Chapitre 6 : Cauchemars

Ecrit par Prunsy

***** Chancy *****


À la sortie de l'hôpital, donc environ une semaine plus tard, on est rentré à la maison, mais j'avais peur de trouver mon père assis sur son fauteuil, devant la TV comme à son habitude. Je n'arrivais plus à dormir dans ma chambre sous peine d'être la cible de mauvais rêves. 

Ma mère ayant compris qu'il m'était dorénavant impossible de vivre paisiblement dans cette maison, l’a mise à vendre. En attendant que la vente s'effectue et qu'on trouve un autre endroit, on est allé vivre chez ma marraine, tante Clémentine ou comme j’aime l’appeler affectueusement “ Ma’Clé ”. Femme aussi merveilleuse que ma mère, elle a tout pour plaire. Mais pour je ne sais quelle raison, Dieu a décidé que je serai son seul bébé...

* 8 ans plus tard *


À mes 13 ans, je m'habillais comme un garçon manqué. J'étais tout le temps en survêtement, jogging, baskets. Maquillage, robes, paillettes, et strass ne faisaient pas parti de mon vocabulaire. Et pourtant partout où je passais, on me disait que j'étais jolie, mignonne, je plaisais au regard, j’en passe et des meilleurs... Mais je m'en foutais en fait. Pour je ne savais quelle raison je n'aimais pas mon corps.


J'eus la réponse à mes questions un peu après. 


Depuis un moment, je faisais des cauchemars. J’avais peur d’en parler à ma mère parce qu’elle avait tendance à s’inquiéter de tout me concernant.


Un jour où ça n’allait vraiment plus, j’ai donc pris le chemin de chez ma deuxième maman pour qu’elle m’aide. Elle ne m’attendait pas, donc elle était assez surprise de me voir. 


Ma’Clé : Cycy ? Tu fais quoi là ? Tu es venue avec qui ? 

Moi : maman dis-moi au moins bonjour akah ! Je sors à peine des cours, j’ai donc profité pour te faire un petit coucou avant de rentrer quoi.


J’ai bien vu comment elle m’a regardé et j’ai bien vite compris qu’elle ne m’a pas cru. Elle m’a donc invité à passer à table et c’est dans la bonne humeur qu’on a dégusté notre repas. Elle a voulu qu’on aille prendre le dessert dans sa chambre… Hum, j’ai senti le piège venir de loin, mais bon n’était-ce pas pour ça que j’étais venue?! 


On papotait tranquillement jusqu’au moment où on n’avait plus rien à se dire. J’ai donc décidé de couper le lourd silence qui s’installait petit à petit dans la pièce. 


Moi : maman… En fait, si je suis venue, ce n'était pas que pour savoir comment tu allais…

Ma’Clé : …

Moi : en fait depuis un moment, je ne dors pas bien… Je fais des cauchemars assez étranges…


Ma’Clé s’est redressée et avait un air soucieux qui marquait son visage, son silence m’encourageait alors je continuais.


Moi : au début, je joue dans ma chambre, puis tout devient noir, je reçois des coups, je suis malmenée de partout et… Et…

Ma’Clé (la mine un peu triste) : … Et quoi Cycy ?

Moi : ... Et je suis souillée. À ce moment-là généralement je me réveille et c’est quasiment pareil, tous les soirs… En tout cas le concept reste le même…

Ma’Clé : … Et tu en as parlé à ta mère… ? 

Moi : … Non… Tu sais, elle a toujours peur de tout en ce qui me concerne. Je n’ai pas vraiment envie de l’inquiéter… Puis…

Ma’Clé : puis ?

Moi : ... Je ne suis pas sûre, mais j’ai l’impression que ça concerne mon père…

Ma’clé (avec un air que je n’arrivais pas à interpréter) : qu’est-ce qui te fait dire quelque chose comme ça ?

Moi : bah, déjà, maman ne veut jamais me parler de lui, puis souvent, j’ai des flash de certaines choses que je garde pour moi et… Il m’est déjà arrivé de crier “Non, papa arrête” dans mes cauchemars…

Ma’Clé : écoute… Je comprends que tu puisses être désorientée, mais moi, je ne peux pas t’aider, je peux juste te dire de faire de très grosses prières et de chasser ce genre de pensées quand elles passent par-là et pour le reste… Parles-en avec ta mère…


C’est sur ces paroles qu’elle a décidé de mettre fin à la conversation et d’aller me déposer à la maison.


En rentrant, on trouva ma mère assise devant la télé. Mesdames ont tapé une petite discussion quant à moi, j’avais tracé dans ma chambre.


Ma mère avait réussi à refaire sa vie… Enfin, si on peut appeler ça ainsi. Ça faisait 3 ans qu'il habitait avec nous, Jean se nommait-il. Je ne l'ai jamais vraiment aimé, mais en même temps comme ma mère semblait heureuse, je n'ai pas voulu lui faire part de mes ressentis. 


Certains soirs ça n'allait vraiment pas fort entre eux, et il sortait toujours en claquant la porte. Laissant ma mère dans une colère noire ou une tristesse transparente.


Plus le temps passait, plus la complicité entre ma mère et moi s'effaçait, malgré le fait que je l'aimais toujours autant. J'aimais bien traîner dans la rue… Et ce fut ma première erreur, car la rue est destructrice. 


Je n'avais que des amis garçons peu fréquentables. Certains pensaient même que j'étais lesbienne. Mais pas du tout, la vie des hommes ça ne me disait rien et encore moins à 14 ans à peine.

Chancy ou les aléas...