Chapitre 6: Vie estudiantine

Ecrit par Cornelie

Chapitre 6 : Vie estudiantine

Au mois de juillet, j’ai reçu une bonne nouvelle : j’avais obtenu une bourse pour des études à Lyon en France. Wouah !!!!! Quelle grâce ! Dieu est vraiment merveilleux ! Il pourvoit à tous mes besoins : matériels, affectifs (amis)… Je me suis souvenue d’ailleurs qu’une fois en prière une voix m’avait annoncé que j’irai étudier en Europe et j’avais ris, un peu comme Sarah quand les étrangers qu’Abraham et elle avaient reçu, avaient annoncé que l’année suivante, elle mettrait au monde. Donc les choses de la bible là m’arrive aussi (rires), ça montre vraiment que Dieu est le même hier, aujourd’hui et éternellement et qu’Il fait des miracles chaque jour. Maman aussi était très contente pour moi et un peu triste car j’allais quitter le pays et elle serait seule. Heureusement que tonton Robert a proposé à maman de recueillir deux de ses neveux : Alidor 22 ans et Johanna16 ans dont les parents vivant au village voulaient voir leurs enfants étudier en ville. Il a rassuré maman que tous les frais de scolarité et d’entretien des enfants seraient à la charge de leurs parents et qu’avoir un jeune garçon à la maison était aussi plus sécurisant pour maman. Elle avait accepté et ils sont arrivés à la maison au mois d’août, quelques jours avant mon départ. 

Le quinze août nous avons fêté mon dix-huitième anniversaire avec tous ceux qui m’étaient chers et c’était aussi une forme d’au revoir car une semaine après je devais m’envoler pour la France.  Mes amies de toujours Annie et Jean étaient également présents à mon anniversaire. Annie allait rester à Kinshasa et allait étudier à l’U.P.C (Université Protestante du Congo) tandis que Jean allait étudier à la Sorbonne à Paris. C’était une belle fête durant laquelle nous avons dansé, rigolé, mangé, pris de multiples photos souvenirs …

Quoiqu’étant bénéficiaire d’une bourse d’étude, le billet d’avion du Congo à la France était à la charge du futur étudiant. Maman s’est démenée et a emprunté de l’argent pour mon billet d’avion. 

La veille de mon départ, fr Pacy et quelques amis du Mijerca sont passés à la maison me dire aurevoir et me prodiguer quelques conseils notamment de ne pas oublier mon identité de chrétienne, de garder mes valeurs et surtout de ne jamais manquer de prier pour toute chose. Ensuite nous avons prié ensemble avant de se séparer. 

Le matin de mon départ c’est maman qui m’a appelé dans sa chambre et m’a dit :

- « Ma fille je suis dans une grande joie pour cette opportunité que tu as de pouvoir aller au pays des blancs (grand sourire), c’est une grâce. Tu as dix-huit ans, tu es déjà une grande fille et tu sais ce qui est bien et ce qui est mal. Je ne veux pas beaucoup parler, juste te bénir, te remettre entre les mains du Seigneur qui est le maître du temps et de toutes nos circonstances. Met Dieu avant toute chose. Dans tout ce que tu fais ou veux faire, met d’abord Dieu en avant : confie-lui tout, consulte le pour toute chose. Et n’oublie pas de refléter par ta vie le Christ. Tu vas arriver dans un milieu que tu ne connais pas, n’aie pas peur. Observe tout, imite ce qui est bien et rejette ce qui est mal. Fais très attention au choix de tes amis. Sois une femme de valeur ! Promet moi de garder ta virginité jusqu’à ton mariage et d’éviter même les flirts. Car un homme qui t’aime vraiment saura être patient et te respecter. Tu sais à notre époque, les garçons pour nous draguer, écrivaient des poèmes, des lettres d’amour et les femmes étaient dures 

- Moi : ahahahhaha maman on n’est plus à votre époque hein

- Elle : oui vous vous êtes les générations android, toujours pressé, pressé de coucher et presser de rompre. Ce n’est pas une vie digne d’un enfant de Dieu. J’ai confiance en toi, je sais que tu es sage. Lorsque tu feras face à des difficultés, prie et demande des conseils à des personnes qui te semblent avisées. Pour tes études, travaille et excelle non seulement pour glorifier Dieu mais aussi pour que ton feu père et moi soyons toujours fiers de toi. Et quand tu te sentiras seule, n’oublie pas que Jésus est toujours présent à tes côtés comme une ombre. N’oublie pas ta vieille mère ooooo. Moi je prierais pour toi jour et nuit. Que Dieu te bénisse et t’accompagne

- Moi : Amen !

