Chapitre 6

Ecrit par Annabelle Sara


En voyant sa soeur ressortir de la maison avec son mari, Léon compris instinctivement ce qu'il s’était passé.

Même si Thérèse était heureuse en ménage, elle n’en restait pas moins l'opportuniste qui avait convolé en juste noce avec son bienfaiteur.

Durant des années, plus jeune, il avait appris à contenir sa colère face aux insultes et humiliations que les membres de la belle-famille de Thérèse lui avait fait subir.

Cela dit il avait remarqué que son époux avait lui-même mit la holla aux attaques de sa famille, leur rappelant qu'elle serait sa femme quoiqu'ils en pensent. Ça fait maintenant 15 ans qu'ils sont mariés.

Thérèse lui fit signe de loin pour qu'il les rejoigne. Elle avait expressément fait installer une chaise à ses côtés pour lui.

- Bonsoir DD, salua-t-il.

- Le Lion! Ça va mon petit ? 

- Je vais bien… 

- Tu me semble pourtant un peu frêle ! La petite là ne prend pas assez soin de toi ou quoi?

Dieudonné aimait le charier chaque fois qu’il en avait l'occasion. Les sujets ne manquaient pas! Il lui disait toujours de se trouver une femme comme sa sœur. De se trouver un meilleur boulot comme lui.

- Tu as enfin décidé de te trouver un travail ?

Nous y voilà !

- DD tu ne lâche pas l’affaire hein... Il est plus tenace qu’une sangsue, fit Thérèse.

- C'est pourtant ce que tu aimes chez moi non?

- Je n’ai vraiment pas besoin de connaître la suite de ta pensée, fit Léon en faisant mine de se boucher les oreilles.

- La Jalousie provient de l'incapacité…

- Qui est l'incapable ? Mon frère ? Même sous le soleil il est prêt !

- Ekieu…

- J’étais chez toi cet aprem ! Je t'ai appelé fatiguée, sans réponse ! Mais je vous ai quand même vu filer dans la chambre ta copine et toi… à ce rythme vous allez vite faire l'enfant que tu cherches là.

Le récit de Thérèse surprit Léon mais il n'eut pas le temps de demander des éclaircissements car DD s'en mêla.

- Un enfant ? Qui veut un enfant ? Et avec qui?

Ses questions semblaient ennuyer Léon qui se cara en silence dans sa chaise.

- Monsieur, répondit la sœur aînée en faisant un signe de la tête pour désigner son petit frère.

- C'est une blague ? Non pas que tu ne puisses pas avoir d'enfant, c’est ton droit mais avec qui? La fille de Messanga?

- Je te dis! 

- Ses parents vont te trucider mon petit. Et je ne crois pas que tu aies envie d'avoir cette fille comme Baby-ma a…

- Pourquoi personne ne me voit épouser Solène? s'exclama Léon. Je ne veux faire d'elle ma baby-mama mais ma femme.

Le mari de sa sœur eut un rictus presque moqueur.

- Pour ça tu devrais commencer par trouver un meilleur travail !

Léon se carra dans sa chaise il avait vu cette partie de la conversation arriver.

- On va réviser nos salaires bientôt…

- Oui c’est une rumeur qui cours, fit DD sans quitter son jeune beau-frère des yeux. Et tu sais ce qui arrive quand une rumeur arrête de courir ? Elle s’arrête parce qu'elle a passé le témoin à une autre rumeur !

Léon se retint de rire, il gardait toujours la tête froide lorsque son beau-frère le titillait. Pendant des années il avait milité auprès de lui et de sa sœur pour qu'il rejoigne sa firme.

Dieudonné était un magnat de l'agriculture, la grande distribution et le commerce dans la sous-region.

Il avait débuté des années plus tôt avec une ferme d’un milliers de tête de volaille et une plantation de quelques hectares de banane plantain.

Aujourd’hui l’étendu de ses activités faisait qu'il cherchait constamment des jeunes pour travailler sous ses ordres. Ce n'était pas là le problème de Léon. Mais plutôt il trouvait les rapports entre DD et ses propres enfants bien trop conflictuelles pour que lui en tant que petit frère de Thérèse s'engage à travailler pour lui.

