Chapitre 60

Ecrit par Myss StaDou

Chapitre 60


J’entends Victor inspirer avec force. Il se lève soudain du canapé, après quelques tours du canapé à la table de la salle à manger, il se dirige vers moi. Je prends un peu peur vu la détermination que je lis dans ses gestes. Je recule donc d’un pas. Se rendant compte de mon mouvement reflexe, il me regarde et parait surpris :

 

− Aurais-tu par hasard peur de moi ?

− Non, pourquoi ?

 

Il secoue la tête, comme si on venait de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Réduisant la distance qui nous sépare encore, il se saisit de mes deux avant-bras avec force :

 

− Je dis hein Ngono, pourquoi veux-tu toujours me pousser à bout ?

 

Quand on t’appelle par ton nom de famille, surtout ton partenaire, ce n’est jamais bon signe… Oh non !

 

− Hein ? J’ai fait quoi ? C’est toi qui dis que…

− Qu’ai-je dit de déplacé ? J’ai juste un fait un constat.

− Un constat hein…

− Oui, un simple constat ! Et toi qui paniques toujours, tu as tiré des conclusions hâtives. Comme d’habitude.

− Comment ça « comme d’habitude » ? Tu m’accuses de quoi en fait maintenant ?

− Tu paniques trop ! On dirait que tu doutes sans cesse de mes sentiments. Tu ne crois pas à la viabilité de cette relation. Ou bien tu voudrais te convaincre que ce que tu vis avec moi  n’est pas vrai ?

 

Qui m’a envoyé ? J’ai organisé un désordre inutile. Eh la bouche des femmes….

 

− Je suis désolée si tu as cette impression, concédé-je, embarrassée. Mais mets-toi un peu à ma place, s’il te plait. Serais-tu optimiste si tu avais vécu tout ce que j’ai traversé depuis quelques semaines ? Serais-tu resté avec moi si on changeait de place ?

 

Victor me regarde, l’air pensif.

 

− Tu vois ? Toi-même, tu doutes. Donc ne fais pas comme si je joue la sceptique pour rien !

 

Un silence lourd s’installe tandis que Victor relâche mon corps et s’éloigne un peu dans le salon et fait quelques pas. Je baisse la tête et fixe le tapis, sentant bien le poids de son regard sur moi.

 

− Chou, il faut qu’on se calme, dit posément Victor. Se crier dessus ne nous servira à rien.

− Tu as raison. Je m’excuse.

− Moi aussi, je te demande pardon d’avoir élevé la voix. Je suis censé te protéger, pas te faire peur.

 

Il se rapproche et me prend la main. Il pose une bise sur ma joue avant de me faire signe de me rasseoir sur le canapé. Nous nous asseyons face à face, Victor me tenant la main droite entre ses mains.

 

− La situation actuelle est très compliquée, je dois te l’avouer. Beaucoup de choses sont en jeu en ce moment, dit-il avant de pousser un soupir. Ma vie est un véritable chaos.

− De quoi parles-tu ?

− Je ne te dirai pas tout pour ne pas t’effrayer. Mais mon avenir est en jeu.

− Quoi ?

 

Victor pose un doigt sur mes lèvres :

 

− Chut ! Calme-toi. Ça va  aller.

 

Il me regarde un moment silencieux avant de continuer :

 

− Je suis désolé si je peux te paraitre froid à travers les mots que j’utilise. Mais je traverse des moments très difficiles. J’en ai marre des mauvaises nouvelles et des mauvais événements non calculés. Ce n’est pas la vie d’un homme ça.

 

Il secoue la tête, dépité. Il réfléchit avant d’afficher une mine plus calme.

 

− J’ai aussi besoin d’être heureux, spontané et sans souci. J’aime être avec toi parce que tu es une belle femme, aimante et intègre. Et j’ai la foi qu’avec le temps, notre relation murira et finira par être acceptée de nos proches.

− Je l’espère aussi.

− Mais il faut ralentir un peu les choses avec nos familles. Laissons-leur du temps. À ce rythme,  ils finiront par plomber l’atmosphère entre nous deux.