- On s’est embrasé très fort et on a un peu pleuré. Maman, mon cousin Alidor et ma cousine Johanna m’ont accompagné à l’aéroport. La séparation était douloureuse. Je suis montée dans l’avion de  Air France étant triste. De plus c’était la première fois pour moi de prendre l’avion, ne vous moquez pas de moi (ahahaah).

Dans l’avion j’avais comme voisine une dame avec qui j’ai fait connaissance : maman Hélène. C’est une congolaise qui après ses études universitaires et son mariage avec son mari papa John était allée vivre aux états unis. Elle était une mère de quatre enfants. Elle avait passé deux semaines de vacances à Kinshasa et se rendait en France pour deux semaines pour rendre visite à une de ses sœurs. Elle était très drôle et j’ai découvert qu’elle était aussi une chrétienne engagée. Durant les huit heures de vol, nous avons parlé de nos vies, de quelques sujets de société … arrivée à Lyon avant de nous séparer nous avons échangé nos numéros WhatsApp pour rester en contact. A l’aéroport, un ami à tonton Peter appelé Mr Joseph est venu me prendre pour me conduire à ma résidence universitaire. 

Pour quitter l’aéroport nous avons pris un bus. Je regardais partout comme une villageoise (rire). J’étais émerveillée : tout était propre et beau, il y avait des arbres partout, plein de gens qui marchaient à grande vitesse. Dans le bus c’est chacun qui avait ses écouteurs aux oreilles. Tout le long du trajet, je voyais à travers les vitres, des jeunes dans la rue entrain de fumer et j’étais choquée. De l’aéroport nous sommes arrivés à la gare de Perrache et de là nous avons pris un autre bus pour aller à la résidence Allix. Après avoir déposé mes valises dans ma chambre, tonton Joseph m’a invité manger dans un restaurant ensuite il m’a fait un peu visiter le quartier puis il m’a laissé me reposer après que j’ai appelé maman pour la rassurer que j’étais arrivée à bon port. 

Admisse à l’Université Catholique de Lyon, j’avais opté pour les sciences économiques et management. Les premiers jours à Lyon étaient consacrés à la découverte de mon nouveau milieu : où acheter à manger, comment me déplacer avec les bus, le funiculaire, me rendre à l’université pour les formalités administratives, ouvrir un compte bancaire, acheter une carte de bus …. Heureusement pour moi, tonton Joseph m’a beaucoup aidé dans ses démarches.   

A quelques minutes de ma résidence universitaire, il y avait l’église catholique St Irenée. Le premier dimanche où j’y suis allée, j’ai constaté que l’assemblée était en majoritaire composée de personnes âgées. A la fin de la messe, le prêtre attendait de saluer tous les participants à l’entrée de l’église. J’y ai rencontré un jeune couple de français Maya et Edouard Certain. Ils m’ont approché avec sourire et m’ont invité à déjeuner avec eux, ils avaient un petite fille Margot âgée d’une année. J’ai accepté leur invitation et nous nous sommes rendus chez eux à pied car ils habitaient non loin de l’église. Autour d’un bon repas, nous avons discuté. Ils m’ont posé plein de questions sur l’Afrique et m’ont aussi parlé d’eux : Maya est infirmière et son mari pharmacien. Ils m’ont proposé de faire du baby-sitting quelques fois pour garder Margot, ce que j’ai accepté bien évidement. A la fin de la rencontre, ils m’ont parlé d’une retraite de prière qui aurait lieu à Taizé dans deux semaines et m’ont dit d’y venir et d’inviter mes camarades qui seraient intéressés. J’ai promis de leur répondre dès que possible. 