- Je disais que j’étais chez toi et j'ai cru que vous étiez là… il y avait même un téléphone posé sur la table basse de ton salon! Bref je voulais te voir et m'assurer que tu vas bien! Et je dois te dire que je suis surprise de te trouver ici ! Tu connaissais Marianne ?

Léon n'eut pas le temps de tiquer sur la visite de sa sœur chez lui. Il devait déjà trouver une raison à sa présence à une veillée où il ne connaissait à priori personne

- J'ai appris la façon dont cette jeune femme est décédée et nous étions dans le même groupe… tu savais que Jordan fait partie de l'enquête ?

Il multipliait les explications pour qu'on ne lui pose pas plus de questions. Au même moment Yvan qui passait par là se dirigea vers eux.

- Bonsoir Tonton DD, fit-il en saluant le mari de Thérèse des deux mains.

- Yvan tu vas bien ?

- Je fais comme je peux Tonton… Mama Thé… Bonsoir Léon tu as finalement trouvé la filles là ? Je crois que j’ai croisé Jasmine là-bas…

Léon se leva prestement car il savait que son beau-frère et sa soeur allaient le harceler de question. Il voulait voir cette Jasmine et s'en aller de là au plus vite.

- Tu peux me la présenter ?

- C'est qui? Demanda Thérèse dans son dos.

- T'inquiète je reviens dans quelques minutes… Yvan emmène moi la voir s'il te plaît !

- Tu crois vraiment qu'elle aussi est en danger ?

Il ne pouvait pas répondre à cette question mais il voulait découvrir ce qui se cachait dans le passé de ces jeunes femmes, qui pourrait expliquer qu'on leur en veuille jusqu’à ce jour !

- Je veux bien le savoir…

- La voilà ! 

Yvan pointa du doigt une jeune femme qui passerait facile pour une adolescente. Marianne était belle mais cette fille était juste angélique. Son teint clair, ses cheveux naturels attaché dans un gros chignon sur la tête et sa bouche rose auraient pu réveiller ses instincts de prédateurs. Il chassa rapidement ses pensées, il n’était pas là pour ça !

Ils se rapprochèrent pour lui parler.

- Jasmine ! Tu as une minute s'il te plaît ? C'est le gars dont je t'ai parlé... celui qui a écrit un hommage à Marie sur Facebook !

Elle leva des yeux d'un gris transparent sur lui, il eut l'impression qu'elle pouvait voir à travers lui.

- Bonsoir, je m'appelle Léon ! J'ai cru comprendre que vous étiez amie avec…

Elle prit la main qu'il lui tendait la serra et se leva.

- Oui nous étions amies… mais je ne veux pas parler d’elle ici! Nous serons mieux dans ma voiture…

Léon ne montra pas sa surprise, il était dans un autre milieu ici. Celui où des parents couvrent leur progéniture d'argent.

Il l’a suivi en silence jusqu’à une Duster flambant neuve. En ouvrant la portière passager que lui avait présenté la jeune femme, l'odeur du cuir le frappa de plein fouet. Elle était sûrement neuve cette voiture, pensa-t-il.

Il s'assit se demandant ce que les parents de cette jeune fille faisaient dans la vie pour lui offrir ce genre de véhicule !

- Alors que voulais-tu savoir sur Marie ?

- Je sais que l'occasion est assez délicate vu que nous nous rencontrons sur le lieu de deuil de ton amie…

- Cette fille était tout sauf une amie, répondit la jeune fille.

- Pardon?

- Tu as bien compris ! Quand Yvan m'a parlé de l'hommage que tu lui as fait sur Facebook j'ai bien compris que tu ne la connaissais pas ! Marie n’était pas une bonne personne ! Elle est d'ailleurs à l'image de sa famille... ses sorciers qui se nourrissent du sang de tous ceux qui ont le malheur de faire partie de leur entourage.

La haine s'entendait dans sa voix et se lisait sur le visage de la jeune femme.

Léon était interloqué.