− Hum. Je préfère ne même pas y penser. Ça me fout les boules.

− En parlant même de famille…

− Oui, je t’écoute.

− Le jour où j’ai eu cette incartade avec ta sœur, je venais en fait pour te parler de la situation avec ma mère. C’est vrai que je ne lui avais pas dit ce jour-là que tu venais, et je ne pouvais pas imaginer qu’elle te réserverait un tel accueil.

− Moi non plus.

− C’est ma mère, tu comprends, remarque-t-il, préoccupé. Je dois gérer les choses avec beaucoup de diplomatie. Je suis donc passé le mercredi avant ce jour-là à la maison familiale pour lui parler. Mais elle venait de se déplacer. Je n’ai vu que mon père avec qui j’ai eu une brève discussion.

− Ok. Qu’a-t-il dit ?

− Tu sais que les hommes ne parlent jamais beaucoup. Il n’a pas vécu la scène donc il peut difficilement prendre position. Et de plus, mon père n’est pas ma mère. Il faut que je lui parle en personne.

− Je vois. Mais fais vite avant qu’elle ne me tue. Pardon, mes parents tiennent à moi et à ma vie !

− Mais non, ne sois pas aussi radicale ma mère n’irait pas jusqu’à ce niveau.

− C’est ce que tu penses, mon cher ! dis-je, offensée par son manque de sollicitude envers moi. Elle a failli me bastonner en pleine rue l’autre jour ! Je n’ai eu la vie sauve qu’à mes talents de sprinteuses et mon instinct de survie.

− Mais de quoi parles-tu ?

 

Je pousse une grosse inspiration avant de lui relater la scène d’attaque à Soa. Je vois l’expression de son visage passer de la surprise, à la colère, puis la honte.

 

− Chou… Tout ce que tu me dis est vrai ?

− Si tu doutes, tu n’as qu’à appeler Jeanne.

 

Il réfléchit un moment.

 

− Je vais le faire, pas parce que je doute de tes dires. Mais pour avoir tous les tenants et les aboutissants de l’histoire. Ma mère ? En arriver là… Mais qu’est-ce qui lui arrive ?

− Je ne sais pas.

− Cette histoire prend des proportions plus dangereuses que je ne le pensais. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit à cause de moi.

 

Je le vois se tenir la tête un long moment, trop préoccupé par ses pensées pour vraiment gérer ma présence. Je garde le silence, ne sachant quoi dire. Il est assis de profil devant moi, les deux mains sur le visage et les yeux fermés. Victor parle d’une voix triste :

 

− Tu sais… Je suis un peu à bout avec tout ça. J’ai besoin de mettre un peu tout ça de côté. De sourire et de vivre ma vie. J’essaierais de gérer la situation avec ma mère plus tard. Mais pour le moment, je ne veux plus parler de tout ça. Je veux juste être avec toi, sans trop parler. Juste profiter de ta présence.

− Je comprends.

 

Je suis un peu sceptique face à son attitude, mon esprit tergiverse quant à la bonne attitude à tenir. Est-ce le bon moment pour lui annoncer la nouvelle ?

 

Je tends une main dans sa direction pour le toucher. Mais il se lève au même moment et se met à faire des petits tours au salon, visiblement très préoccupé. Pardon, je ne veux pas que cela sonne dans son oreille comme un coup de massue au summum de ses soucis. De toutes les manières, je sais que c’est un homme responsable. Il assumera la situation comme un grand. Mais le plus important maintenant est d’apaiser ses nerfs et de préparer « The moment ». Mettons d’abord les soucis de côté et calmons les nerfs.

 

Je me lève et tire mon homme vers la chambre. Blottis l’un contre l’autre, nous restons un moment couchés sur le lit sans rien dire. Mais vous connaissez les femmes enceintes, le sommeil m’a pris et je me suis endormie comme une masse.

