Chapitre 6

Ecrit par EdnaYamba

.

Peter SIMA

-         Je te remercie de me l’avoir dit, je t’avoue que je n’ai pas suivi l’actualité des réseaux ces temps-ci ! me dit Raïssa à qui je viens d’annoncer mes fiançailles.

Je me doute bien qu’avec ses occupations, elle n’est certainement pas le genre à passer sa vie sur les réseaux sociaux ou à lire  des magazines féminins. Raïssa est belle jeune femme au teint ébène et aux formes généreuses typique africaines, de quoi faire tomber plus d’un homme, mais c’est aussi, une femme très occupée par ses fonctions qui comme elle me l’a signifiée, n’a pas le temps pour les amourettes, une férue de travail. Elle n’est pas assistance à Pharmaco et Co par hasard et certainement pas uniquement par la promotion canapé parce que MAGANGA bien qu’ayant une réputation de Casanova est bien connu aussi pour ne s’entourer que des meilleurs.

J’ai tenu à lui dire de vive voix que j’étais dorénavant fiancé, après le fait qu’on ait eu une aventure quand nous avons été mis en relation pour traiter du dossier laissé par mon défunt frère.  Il n’ y avait aucun engagement entre nous mais je suppose que la bienséance voudrait qu’elle l’apprenne de moi plutôt que par les réseaux sociaux. Elle semble le prendre plutôt bien heureusement, parce qu’avec les femmes on ne sait jamais à quoi s’attendre. Là, je ne parle pas uniquement de leurs états d’âmes.

-         Il n’a jamais été question de relation entre nous, me dit-elle ce à quoi j’hoche la tête, toutefois si tu estimes que notre petite aventure peut continuer discrètement….

Continuer à la voir secrètement, ce ne serait pas tromper Tia vu que Tia et moi, ne sommes pas vraiment un couple et que je ne compte pas devenir un moine, l’idée est plaisante surtout que la partie adversaire accepte de garder le silence, mais non, la seule femme que je désire en ce moment, et ce depuis que je l’ai embrassée  est Tia Jackson !

Ping SMS

« Mes parents veulent te rencontrer. Ils nous invitent donc diner chez eux demain. Sincèrement je comprendrais si tu as une  occupation et que tu déclines. »

 Je souris. Je suppose que l’option ‘’décliner l’invitation à dîner de ses parents.’’ Lui plairait bien. J’imagine qu’elle stresse à l’idée de me présenter à sa famille. Je l’appellerais plus tard pour lui dire que je suis libre.

Elle va enrager. Mais j’aime bien déstabiliser son petit monde.

-         Alors ? me demande Raïssa.

Ce qui me rappelle qu’elle m’avait fait une proposition

-         Ce ne sera pas possible, lui dis-je. Les seules fois où on se reverra désormais ce sera dans le cadre du travail. D’ailleurs j’ai hâte qu’on boucle ce dossier.

 

Tia Jackson

Je regarde Peter SIMA discuter aisément avec mes parents.

Ce dîner j’ai essayé de le faire annuler mais c’était sans compter sur la détermination de maman et la bonne disposition de mon  « fiancé » ce malgré toutes mes tentatives…

J’ai prétexté avoir beaucoup de travail ce qui était vrai vu que le bureau du procureur m’a appelée suite au recours que j’ai lancé, j’ai appelé papa la veille  pour lui expliquer.

-         Mr Jackson ! dis-je aussitôt qu’il a décroché

-         Mlle Jackson , je croyais qu’on était samedi aujourd’hui Tia ?

-         Papa je viens de recevoir un appel du bureau du procureur pour le cas KAKOU , j’ai besoin de me concentrer , je crois que je ne pourrais pas répondre à l’invitation de ce dimanche et Peter non plus , il est très chargé

-         Ça c’est à ta mère qu’il faut le dire !

-         Mais je le dis à toi…s’il te plait papounet…

-         Baby…a-t-il crié à ma mère

Y a que mon père pour être encore romantique à cet âge en appelant ma mère Baby.

