer, je te le promets. 

Jennifer : (Serrant d’avantage son cou) Si tu retentes ça, tu vas me trouver sur ton chemin et je vais bien te frapper, tu me connais non ?

Arsène : (Riant) Oui chef, pardon.

Jennifer : (Le relâchant) Tu as la chance.


Elle est venue vers son chéri et l’a embrassé sur les lèvres avant de mettre un bras autour de son cou et caresser sa poitrine.


Jennifer : Ne t’inquiètes plus bébé, je t’ai vengé.

Paul : (Souriant) Merci mon rayon de soleil, heureusement que je t’ai épousée, plus personne ne va me déranger ici.

Jennifer : Voilà.


Nous avons tous éclaté de rire avant d’aller nous asseoir. Elle nous a servi à boire avec des olives et nous a dit qu’on allait passer à table dans quelques minutes. Les enfants sont revenus nous trouver et des minutes plus tard, nous étions effectivement à table.


Jennifer : Je dis hein Mfoula donc tu me caches ta go hein ?

Arsène : Je vais te la cacher pour quelle raison ? 

Jennifer : Mais pourquoi depuis là je ne l’ai pas encore vu, pourquoi tu ne l’as pas emmené avec toi aujourd’hui ? Oubien tu as peur que je lui dise tous tes secrets ?

Arsène : (Riant) Je n’ai peur de rien car son chéri est un gars clean jusqu’à l’os.

Jennifer : C’est ça. 

Arsène : Elle n’est pas venue aujourd’hui parce qu’elle a passé la nuit au 11 et actuellement elle est au terrain avec maman en train de planter ?

Jennifer : (Souriante) Ça c’est pour me dire que ta femme est brave ou quoi ?

Arsène : Bien-sûr.

Jennifer : N’importe quoi, tu ne peux pas me complexer oh, moi je sais éplucher les tubercules et choisir les bons produits au marché.


Nous avons tous éclaté de rire. Quel est le rapport entre les deux ? 


Paul : (Riant) En effet, tu es imbattable sur ce plan mon cœur. 

Jennifer : Voilà.

Arsène : (Riant) Il n’y a pas l’un pour rattraper l’autre. Dans tous les cas, on programmera un jour et tu feras la rencontre de Ma Douce.

Jennifer : Ta douce qui t’avait frappé là ?

Paul/Moi : Ah. 

Arsène : Tu as de problèmes, une femme peut me frapper ?

Jennifer : Je ne parle pas du défunt. C’est devant témoin. Tu fais le gros dos avec tes frères ici alors que one one, on t’avait bien frappé

Sasha/Derreck : C’est vrai tonton Arsène ?

Arsène : (Riant) N’écoutez pas ça, ce n’est pas vrai.

Jennifer : Demandez à votre père et votre oncle Alvine, c’étaient eux qui étaient allés le récupérer là-bas quand tantine Leslie l’avait frappé jusqu’à lui laisser les bosses.


Nous nous sommes mis à rire nouveau. Elle l’a encore emmerdé un moment avant que nous ne changions de sujets jusqu’à la fin du repas. Elle a débarrassé avec Ebouma et nous nous sommes posés après pour discuter. Arsène est resté encore quelques heures puis il a pris congé de nous en nous disant qu’il devait aller récupérer Leslie et les enfants au 11. Après son départ, je me suis retiré dans la chambre que j’occupe et je me suis placé près de la fenêtre pour regarder le ciel.


Toc, toc ? La porte s’est ouverte sur Paul.


Paul : Je peux ?

Moi : Vas-y.


Il est rentré et est venu s’asseoir sur le lit.


Paul : Ça va ?

Moi : Oui.

Paul : Tu vas être papa.

Moi : (Le réalisant) Oui.

Paul : Et tu as également la possibilité d’être avec la femme que tu aimes.

Moi : (Esquissant un faible sourire) Oui. 

Paul : (Souriant) Comment tu te sens en sachant tout cela ?

Moi : Je ne saurais dire avec des mots comment je me sens. Ce que je ressens actuellement est inexplicable. Tout ce que je peux te dire en ce moment c’est que je suis reconnaissant, d’abord à Dieu mais également à Jo et à toi qui aviez prié pour que cela soit possible. Je ne le réalisais pas avant mais j’ai compris que j’avais vraiment beaucoup de chance de t’avoir dans ma vie car tu es une véritable bénédiction pour nous.

Paul : Je me sens flatter, mais nous avions tous eu de la chance en tombant les uns sur les autres car je n’aurais pas été celui que je suis aujourd’hui si je ne vous avais pas rencontrer Mfoula et toi. Si Dieu a permis que nous soyons ensemble, c’était forcément pour une raison car comme tu le sais avec lui il n’ y a pas de hasard. 

Moi : Oui. 

Paul : Une nouvelle vie s’annonce pour toi bro, tu as intérêt à bien saisir cette seconde chance qui t’est offerte.

Moi : (Déterminé) Crois-moi, je ne ferai pas les mêmes erreurs.

Paul : (Souriant) Je le crois…


SECONDE CHANCE