Chapitre 57

Ecrit par WumiRa


Il était environ vingt trois heures, quand Malik Sylla sortit de chez lui, sans que sa femme ne le sache, donnant pour instructions au gardien de l'appeler sur son téléphone portable, au cas où il verrait les lumières de la maison s'allumer. 


Ayant porté par dessus ses vêtements, un imperméable, au cas où il pleuvrait, il quitta la villa à pieds, avançant silencieusement dans la nuit noire. Umar ne devait pas être loin, songeait-il. Ils s'étaient donné rendez-vous pas loin de chez lui, et à l'heure qu'il était, ce dernier l'attendait déjà sûrement.


Il finit par découvrir la voiture garée en bordure de route.


- Où est ta femme ? demanda Umar dès qu'il s'y engouffra.


- Endormie, mais elle pourrait se réveiller à tout moment. 


Il referma la portière.


- Tu l'as apporté ?


- Non.


Malik se tourna vers son meilleur ami.


- Comment ça non ? Tu es venu pour quoi là ?


- Premièrement pour que tu m'écoutes.


Il jura et fut sur le point d'ouvrir sa portière.


- Es-tu à cent pour cent certain que Maya n'est pas la fille d'Henri ?


- Où est le rapport ?


- Tu pourrais au moins répondre, Mal. Tout n'est parti que d'une supposition, mais après tu t'es trop emballé.


- Il l'a reconnu lui-même, elle a été adoptée.


- Tu le crois ?


- Tu connais beaucoup de gens qui affirmeraient avoir adopté leur propre enfant ? Et à propos, la mère biologique de Maya était ici hier.


Un grand silence s'en suivit.


- Elle a échangé sa fille contre l'argent des Fall, et maintenant elle essaie de se racheter.


- Vingt-quatre ans plus tard ?


- C'est précisément pour ne pas exposer Maya à la folie de ces gens que je veux l'emmener loin d'ici. Je lui ai promis de régler le problème avec son père, mais une fois que ce sera fait, nous quitterons Dakar.


- Tu as l'intention de le lui cacher éternellement ? 


- Quoi ?


- Bah qu'elle n'est pas une Fall. J'avoue que c'est délicat comme sujet, mais ne refait pas la même erreur. Si elle l'apprend d'elle-même, tu passeras pour un menteur toi-aussi


En effet, il y avait pensé. S'il se taisait c'était parce que toute cette histoire ne le concernait pas plus que ça. Si une femme irresponsable avait décidé d'abandonner son bébé à des inconnus, pourquoi était-ce censé affecter sa relation avec sa femme ? 


Il soupira.


- Tu ne m'as pas dit pourquoi tu n'as pas apporté le journal. C'est ce qu'on avait convenu. Quel est le rapport avec Maya ?


- Je ne préfère pas parler de ça. Je te remettrai le journal, mais pas maintenant 


- Qui es-tu pour décider du sort de ce journal ?


- Ton frère, Zayn, au cas où tu l'aurais oublié. Jusqu'à aujourd'hui, je suis celui qui te connais mieux que personne, alors si je dis que tu ne peux pas l'avoir maintenant, crois bien que tu ne l'auras pas.


Umar posa une main sur son épaule.


- Fais comme tu dis, règle le problème avec Henri et sois heureux avec Maya. D'ici là peut-être que je changerai d'avis.


Malik se dégagea et sortit du véhicule.


- Tu n'as pas à m'imposer ta volonté Umar.


- Depuis tous petits, tu as toujours pris soin de moi, rétorqua ce dernier, aujourd'hui à moi d'assurer tes arrières et faire en sorte que tu ne déconnes pas. C'est ce que font les frères, non ?


Il haussa les sourcils, une lueur d'amusement dans les yeux.


- Si tu comptes envoyer des gars m'attacher et fouiller ma maison, je te préviens que ce sera peine perdue, ton fameux journal n'est pas chez moi.


- Espèce de vaur...


- Bonne nuit. Ciao.


Une minute plus tard, la voiture disparut au coin de la rue.


Très énervé, Malik regagna sa maison, bredouille. Malgré l'heure tardive, il n'alla pas se coucher, mais demeura au salon. Maintenant plus que jamais, il était persuadé que ce foutu journal cachait une vérité qu'il devait découvrir. Pourquoi n'avait-il pas sérieusement prêté attention aux propos de sœur Léa sur son lit de mort ? À ce moment, il était encore aveuglé par la haine, mais il se souvenait que comme Umar, elle lui avait répété de laisser Henri Fall tranquille. Par contre, que venait chercher Maya au milieu de tout ça ? 


