Chapitre 5 : valeurs et contre-valeurs

Ecrit par Cornelie

Chapitre 5 : Valeurs et contre-valeurs 

Pendant que les cousines de mon père tonnaient sur ma mère, elle ne disait rien et pleurait seulement. Moi je me demandais à quoi était dû tout cela. Comme si elles avaient lu mes pensées :

- Elles : oui tu pensais qu’on n’allait pas savoir ? le collègue de feu Constant qui vient souvent te voir là c’est pourquoi ? ou comme il est veuf, il veut t’épouser ? Peut-être même c’est vous deux qui avez monté le coup pour tuer notre frère. En tout cas, sache qu’on ne va pas en rester là. On va prendre notre fille et te chasser de cette maison. On va la vendre et se partager l’argent. D’ailleurs on va de ce pas appeler ya Robert qui prend toujours ta défense pour l’informer. Tshuip, n’importe quoi !!!

Donc tout cela c’est parce que papa Peter passait quelques fois nous rendre visite. C’est vrai que quelques fois, les week-end, papa Peter passait nous prendre pour des petites balades, des sorties au restaurant. Ce sont des sorties où maman parvenait à rire franchement et à se détendre. Il donnait aussi de bons conseils à maman sur son commerce en lui disant de le diversifier. Au lieu de faire seulement dans la vente des pagnes, pourquoi ne pas associer aussi la vente du charbon de bois que plus de la majorité des kinois utilisaient pour la cuisson des aliments. A chaque sortie, j’étais toujours présente et jamais je n’avais vu de gestes inappropriés de la part de papa Peter. 

Quand elles sont parties, maman est allée s’enfermer dans sa chambre. Sûrement elle était humiliée et déçue car si papa avait été là, jamais ce genre de scène n’allait avoir lieu car il défendait toujours maman contre les membres de sa famille qui la critiquait surtout par rapport au fait qu’elle n’avait pas pu lui donner d’autres enfants. 

Deux jours plus tard, papa Peter est passé nous rendre visite. Maman lui a demandé très poliment de ne plus passer nous rendre visite car cela suscitait des commentaires inappropriés. Il a voulu en savoir plus mais maman lui a demandé de ne pas insister. C’est comme ça qu’il a arrêté de passer nous voir. 

Je suis maintenant en classe de 6e secondaire. A la fin de l’année, ça sera les examens d’état (le baccalauréat).  Je suis toujours amie avec Annie et Jean. Il faut dire que nous sommes parmi les meilleurs élèves tellement on aime les études. 

Le Mijerca avait planifié durant tous les samedis du mois de mars une session « femme de valeur » pour sensibiliser les jeunes (filles et garçons) autour des valeurs du Christ. J’avais invité mes deux amis Annie et Jean à y assister. Nous avons été richement bénie par les divers enseignements. Quelques points nous ont particulièrement marqué :

- Etre jeune chrétien c’est faire la différence partout où nous sommes.

- Certes notre thème c’est « femme de valeurs » mais moi je dirai plutôt « jeunes de valeurs » c’est-à-dire des jeunes qui prônent et qui vivent les valeurs de Christ qui sont entre autre l’amour, la charité, l’honnêteté, la pureté …. résumées dans les dix commandements et de nombreux passages bibliques.

- Ce n’est pas parce que tout le monde fait une chose que cela est une valeur. Par exemple la tricherie durant les examens scolaires, beaucoup de jeune le font mais est-ce une valeur ??? NON c’est une contre-valeur car Jésus ne triche pas et n’aime pas la tricherie 

- Parlons de l’habillement aussi bien pour les filles que pour les garçons. Notre corps est le temple du Saint Esprit. Vous avez l’habitude d’entendre cette phrase mais comprenez-vous ce que ça signifie ? les jeunes garçons actuellement s’habillent avec des pantalons qui tombent sous les fesses. Les jeunes filles portent des habits courts, qui montrent des parties intimes de leurs corps (poitrine, sous-vêtements) … Dans les clips de musiques, les femmes sont dénudées tandis que les hommes sont couverts, est-ce normal ? Ne voyez-vous pas que c’est une chosification du corps de la femme ? une jeune fille devrait s’habiller décemment. Pas besoin de montrer son corps pour être attirante. D’ailleurs quand tu montres tout, alors il n’y a plus rien à découvrir. En plus la société te qualifie en fonction de l’image de toi que tu projettes par ton habillement. 

- Un autre sujet populaire : le sexe. La virginité est une valeur précieuse pour Dieu aussi bien pour l’homme que pour la femme. Actuellement, on fait croire aux jeunes avec tous les émissions télévisées, les séries Novelas et les films que le sexe est banal. Que chacun peut disposer de son corps comme le veut. Il existe des méthodes de contraception pour les filles qui ont peur de tomber enceintes et le sexe devient un moyen d’avoir du plaisir. La bible dit de fuir le péché de la chair (le sexe) 1 Cor 6 : 18-20. Cela n’a que des avantages car cela nous évite de devenir esclave de nos passions mais aussi nous évite de nous attacher à des personnes avec qui nous ne sommes pas mariés.  Mes amis, l’amour vrai est patient. Ne cédez jamais à avoir des relations sexuelles avec un garçon qui vous le demande comme une preuve d’amour. Au contraire, dites-lui que s’il vous aime vraiment, il saura attendre jusqu’au mariage n’est-ce pas ? Il doit être pressé pourquoi ? 

