Chapitre 6

Ecrit par Mayei

Chapitre 6


...Luna Tahi...


Moi : comment ça avance ?


... 


Moi : tu sais que j’ai horreur du retard. Plus vite ça se fera mieux ça sera


...


Moi : ok je compte sur toi !


Je raccrochais satisfaite même si je ne lui avais pas fait savoir ! tout arrivait à point celui qui À sait attendre. Oh je n’étais point pressée de voir venir ce jour. Ma journée pouvait bien commencer. J’aimais me réveiller avec de bonnes nouvelles, et celle que je venais de recevoir en faisait partir. J’imaginais déjà la mine que cette personne fera en me voyant.


Bon ce n’est pas tout mais il me fallait préparer mon voyage qui arrivait à grand pas. J’adorais voyager même si cela signifiait que j’allais travailler encore et encore. J’avais décidé d’aller me faire belle : me faire une nouvelle coiffure et aussi la pédicure et la manucure. J’avais envie de mattes pour changer. Je faisais toujours les mêmes tissages. A la longue cela me soûlais. Et je donnais toujours l’impression d’avoir la même tête. 


Je partais donc pour ma longue douche quotidienne, surtout ma routine. Toujours prendre soin de son corps car cela restait notre meilleur atout. Je fis donc ce que j’avais à faire et une heure plus tard sortais de là avec la serviette nouée, peu serrée, à la poitrine. Après m’être occupée de mon visage, je pris mon téléphone afin de le connecter à l’amplificateur pour écouter la musique à fond. J’aimais surtout la rumba. C’était classe, doux et sans bruits assourdissants. Rien de mieux pour débuter la journée en douceur.


J’avais reçu pas mal d’appels en absence mais fus plutôt étonnée de voir le numéro de ma petite sœur Tamara dans la liste. Je la rappelais aussitôt. Toutes les idées me passaient par la tête. Et si maman avait eu un quelconque problème et qu’elles ne savaient où se tourner. Mon cœur battait à mille à l’heure. Je lui lançais un « qu’est-ce qui se passe » dès que je l’entendis dire allo. Elle parut même surprise tant l’inquiétude devait se sentir dans ma voix. 


Tamara : il n’y a rien Luna ! J’appelais juste pour prendre de tes nouvelles comme ça fait longtemps. 


Moi (soulagée) : ah ok ! Je vais bien et vous !


Tamara : nous sommes là ! Tu ne fais rien avec nous oh 


Moi : vous connaissez la situation les filles. Si ça ne tenait qu’à moi nous allions passer toutes nos journées ensemble. 


Tamara : mais aujourd’hui nous pouvons non ? Nous n’avons pas cours 


Moi ; Joëlle aussi ma pas cours ?


Tamara : non ! Tu sais les grèves et toujours les grèves


Moi : ok ! Apprêtez-vous alors je passerai vous chercher. On va se faire belle mais de grâce placez-vous au niveau de la boutique du mauritanien et je vous prends la 


Tamara : pas de soucis. À tout à l’heure Luna. 


J’aurais aimé que les choses soient différentes entre elles st moi. C’est quasiment impossible que nous nous retrouvions toutes ensemble. Il fallait toujours se cacher de peur que leur père ne nous surprenne. Il pèterait les plombs sinon. Pourtant nos relations n’avaient pas été aussi mauvaises au début. Il était le père que je n’avais jamais eu jusqu’au jour où tout bascula. J’avais décidé moi-même de quitter cette maison malgré les supplications de ma mère. Je ne voulais pas être un poids pour elle car malgré les apparences qu’elle essayait de garder, je savais que ma présence dans cette maison impacterait son foyer. 


Il fallait que je cesse de penser et que je me dépêche pour prendre les filles. Je pris mon petit déjeuner rapidement. L’heure des embouteillages était passée alors en moins de trente minutes j’arrivais devant la boutique du mauritanien. Elles étaient là et se dépêchaient de me rejoindre dans la voiture. 


Tamara se jeta sur moi et failli m’étouffer littéralement. 