Psychologiquement épuisé, à force de réfléchir et de chercher des réponses qu'il ne trouvait pas, il finit par se lever pour regagner sa chambre. 


Maya dormait toujours comme il l'avait laissée, aussi s'allongea t-il simplement à côté d'elle, sans prendre la peine de se débarrasser du reste de ses vêtements. 


- Où étais-tu ? 


Il tourna la tête et rencontra son regard, dans la semi obscurité.


- Je t'ai entendu te lever, dit-elle. Tu vas bien ? 


- J'avais besoin de courir, répondit-il.


- Avec tes habits de la veille ?


Elle se redressa et augmenta la luminosité de la veilleuse, de sorte à bien voir le visage de son compagnon.


- Qu'est-ce qu'il y a ? 


- Rien du tout, je t'assure.


Il rajusta la couverture sur elle.


- Rendors-toi maintenant, il est pratiquement minuit.


- Je n'ai plus sommeil.


- Je suis désolé de t'avoir réveillé.


- Ce n'est pas grave.


Il lui souhaita une bonne nuit et se tourna vers l'autre côté du lit.


- Si quelque chose te perturbe, tu sais que tu peux me le dire. À moins que tu n'aies une autre meilleure amie ailleurs à qui tu vas te confier ?


- Je te voies venir, répondit-il en maugréant.


- Donc tu as vraiment quelqu'un à qui tu vas raconter tes problèmes ? Ce n'est pas grave.


Elle bailla et se recoucha.


- Heureusement qu'il y a plein de beaux gosses dans cette ville, qui ne demandent qu'à m'écouter. Reste là bas.


Il ne réagit pas.


- Et d'ailleurs, ne m'adresse plus la parole.


Elle s'attendit à ce qu'il la contredise, mais à sa grande surprise, il fit mine de dormir.


- Malik ?


Silence.


Elle se redressa à nouveau, mais uniquement dans le but de se glisser dans l'infime espace qu'il y'avait entre lui et le bord du lit.


- Tu vas tomber.


Il dût lui faire de la place, pour qu'elle ne se retrouve pas au sol. De son côté, elle entrelaça ses jambes aux siennes.


- Franchement qu'est-ce que tu as ? Tout allait bien hier soir.


- Je ne suis pas d'humeur à parler de ça, maintenant.


- C'est pourtant le meilleur moment. C'est difficile de dormir quand on a quelque chose sur le cœur. Tu dois le savoir mieux que moi, je pense.


Elle se mit à lui caresser les cheveux.


- Contrairement à avant, je suis là maintenant et je suis disposée à t'écouter. Libère toi, ne serait-ce qu'un tout petit peu.


- Pourquoi tu m'aimes déja ?


- Hein ?


- Qu'est-ce que tu me trouves ?


- Qu'est-ce que toi tu me trouves ?


- Ça n'a rien à voir.


- Si tu penses m'aimer plus que je ne t'aime, tu es loin du compte. Mais sérieusement il devrait y avoir quelque chose ?


- Les gens sont toujours ensemble pour quelque chose, non ? Pour le physique, pour l'argent, l'amitié, je n'en sais rien.


Elle eût un petit rire.


- Oui ça se voit que tu n'en sais rien. Et pour tout te dire, moi aussi.


- Je ne suis pas le premier homme de ta vie. 


- Ni moi la première pour toi.


- Tu es la première que j'ai eu envie de demander en mariage, mais je suis sûr qu'avant de me connaître tu envisageais de te marier et de fonder une famille, avec un autre.


Déroutée par la tournure que prenait la conversation, Maya s'éclairçit la gorge.


- Je ne sais pas quoi te répondre, Malik.


- Le pourquoi tu m'aimes.


- Je ne sais pas.


Elle se mit sur le dos.


- Je n'ai pas eu le temps d'y songer, c'était inattendu. Mais maintenant que j'y pense, je sais que ce n'est ni pour ton argent, ni pour ton statut, ni pour ton physique. 


Elle lui refit face.


- Je n'aurais jamais cru dire ça, mais même si tu devenais pauvre, vieux, handicapé, je ne te quitterais pas pour autant. 


Elle renfrogna la mine.