   

Lorsque j’ouvre de nouveau les yeux, tout est calme autour de moi. Je retourne mon corps encore lourd pour me rendre compte que je suis seule dans la chambre. Hein ? Victor est où ? C’est même d’abord quelle genre de sommeil qui m’a pris au point où je ne me suis pas rendu compte du moment où il s’est réveillé et à quitter le lit ? Je me lève et sors de la chambre. Du couloir, j’entends Victor en train de discuter avec une personne au téléphone. Je m’approche tout doucement, pieds nus, pour ne pas l’effrayer.

 

− Oui. Je t’écoute … C’est grave à ce point ? Tu es sûre  que c’est ce qu’elle a dit ? … Bon sang ! s’exclame-t-il en frappant sur la table de la cuisine. Je vais faire comment pour gérer ça maintenant ? Tu connais comment nos mamans sont butées et compliquées !

 

Nos mamans ? Je parie que c’est avec Jeanne qu’il parle.

 

− Non. Mais tu sais bien tout ce qui est en jeu. Je ne peux pas me mettre Maman à dos maintenant. Sinon je me retrouverais à genoux … Non. C’est trop compliqué pour que je lui en parle. Je vais essayer de gérer ça comme je peux.

 

Hum… La conversation ci me met un peu mal à l’aise. Je sors dans le couloir apparaissant ainsi dans son champ visuel. Il me sourit et écoutes encore son interlocuteur un moment.

 

− Ok. J’ai compris. Je viendrais te voir un de ces jours pour qu’on en parle calmement. Mais dans ce cas, il faut que je te laisse là … Bonne journée à toi aussi … Ok ok. Je t’enverrai le crédit comme promis. Bonne journée.

 

Il raccroche et vient vers moi. Il me serre dans ses bras et pose un baiser sur mes lèvres.

 

− Je suppose que tu dois avoir faim. Habille-toi,nous allons aller manger dehors.

− Manger dehors ?

− Oui, on ira dans un restaurant.

− Tu n’as rien pour cuisiner ici à la maison ?

− Tu sais que je suis rarement là. Et après une longue absence, les placards et le frigo sont vides.

 

Je fais la moue :

 

− Mais j’aimerais bien cuisiner pour toi.

− Ok, j’ai compris. En rentrant, nous nous arrêterons à MAHIMA pour faire des courses. Tu prendras ce dont tu as besoin et tu pourras ainsi me mijoter un bon petit plat aphrodisiaque…

− Tu as lu dans mes pensées.

− Je te connais déjà assez bien pour cela.

 

Je file dans la chambre enfile ma tenue de secours, une robe bicolore avec le boléro assorti. Ensemble, nous allons dans un petit restau à Tsinga et nous dégustons un bon poulet DG. Ensuite nous allons à MAHIMA où je prends des aliments de base : pates alimentaires, riz et conserves. Nous prenons aussi du pain. Nous passons aussi dans une boucherie à la briqueterie pour prendre de la viande de bœuf.

 

Nous rentrons à la maison et après avoir porté le Kaba que j’avais laissé lors de mon dernier passage ici avant la visite chez les beaux-parents, je m’en vais à la cuisine mijoter des spaghettis bolognese avec une bonne salade composée. Je viens à peine de commencer avec la cuisson que Victor qui était jusque-là couché au salon, viens me retrouver dans la cuisine.

 

− Chou, je vais sortir un moment. Je vais faire un saut chez un ami et ensuite passer chez mes parents.

 

Je sursaute en entendant cela :

 

− Tes … Tes parents ?

− Oui, je vais essayer de parler avec ma mère. Je ne suis vraiment pas tranquille après ce que tu m’as dit là.  Je vais mettre les choses au clair, au moins pour l’instant.

− Ok.

− Il est 16h. Je sais que je peux la trouver à la maison. Je me dépêche. À tout à l’heure, mon amour.

− À tout à l’heure.

 

Nous nous faisons la bise et il s’en va. Je fais la cuisine assez préoccupée par toute la situation. Ce n’est pas que l’envie de lui parler de ma grossesse ne me brûle pas les lèvres. Bien au contraire ! Mais sincèrement, je ne pense pas vu que ce soit le bon moment. Il faut que Victor soit en bon état psychologique pour digérer cette nouvelle.