 C’est pourquoi elle me met la pression.

Mon mari m’aime et me rend heureuse mon désir est que vous trouviez des hommes qui vous aiment aussi, Linda a déjà un homme merveilleux il ne reste plus que toi Tia.

Il ne reste plus que moi.

Ça c’était avant qu’une petite opportuniste ne décide de se mêler de ma vie.

La voix de ma mère s’est fait entendre en fond sonore.

-         Oui chéri !

-         C’est Tia au téléphone

-         Ah ça tombe bien je voulais lui demander ce que son fiancé aime comme plat viande ou poisson ?

-         Maman je crois que le diner de demain n’aura pas lieu papa t’expliquera pourquoi

-         Jackson qu’est-ce que tu dois m’expliquer que ta fille ne peut le faire et qui nécessiterait que j’annule un diner si important.

-         Elle a un travail important à boucler, a-t-il dit de manière désinvolte 

-         Mais c’est le weekend, reprend maman je suis désolée c’est journée off ! ce jeune homme et toi aviez déjà confirmé votre présence …on vous attend demain. Nous tenons à rencontrer ce jeune homme !

Point. La discussion était close.

J’ai essayé avec Peter en lui disant de trouver un prétexte pour ne pas se présenter chez nous mais il m’a répliqué :

Je ne tiens pas à ce que tes parents aient une mauvaise image de moi.

Mais qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Lui ai-je rétorqué.

On est fiancé chérie, a-t-il ri. Je passe te prendre demain.

Et il a raccroché.

Coincée c’est le mot. Je suis coincée.

On pourrait prendre ce qui m’arrive en ce moment et en faire un scénario de film de type hollywoodien avec pour titre : Prise au piège

Je les observe à nouveau.

 Ça fait près d’une heure que nous sommes là et déjà Peter réussit à faire rire ma mère et à faire parler mon père de politique. Tout le monde sait que Robert JACKSON ne parle politique avec quelqu’un que lorsqu’il estime qu’il peut de faire confiance. Eric ça lui a fallu deux visites au moins pour y arriver.

En une heure comment a-t-il réussi à se mettre mes parents dans la poche ?

Et pourtant la partie ne semblait pas être gagnée d’avance quand on est arrivé, papa avait les sourcils froncés et maman sans prendre de gants lui a dit après les civilités :

-         Ainsi c’est vous le jeune homme qui veut épouser notre fille sans prendre la peine de rencontrer ses parents au préalable !

C’est vraiment maman ça ! Mais Peter n’a pas paru déstabilisé, il s’est excusé disant que n’eut été l’intrusion des journalistes dans sa vie privé, il avait prévu venir officiellement se présenter auprès de mes parents puis il a ajouté à l’adresse de ma mère quelques compliments :

-         On vous regarde madame et on sait d’où vient la beauté de Tia. On ne saurait douter qu’elle tient de vous son charme sans égal.

Maman a souri.

Elle était conquise.

Une fois maman conquise, Robert Jackson le serait aussi. Et les minutes qui ont suivi la mine de mon père paraissait plus détendue  et Peter qui ne cessait de me lancer des compliments.

-         Dès la première fois que je l’ai vu, j’ai su que c’était celle qu’il me fallait, ça semble cliché mais je vous assure votre fille a ce quelque chose qui la rend spéciale, dit-il en prenant ma main qu’il porte vers lèvres pour y déposer un baiser,

Je n’aurais pas été actrice de cette mascarade que je croirais qu’il est sincère. Puis papa et lui se sont éclipsés un moment dans le bureau de papa, à ce moment j’aurais donné n’importe quoi pour être comme ANT-MAN, pour pouvoir me faufiler à l’intérieur de ce bureau et savoir ce qu’ils se sont dits vu qu’au sortir de cette entrevue papa et lui riaient aux éclats.

Qu’est-ce qu’ils ont bien pu se dire ?

J’ai pourtant dit à Peter avant que nous ne venions de ne pas trop en faire avec eux. Parce que j’imagine la déception qu’ils auront, s’ils l’apprécient,  quand je leur dirais que nos fiançailles sont rompues.