- Je ne comprends pas…

- La majorité des gens qui sont ici ce soir sont là pour confirmer que cette peste est vraiment morte, déclara Jasmine avant de démarrer sa voiture. Je préfère m’éloigner, avant de te raconter un peu qui était cette pétasse prétentieuse que nous faisons semblant de pleurer aujourd’hui.

Ils quittèrent l’allée de la maison du deuil et la Duster se gara à un carrefour 100 mètres plus loin.

- Marianne était assez diabolique pour commanditer un meurtre…

- A 20 ans ?

- C'est l'argent qui paye ou bien l’âge? Se moqua Jasmine. Si je veux te faire trancher la gorge c’est facile comme bonjour ! Ils suffit d'avoir les connexions et l'argent ouvre toutes les portes.

- Et elle aurait tué qui?

Le visage de Jasmine devint écarlate.

- Si je te raconte cette histoire tu dois me promettre de ne jamais je dis bien jamais la répété en citant ta source.

La gravité de la voix de Jasmine alarma Léon.

- D'accord ! Fit-il.

- Avant de commencer il faut déjà établir que je ne suis pas une personne vertueuse, si je l’étais je n'aurai pas cette voiture ou le train de vie que je mène aujourd’hui! Mais je peux déjà te dire que contrairement à ma prétendue copine j'ai du respect pour l’être humain.

- Je vois! Fit Léon qui avait déjà un tas d'autres questions a posé mais qui se gardait bien de les poser tout de suite.

- Je suis devenue amie avec Marianne en 4eme dans un collège privé de la place où ma mère pouvait m'inscrire parce qu'en tant qu'enseignante elle avait une réduction sur la scolarité. Alors mon frère et moi elle nous a scolarisé là-bas ! Ne te fie pas à mon teint je ne suis pas née ‘’brune''…

Il n'aurait pas deviné, elle avait une belle peau laiteuse rien à voir avec semi cadavre ambulants multicolore qu'il avait l'habitude de rencontrer dans les lieux publics.

- Avant j’étais noire et pauvre ! Ma mère avait toujours des difficultés à réunir le nécessaire pour ses enfants et ceux de sa sœur. Alors oui ado j'avais les longs yeux et beaucoup d'envie. Les réseaux n'avait pas encore explosé comme maintenant mais il y avait les télé réalité française, américaine qui nous faisaient rêver sans oublier que Dubaï commençait tout juste à s'ouvrir au monde. Nous étions donc une bande de 5 filles dont 3 en 4eme, Marie, Céline et moi, une en troisième Virginie et la plus petite Judith en 6eme…

- 6eme?

- Laisse moi raconter dit-elle brusquement. Virginie qui était la plus grande était la fille la plus populaire de l’école! Toujours bien habillée, à la mode et tout! Du coup on la regardait toujours comme la star du collège quoi! Je me souviens l'avoir complimenté un jour sur une tennis qu'elle portait , une Nike. Cette fameuse Nike ! C’est grâce à cela qu'elle nous a remarqué et commencé à nous saluer dans les couloirs et puis un jour elle est venue nous voir Marie, Céline et moi pour nous inviter à une fête si nous étions intéressées, pour se faire de l'argent pour aller au shopping ! Le rêve ! Bien-sûr que nous étions intéressés mais nous n'avions pas compris ce qu'il fallait faire à cette fête ! Nous sommes arrivés à une fête où des hommes d'un certain âge venait se détendre en compagnie de bien trop jeunes filles

- Des enfants !

- Des bébés ! Nous avions 13 voir 14 ans. Il y en avait de 10 ans! C'était ridicule ! Pour la première fois de ma vie j'avais ressenti du dégoût en compagnie d'un être humain ! Je voulais partir, Céline voulait partir, mais Marie non! Elle voulait rester et elle nous a convaincu ou plutôt menacée de nous trahir auprès de nos parents ! Alors nous sommes restés et je crois que certaines parmi nous regrettent ça !; jusqu’à ce jours !

- Vous avez eu des relations sexuelles…

- Non! Pas cette première fois ils savaient que nous aurions fuit s’ils avaient franchi cette étape alors…non!

Sa voix s’était enraillée.

