Chapitre 59

Ecrit par Jennie390

⚜️Chapitre 59⚜️


Yolande Otando


Quand je reçois Mélissa dans mes bras, une joie sans nom explose dans mon cœur, j'ai l'impression d'être en plein rêve. Je la serre très fort, mon visage est inondé de larmes. J'avais perdu tout espoir de la revoir, de la toucher, de l'embrasser.


—Yoyooo, est venue, dit-elle en serrant mon corps d'avantage.


—Oui mon bébé, je suis là. Tu m'as tellement manqué.


—Yoyo est venue, répète-t-elle, comme si elle voulait se rassurer de la présence.


—Bon ne restez pas debout, asseyez-vous. Je vais récupérer les courses qui sont dans la voiture.


—Merci infiniment Landry. C'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire.


—Je t'en prie.


Il sort de la maison et je m'assieds avec Mélissa sur l'un des fauteuils. Elle me regarde un moment comme si elle aussi n'arrivait pas à croire que je sois bien là.


—Meli, mon bébé, tu vas bien ?


—Oui, répond-elle en hochant la tête. Méli est contente.


—Moi aussi, je suis contente de te voir, dis-je en lui caressant la tête. Tu es devenue encore plus jolie.


Elle m'a souri et s'est encore jetée dans mes bras. Landry est revenu avec les courses qu'il a achetées en chemin.


—Je t'ai apporté du Yaourt et du gâteau comme promis.


—Merciiii, réplique-t-elle en souriant de toutes ses dents. Yoyo est là.


—Oui Yoyo est là et je te promets qu'elle ne partira plus. Elle va rester ici avec toi. D'accord ?


Elle hoche la tête, le visage illuminé. Landry revient au salon accompagné d'une femme d'âge mûr qui essuie ses mains sur le tablier autour de ses reins.


— Bridget, this is Yolande. Mélissa's elder sister. But she's pratically like her mom. From now on, she will stay here with both of you. (Bridget, voici Yolande. La sœur aînée de Mélissa. Mais elle est pratiquement comme sa maman. À partir de maintenant, elle restera ici avec vous deux).


Nous nous serrons la main.


—Oh enchantée, dit-elle avec un fort accent anglophone. Mélissa speaks about you, tous les jours.


—Enchantée! je réponds en lui souriant aussi.


Elle retourne dans la cuisine.


—Elle est anglophone, comment elle fait pour parler avec Mélissa?


—Bah, on lui a appris les petits mots basiques en français. Mais au finish, elles finissent par se comprendre dans les gestes et tout ça.


—Ah d'accord. Mais pourquoi ne pas avoir engagé une francophone, ça aurait été plus simple.


—Ça aurait été plus simple, mais pas très sécurisé. Émile soudoie tout le monde. Donc on a préféré chercher une étrangère qui ne comprend pas notre langue et qui n'allait pas nous trahir demain.


—Hum. Je vois. C'est une bonne idée. Mais tu sais que le risque zéro n'existe pas. Si Émile l'avait rencontré, ce n'est pas la barrière de la langue qui allait le stopper vu qu'il parle correctement l'anglais.


—Eh bah dis donc...


—Et justement, comment va madame Odile ? Donc si je comprends bien, elle vous a aidé à faire disparaitre Mel? Elle n'a pas eu de soucis ?


—Oui, elle nous a aidé. On te racontera plus tard comment on a procédé. Mais chaque semaine, j'organise un appel téléphonique entre elle et Mel, vu qu'elles s'aiment beaucoup.


—Oui et elle est très gentille cette dame.


***


En début d'après midi, le couple Izangault nous a rejoints chacun dans des véhicules distincts. Quand je me suis retrouvée en face d'Hortense, j'ai directement foncé sur elle pour la prendre dans mes bras. Je me souviens de la première fois où elle est venue dîner à la maison avec son mari. Je voyais à son regard sur Émile et moi, à ses questions insistantes et intrusives qu'elle ne croyait pas à cette façade parfaite de notre couple. J'ai toujours su qu'elle se doutait de quelque chose, mais qu'elle ne pourrait pas m'aider vu ma situation. Aujourd'hui, je la regarde et je comprends que j'ai négligé son niveau de bravoure.


—Merci infiniment !


—Je t'en prie, dit-elle en me serrant très fort dans ses bras. Ça me fait plaisir que tu ne te sois pas laissée abattre. Tu t'en es sortie et toute seule.