Mais Peter est bien déterminé à jouer son rôle à fond. Il a un regard tendre à chaque fois qu’il le pose sur moi, ce qui fait sourire ma mère à chaque fois.

-         C’est un jeune homme charmant, me dit Linda en approchant alors que je me suis lève pour me mettre à distance.

Ma sœur est venue 30 minutes après nous. Dès son arrivée elle m’a chuchotée :

-         Tu n’espérais tout de même pas que je rate ça 

-         Tu n’as pas une famille qui t’attend toi ?ai-je dit en levant les yeux au ciel.

-         Oh même Eric était d’avis avec moi qu’il fallait que je le voie tu comprends avec tous les diners qu’on a organisé pour toi il fallait qu’on sache où on a péché….

Vraiment tous les diners qu’ils ont organisés, je suis bien heureuse d’y échapper pour temps, un temps de répit à la course « un mari pour Tia », elle porte son regard sur Peter souriante.

-         Je le regarde et je comprends pourquoi tu en es tombée amoureuse, me dit-elle, il est séduisant.

Je regarde à mon tour Peter à nouveau. C’est vrai qu’il est beau, et surtout il a cet air imposant sans avoir à faire une démonstration de ses muscles, il a un regard pénétrant, c’’est ce qui m’a déstabilisée ce jour-là quand il m’a embrassée, à y repenser j’ai la chair de poule. Et c’est le moment qu’il choisit aussi pour tourner son regard vers moi et me sourire. Ce qui accentue ma chair de poule. Cet homme est décidément dangereux pour moi.

-         Il te fait de l’effet à ce point ? me chuchote Linda qui n’a rien perdu de la scène. Eh bien moi qui croyais que je ne vivrais pas assez longtemps pour te voir dans cet état

-         Tu n’abuses pas un peu voyons ; lui dis-je.

 

Non Linda n’abuse certainement pas, devrais-je reconnaître à contre cœur intérieurement. Pas question qu’elle m’entende dire ça.

Je vais rejoindre Peter en m’asseyant le long du bras de son fauteuil.

-         Alors racontez-nous un peu comment vous êtes-vous rencontrés ? questionne Linda

-         C’était un accident, répondons-nous aussitôt en même temps.

-         Oh ils répondent en chœur comme c’est mignon, remarque-t-elle enchantée sans plus poser de questions sur notre rencontre pour mon plus grand soulagement.

Peter et moi n’avons pas encore pensé à une histoire commune à raconter une vaine qu’on ait choisi de dire la même chose sur le moment, sinon je suis sûre que Linda perspicace comme elle est aurait suspecté quelque chose.

-          c’est Aaron qui va être déçu ! me murmure-t-elle quand nous allons à la cuisine ranger la vaisselle.

Aaron ! Je me sens soudain mal à l’aise, j’avais rendez-vous avec lui hier pour le barbecue mais avec les évènements de vendredi, je n’ai eu aucun courage de répondre aux appels qu’il m’a lancée le samedi. Je ne savais pas quoi lui dire ! C’est lâche. Il doit certainement me prendre pour une joueuse…

-         C’est à quelle heure que tu rencontres le procureur demain ? me demande papa.

-         11H ! je ne sais pas cette histoire me semble plus complexe qu’elle ne parait.

-         Mais comme toujours tu t’en sortiras ! me sourit papa

-         Tu me fais un peu trop confiance !

-         Et il n’est pas le seul chérie, intervient Peter en me tenant la main. tu gagnes presque toujours tous tes procès. tu es une avocate exceptionnelle.

N’en fais pas trop Peter ai-je envie de lui dire. Mais je me contente de lui adresser un sourire.

-         Vous n’êtes pas objectifs. mais merci de m’encourager. Leur dis-je

-         Oh chérie c’est toi qui te sous-estimes. Ajoute Peter.