Le jour de la rentrée académique, j’ai découvert les salles de cours, mes nouveaux camarades et quelques professeurs. Nous étions une cinquantaine d’étudiants d’origines diverses : des africains (surtout l’Afrique centrale), des européens et une minorité d’asiatiques.  Le doyen de notre faculté est passé nous saluer et nous souhaiter la bienvenue. Il nous a présenté les professeurs présents, le programme des cours … Ensuite nous avons aussi fait connaissance entre étudiants. J’ai rapidement accroché avec Agnes une camerounaise et aussi avec quelques autres camarades du Tchad, du Bénin, du Gabon et du Congo brazzaville. Il faut dire qu’on était tous dans la même résidence universitaire mais dans divers bâtiments. Durant la semaine, je leur ai parlé de la retraite de prière à Taizé. Quelques-uns ont accepté d’y venir pour découvrir. C’est ainsi que j’ai informé Maya. 

Le week-end à Taizé a été formidable : le lieu était très beau. Il y avait beaucoup de jeunes et durant trois jours nous avons eu des activités diverses de prières communes, de chants, de silence, de méditations personnelles et de partages. Moi ce qui m’avait beaucoup marqué, c’était les longs moments de silence où j’avais les yeux fixés sur Jésus à la croix et je priais à l’intérieur de moi. J’en ai profité pour confier ma maman, ma vie à Lyon et mes études à Dieu afin qu’il me fasse brillamment réussir. Les chants aussi étaient profonds, je me rappelle d’un chant que j’aimais particulièrement le titre Jésus le Christ, les paroles :

Refrain : Jésus le Christ, lumière intérieure

Ne laisse pas les ténèbres me parler

Jésus le Christ, lumière intérieure

Donne-moi d'accueillir ton amour

Couplet 1 : Jésus le Christ, lumière intérieure (Seigneur tu me sondes et me connais)

Ne laisse pas mes ténèbres me parler (que je me lève ou m'asseois, tu le sais)

Jésus le Christ, lumière intérieure (tu me devances et me poursuis, tu m'enserres)

Donne-moi d'accueillir ton amour (tu as mis sur moi ta main)

Couplet 2 : Jésus le Christ, lumière intérieure (je prends les ailes de l'aurore)

Ne laisse pas mes ténèbres me parler (je me loge au-delà des mers)

Jésus le Christ, lumière intérieure (même là, ta main me conduit)

Donne-moi d'accueillir ton amour (ta main droite me saisit)

Refrain :

Couplet 3 : Jésus le Christ, lumière intérieure (je dirai, que me confie la ténèbre)

Ne laisse pas mes ténèbres me parler (la ténèbre n'est point ténèbre devant toi)

Jésus le Christ, lumière intérieure

Donne-moi d'accueillir ton amour (la nuit comme le jour illumine)

Couplet 4 : Jésus le Christ, lumière intérieure (je te rends grâce pour tant de prodiges

Ne laisse pas mes ténèbres me parler (merveille que je suis, merveille que tes oeuvres)

Jésus le Christ, lumière intérieure (sonde-moi, ô Dieu, connais mon cœur)

Donne-moi d'accueillir ton amour (conduis-moi sur le chemin d'éternité)

Après cette retraite spirituelle à Taizé, nous avons repris avec les cours. J’ai commencé à prendre mes marques at à avoir un train-train quotidien : réveil matinal, prière, bus pour aller à l’université, cours, bibliothèque et retour à la résidence universitaire. Les week-end étaient consacrés aux achats des provisions de nourriture, à la cuisine des plats pour la semaine, des coups de fil à maman. Tonton Joseph m’avait conseillé de faire du bénévolat et j’ai choisi de le faire dans une maison de retraite de l’association « les petits frères des pauvres ». Quelques dimanches, je rendais visite à des personnes âgées avec qui je discutais durant une à deux heures. C’était agréable de se rendre utile auprès de ces personnes qui aimaient me raconter leurs souvenirs de jeunesse et me poser des questions sur l’Afrique. Il m’arrivait aussi de faire du baby-sitting en gardant Margot la fille de Maya qui était agréable. Elle était contente de me voir arrivée mais quand elle se rendait compte que ses parents étaient sortis la laissant seule avec moi, elle pleurait quelques minutes. J’arrivais à la calmer et on s’amusait bien.

Marie, femme pieuse