Je salue Richard et on prend tous place au salon.


—Je suis très content de voir que tu vas bien, fait Richard. Maintenant la question qui me taraude l'esprit, et c'est le cas de tout le monde d'ailleurs, c'est de savoir comment tu as fait pour t'échapper.


—Clairement, renchérit sa femme. On sait que c'était une véritable forteresse en termes de sécurité.


—Bah, j'ai utilisé la seule façon que j'avais de me libérer d'un homme pareil.


—En essayant de le tu*er, dit Richard, amusé. 


Les deux autres le regardent, étonnés.


—Tu l'as tu*é ? me demande Landry. Pour de vrai ?


—Bah, c'était lui ou moi, je réponds en haussant nonchalamment les épaules. J'ai fait ce qu'il fallait pour m'en sortir.


Je commence par leur raconter en détail comment je me suis fait passer pour une folle depuis des mois. Avant de terminer par la nuit dernière, pendant laquelle je lui ai fait avaler une tonne de médocs avant de prendre la poudre d'escampette. Ils m'écoutent sans m'interrompre et je vois à leurs têtes qu'ils sont hautement surpris. Une fois mon récit terminé, j'attends d'écouter ce qu'ils en pensent.


—Honnêtement, je suis bluffée, dit Hortense en se tapant dans les mains. Tu as eu une idée plus que brillante en lui donnant tout simplement ce qu'il voulait.


—Moi, je salue ton courage et même ton jeu d'actrice qui a dû être parfait au point qu'il ne s'en est pas rendu compte, ajoute Richard. Franchement, chapeau bas.


—Euh... merci. J'ai vraiment fait de mon mieux. Maintenant, je ne sais pas si ça a marché.


Le téléphone de Richard sonne, il se déplace légèrement pour aller répondre.


—Landry, tu penses qu'il a pu perdre la vie ? demande Hortense.


—Ça dépend. S'il a été conduit à l'hôpital à temps, avec un lavage gastrique, on peut lui sauver la vie. Même s'il a été conduit à temps à l'hôpital et que le lavage gastrique a été fait, ce mélange va forcément lui causer des problèmes de santé. Vu qu'il y a des mélanges qu'il faut éviter. Aspirine et Ibuprofene sont à proscrire quand tu combines cela avec des médicaments pour l'anxiété. Surtout qu'il y avait un surdosage. Et l'alcool a accentué les effets, voilà pourquoi il a très vite perdu connaissance. Il est même très certainement tombé dans le coma.


—Je souhaite qu'il soit mort, dis-je.


—Il ne l'est pas encore, dit Richard en revenant s'asseoir. J'étais avec Vincent au téléphone. Les agents de police sont arrivés hier soir chez lui et ils l'ont conduit à l'hôpital quand ils se sont rendu compte qu'il respirait encore, mais très faiblement. Après le lavage gastrique, il est tombé dans le coma et a été placé sous respirateur artificiel. Jusqu'à présent, son état ne s'est pas amélioré. En tout cas la police surveille sa chambre. Il est en principe en état d'arrestation mais pour l'instant, ils ne peuvent rien faire parce qu'il est inconscient.


—Ah ça ! Et Vincent, pourquoi, il n'est pas venu ?


—Tu sais qu'il est la principale personne qui peut être suivie donc il préfère éviter d'être suivi jusqu'ici. Émile est peut-être inconscient jusqu'à l'heure actuelle, mais avant ça, c'est probable qu'il ait fait surveiller Vincent. Nous encore, ce n'est pas très évident, vu qu'il n'y a rien qui nous lie à Vincent pour qu'Émile se méfie de nous. Mais pour Vincent, c'est vraiment très possible.


—Euh, Vincent aussi fait partie de votre clan ? je demande. Il est quand même ami avec Émile depuis près de dix ans. Il a retourné sa veste aussi facilement ?


On me raconte l'histoire de Diane et Émile, ainsi que le fait que Vincent n'ait pas digéré une telle trahison.


—On a bien compris qu'Emile aime les folles et les personnes avec des problèmes psychologiques, dit Hortense. Donc est-ce que tu penses qu'il ait vraiment couché avec Diane ? Est ce qu'il peut fonctionner sans les folles ? Je suis curieuse.


