CHAPITRE 5
Ecrit par EdnaYamba
Tia Jackson
« J’ai apprécié la soirée avec vous Mlle Jackson »
C’est le message que je reçois au réveil ce matin de Peter Sima.
J’ai un rendez-vous ce matin avec Mireille KAKOU pour l’informer des avancées de son dossier, quand je vois cette femme préoccupée par l’état de son mari qui n’est toujours pas sorti du coma, je me demande ce qui se passerait si c’était moi, avec mon mari dans cet état. Ça doit être difficile de voir l’être aimé, celui qu’on considère comme sa moitié dans cet état et de se sentir impuissante.
- Nous avons déposé un recours auprès du tribunal, mais le recours n’est pas suspensif le risque c’est que la mesure peut donc être exécutée mais ne vous inquiétez pas nous faisons tout pour que cela n’arrive pas
- vous pourrez même leur dire que j’accepte de partir mais une fois que l’état de mon mari ira mieux
- Vous n’avez pas besoin de partir, lui dis-je , vous n’êtes en rien une menace pour ce pays , les vrais criminels sont dehors et dans la rue . cette expulsion n’a pas été faite dans les règles en examinant votre dossier j’en ai relevé quelques-unes qui font qu’on a beaucoup de chance que cette décision soit revue je vous repose la question êtes-vous surs de n’avoir aucun problème avec qui que ce soit ?
Elle se tait un instant semblant réfléchir
- Je ne sais pas si ça devrait compter mais y a eu un épisode à Noel dernier à la fête de la société de mon époux, son patron m’a ouvertement dragué et Sylvain n’a pas apprécié, il nous a menacé mais doit-on vraiment prendre ça au sérieux ?
- Il faut tout prendre au sérieux ! lui dis-je
- Je reçois aussi depuis peu des messages anonymes de menaces m’avoue-t-elle
- Il faut qu’on le dise à la police ; lui dis-je en prenant mon téléphone
Je compose le numéro d’Aaron
- Bonjour la plus jolie avocate du barreau ! me lance-t-il en décrochant
- Bonjour bel inspecteur, répondis-je sur le même fond de taquinerie, j’ai besoin de toi
- A toi corps âme et esprit !
- Plus sérieusement, souris-je, je vais t’envoyer quelqu’un on a besoin de ta vision de policier
- Ok ! je t’écoute me dit-il reprenant son sérieux
Je l’explique brièvement la situation. Il prend rendez-vous avec Mireille KAKOU pour l’entendre. Il vaut mieux que la police soit sur cette affaire parce que mon intuition me dit qu’il y a quelque chose derrière tout ça.
- Merci Aaron. Je te revaudrais ça !
- Pourquoi pas samedi devant un barbecue? propose-t-il
- Ok validé.
Madame KAKOU prend ensuite congé. A part ce dossier je n’ai pour l’instant aucun dossier important, le reste j’ai donné aux stagiaires histoire de les mettre dans le bain, j’attends voir les réflexions qui sortiront de ces études.
Je vais trouver Harry dans la salle de conférence qui leur donne un petit cours de plaidoirie. Tous les stagiaires ont les yeux rivés sur lui ; ça me rappelle nous à l’époque où on était stagiaire. Je suppose qu’il y a déjà quelques filles qui le prennent pour le Dieu du droit avec la passion que je note dans ses yeux.
La passion, la simple évocation de ce mot me rappelle la soirée d’hier.
Les lèvres de Peter Sima sur les miennes…
- Maitre Jackson avez-vous quelques astuces à donner à nos stagiaires ? dit Larry me tirant Dieu merci de ma rêverie
- Vous savez le tribunal c’est comme un théâtre….
(…)
J’arrive au garage de Mitch d’où Peter m’a appelée pour me dire que ma voiture était enfin disponible. Mon bébé elle m’a manquée. Enfin un peu si on enlève le fait que ça ne m’a pas trop déplu de frimer avec la Citroën. Je suis toute contente quand je la vois. Elle est impeccable.
- Merci Mitch, lui dis-je souriante et reconnaissante.
- tu lui dis merci mais c’est son travail et en plus il a été gracieusement payé pour ça. réplique Peter
- J’ai pris plaisir à travailler sur ta voiture surtout que Peter a bien payé. Rigole-t-il ; ne t’inquiète pas c’est lui qui t’a foncé dessus c’était à lui de payer.