- Une dame a fait ce témoignage devant nous : 

« Dans les milieux estudiantins, les filles sont prises comme cibles des professeurs. J’ai connu une fille harcelée par son professeur de maths, elle a refusé de lui céder et il lui a donné de mauvais points et lui a fait reprendre l’année scolaire. 

Dans le milieu professionnel, les filles sont la cible des patrons, sexe pour avoir du travail, sexe pour conserver son travail… J’ai été moi-même victime de cela. Je suis comptable, le directeur financier avec qui je travaillais a commencé à me courtiser. Je l’ai remis à sa place et je lui ai demandé de ne plus jamais oser me faire des avances car je ne suis pas du tout intéressée. Cela l’a mis en colère et il a commencé à raconter au patron que je suis incompétente. Alors j’ai décidé de me défendre spirituellement et professionnellement. J’ai commencé une neuvaine à St Joseph, patron des travailleurs et j’ai demandé à me justifier devant mon patron et celui qui m’accusait. Puis j’ai fait mes preuves et le patron a constaté que j’avais été accusé injustement. Le directeur financier qui m’accusait a été renvoyé dans son pays et moi j’ai conservé mon travail. Donc les femmes doivent toujours se défendre en associant la prière au travail bien fait sans céder aux pressions des hommes. C’est cela qui démontrera qu’elle est une femme de caractère, une femme de valeur.»   


L’approche des examens d’état rendaient tous les élèves anxieux. Nous nous organisions en groupe de travail pour réviser les matières. A cela aussi était évidemment associée la prière. D’ailleurs une fois après avoir prié pour mes examens, j’ai entendu une voix me dire « Marie, tu feras des études supérieures en Europe », j’ai rigolé en me disant « wouah si cela arrive, je serai trop contente » puis j’ai oublié. 

Le jour des examens est arrivé. Ce matin-là, maman m’a béni, a prié pour moi en disant « Seigneur je te remets ma fille, envoie ton Saint Esprit rafraichir sa mémoire et lui rappeler les bonnes réponses. Soit au contrôle de tout ce qui va se passer dans la salle d’examen. Sois avec elle sur le chemin et à tout moment durant ces jours d’examens. Donne-lui de réussir ces examens pour que ton nom soit glorifié. Sois également avec ses copies d’examen afin qu’elles soient bien corrigées. Seigneur toi le père des veuves et des orphelins sois au contrôle de tout » « Amen, ai-je répondu » puis elle m’a fait un signe de croix sur le front et m’a dit de ne pas stresser et que tout aller bien se passer. C’est toute boostée que je suis allée composer. Le dernier jour des examens, les camarades de classe avaient organisé une petite sortie pour se détendre mais je n’avais pas la tête à cela. 

Deux semaines plus tard, les résultats des examens d’état sont sortis : Annie, Jean, moi et les trois quart de notre classe avaient réussi. Quelle joie !!!! On criait, on se versait de la poudre sur la tête (c’est une habituelle au Congo de verser de la farine de manioc ou de la poudre sur les jeunes ayant réussi leur baccalauréat). Maman m’a organisé une belle fête à la maison à laquelle j’avais invité des cousins, cousines, amies du Mijerca et quelques camarades de classe sans oublier mes deux amis (Annie et Jean). 


Une semaine plus tard, une cousine chez qui j’étais allée passer un week-end m’a invité à aller en boite de nuit. J’avais accepté. Quelques heures après ma mère m’appelle en me disant de ne pas sortir ce soir-là car dans une vision elle m’aurait vu dans une pièce remplie de flammes de feu. Je lui ai dit que je n’allais pas sortir mais dans le fond je comptais bien aller m’amuser surtout que ce serait la première fois que j’irai en boîte de nuit. Mais après une heure, j’ai commencé à avoir une diarrhée qui me conduisait tout le temps aux toilettes. C’était tellement grave que j’étais trop épuisée et ma cousine n’a plus voulu sortir avec moi pour ne pas lui foutre la honte (rire). Elle est donc sortie avec ses amis. En revenant très tôt le matin de la boîte où ils avaient bien dansé, ils ont été agressés par des hommes armés et les filles ont été violées. Quelle tragédie ! 


Durant les grandes vacances, plusieurs camardes de classe organisaient des fêtes où tous les camarades étaient invités. Notre trio de choc (Annie, Jean et moi) n’y allions pas. Non pas qu’on n’aimait pas s’amuser mais nous avions nos loisirs à nous : on aimait chanter, danser … Alors on allait à des concerts religieux. On écoutait du rap chrétien, du zouk chrétien … Nous avons été encouragé de continuer dans cette voix car nous avions appris cette histoire qui circulait sur tous les médias :

« Le fils du ministre de la Justice, jeune bachelier a organisé une grande fête dans la maison de ses parents. Des filles et garçons de partout étaient présents. L’alcool et la drogue ont coulé à flot. La mère d’une fille de treize ans a porté plainte contre ces jeunes car ils auraient soi-disant droguée et violée sa fille. » cette histoire a fait un boucan à Kinshasa. Les gens étaient révoltés, écoutez donc les commentaires : 

- Une fille de treize ans partait faire quoi à la fête des adultes 

- Quand elle sortait de la maison, sa mère ne savait pas où elle partait

- Les petites filles métisses sont toujours comme ça, qui l’a envoyé ?

- Vraiment ce pays, des garçons sorciers qui veulent voler les étoiles des jeunes filles, quelle honte ! on doit les castrer ….. 

Certains étaient contre la fille victime d’autres compatissaient et quelle a été la suite de l’affaire ? Tous les garçons accusés ont été envoyés en dehors du pays par leurs parents riches et l’histoire s’est arrêtée là.

Marie, femme pieuse