Tamara : oh tu m’as manquée !


Moi : toi aussi mais si tu te jettes comme ça sur moi deux fois, je risque de te manquer à jamais. 


Joëlle : elle est trop sauvage ! Comment tu vas Luna ?


Moi : ça va super ! Et l’examen c’est pour quand ?


Joëlle : juillet ! 


Moi (clin d’œil) : j’ai confiance, tu nous chicoteras ça 


Joëlle : tout ça c’est le stress de plus que vous me mettez 


Je démarrais tranquillement, mettant le cap sur l’institut de beauté. Je ne savais pas comment elles allaient expliquer les nouvelles coiffures mais je supposais que leur père, mettait à leur disposition l’argent de poche. Les filles ont carrément mis la musique qu’elles voulaient pendant que je leur servais de chauffeur. J’aimais ces moments car je me sentais heureuse...moins seule. Ça me changeait de la grande maison dans laquelle je vivais toute seule. Je m’étais énormément renfermée sur moi-même depuis cette affaire. J’avais appris à mes dépendants et surtout dans une douleur intense qu’il valait mieux marcher toute seule que d’être mal accompagnée. J’avais été avec la mauvaise personne.


Moi : nous y sommes 


Tamara : on peut aussi se faire les ongles ?


Moi ; nettoyer simplement et le verni transparent 


Joëlle : je savais que tu allais dire ça ! 


Moi ; je ne cherche pas d’embrouille avec votre père ou votre tante Elizabeth 


Tamara : en parlant d’elle ! Je l’ai entendu au téléphone comme quoi elle s’est trouvé un type qui vit à l’étranger et qui arriverait bientôt 


Joëlle : avec elle il y a toujours quelque chose de toutes les façons sauf que ça n’aboutit jamais 


Moi ; vous êtes méchants LOL 


Les filles avaient fini que la coiffeuse était toujours sur ma tête. Vous savez ce petit tas de cheveux qui reste et qui semble ne point avancer. Quelques minutes plus tard c’était avec joie que je remettais l’argent à la coiffeuse et que nous sortions de ce salon de coiffure. Pour tourner un peu avant que je ne dépose les filles, je proposais que nous prenions un pot dans un restaurant de la place. Ce n’était pas tous les jours que je passais un moment comme ça avec mes sœurs alors j’allais en profiter au maximum. Nous allions donc au restaurant de sol braisé puisque nous étions dans la zone de Treichville. Ah si jamais vous passiez par Abidjan, je vous conseille ce stand. C’est une merveille. Juste près de la cité harass. Les filles prirent place après avoir choisi les poissons que nous désirions. Je remarquais que Joëlle par moment tripotait ton téléphone nerveusement. Elle semblait recevoir un appel qu’elle rejetait à chaque fois ?


Moi ; qui t’appelle depuis ?


Joëlle (vague) : personne !


Tamara ; personne ? C’est son gars oh. Elle est fâchée parce qu’elle aurait appris qu’il sortait avec une fille dans son université Là-bas


Joëlle : Tamara tu parles un peu trop 


Moi : hum Joëlle ! Tu es en classe examen n’oublie pas. Les garçons peuvent attendre. Et crois-moi ça ne vaut même pas la peine que tu te prennes la tête pour l’un d’entre. Concentre-toi simplement sur tes études. 


« Que faites vous ici ? »


Nous levions toutes les trois la tête vers cette voix que nous venions d'entendre. J’étais plutôt surprise de le voir. Par contre, cette mine meurtrière ne me fit point frissonner. N’était-il pas fatigué de garder cette même mine à longueur de journée ? Pourtant il m'aimait bien avant. Je l'appelais même papa. Vous pouvez donc deviner qu'il ne s'agissait de personne d'autre que le père de mes sœurs qui venait de nous surprendre. Je voyais déjà les filles trembler de partout. De mon côté je ne bougeais même pas le petit doigt. Je mangeais tranquillement. J’étais prête à voir ce qu'il allait bien faire. Il se mit à crier sur les filles, attirant les regards des autres sur nous.