 

Les hommes ont toujours des réactions bizarres quand on leur annonce qu’ils vont être pères. Même ceux qui sont mariés. Avec mon cas qui s’avère compliqué à tous les niveaux… Si j’aborde mal la chose, ça va  retombe sur mon visage et je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer. Je n’ai pas envie de finir mère célibataire juste parce que j’étais pressée de mettre mon homme face à ses responsabilités.

 

Si Victor me lâche dans cette affaire, ce ne sont pas mes parents qui vont me soutenir. A ça non… Je sais déjà quel sera mon sort ! Bottée à la porte. Dans le doute, j’appelle Josy pour avoir son avis. Elle est ma seule confidente dans cette histoire. J’essaie  deux fois en vain avant qu’elle ne décroche.

 

− Allô ?

− Oui, ma chérie. C’est comment ?

− Je suis là. J’ai besoin urgemment de tes conseils.

− Je t’écoute.

− C’est chaud à Guingamp ! Victor est retour. Tout ce temps, il était en mission au Gabon. Mais il y a trop de tensions, il est nerveux à un niveau que... Hum ! Je ne lui ai pas encore parlé de ce que tu sais là. Je ne sais pas comment procéder.

− Aya, tensions ? C’est chaud, ma copine ! Avec votre histoire compliquée, fais bien attention comment tu emballes la nouvelle.

− Hum…

− Avec sa famille qui est contre toi, ta mère qui complique aussi … Fais attention, je ne te le répéterais pas assez. La prudence est de mise. Si tu lui jettes ça à la figure, il peut avoir le reflexe de fuir. Et il va quitter du statut de ton copain au père imaginaire de ton enfant.

− Ma tête jette l’air, tu ne peux pas imaginer. J’ai déjà réfléchi casse-tête. Je ne vois pas comment faire. Je me demande bien s’il y a un bon moment pour ça.

− Hum. Mais entre vous deux, c’est comment ?

− Ça va quand même. On essaie de mettre les choses au clair petit à petit. Là, je suis chez lui pour quelques jours.

− Iki ! s’exclame-t-elle en riant. Les choses des grands. Au moins l’amour est au beau fixe entre vous. Profites-en. Dès que la situation se calme un peu, tu lui parles de manière posée. Mais ne le brutalise pas, pardon ! On vous connait vous les Yaoundé (originaire de la région du Centre-Cameroun).

− Ah, tu sais que je ne suis pas comme ça.

− C’est ça, mama.

− Ok. Je vais attendre. Mais au plus quelques jours. J’ai l’impression que ça commence à se voir.

− Quoi ? Vite comme ça ? 

− L’affaire me dépasse. Ça me fait trop peur, Josy. Je pense ne pas être prête pour cela.

− Non, ne te décourage pas. Tu vas gérer cela comme une grande. Mais ne te précipites oh! Ne crois pas que si ton homme veut te quitter et tu lui dis que tu es enceinte, il va rester avec toi et tu seras heureuse. Si il veut partir et restes malgré tout par principe, ce sera pour l’enfant et non pour toi. Et tu seras malheureuse à la fin.

− Weh, murmuré-je tristement.

− S’il veut te quitter, il va te quitter, tôt ou tard. Ton gars doit être avec toi parce qu’il veut être avec toi. On ne piège plus les hommes avec les grossesses de nos jours. C’est passé depuis, ma chérie.

 

J’entends le bruit de clé dans la serrure. Victor qui rentre déjà.

 

− Ma puce, il faut que je te laisse. Il est rentré.

− Ok, rappelle-moi quand tu seras chez toi.

− Ok. Bisous.

 

Je raccroche rapidement avant que Victor n’entre dans la pièce. Il est à peine 19h. Il avait été très rapide. Il entre le front barré d’une grosse ride – de soucis ? – mais s’efforce de sourire.