—Avant qu'on ne se marie, il a couché avec moi une fois. Il n'est pas du tout impuissant. Mais comme psychologiquement, lui même il est tordu, un vrai malade, ce sont les folles qui représentent son délire sexuel. Et s'il s'est rabattu sur Diane, c'est qu'il avait un intérêt derrière. Il ne fait jamais rien pour rien. Pour elle, je ne suis pas surprise. Dès la première fois où je l'ai rencontré, j'ai vu son attitude vis-à-vis de lui. C'est seulement dommage pour Vincent.


—Ouais!


—Moi je ne m'en remets toujours pas de cette histoire exclusive de folle, dit Landry. À quoi c'est dû ? Il a eu un passé trouble ?


Je leur raconte donc tout ce qu'Emile m'avait dit lorsque nous étions en lune de miel par rapport à son enfance. Le comportement de son père qui les traitait comme des animaux, sa mère et lui, en passant par le fait que plus tard, il avait commencé à coucher avec sa mère qui avait perdu la boule avant de terminer jusqu'à l'assassinat de son père qu'il a lui-même commis de ses propres mains. 


Leurs visages sont sérieusement blêmes, tellement ils sont choqués. Hortense avale un verre de vin d'un trait pour faire passer rapidement mes révélations ahurissantes.


—Moi qui pensais déjà voir tout entendu de terrible, je tombe des nues, dit Richard. C'est vraiment un malade mental comme ceux qu'on voit au cinéma.


        ***


En fin d'après midi, nous partageons un repas et la discussion continue. Je finis par apprendre en détail toutes les choses qui se sont passées et qui les ont poussés à m'aider. La mort de Tata Bertille avec la complicité d'un médecin de la clinique Saint Honoré qui est même déjà morte en prison à l'heure actuelle. La trahison de mon amie Grace qui avait dit devant tout le monde que j'avais des problèmes mentaux depuis très longtemps. Je suis vraiment très déçue mais comme je disais, même tes proches peuvent te vendre pour des sous.


—Mais s'il a fait brûler la maison avec le fameux ordinateur à l'intérieur, comment êtes-vous tombés sur les enregistrements que vous avez envoyés au procureur ?


—Ce qui s'est passé, c'est que le lendemain de l'incendie, je me suis rendue au bureau pour bosser. Je m'occupais de la restauration des fichiers supprimés sur l'ordinateur du directeur général. Puis j'ai pensé au cloud. Que si Ovono avait un ordinateur Apple, ça veut très certainement dire que ses fichiers pouvaient être stockés sur Icloud Drive. Et étant donné qu'en tant que médecin, elle avait un PC au boulot, elle pouvait très bien avoir mis sa propre adresse là-bas.


—Et donc depuis qu'elle s'était fait arrêtée, renchérit Landry. Son bureau n'avait pas encore été vidé. Vu qu'on ne lui avait pas encore trouvé un remplaçant. Je suis donc entré dans son bureau à la pause et j'ai fait un appel vidéo avec Hortense qui m'a expliqué ce que je devais faire et où je devais chercher dans l'ordi. Et elle avait raison. On a pu restaurer les fichiers depuis son drive, les télécharger. Je les ai mis sur une clé que j'ai remise à Hortense.


—Ah ok, je vois, dis-je. C'est le même système qui se passe quand je peux lire mes mails sur mon ordinateur, ouvrir des fichiers reçus par e-mail.. Puis, je peux prendre mon téléphone, avec mon adresse e-mail, accéder aux mêmes mails, aux mêmes fichiers.


—Oui en quelque sorte, rétorque Hortense. C'est très important de stocker ses fichiers sur un cloud, comme ça même si tu perds ton appareil, tu pourras toujours retrouver tes fichiers dans ton nouvel appareil. Et même lorsque des fichiers sont effacés, un informaticien compétent peut les retrouver. Et d'ailleurs, ça ne marche pas qu'avec les utilisateurs Apple/iPhone.


—Ah ça!


Nous terminons de manger et ils s'apprêtent tous à rentrer à Libreville. Moi je reste avec Mélissa.


—Je tenais à vous exprimer ma profonde gratitude pour ce que vous avez fait pour Meli et moi. Je ne sais pas comment j'aurai fait si Mélissa était venue vivre dans cette maison. Vous n'étiez pas obligé, mais vous l'avez fait sans rien attendre en retour et surtout en mettant vos vies en danger. Merci infiniment.