 
  • - Vous ne devez pas être à la maison en train de bosser ?
 

Les filles avaient tellement peur qu’elles ne pouvaient même pas répondre.


Moi : tu ne vois pas que tu leur fait peur ?


Lui : ne t’avises plus jamais de m’adresser la parole. Je ne suis pas ton égal (criant) ce n’est pas parce que tu baises des vieux de mon âge pour de l’argent que tu vas te croire arrivée. J’ai plusieurs fois répété à ta mère de ne pas t’approcher de mes enfants mais apparemment elle n’en fait qu’à sa tête. N’entraine pas mess filles dans tes bêtises de prostitué. 


Moi : quand je pense que je t’ai une fois appelé papa ! Tu ne mérites même pas cette appellation. Espèce de monstre !


Lui (aux filles) : on s’en va ! Vous allez m’entendre à la maison.


Elles me lançaient des regards de chien battu. C’était leur père je ne pouvais pas m’interposer entre lui et elles alors je laissais couler. Ce monsieur pouvait se montrer méchant quand il le voulait. C’était un comportement plutôt puéril. Je sentais très bien les regards des gens sur moi. Après tout, les habitant d’Abidjan adoraient les ragots surtout lorsqu’il s’agissait d’une jeune fille qui vivait la pleine vie alors que c’est un vieil homme marié qui l’entretenait. Je continuais à manger calmement. Ce n’était pas lui qui allait me couper l’appétit. Je mangeais bien à m’en laper les doigts. 


Je rinçais ensuite mes mains à l’eau savonnée et m’installais dans ma voiture. Je composais le numéro sans tout autre protocole. Après plusieurs tonalités il décrocha. 


Freddy : la plus belle c’est comment ?


Moi : je suis là ! J’ai besoin de toi pour quelque chose 


Freddy : je t’écoute 


Moi : d’abord sache que tu dois me faire ça rapidement !


Freddy : tu ne devrais plus douter de mes compétences 


Moi : ok ! s’agit du mari de ma mère....


...Alice...


Je sors de la douche en respirant bruyamment. J’avais juste envie de pleurer face à ce que je venais de voir. Pourquoi certains clients se permettaient d’être aussi sales ? Ce n’était pas parce que nous étions des filles de ménages que nous devrions gérer ça tout de même. Il n’y avait rien de sorcier pourtant. La chasse d’eau était juste là. Il n’y avait aucun effort à faire pour l’atteindre mais ce client a décidé de ne pas mettre l’eau après avoir fait une grosse commission. C’est juste impossible. Je restais sur le lit un moment pour me contenir. C’était trop. Je ne pouvais non plus quitter ce boulot car j’en avais vraiment besoin. Chienne de vie ! 


Après quelques minutes, je quittais le lit pour nettoyer cette douche. Il m’arrivait par moment d’avoir l’envie de vomir mais je me retenais. Je me donnais du courage en me répétant à chaque fois que ça allait aller, ça devait aller. J’étais forte et j’allais m’en sortir. Je terminais cette chambre. L’envie de leur laisser un mot amer me prit mais je rangeais l’idée loin dans ma tête. Ce n’était pas le moment de me faire voir. Je fis ça toute la journée. Nettoyer les chambres encore et encore. Lorsque ce fut le moment de rentrer, je m’en allais avec joie. Aujourd’hui était vendredi j’allais pouvoir me reposer de week-end. 


Puis zut ! J’oubliais que je devais tresser une amie ce samedi. Je n’avais pratiquement pas de vie. Je resterais toujours dans mon coin avec le peu d’amies que j’avais. La cohabitation entre africains ici est un peu complexe. Tu as tout le monde qui essaie de s’immiscer dans ta vie et les ragots partent à mille à l’heure. Je faisais profil bas. Aujourd’hui j’allais rester toute seule à la maison cette nuit. Il y a eu un réaménagement à l’usine de Kevin et il se trouve qu’il travaille maintenant de dix-huit heures à l’aube. Avec les transports là, décomposer jusqu’à la maison il arrivait à 6heures-7heures. On passait peu de temps ensemble et c’est dommage. Maintenant, il travaillait même un samedi sur deux. 