-         Elle a tendance à ne pas avoir confiance en elle, dit maman

-         Tu ne devrais pas ! me dit Peter en me regardant avec un regard plein de sincérité avant de poser un baiser furtif sur mes lèvres ce qui fait sourire maman et Linda.

Un frisson me parcourt.

Ce jeu est trop dangereux. Je risque de me brûler les ailes je le sens. Peter ne me laisse pas indifférente.

Maman est venue me voir au moment où nous disions au revoir.

-         Tia ma chérie il va falloir vite te décider pour une date ma chérie un homme comme lui ça ne court pas les rues !

C’est officiel. Maman est totalement conquise. Et je me demande si moi aussi je ne le suis pas.

Non non Tia c’est une mascarade ne l’oublie pas.

Après avoir pris congé des parents, j’ai du mal à être seule avec Peter dans la voiture, la proximité me trouble, il a trop joué ce soir, ses mots, ses attentions, non il en avait trop fait, j’ai même pensé pendant un instant que ce serait agréable si c’était vrai.

-         Tu n’aurais pas dû trop en faire ce soir ! lui dis-je, mes parents seront déçus quand bref….qu’est-ce que vous vous êtes dits avec mon père ?

On vient d’arriver chez moi.

-         C’était une entrevue privée Mlle Jackson. Tout ce que je peux te dire c’est que ton père est un homme formidable ! dit-il en m’ouvrant la portière

-         Ça je le sais déjà, ce n’est pas la question ! fais-je en fronçant les sourcils, on est deux dans cette mascarade on devrait tout se dire.

-         Tia peux-tu juste profiter de tout ce qui se passe sans toujours penser au fait que ce soit une comédie ?

-          No…

Avant que je ne conteste, Peter vient de poser ses lèvres sur les miennes me faisant taire. Et bizarrement je n’ai plus envie de dire quoi que ce soit de plus. Ça ne va pas aller du tout s’il arrive déjà à me faire taire avec un baiser…alors là pas du tout. Mais bon je contesterai plus tard…

-         Bonne nuit Tia JACKSON. Demain je passerais pour qu’on voie ensemble quel passé donner à notre histoire.

Voilà qui me rappelle que tout ça c’est un jeu.

           

                                            ***

-         Je vous ai écouté maitre Jackson maintenant j’aimerais écouter Mme KAKOU ! dit le procureur.

Mireille KAKOU prend la parole racontant le même récit qu’elle m’a fait. 

-         Monsieur je ne sais pas et je ne comprends pas ce qui se passe, dans ce pays nous sommes en règle, mes papiers sont à jour et même ceux de mon mari. Nous sommes des gens honnêtes, nous n’avons jamais eu d’altercation avec qui que ce soit , vous pourrez faire des enquêtes si vous voulez ; vous ne nous trouverez pas impliqué dans une quelconque affaire louche alors je ne comprends pas que me reproche-t-on pour vouloir m’expulser de ce pays ? encore que oui peut-être ne voulez pas de nous, d’accord mais laissez-moi au moins repartir avec mon époux ! c’est tout ce que je demande ! je refuse de partir et laisser mon mari dans un tel état ! j’ai pris rendez-vous avec l’ambassadeur de mon pays ici au Gabon !

A l’évocation d’ambassadeur, le procureur fronce les sourcils. Si l’ambassade s’en mêle c’est sûr que ça peut créer un incident diplomatique.  Je n’y avais pas pensé moi-même. Le délai était tellement court.

-         Bien faites-moi voir ce papier d’expulsion ; dit le procureur !

Je le sors de mon porte document pour le lui tendre. Il l’inspecte à nouveau, il se lève en nous disant qu’il va passer un coup de fil. Nous laissant à l’intérieur.

-         Vous croyez que j’aurais gain de cause ? me demande la jeune dame.

-         Il n’y a pas de quoi vous expulsez nous le savons tous ! la rassuré-je.

Quand il revient il nous annonce.

-         Considérez que cet avis d’expulsion n’existe plus !

Mireille KAKOU soupire d’aise.

Je la sens soulagée même si ce n’est pas totalement.

Justice et Amour