- Ça va me manquer de frimer dans ta voiture, lui dis-je,
- Elle est louée pour un bon bout de temps encore tu peux la garder et laisser ta voiture ici, me propose Peter
- Merci, dis-je avec un peu de culpabilité envers ma Toyota Carina.
Quand nous laissons Mitch, je me laisse entrainer par Peter dans un café à coté, depuis la sortie c’est la première fois que nous nous revoyons et je dois dire qu’être là avec lui assise, j’ai des papillons dans le ventre comme une adolescente.
- Ça va Tia ? me demande-t-il
Il a toujours ce regard pénétrant qui me rend toute chose. Ça me déstabilise j’ai l’impression que je vais me liquéfier sur place. Ce n’est pas possible que Peter Sima ait autant d’emprise sur moi.
Il me prend la main et j’ai le ventre qui papillonne.
Eh oh calme-toi Tia reprends le contrôle
- Je dois avouer que c’était une véritable bénédiction de t’être rentré dedans, m’avoue-t-il frottant avec douceur ma main toujours le regard plongé dans le mien.
Tia reprends le contrôle voyons
- Je n’en doute pas mais je ne te connais pas vraiment et un baiser ne suffit pas pour que tu prennes des aises !
Super Tia voilà c’est comme ça
Mais loin d’être déstabilisé, il sourit. Franchement des hommes comme lui devraient être arrêté pour excès de sex appeal . C’est à faire tomber cardiaques nos pauvres petits cœurs.
- Tu en veux peut-être un deuxième ? s’enquiert-il en arquant les sourcils avec un sourire en coin
- Non, le prochain baiser n’arrivera certainement pas de sitôt !
- Si tu le dis !
(…)
Quand je me réveille vendredi matin, il est 10h c’est ma journée repos heureusement, à peine ai-je mis le pied au sol que mon téléphone sonne c’est maman.
Je rappellerais après je dois d’abord aller faire ma toilette et me faire à manger avant de prendre l’appel de maman qui sera certainement long parce qu’elle voudra savoir les détails de ma sortie, sa fille et elles font bien la paire.
Quand je sors de la douche mon téléphone arrête de sonner et l’écran affiche 8 appels en absence de maman. Elle abuse ; A peine l’ai-je déposé sur le lit le temps de me choisir une tenue dans l’armoire qu’il recommence à sonner c’est Linda cette fois-ci, mais qu’est-ce qu’elles me veulent de si bon matin. En tout cas je ne décroche pas et je ne rappelle pas, pas avant de prendre un bol de céréales parce que les connaissant ça risque d’être long.
Assise, mon bol de céréales en face de moi, je me décide à lancer l’appel Linda d’abord.
- Allo, dis-je après une cuillère de céréales
- Tia petite cachotière ! me lance la voix de ma sœur
- Tout ce harcèlement parce que je ne vous ai pas fait le résumé d’un rendez-vous vous abusez !
- Tu ne crois pas qu’il aurait été bien que tu nous dises que tu voies quelqu’un au lieu qu’on l’apprenne comme ça
- Comme ça comment ? je ne comprends pas un traitre mot à ce que tu dis, je t’ai pourtant dit non qu’Aaron m’avait invitée
- Aaron oui mais Peter Sima ?
Peter Sima ? Comment peut-elle savoir pour Peter Sima ? Je n’ai rien dit à personne sur ce sujet.
- Comment tu sais ça ?
- Bonne question, réplique-t-elle, quelle ne fut pas ma surprise ce matin en te voyant dans OK GABON
- Tu me fais marcher j’espère, dis-je nerveusement
- Non, tu as un ordinateur devant toi connecte-toi , y en a sur la page Kongossa du Bled aussi ; les commentaires oh mon Dieu c’est déjà à 1000 commentaires ,
Elle devient hystérique.
C’est toute catastrophée que je me suis dirigée dans ma chambre allumer mon ordinateur et me connecter en suivant les instructions de Linda.
Elle ne me faisait pas marcher, y avait bien des photos de moi et de Peter.
La main à la tête je lis les titres.
« La nouvelle fiancée de Peter SIMA » ; « Peter SIMA enfin prêt à se marier »
Mais qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe ? Qui est donc Peter Sima pour déchaîner autant de passions sur le net. Je reste là choquée.
- Allo, allo Tia, tu es là ?
- Oui Linda , dis-je encore sous le choc donc tu dis que cet article a été publié dans un magazine ?