[...]


Céline : tu tresses trop bien Alice ! Il faut songer à ouvrir un salon de coiffure hein. Tu vas te faire de l’argent. Tu vas taxer les américaines là au plus haut prix. 


Moi : ma chère c’est affaire de papier oh. Tu connais nos frères et sœurs là. Si j’ai demandé à quelqu’un de mettre son nom sur les trucs administratifs là, je vais devoir payer ça toute ma vie. À la moindre erreur on me traitera d’ingrate sur tous les toits.


Céline : c’est vrai aussi ! Mais tu sais, ouvre-toi une page Facebook et mets des photos de ce que tu fais. Laisse surtout ton numéro. Tu peux même les tresser ici à la maison pour commencer on ne sait jamais oh.


Moi : ce n’est pas faux ! Tu as raison…mais les recevoir ici à la maison alors que je dois souvent préparer pour Kevin et tout c’est un peu bizarre.


Cécile : en parlant de lui-même ! excuse-moi de te le dire mais est-ce que vous êtes même mariés ? tu te plies en quatre comme ça pour quelqu’un qui n’a même pas encore fait ta dote. C’est quoi votre futur ? façon tu fais tout en fonction de lui, j’espère qu’il en fait autant hein !


Moi : laisse !


Je n’étais pas très à l’aise à parler de ma relation comme ça avec Cécile ! c’est vrai qu’elle était une amie mais elle trouvait toujours quelque chose de mal à dire sur lui. Soit-il ne lui inspirait pas confiance soit elle aurait préféré que je sois avec quelqu’un d’autre qui pourrait m’aider à sortir de ma situation. Comme elle le disait souvent, deux aveugles qui se promènent ensemble, qui aiderait qui ? sauf que je n’étais pas à la recherche d’un messie ou d’un homme qui pourrait me sortir de cette situation. Certaines personnes vivaient même pires que moi alors je n’avais pas à me plaindre. 


Je vivais selon mon cœur et c’était Kevin que mon cœur avait choisi. Il n’était pas comme les autres et j’avais une confiance aveugle en lui. Alors que d’autre étaient à la recherche des américaines pour les papiers, ce n’était pas le cas pour lui. Jamais il n’avait évoqué le sujet. A chaque fois que j’essayais de parler de cette pratique, il mettait un frein à la discussion me précisant que cela ne faisait pas partir de ses priorités. Comme je l’avais dit plus haut, j’avais confiance en lui et jamais il ne me laisserait pour une histoire de papier. Je n’allais donc pas le faire de mon côté. C’était lui et moi jusqu’à la gare. Nous traversons certes des moments difficiles mais au bout de l’effort se trouvait le réconfort. J’étais persuadée que nous nous en sortirions plus forts.


…Julien Desoto…

 

Les cours venaient à peine de prendre fin. Heureusement que je n'avais pas cours les samedis. Je m'arrêtais à la cafeteria de l’université pour prendre de quoi manger rapidement. Je n'avais aucune envie de rentrer chercher quelque chose à me mettre sous la dent surtout que je n'avais pas pris de petit déjeuner. À midi aussi j'avais pris quelque chose vite fait mais rien de bien consistant. Je décidais de prendre un plat de riz cantonnais. Ça sentait tellement bon que j'en bavais déjà. Alors que je passais ma commande je vis Melissa passer près de moi. Elle ne s'était même pas arrêtée pour dire me lancer un petit regard. De mon côté je faisais celui qui ne l'avait pas vu passer. Les vendredis nous finissions et rentions ensemble. Aujourd'hui pourtant chacun était dans son chacun.