- Ce soir là chacune avait eut une grosse somme d’argent! Imagine une gamine de 13 ans avec de trois cent mille francs CFA dans la poche.

- Mince !

- Nous étions aux anges on pouvait s'acheter tout ce qui nous plaisait ! 

- Et les parents n'ont pas demandé d’où tout ça venait ?

- Qu'ils voyaient ? Si par hasard ils tombaient dessus nous avions des excuses du style mon amie m'a prêté; c’est pas pour moi je garde seulement… j'ai ramassé au carrefour… j'ai acheté avec l'argent de ma caisse, quel parents pouvait imaginer ce que nous faisions ? J'avais 13 ans à cette époque mais je ne saurais dire aujourd’hui que je regrette mes choix ! Toutefois, je n'aurais pas fait ou laissé faire certaines choses ! Comme le recrutement de Judith ! Elle était trop jeune et quand Virginie nous avait démandé si on pouvait lui conseiller une petite pour un libanais je n'aurais pas dû laisser Marie parler de sa petite voisine. Judith était la voisine de Marie à l’époque elle admirait beaucoup Marie ! Un peu comme nous étions devant Virginie ! Le recrutement de Judith avait été insidieux. Elle nous suivait lors du shopping, au glacier, dans les parcs et jardins ! On l’a couvrait de cadeaux et d'attention au point où pour la convaincre de rencontrer le libanais on lui avait fait croire que c’est un ''blanc'' qui avait flashé sur elle et voulait l’épouser

- Merde!

- Et nous avons réussi la livrer à son bourreau… c’est comme ça que la bande des cinq est né ! Nous étions toujours ensemble, mais la condition pour continuer à fréquenter ces hommes était de poursuivre les études et avoir des bonnes notes… 

- Jasmine excuses moi de te couper mais tu ne vas pas me dire que ce sont des gamines comme vous qui coordonnaient tout ça ?

Elle soupira et fixa un point éloigné devant elle.

- Je ne vais pas te parler des gens derrière parce que je n'ai aucun intérêt à lancer cette pierre dans le ciel elle risque me retomber dessus !! Je vais te parler du groupe des cinq et du rôle qu’a joué Marie dans nos vies.

- Je vois !

- Non tu ne vois pas ! Les gens qui ont créer le réseau ne recrutaient pas, il ne demandait même à aucune de nous de ramener des nouvelles ! Cette décision nous la prenions simplement lorsqu'un client exprimait un besoin pour gravir les échelons dans la piramide pour paraître grande, les impressionner et gagner plus d'argent sur le dos des autres filles qu'on ramenait !

Léon avait l’estomac retourné en entendant cette histoire.

- Je ne peux pas te dire si c'était de la folie ou pas mais nous avions perdu tout sens de la réalité ! Les enfants de notre âge faisait des choses des enfants de notre âge... Nous, nous menions une vie de grande fille ! Seulement nous étions des enfants dans une industrie mature et sans pitié ! Pendant deux ans nous roulions sur l'or jusqu’à ce que l'impensable arrive !

Elle s'arrêta de parler et cette fois c'était de l’émotion qui se lisait sur son visage !

Léon vit la douleur l’envahir, lorsque la main tremblante se la jeune femme se posa sur le volant. Sans réfléchir il posa la sienne et pressa fort pour calmer les secousses que provoquait cette séance de rétrospective.

Elle posa un regard visiblement incertain sur lui comme si elle avait subitement du mal à se confier, a parler de son passé.

- Une tragédie était arrivée! Elle était trop jeune… comment aurait-elle pu savoir ce qui se passait réellement dans son corps ?

- Que s'est-il passé ? Demanda Léon à une Jasmine à présent en larme.

- La Mère de Judith est rentrée un soir et a retrouvé sa petite fille de douze ans morte dans sa chambre, couverte de sang… la pauvre petite avait tellement saigné qu'il ne lui restait pas grand chose dans les veines ! Et tu sais où sa mère est parti chercher secours ? Chez ses voisins ! Chez Marie ! La même Marie qui avait donné des comprimés à Judith lorsque celle-ci s’était confié sur l'absence de ses menstrues depuis 3 mois! Elle lui a donné un produit sans la prévenir de ne l'utiliser que lorsqu'elle est en compagnie de personnes pouvant intervenir en cas de soucis !