- Et d'ailleurs où veux-tu que j'aille, hein ?


- L'homme propose, Dieu dispose.


- Cela ne veut pas dire que nous devons être pessimistes par rapport à comment les choses vont évoluer. En tout cas...


Elle joignit sa main à la sienne.


- Ils pensent tous qu'on a fait un mariage d'amour, mais tous les deux on sait comment les choses ont débuté. Des fois je me dis, que si tu n'avais pas décidé de rentrer te venger de mon père, si tu n'avais pas demandé à m'épouser contre mon gré, nous n'aurions rien connu de tous ces merveilleux moments qu'on passe ensemble maintenant et qu'on continuera de savourer insha'Allah. Je ne veux plus penser à tout ce qu'il y'a eu de mal entre nous. Je te promets seulement qu'aussi longtemps que je serai ta femme, je ferai tout ce que je peux pour te rendre heureux et faire de toi un homme meilleur. Je ne t'aime pas seulement pour l'homme que je connais présentement, Malik, j'aime aussi le petit garçon brimé qui est en toi. La justice ne s'obtient pas facilement, mais peut être qu'un jour je réussirai à le consoler et lui faire comprendre que tout ce qui lui est arrivé était censé arrivé, pour une bonne cause, tu comprends ? Les voies du seigneur sont impénétrables. Si tu as pu arriver au point d'admettre que tu m'aimes, il arrivera un jour où le passé n'aura plus d'importance pour toi. Enfin, je l'espère.


- Je l'espère aussi...


- Quand est-ce que tu dois parler avec mon père ?


- J'ai quelques détails à régler avant de le confronter. Ta mère aussi veut me voir.


- Je crois qu'en ce moment elle est toujours en colère, la preuve elle n'a plus remis les pieds ici. Je lui parlerai personnellement.


- Je ne préfère pas. Tu veux me faire passer pour une mauviette ?


Elle pouffa de rire.


- Qu'est-ce qui te fait rire ?


- Ohh rien. Tu ne m'as toujours pas dit où tu étais.


Il sourit à son tour.


- Tu n'as pas envie de devenir policière ?


- Ne change pas de sujet.


- Bon j'étais avec Umar.


- Hum ?


- Il devait me remettre quelque chose, mais cet idiot a changé d'avis à la dernière minute.


- Quoi ?


Il changea de position et elle se retrouva sous lui.


- Petite curieuse, devine donc.


- De la drogue ?


Il écarquilla les yeux, avant d'éclater de rire.


- Non mais quel culot ! Je ressemble à un trafiquant de drogue ?


- Je ne te l'ai jamais dit ? Tu ressembles à un parrain de la mafia sénégalaise.


- Mafia quoi ? Tu regardes trop de films.


Il lui mordilla la lèvre inférieure.


- Tu es sûr qu'on a pas réveillés les voisins ?


- Pas encore. Mais si on continue comme ça...


Il lui parsema la poitrine de baisers.


- Tu sens toujours aussi bon.


- Je connais quelqu'un qui a besoin d'un bon rasage.


Malik releva la tête.


- Ah je te pique ?


- Fais semblant de ne pas savoir que tu m'excites.


- Mais qu'est-ce que j'y peux si madame veut "qu'on attende encore un peu" ? Ça fait des jours que j'ai envie de toi.


- Pourvu que tu ne tombes pas malade, quand j'aurai un enfant et qu'il faudrait te tenir tranquille. Tu sais il y a même des hommes qui jalousent le bébé parce qu'il a soit disant pris leur place.


- Bah...


- Tu ferais ça toi ?


Il éclata de rire.


- Non et c'est pourquoi j'ai l'intention de bien profiter de toi avant l'arrivée d'un potentiel voleur de place.


- Humm...




Coucouuu la Team, comment allez-vous ? Moi je vais très bien. J'espère que vous avez a-d-o-r-é ce chapitre parce que ça fait trop longtemps que ces deux là avaient besoin d'une trêve. Enfin espérons que ça dure Krkrkr, avec les Oumou et autres on ne sait jamais ! Quoique j'attends vos avis et commentaires. Que pensez vous réellement de tout ça ? Umar doit-il remettre le journal à Malik ? Et Chrystal, elle ne vous dit rien du tout ? Ah et n'oublions pas notre fameuse Rachel, qui depuis n'a plus montré sa petite tête. 


Bonne lecture et bisous !

Sensuelle Ennemie