Cela me faisait de la peine mais je n'y pouvais rien. Je pris ma nourriture après avoir payé et me suis dirigé vers le parking pour étudiant. Mon frère allait au travail en métro et moi j'utilisais sa voiture de temps à autre. A l'heure qu'il est, il doit certainement être à la maison


J’ai conduit jusqu’à chez moi en pensant à Melissa. Pendant un moment j’ai considéré le fait de vivre cette grossesse avec elle mais l’image de mon père s’est tout de suite imposée à moi. J’étais devant la porte lorsque je mis la clé dans la serrure et rentrais chez moi. Des éclats de voix, des rires, de parvenaient. Je me demandais bien avec qui mon frère pouvait être. Je m’avançais jusqu’au salon et qu’elle ne fut ma surprise ! J’avais l’impression que ma tension venait de hausser en un coup me créant un mal de tête intense. Mon père était assis là au salon. Qu’est-ce qu’il faisait là je ne savais pas. Ça sentait les problèmes de très loin.


Papa : mais tu es debout là tu ne me salues pas ? Tu n’es pas content de me voir ?


Moi : euh si...en fait…c’est que je suis vraiment surpris.


Papa (souriant) : c’était le but ! 


J’allais vers lui pour une accolade bien virile. Je m’excusais ensuite afin de poser mes affaires dans ma chambre et prendre une douche rapidement. Une fois dans ma chambre, je tournais eh rond. J’avais sérieusement peur. Et s’il savait pour Mélissa ? Non ce n’était pas possible ! Qui allait bien pouvoir lui dire ? Puis je connaissais très bien mon père après une nouvelle pareille il n’allait jamais sourire autant avec moi ou être si fair-play. Il fallait que je me rassure néanmoins. J’allais dans WhatsApp pour appeler Leslie. 


Leslie : allo Julien ?


Moi : petite c’est comment ? Ton père fait quoi chez moi ?


Leslie : oh c’est là-bas qu’il est ? Il a fait ses bagages hier mais il nous a juste dit « je voyage ». Je ne sais même pas quand est-ce qu’il sera de retour 


Moi ; hum c’est bizarre ! Il voyage comme ça et il ne dit rien du tout ? Il n’a pas été nerveux ces jours-ci ?


Leslie : Il était comme d’habitude. Il y a un problème ? 


Moi : hum ! Je suis dans la peur hein. Melissa est enceinte et un coup comme ça il débarque je ne sais pas si c’est à cause de ça !


L’élue : oh je serai tata ! (Criant) Momo on sera tantes bientôt 


Moi : bye 


Leslie : mais...


Clic 


J’allais me laver rapidement et rejoindre mon frère et mon père au salon. Je mangeais la, papa a même pris une cuillère pour prendre un peu de mon riz. Ce comportement le faisait de plus en plus flipper. Il était de très bonne humeur. Parlait de tout et de rien. J’avais rarement vu mon père dans cet état. Ça n’arrivait presque jamais. Peut-être que je réfléchissais trop, je me tourmentais sûrement pour rien du tout. Il a simplement pris son avion pour venir voir des deux fils et profiter du moment. Je devais donc savourer cet instant puisque c’était raté comme je l’avais dit plus haut. Il rigolait, il parlait de ce qui se passait à la télévision etc.


Papa : Ludo ?


Ludovic : oui ?


Papa : dit moi quels sont tes plans ?


Ludovic : euh...je ne sais pas trop. En tout cas je pense renouveler mon permit de travail si c’est possible avec toutes les lois qu’on passe maintenant là. S’il y a trop d’embûches, je vais rentrer sur Abidjan. De toutes les manières j’ai déjà une certaine expérience peut être que ça me facilitera la recherche de boulot une fois au pays. Seulement si je n’ai rien trouvé, je viendrai bosser pour toi.


Papa : tu es dur en affaire mais ce n’est pas faux. Explore toutes les possibilités ici et s’il n’y a rien du rentres tranquillement. Mais je ne t’ai pas entendu parler de ma belle-fille. Tu ne vas pas me dire qu’après tout ce temps il n’y a personne ! tu ne m’as jamais présenté une copine.


Ludovic (riant) : il n’y en a pas pour le moment. Je ne veux pas me disperser quand je trouverai la bonne je saurai. 