- Oui si tu vas dans n’importe quel kiosque tu le trouveras
- Linda tout ceci ce n’est pas vrai
- Mais et les photos et puis maman m’a dit de te dire qu’elle veut le voir ! tiens je vois qu’ils ont reposté un message de Mme SIMA qui se dit heureuse que son fils ait trouvé une si charmante femme. Après ça tu veux me dire que ce n’est pas vrai !
- Mais ce n’est pas vrai ! protesté-je, bon je raccroche.
Je prends un bol d’air avant de composer le numéro de Peter SIMA, je tombe sur sa boite vocale, peut-être a-t-il aussi arrêté le téléphone parce qu’il est soumis à la même pression que moi. Pourtant il faut qu’on se voit pour qu’il démente cette affaire au plus vite. Je suis intriguée par le fait que ce nom suscite autant d’intérêt c’est vrai que la première fois je m’étais bien dit que ce nom ne me semblait pas banal.
Je tape le nom dans la barre des recherches et je vois « la grande famille Sima propriétaires de sociétés de transformation du bois dont le père a été pendant 15 ans Directeur général de la Banque de développement Africain augmente sa production de 50 pour cent»
Je défile les résultats de recherche Google
« Peter Sima le fils directeur des entreprises SIMA and Families lance une offre d’emploi pour 1000 jeunes gabonais »
L’article est bel et bien accompagné d’une photo. C’est Peter !
Mon téléphone sonne c’est maman, il vaut mieux pour moi que je prenne cet appel cette fois-ci
- Allo, fais-je d’une petite voix
- Tia tu comptais nous dire à ton père et moi que tu entretiens une relation avec le fils Sima
- Liliane, entends-je la voix de mon père en fond, c’est une grande fille voyons
Merci papa dis-je intérieurement
- Maman, ce n’est pas ce que tu crois…
- Toutes mes amies m’appellent Tia , je suppose que c’est sérieux si ça passe dans un journal
- Mais maman ce journal publie des photos sans autorisation, ce n’était pas censé être connu de tous
- Ah donc tu avoues que le journal n’a pas menti, me dit-elle, ce n’était « pas censé être connu de tous » maintenant que c’est connu dis à ton fiancé que tes parents très traditionalistes l’attendent à la maison
- Maman….papa, essayé-je d’appeler pour avoir son secours
- Désolé chérie mais ta mère a raison. On veut le voir
Je n’ai pas le temps de riposter qu’elle me dit :
- Bisous mon cœur .bonne journée
Elle raccroche.
Quelle galère, quelle galère ! Dis-je en me tenant la tête. Je reprends mon téléphone pour relancer Peter Sima qui décroche enfin
- Allo , il faut qu’on se parle ! lui dis-je
- Je ne peux pas me déplacer en ce moment, tu peux passer au bureau Tia ?
- Ok !
Une fois les coordonnées données, je mets une tenue convenable et 15 minutes plus tard me voilà devant les bureaux de SIMA and Families.
Quand j’arrive à la réception au sourire de la réceptionniste, j’en déduis qu’elle m’a vu sur les photos. Je ne savais pas que ce magazine était autant lu ni cette bloggeuse très suivie. Mais bon je suppose qu’il y a des milliers de femmes qui comme Linda regardent ce genre de sites. Je suis amenée dans le bureau de Peter SIMA qui me rejoint 5 minutes plus tard suivie derrière par une femme à la stature imposante si j’en crois aux recherches que j’ai faites ce matin, il s’agit de la mère…moi qui pensais que je le verrais seul.
- Bonjour chérie, dit-il en venant vers moi et posant une bise sur ma joue
Mais à quoi il joue ? Il me tient par la taille.
La dame le visage s’éclairant approche et m’inspecte de la tête aux pieds.
- Maman je te présente Tia Jackson ! dit-il en posant une bise sur ma tempe, Tia ma mère Evelyne Sima
Je perds le contrôle je devrais me détacher et crier que tout ça n’est qu’une supercherie mais je suis là comme tétanisée incapable de crier à cette mascarade.
- Bonjour madame SIMA
- Appelez-moi maman Evelyn ma fille, vous êtes ravissante !
Sa voix est chaleureuse et son regard exprime une joie, comme un soulagement, on dirait celui de ma mère quand je suis allée au bal de fin d’année au bras de Phil.