- Tu parles comme si à l’époque elle pouvait savoir… 

- Nous le savions toutes nous autres car nous avions déjà eu recours à cette méthode. Prétextant une sortie entre copines nous avons assuré une certaine sécurité à celle qui devait utiliser ce poison.

- Je vois !

- C'était le début de la fin pour nous… les patrons du réseau nous ont blacklisté ! Interdiction de rencontrer les clients ! Virginie nous en a voulu, elle en a voulu encore plus à Marie parce que c’etait la recrue de Marie et donc elle devait lui apprendre et gérer son corps parce qu'elle avait fait cela avec nous !

Jasmine se saisit d'un mouchoir pour débarrasser ses narines à présent rouge.

- Donc on a jamais pu prouver ce qui s'était passé ?

- Même si on avait essayé personne n'aurait réussi sauf si nous décidions de parler… mais qui aurait osé ?

- Mais mis à part vous quelqu’un d'autres savait où même soupçonnait quelques choses ?

- Si quelqu’un avait soupçonné quoique ce soit il serait tout de même loin de la vérité ! 

- Je te pose la question parce qu’une inconnue m'a demandé de vous contacter car selon cette personne vous êtes en danger !

- Quel danger? De quoi tu parles ?

- Je ne sais pas de quoi je parle puisque… je ne sais pas à quoi cette personne fait référence ! Attends le mieux c’est que je te fasse écouter le voice!

Leon attrapa son téléphone dans sa poche et entreprit de faire écouter le message anonyme à Jasmine. A la seconde où la voix combla l'habitacle un sentiment de reconnaissance s’étala sur son visage.

- Tu sais qui c’est n'est ce pas ? Fit Léon.

- Oui…oui ! C'est… Virginie ! Mais comment ? Elle n'est pas sensée être au pays ! Et si elle parle de notre bande pourquoi ne pas donner nos noms ou nous contacter directement…

- Tu es certaine que ce as quoi elle fait référence c'est le décès de Judith ? Parce qu'elle semble faire un lien entre les circonstances de la mort de Marie avec un évènement…. 

- Moi même je ne comprends pas , avoua Jasmine perdue.

- Tu crois que quelqu’un vous tient pour responsables ? 

- Je vais être honnête avec toi… je ne sais pas ! Moi dans la bande j’étais la seule défavorisée donc si on devait soupçonner quelqu'un c'est moi… les autres avaient déjà la cuillère en or dans la bouche. Je ne vois pas qui ni comment quelqu’un aurait pu s'imaginer que ces fillettes baisaient avec des hommes pour avoir ce qu'elles avaient.

Léon ne se sentait pas mieux avancé par toutes ces révélations. Mais il commençait à comprendre l’état d’esprit de chacune de ces filles.

- Tu pourrais me donner le numéro des deux autres ? J'aimerais aussi les contacter et discuter avec elle de tout ceci…

- Bien-sûr ! Dit-elle en fouillant des numéros dans son téléphone.

- Je ne veux pas retourner sur le lieu du deuil… Il se fait tard et je travaille demain…

- Moi aussi je ne retourne pas là-bas ! Je peux te déposer quelques part tu vis où ?

- Simbock répondit Léon.

- OK c’est loin mais bon je peux te raccourcir le chemin !

- Merci !

Au final la jeune femme le déposa devant son immeuble. Il lui souhaita une bonne nuit et surtout lui conseilla de se protéger avant de rentrer chez lui.

En traversant le pas de la porte il fut surpris de tomber sur Solène en nuisette planté dans le couloir, le visage noir.

- Bonsoir ma belle, t’es encore debout ? demanda-t-il en refermant derrière lui.

- Tu sors d’où? C'était qui dans la voiture ?

- Je t'ai envoyé un message pour te dire où j’étais pourtant non?

- Léon c'est quoi cette obsession morbide que tu développe pour une fille que tu ne connaissais même pas ?