Papa : c’est bien ! Je ne peux pas vous donner de conseil sur ce plan puisque je ne suis pas moi-même un exemple (se tournant vers moi) et toi ? Une petite amie dans les parages ?


Moi (le cœur battant) : même pas ! C’est chercher l’argent qui est bon actuellement. 


Qui était fou pour venir lui dire qu’il avait une petite amie. Je ne cherchais pas les problèmes actuellement. Nous sommes restés à échanger jusqu’à très tard dans la nuit. Ludovic a dormi avec moi, laissant sa chambre à papa. Mon frère dormait depuis longtemps. Moi le sommeil me fuyait. Tout semblait pourtant tranquille mais mon instinct me dictait autrement. J’avais la ferme conviction que tout ceci cachait quelque chose. J’essayais quand même de me convaincre. Papa n’était pas patient. Il démarrait au quart du tour. S’il savait une affaire comme cette affaire de Melissa, il n’allait pas s’asseoir là pour rigoler. 


(...)


A mon réveil ce Martin, Ludovic n’était pas là. Il devait être parti pour le boulot. Il travaillait un samedi sur de deux, jusqu’à midi. Je me suis étiré longuement. J’avais envie de paresser dans le lit mais me souvins que mon père était là. J’allais aller lui tenir compagnie. Je filais me brosser les dents. Je réfléchissais à si je devais prendre une douche. Plus tard j’allais le faire. Je sortis de la douche et quelque chose sur le lit attira mon attention. Je m’avançais un peu plus et en voyant de quoi il s’agissait je compris que j’étais perdu. Ça en était finit pour moi. 


Il y avait sur le lit deux vêtement de bébé, un de couleur rose et un autre bleu sans oublier une note avec l’écriture de mon père qui disait « un cadeau pour le futur père » signé le grand père 


J’étais foutu. Je ne savais plus ce que j’allais faire. Devrais-je sortir de la chambre et aller le retrouver au salon ? Je savais ! Je savais qu’il y avait anguille sous roche. Ce monsieur ne pouvait pas débarquer ici comme ça. C’était impossible. Tout compte fait j’allais prendre cette douche. Peut-être qu’en sortant il serait en train de dormir. J’avais duré autant que je le pouvais dans la chambre. Je transpirais à grosse gouttes. J’avais même eu l’envie de passer un coup de fil à ma mère pour lui faire part de la situation mais me rétractais. Elle était à des milliers de kilomètres de moi. Elle ne pourrait point m’aider dans cette situation. Je respirais un grand coup puis me décidais à sortir. 


Papa : on t’attendait depuis ! Viens t’asseoir 


Lorsqu’il disait « on » c’était parce que Melissa était assise là dans l’un des fauteuils du salon. Bon tout était clair. J’étais fait comme un mouton qu’on accompagnait à l’abattoir. Je pris place silencieusement dans l’un des fauteuils loin de mon père et de Melissa. Je connaissais les réactions de mon père. Plus j’étais près de lui moins j’étais en sécurité.


Papa : je ne vais même pas m’éterniser à te demander si tu connais cette jeune fille. J’ai eu à discuter avec elle, et je suis convaincue que ce qu’elle dit est la vérité. (Se tournant vers Melissa) tu peux me noter s’il te plaît les coordonnées de ton compte bancaire ?


Melissa : je n’ai pas de quoi écrire monsieur !


Papa : Julien ramène une feuille de papier et un stylo. 


Je me suis exécuté rapidement ! Je revins avec ce qu’il avait demandé. Melissa pris ce que je lui tendis sans même me regarder. Elle m’en voulait vraiment. Elle se mit à noter les coordonnées que papa avait demandé. 


Papa (prenant la feuille) : merci ! (Se tournant vers moi) à partir d’aujourd’hui tes virements mensuels se feront sur le compte de Melissa. Melissa quant à toi tu pourras utiliser cet argent pour tes soins concernant la grossesse et toi même tes petits besoins. Lorsque tu seras servie convenablement tu donneras le reste à Julien...


