Chapitre 6 : Décidé
Ecrit par Moktar91
Chapitre 6 : Décidé
Cotonou
Un silence de cathédrale régnait à l'intérieur du véhicule qui les transportait à la maison. Personne n'osait se permettre de parler encore moins de lever les yeux vers l'autre. Jaël était concentré sur la conduite. Ses yeux, braqués devant lui se posaient à la dérobée sur sa femme. Par moment, il jetais un coup d'oeil dans le rétroviseur pour voir son fils. Ce dernier semblait perdu dans son monde. Le regard absent et vide, il laissait couler des larmes de silence.
Le cœur de Jaël se serra. Naimath, elle, pleurait maintenant en silence... Ses joues ruisselaient de larmes à n'en point finir.
Apres que le véhicule se soit engouffré dans le garage, Jaël, pour la première fois depuis bientôt 16 ans, vint ouvrir la portière à son fils. Il le prit par le bras pour le guider vers l'intérieur. Naimath laissa faire, ne sachant comment réagir face à une situation pareille. Son cœur de mère saignait et en ces instants précis, elle aurait donné tout l'or du monde pour se voir être à la place de son fils. Elle leva les yeux au ciel, cherchant à travers les écluses du ciel ensommeillé une parcimonie de réponses qui jamais ne viendra. Dieu les avait-il abandonné ? N'existerait-il pas ? Dieu n'est-il plus ici ? Dans cette maison avec eux ? Elle voulait élever la voix vers lui, pour trouver des réponses mais se ravisa. Elle s'essuya le visage avant de se composer un visage nouveau et s'en alla.
Quand elle mit pied dans le salon, Haraël était assis à ses côtés sa cousine, Imela. La jeune fille tenait la main de son cousin qu'elle serait fort...un peu trop fortement au goût de Naimath. Elle voulut lui dire de retirer sa main, mais Imela ne l'entendait pas. La jeune fille était dans un monde second, perdue dans ses pensées. Indifférente auw propos et réactions de sa tante, elle faisait mine de revenir en son enveloppe physique par moment, mais ce ne fut que de très courtes durées...
Elle semblait surtout ne pas contrôler les mouvements spasmodiques de son corps. Par moment, elle entraînait Haraël dans son long silence... Le jeune homme levait les yeux au ciel, le noir de son iris avait disparu laissant apparaître juste la blancheur terne synonyme de son état d'aveugle.
Naimath observait la scène sans pouvoir intervenir cette fois. Alors que Jaël revenait de la cuisine, où il était parti préparer des appéritifs, il tomba sur le tableau peu étonnant qui s'offrait à lui... Il fit un geste de recul avant de prendre la main de sa femme.
Depuis fort longtemps, il avait compris que la rationalité de la science avait ses limites, surtout au sein d'une famille comme la sienne et quand sa femme s'appelait Naimath. Il avait compris tôt que son statut de médecin avait des limites comme aujourd'hui où il n'a pu rien dire quand son fils fut diagnostiqué "aveugle à vie". Il comprit que être médecin n'était pas etre Dieu mais surtout preuve d'impuissance quand il pu lire ce matin, plus tôt à la clinique, le signe de désolation sur le visage de son fils. Il l'avait vu transformé sa désolation en colère, puis en haine avant de le voir sourire à nouveau. Mais il s'agit en son fort intérieur que ce sourire n'était qu'un leurre. Alors si il avait la possibilité de sacrifier son statut de médecin pour qu'il puisse voir à nouveau, il le ferait...
Sous les yeux de sa femme et lui, une lumière blanche scintillante s'éleva du front de Imela. Alors que la jeune fille se raidissait, la lumière embrasait petitement l'ensemble de la pièce. Quand elle se stabilise enfin autour de Haraël et de Imela, la jeune fille lentement levita et se retrouva à une demi dizaine de mètres du sol. Elle maugreait en une langue qui, pour Jaël semblait être le grec, peut-être du latin ou de l'hébreux... Il n'en était pas sûr en fait. En vérité il n'était plus sûr de rien, même d'avoir existé car devant lui, se déroulait l'une des scènes les plus incroyables. La petite revint doucement en elle, et se rassit dans le fauteuil. À cet instant, l'intensité de la lumière devint tellement grande que Jaël et Naimath furent obligés de de se cacher les yeux afin de ne point être aveuglés. Ils eurent juste le temps d'entendre leur fils pousser un grand cri et se couvrir le visage de ses deux mains. La lumière disparu aussitôt.
Naimath vint en courant vers son fils. Il tenait en main deux écailles de serpents qui lui étaient des yeux.
Il regarda sa mère, comme si il la voyait pour la première fois, le serra fort dans ses bras et se mit à pleurer...
Jaël les observait à distance, comprenant qu'il leur fallait laisser l'intimité nécessaire.
À côté, dans le fauteuil, Imela semblait endormie. Elle avait laissé tellement d'énergies dans ce combat, qu'elle avait compris que les forces du mal n'étaient pas aussi facilement manipulables.
Dans le fauteuil, elle ronflait, dans un long sommeil, épuisée d'avoir permit à son cousin de voir à nouveau.
Jaël alla chercher une couverture avec laquelle il l'a couvri...
Un sourire lui effleura le visage, son fils voit à nouveau et c'est le plus important...
Godomey magasin
Banlieue de Cotonou
Ariel se releva sous le poids du lit qui se craqua sous sa frêle corpulence. Il tira une longue bouffée de ça cigarette avant de l'écraser contre le pan du lit. L'horloge murale indiquait 23h47. Il en avait encore pour 1h24 minutes. C'était normal. Il avait payé pour trois heures de temps. Et là, ce n'était que le premier passage. Il se leva de tout son long et vint se placer au bord de la fenêtre de cette chambre d'hôtel qu'il occupait.
De milliers d'idées lui prenaient la tête. La première fois, il avait échoué. Il avait été confronté par la présence de morveux espiègle qui jamais, ne mettait les pieds au sein de l'entreprise. Sa présence ce jour là n'était pas le fait du hasard et il le savait. Il allait devoir être très prudent dorénavant. Mais avant tout, il se devait de réagir. Il savait qu'il lui fallait être méticuleux et prendre en compte tous les éléments d'appréciation dans cette affaire.
Il n'avait plus le droit à l'échec et il devrait le faire pour sa mère.
Alors qu'il était resté pendu à la fenêtre, un bout de temps, il se décida de se rafraîchir afin d'avoir la mémoire disponible à nouveau...
L'eau, coulante et ruisselante sur son corps, une main vint le prendre par la taille. Il savait bien qui ça pouvait être. Sa compagne du soir, ou plutôt sa pute de luxe du soir... Déborah....
Il se retourna vers la jeune fille et l'embrassa langoureusement avant d'enfoncer un doigt en elle. Elle émit un faible gémissement et chercha de sa main, l'insolent membre de son partenaire qui déjà, se tenait prêt.
Pendant qu'il s'enfonçait délicatement en elle, une idée machiavélique lui vint à l'esprit.
C'est décidé, il allait maintenant venger sa mère avec plus de finesse et l'appât parfait était tout trouvé : Déborah...
La chasse au fauteuil de Président des consortiums Amoussou pouvait commencer...