—Dieu merci, tout s'est bien passé et toi-même bravo pour t'être battue pour sortir de là. Demain, je t'enverrai des vêtements et quelques produits avec Landry.


—Oh non ne te dérange pas pour moi. Je peux sortir et...


—Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu sortes, dit Richard. Tu sais que quelque part la police te cherche quand même. Ils savent qu'Émile a été « empoisonné » et qu'il vivait avec une épouse qui a disparu.


—J'ai avec moi quelques vidéos qui prouvent que j'ai été séquestrée et maltraitée.


—Oui, mais dès qu'il y a meurtre ou tentative de meurtre, si tu ne prouves pas que c'était de la légitime défense, on peut quand même t'arrêter, dit Landry. Lors d'un procès, un avocat pourra certainement te faire libérer, mais de prime abord, si la police t'attrape, tu vas d'abord en cellule.


—Bah, c'était de la légitime défense pour tous les mauvais traitements que j'ai reçus de sa part. Tôt ou tard, il m'aurait tuée.


—Non la légitime défense ne marche pas comme ça, réplique Hortense. Selon la loi, on parle de légitime défense lorsque tu te défends à l'instant même, lorsque ta vie est en danger. Si par exemple, il t'avait menacé avec un couteau et que pour sauver ta vie, tu lui tires dessus avec une arme, voilà un exemple parfait de légitime défense. La légitime défense ne s'applique pas à ta vie qui était en danger dans le passé ou qui sera en danger dans le futur. Le concept de la légitime défense, c'est action-réaction. Et vu comment tu nous as raconté ce qu'il s'est passé, ta vie n'était pas en danger quand tu as mis les comprimés dans sa bouteille.


—Oui, c'est vrai, dis-je. Et s'ils regardent les caméras de surveillance, ils verront que je n'étais pas techniquement en danger. Mais je trouve ça injuste que je puisse me retrouver en prison à cause d'un criminel comme lui.


—Tu sais, la mort d'un être humain n'est pas cautionnée par la loi, dit Richard. Même si c'est un criminel, un assassin, il est censé se retrouver derrière les barreaux, pas mort. C'est comme ça que fonctionne la loi. Donc, la seule façon de ne pas se faire arrêter pour la mort d'un être humain, c'est de prouver qu'on l'a tué parce que notre propre vie était en danger à cet instant. C'est dur et injuste, mais c'est la loi. Toutefois, je peux t'assurer que tu n'iras pas en prison. On fera tout pour l'éviter. Et le nouveau jeune procureur là est très porté sur la justice. Dès qu'il regardera les vidéos de surveillance de la maison, il ne va certainement plus te chercher. En tout cas peu importe ce qu'il va se passer, Vincent va te représenter au cas où.


—Donc en théorie, s'il se réveille et que son état s'améliore, il devra répondre de ses crimes, ajoute Hortense. Il finira où il mérite, on va s'en assurer.


—D'accord, merci encore.


—Tous les mardis, Odile appelle pour parler à Melissa. Alors son appel ne devrait plus tarder.


—Ok. J'ai hâte de lui parler. La remercier également.


—Landry part ?


On se retourne et on voit Mélissa au balcon.


—Oui ma chérie, je dois partir. Demain, je dois aller travailler, mais je te promets que je serai là demain soir et on va regarder des dessins en suçant des glaces, d'accord ?


—D'accord.


Ils nous disent au revoir et embarquent chacun dans leurs véhicules. Je me retrouve seule avec mon bébé. Après avoir pris nos douches, nous nous sommes glissées toutes les deux dans le lit pour se faire de gros câlins et pour attendre l'appel d'Odile.


Odile Odjele 


Mes journées sont toujours aussi monotones. Je passe mes journées à OASIS avec le petit dont je m'occupe, Tobias Mekui. C'était plus simple de s'occuper de Mélissa parce qu'elle parlait quand même, elle était un peu plus éveillée. On jouait, on allait se balader, on regardait des dessins animés ensemble. Mais avec Tobias, c'est compliqué, il ne parle pas. Malgré tous mes efforts, il n'a pas prononcé le moindre mot. Il est fermé comme une huître. Dès qu'il a pris son bain et son petit déjeuner, il reste assis dans un coin de la cour à jouer avec des petites pierres. Il a l'air tout le temps triste, je ne sais même pas comment l'aider. Même lorsqu'on organise des petits jeux ludiques avec d'autres jeunes et enfants de l'institut, il a du mal à s'intégrer. 