Moi : mais papa !


Papa (criant) : tu la boucles immédiatement ! À partir d’aujourd’hui, c’est comme ça que ça marchera. Puisque tu refuses de prendre tes responsabilités, je vais les prendre à ta place. 


Je n’arrivais pas à croire ce qui se passait ! C’était Melissa qui allait maintenant gérer l’argent que je recevais par mois. Papa ne me calcula plus. Il s’entretenait avec Melissa sur je ne savais quoi. J’étais bien trop occupé à penser à cette affaire pour les écouter. Melissa finit par s’en aller et papa lui s’enferma dans la chambre de Ludovic. Je restais seul au salon à méditer sur ce qui venait de se passer. Pourquoi papa prenait-il une décision aussi radicale ? J’aurais même préféré qu’il se jette sur moi avec son éternelle ceinture. Je n’avais rien mangé et je n’avais même pas faim. Je retournais tranquillement dans ma chambre. 


Quand je pense que je vais devoir attendre Melissa chaque fin du mois ! C’est le comble ! Il fallait que je me bouge pour trouver un boulot même si je dois me mouiller. Il me suffirait de faire attention pour ne pas me faire prendre. Vue comment je me suis comportée envers elle, elle ne me fera pas du tout de cadeau. Ma porte s’ouvrît laissant passer mon frère. Il était déjà midi ? 


Ludo : c’est comment man ?


Moi : c’est gâté même !


Ludo : en comment ?


Je me mis à lui expliquer toute la situation et la décision de son père qui ne me convenait pas du tout.


Ludo : il a fait fort hein 


Moi : c’est bizarre même. Mais je vais essayer de voir si je ne peux pas recoller les morceaux avec la petite 


Ludo : c’est une i...


Il fut interrompu par les coups qu’on frappait à la porte. Papa se montra à nous.


Papa : Ludovic laisse nous seul 


Ludovic (me regardant avec compassion) : ok ! 


Mon frère s’en alla pendant que je voyais mon père fermer la porte.


Papa (s’approchant dangereusement de moi) : hier je t’ai demandé si tu avais une petite amie qu’est-ce que tu m’as dit Julien ?


Moi : ... ... 


PAFF


Je reçu la première gifle ! Je serais la mâchoire pour ne pas crier. Je reculais ! 


Papa : qu’est-ce que tu m’as dit Julien ?


Moi : que je me concentrais sur mes études 


PAFF, deuxième gifle !


Papa : tu penses que je suis ton ami pour me regarder dans les yeux pour me mentir ?


Moi : non ! 


Il me prit par les cols et me plaqua au mur. J’étais étonné qu’il ait une force pareille malgré son âge. J’essayais de me débattre mais il maintenait fort. Je respirais diffiicilement. 


Moi : pa…pa ! papa je respire plus 


Papa : tu sais combien me coûte cette école à chaque fois ? À chaque fois que je t’envoie de l’argent pour m’occuper de toi ? Tout ce que tu trouves à faire c’est enceinter les folles des autres alors que tu n’as même pas terminé ton master. Tu sais la honte que j’ai ressentie lorsque les parents de cette fille se sont présentés à moi. Et c’est ta mère qui t’encourage dans ces bêtises. J’ai quatre enfants de mère différentes c’est un fait, mais jamais je dis bien jamais je n’ai fuis mes responsabilités. Jamais je n’ai renié mon sang. Tu me fais honte Julien ! 


Moi : Papa…mon…cou


Il me lâcha et je tombais violemment à même le sol, essayant de reprendre mon souffle. 


Papa : si tu avais fini les cours je t’assure que tu rentrais avec moi sur Abidjan. On vous envoie pour les études et c’est coucher les filles qui vous intéresse. Tu ne pouvais pas suivre l’exemple de ton frère ? Tu vas prendre tes responsabilités vis à vis de cette grossesse dès aujourd’hui. Tu m’as compris ?


Moi (toussant) : oui papa !


Papa : D’ailleurs même appelle-moi ta mère tout de suite.

C’est compliqué