Toutes mes amies avaient déjà reçu leur invitation et donc de ce fait un cavalier, j’avais tellement refoulé les garçons au courant de l’année scolaire qu’aucun d’eux n’avait essayé de m’inviter au grand dam de maman, ça ne me dérangeait pas non plus d’y aller seul à ce bal mais maman s’indignait, elle voulait comme pour Linda que mon album soit rempli de photos de moi et de mon cavalier…et quand Phil un camarade a appelé à la maison , maman lui a en même temps souffler l’idée de m’inviter…
- Bien je ne vais pas vous déranger plus longtemps, je suis venue voir de mes propres yeux quand on m’a dit que vous attendiez Peter dans son bureau, j’espère que ce n’est pas la dernière fois qu’on se verra.
- J’espère aussi, me sentais-je obligée de répondre.
Elle sourit encore une dernière fois avant de nous laisser, une fois qu’elle a fermé la porte, je me détache de Peter.
- Mais qu’est-ce qui t’a pris ? tu m’as entraînée dans un mensonge ! lui reproché-je
- Je suis désolé mais on est embarqué là-dedans par ce magazine et cette blogueuse,
- Mais là devant ta mère tu pouvais démentir, elle a posté un message se disant très heureuse, depuis le matin mon téléphone n’arrête pas de sonner. Il faut démentir tout ça ! nous ne sommes pas en couple mais comment ont-ils fait pour avoir ses photos ? et toi qui n’a rien dit devant ta mère à quoi tu joues ?
Je ne tiens plus je fais des va et vient dans son bureau. Quand je suis stressée et dépassée par une situation je deviens un moulin à paroles
- Calme-toi Tia ! me dit-il calmement mais de manière imposante. Assieds-toi s'il te plait !
Je prends place alors qu’il est debout les mains prenant appui sur son bureau où il est adossé, les pieds croisés.
- Un peu de thé ou de café? me demande-t-il
- Un café ! soupiré-je
Comment fait-il pour être aussi calme ?
Il prend son téléphone et appelle sa secrétaire pour apporter un café qui me détend aussitôt la première gorgée prise ; il reprend sa place c’est-à-dire en face de mon fauteuil adossé sur son bureau.
- Maintenant est-ce qu’on peut réfléchir pour sortir de cette galère dans laquelle nous sommes plongés tous les deux ?
- C’est rien de le dire c’est vraiment une galère, mes parents disent qu’ils veulent te voir ! lui annoncé-je,
- Et ma mère est enchantée que tu sois dans ma vie et désire te voir une prochaine fois. Que faisons-nous ?
- Mais leur dire la vérité, lui dis-je
C’est pourtant évident non !
Au même moment on tape à sa porte et la porte s’ouvre sur une jeune demoiselle teint mat, élancée.
- Désolée, je n’ai pas pu résister à l’envie de la voir c’est maman qui m’a dit qu’elle était dans ton bureau. Bonjour je suis Amande sa petite sœur et excusez-moi si je vais vous paraître mal élevée mais je vous trouve super jolie.
- Euh merci , lui dis-je
- Tu peux nous laisser s'il te plait ? lui dit Peter
- Ok ok , je m’en vais ! Tia j’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir très bientôt.
Elle s’en va. Peter se décide à aller fermer son bureau.
- Je suis désolé, me dit-il, Tia j’ai une proposition à vous faire
- Laquelle ?
- Je ne sais pas si tu subis la pression comme moi, mais chez moi je dois t’avouer que je ne peux plus faire demi-tour tu as toi-même vu ma mère et ma sœur, ce que je vais te demander va te sembler un peu fou : mais et si nous nous fiançons ?
- Hein !?
- Bien évidemment de fausses fiançailles, juste le temps de laisser passer la furie du moment.
- Mais c’est mentir et ce n’est pas bien !
Mon téléphone sonne c’est encore maman. Mais on s’était déjà parlé ce matin.
Ping SMS
« Chérie, ton père et moi on se disait que dimanche ce serait bien pour vous recevoir »
- Le jour où j’attrape cette petite blogueuse, grrrhhh !
Voici quelqu’une qui se lève un matin et qui publie des choses sans penser à l’impact que ça aurait sur la vie des gens. Si certaines personnes peuvent s’en foutre mais des personnes comme moi et Peter qui avons des familles très traditionalistes c’est plus compliqué. Un dîner rien que ça ! rien que ça !
- C’est ok ! dis-je à Peter !
Maman ne me laissera pas avec cette histoire et si je lui dis que c’est faux, la course aux prétendants va recommencer et très franchement je suis épuisée.