Ce soir, après son bain, il a mangé une omelette et je l'ai mis au lit. J'ai fait un tour dans le bureau de la directrice. Cette dernière était sur le point de s'en aller.


—Oui madame Odile, vous aviez besoin de quelque chose ?


—Oui, c'est à propos de Tobias.


—Que se passe-t-il avec lui ? J'espère que vous en prenez bien soin, je ne pense pas avoir besoin de vous rappeler que son père est une haute personnalité de la République. Il ne faut pas qu'on ait le moindre problème avec lui, surtout pas ce qu'on a eu avec Mélissa Otando.


—Non, ça n'arrivera pas, j'en prends bien soin. Le problème se situe dans le fait qu'il ne fait pas vraiment de progrès, il a l'air à chaque fois hyper triste. Il n'y a aucun effort d'intégration. 


—Bah, continuez d'essayer, dit-elle. Son père paye une très grande somme tous les mois. Il faut qu'il puisse voir les résultats de son investissement colossal.


—Justement, ce serait bien qu'il passe voir son fils de temps en temps. Vous savez que la famille a une place très importante à jouer dans l'état de ces jeunes-là. Il doit pouvoir voir son père, c'est important.


—Écoutez, il est extrêmement occupé. Il n'aura pas le temps de passer ici pour le voir. Mais bon, je lui en toucherai deux mots.


—D'accord. Merci beaucoup madame.


Nous nous disons au-revoir et je prends mes clés de voiture et je roule jusqu'au parc. Puis je gare et je lance l'appel pour parler à Melissa. Je suis toujours obligée de me mettre dans un endroit où on ne peut pas écouter mes conversations. Ça fait déjà des mois que Mel a disparu, mais je fais toujours tout pour qu'on n'entende pas mes conversations.

L'appel vidéo est décroché et je vois l visage de Yolande Otando sur l'écran, je beug un instant.


—Euh...


—Bonsoir Madame Odile, comment allez-vous ?


—Yolande, c'est bien vous ?


—Ou, c'est moi répond-elle en souriant.


—Waouh ! Mais comment vous avez fait pour sortir de la maison ?


—Je me suis lancée dans un plan périlleux qui a payé. Au finish, me voilà avec mon bébé.


—Oh là là. Méli comment tu vas ?


—Ça va, dit-elle avec un visage radieux. 


—Tu es avec Yoyo, tu es contente, j'espère.


—Ouiiiiii


—C'est vraiment super. Ça fait longtemps que j'ai vu une telle joie sur le visage de Mel. 


—Tu vas venir Odiii?


—Oui, je viendrai te voir mon bébé.


On discute de tout et de rien jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Je continue à discuter avec Yolande. Elle me raconte l'enfer qu'elle a vécu de la maison de Biyoghe et comment elle s'y est pris pour s'échapper. 


—Je suis vraiment désolée que vous soyez passé par là, mais Dieu merci, il n'a pas pu éteindre votre combativité, votre soif de liberté et l'amour pour Mel.


— Oui, c'est vrai, répond-elle. Mais je vous avoue que quelque part, je m'en veux à moi-même. Si je n'avais pas eu l'air si désespérée, en manque d'amour et de confiance en moi, peut-être que je ne serais pas tombée dans ses filets. J'ai été ébloui par l'image sucrée qu'il m'a présentée. Je voulais être en couple, être mariée, être aimée à tel point que je n'ai pas pris le temps de m'asseoir et d'analyser la situation. Je n'ai pas cherché à fouiller davantage ou à lire entre les lignes pour savoir si je ne faisais pas une erreur. Aujourd'hui, en y pensant à tête reposée, il avait plein de signes à cette époque qui auraient dû m'alerter et me faire prendre mes jambes à mon cou. 


—C'est un grand manipulateur, ça n'aurait pas été évident de remarquer quoi que ce soit. À chaque fois que moi-même, je l'ai vu, j'ai toujours pensé que c'était un homme génial, sans savoir que c'était le diable incarné.


—Mais bon, Dieu merci, je suis sortie de là et j'ai bien l'intention de ne pas y retourner. J'ai un joli futur à construire avec Mel.


—Et il sera brillant ce futur...

Dans le secret