- Je… je veux juste comprendre ce qui lui est arrivé… il n’y à pas d'obsession

- Si! Tu passes ton temps a parler d’elle écrire sur elle…

- Oui parce que ce qui lui est arrivé m'a marqué et je veux comprendre c'est tout !

La véhémence avec laquelle il avait répondu calma la jeune femme.

- Tu me demandes où j’étais mais toi tu étais où cet après midi ?

- Je suis sortie…

- Ma sœur était ici elle a tocqué mais personne n'a répondu… 

- Oui bah ta sœur n'a qu’à prévenir avant de débarquer ici à 17 heures aussi, marmonna-t-elle.

- Pardon? Comment tu sais qu'elle était là à 17h si tu n’étais pas à la maison ?

Elle sembla paniquée le temps d’une seconde avant de se reprendre.

- C'est la voisine qui m'a dit que ma belle sœur m'a cherché !

Leon savait que Solène ne s'entend pas avec la voisine, elle ne se disent même bonjour. Alors son explication ne tenait pas. Mais il ne voulait pas s'attarder plus longtemps sur la question.

- Je vais me coucher… 

- Tu ne m’as pas dit qui t'a ramené… 

- Une âme de bonne volonté répliqua-t-il avant de passer devant elle, se dirigeant vers la chambre.

- Léon ce genre de réponse je n’aime pas ça, dit-elle en criant dans sa direction les mains sur les hanches.

- Ne fais pas que parles s'il te plaît… je sors d'une veillée je suis fatigué ne me fait pas bavarder pour des futilités !

- Qui t'as d'abord envoyé à la veillée d'une fille que tu ne connais pas ? Qu'est-ce qui te pousse à te mêler des choses qui ne te regarde pas et pendant ce temps moi je suis ici à t’attendre… Léon je ne vais pas t’attendre toute la vie Hein ! Tu vas te réveiller un matin et je ne serais plus là à attendre hein!

Il s'arrêta au milieu de la chambre le T-shirt a moitié retiré.

- Pardon? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Demanda-t-il l'air menaçant. 

- Tu as compris !

- Non… je n’ai pas compris développe ta pensée! Dis ce que tu as envie de dire Madame !

- Je ne suis pas venue chez toi faire des années d’études ! Monsieur mon crayon est déjà assez long ! !

- Solène je suis fatigué de ton chantage là ! De toi a moi qui nous bloque dans ce processus d’officialisation de notre relation ? Hein? Tu veux parler ? Parles!

Elle qui l'acculait il y a deux minutes, elle recula de deux pas.

- Solène pardon dis moi de nous deux qui bloque ? Entre ta famille qui ne veut pas me voir et toi qui te comporte comme tout sauf ma partenaire…

- A quel niveau ?

- Tu trouves normal de me balancer à la figure que si on me mute en région nous deux c'est fini? Demanda-t-il.

Il en avait gros sur le cœur et voulait extérioriser. Il était temps pour eux d'avoir cette conversation.

- Et puis qui devrait me soutenir face à ta famille ? Jésus ? A chaque fois tu trouves des excuses au comportement humiliant qu'ils affichent à mon endroit ! Je peux mal me comporter ne pas être à leur goût mais toi tu fais quoi pour protéger notre couple face à eux !

- C'est la meilleure ! Qui t'as demandé d'acheter une bouteille de vin pour l'anniversaire de ma mère ? 

- Tu crois que c’estce genre de choses qui vont convaincre tes parents ? Même si j'achetais le plus vieux vignoble français à ta mère tu crois vraiment que c’est ce qui va la convaincre de ma bonne foi ? De mon sens des responsabilités ou des priorités ? Tu crois que si elle ne voit pas chez toi l' évolution d'une gamine vers une femme elle va croire que je suis un homme capable de prendre soin sa fille ? Faut d'abord que toi même tu évolues et qu'on sente que notre relation a passé le stade du copinage !

- Tu parles beaucoup mais tu ne dis rien de concret… que veux tu dire exactement ?

- Que j'ai besoin de savoir que tu es prête pour faire avancer notre relation !

Elle semblait de plus en plus perdue

- En faisant quoi exactement !

- Fais moi un bébé !
A Sang Pour Sang