Chapitre 7 : Deuxième couac
Ecrit par Moktar91
Chapitre 7 : Deuxième couac
Cotonou
Consortium Amoussou
La réunion ne semblait pas sur le point de finir. Et pourtant, les accord de principes étaient déjà retenus. Naimath laissa Ariel diriger le reste de la séance. Sa présence n'était plus indispensable. Elle avait fait le plus gros.
Déjà c'était difficile de pouvoir gagner ce marché avec des partenaires aussi teigneux que ces kényans. Elle en avait fait un défi lors de la soirée des chefs d'entreprises du Bénin alors qu'elle venait d'être gratifiée du prix de la meilleure réforme entreprenariale du pays. Aujourd'hui, son pari semblait être tenu en dehors... Mais elle avait confiance en ce jeune homme. Elle le savait capable de conclure avec brio le projet.
Quand elle se laissa tomber dans son fauteuil, Naimath était complètement épuisée.
Cette semaine, elle avait décidée de se consacrer à bras le corps au travail. C'était le moyen idéal pour évacuer le stress dont elle était la proie. C'était le meilleur moyen de se séparer de toutes ces tragédies qui défilaient dans leurs vies à n'en point finir.
Elle repensa à ce qu'était leurs vies, rien que l'année passée... Son grand frère était encore bien vivant et Cella resplendissante et pleine de vie... Son fils n'était pas encore ce jeune homme renfermé et Taciturne qui s'était mué dans un long mutisme depuis qu'il avait recouvert la vue. Se enfants et ceux de se belle sœur Cella avaient des camps de rencontre...
Elle prit son portable et fouilla ses contacts WhatsApp, elle tomba sur le groupe de la famille... Elle laissa échapper un soupir. Cela faisait longtemps que personne n'y avait parlé. Tout était devenu terne du jour au lendemain dans leurs vies. Elle ne pouvait expliquer avec certitude ce qui leur arrivait mais elle savait que les forces du mal en étaient pour quelques choses. Elle ne pouvait en douter. Surtout depuis qu'elle avait appris la mort du père Florent.
C'était seulement hier, alors qu'elle allait lui rendre visite à l'asile psychiatrique, elle fut surprise de constater que le détenu s'était évadé.
Lorsqu'elle se rendit au clergé pour s'en informer, on lui fit comprendre qu'il n'était plus au pays. C'est en sortant qu'une sombre photographe posée sur le bureau de l'archevêque attira son attention. Elle l'observa minutieusement et devouvri le père Florent sur la croix... Son sang se glaça un moment et sous l'effet de la surprise, elle se rassit. Elle fint d'avoir mal et demanda expressément un verre d'eau. Alors que l'archevêque, qui était un ami personnel à Jaël s'en allait le lui chercher, elle glissa subtilement la photo dans son sac. D'ailleurs, elle y est toujours. Elle rentra chez elle quelques minutes après, troublée par sa découverte. Elle comprit donc que l'homme clouée à l'église le vendredi saint n'était autre que le Père Florent. Elle se garda toutefois de l'annoncer à la famille. L'atmosphère ne présageait rien de bon à l'heure actuelle.
Naimath se leva et se dirigea vers ses toilettes privées pour se passer de l'eau sur la figure. À son retour, Ariel était assis, le sourire aux lèvres et l'attendait. Elle n'eut pas besoin de poser la moindre question pour comprendre que le contrat était validé. Il remit un exemplaire à sa tante, et s'en alla.
Il sonnait 19h34.
Naimath n'avait aucune envie de rentrer chez elle. Non pas ce soir. Elle ne pouvait voir tous ses regards pesants.
Elle se sentait responsable de tout ce drame... Cella avait déjà trop souffert la perte de son mari pour qu'elle puisse la voir encore sans sa fille... Imela était inconsciente ou plutôt endormie depuis six jours. Six jours où elle avait guéri son cousin et avait sombré dans un sommeil profond... Jusque là elle ne s'était pas encore réveillé.
La regarder en rentrant à la maison et voir Cella à ses côtés en pleurs, lui rappelait cette triste période où Amos avait gardé le lit inconscient. Elle ne pouvait s'infliger une telle douleur de nouveau. Toutes ces douleurs silencieuses dont Cella la rendait coupable dans le silence. Même si elle n'osait le dire, elle savait que sa belle sœur la tenait pour responsable de la situation présente.
Et que dire de son fils qui n'avait pzs dit un mot depuis qu'il avait recouvert la vue...
Naimath regarda encore sa montre.
20h07
Elle prit son sac et quitta le parking.
Alors qu'elle descendait vers le parking, elle fit un mauvais geste et se foula les chevilles. Elle tituba avant de tomber sous le ragard de papa Joël, le vieux vigile qui venait de prendre son service de nuit. Il se précipita vers elle pour la soutenir. Naimath se releva difficilement et regarda autour d'elle. Heureusement que les bureaux étaient presque déserts. Elle fit un sourire à papa Joël, qui comprit qu'il ne lui fallait rien dire malgré ses commérages légendaires. Elle se tint difficilement sur ses pieds. Quand papa Joël lui demanda si elle pouvait conduire, Naimath acquiesça de la tête. Mais le vieil homme, dans un élan de solicitude, lui prit les clés de la main et se dirigea vers la voiture.
-<<Aujourd'hui, Madame, je vous avance votre voiture.>> Dit-il dans un sourire qui fit voir ses dents jaunies par le tabac.
Naimath observa le vieil homme se diriger vers sa voiture.
Alors qu'il venait de la démarrer, une lourde explosion se fit entendre. La voiture venait de voler en éclat et avec elle, le vieil homme.
Naimath frissona avant de s'évanouir devant la flamme de son véhicule qui brûlait...
Elle eut à peine le temps de voir nombres de personnes se diriger vers la voiture.
À quelques kilomètres de là, Ariel sirotait son verre. À l'heure actuelle, il savait que sa tante, ou plutôt sa sœur ne serait plus en vie... À bien y réfléchir, il n'aura peut-être plus besoin de des services de Déborah...
Mais ce qu'il ignorait, c'était que son deuxième essai, était un gros couac...