 

− Ça va par ici ?

− Oui, ça va. Et ta sortie s’est-elle bien passée ?

− On en parlera plus tard, s’il te plait. Pouvons-nous passer à table ?

 

Je suis étonnée qu’il balaie le sujet de la sorte. Mais je ne vais pas le forcer. L’objectif est de le détendre. Pas de le stresser.

 

− Bien sûr. J’ai fini depuis un moment. Je nettoyais juste en t’attendant. Juste le temps de nous rafraichir et on passera à table. Ça te va ?

− Ok, ça me va.

 

Je vais rapidement prendre une douche et enfiler un long T-Shirt de Victor, vu que je n’avais plus de vêtements propres. Tandis que je m’habille Victor passe aussi à la douche. Je finis rapidement et vais à la cuisine mettre la table. Victor me rejoint quelques minutes plus tard.

 

− J’ai une grosse faim, chou.

 

Il se frotte le ventre comme un petit garçon. Et cela lui donne une expression si mignonne. Mon Dieu, je craque pour ce mec. À mort…

 

− Installe-toi. Le repas est servi. J’espère que ça va te plaire.

− Ça me plait déjà parce que c’est toi qui l’as fait. Et avec beaucoup d’amour.

 

Je lui souris et lui pose un baiser sur le front après qu’il se soit assis à table. Nous commençons le repas en silence et je dois avouer que c’est assez bon. Mais je suis assez curieuse de ce qui s’est passé chez les parents de Victor :

 

− Victor, tu ne m’as pas dit… Comment ça s’est passé chez tes parents ?

 

Il repose sa fourchette sans rien dire. Je sens bien qu’il est mal à l’aise. Mais je veux savoir.

 

− As-tu vu ta mère ?

 

Victor se racle la gorge :

 

− Oui. Je l’ai vu.

 

Son ton était froid. Mais ça ne m’empêcherait pas à avoir les  informations que je cherche.

 

− Et vous avez parlé ?

− Sommes-nous obligés d’en parler maintenant ?

− Oui. Je veux savoir.

− Hum…

 

Il met une bouchée de spaghettis dans sa bouche et mâche un moment, mon regard posé su lui.

 

− Mon père n’était pas là. Je n’ai pas fait longtemps là-bas, tellement j’avais hâte de te retrouver. Mais j’ai fait comprendre à ma mère que tu es mon choix.

− Hum !

− Je sais qu’elle a besoin d’un peu de temps pour vraiment enregistrer cette information. Mais ce n’est pas le plus important. Ne parlons pas de choses compliquées. Ok ? Le plus important, c’est nous deux.

− Si tu le dis. Du moment que tout se calme, je n’ai pas de soucis.

 

Nous continuons le repas en discutant de tout et de rien. À la fin du repas, Victor m’aide à débarrasser et faire la vaisselle. Nous allons ensemble nous coucher dans le canapé au salon pour regarder le journal à la télévision et visionner un film. Nous sommes lovés dans le salon, lorsque j’ai décidé de tester le terrain auprès de Victor :

 

− Dis-moi, chou.

− Je t’écoute.

− Tu ne m’as jamais dit… Aimerais-tu avoir des enfants ?

 

Victor reste silencieux un moment, comme s’il hésitait.

 

− Bien sûr. 2 ou 3.

− À quel moment aimerais-tu les faire ? Tu as déjà plus de 30ans quand même.

− 33 ans, c’est encore jeune pour un homme. Plus tard. Ma vie est trop instable en ce moment pour que je puisse bien élever un enfant dans une bonne atmosphère.

− Hum…

− Ne t’inquiète pas. Je te ferai plein de bambinos dès que nous serons mariés. Il est hors de question que je fasse des enfants hors mariage. Je vais faire les choses dans les normes. T’aider à finir tes études, t’offrir un beau mariage, une grande maison et ensuite on l’a remplira avec plein de bébés qui auront ta beauté.

− Hum… Flatteur va.

− En parlant même de maison, il faudrait que tu m’aides à choisir une nouvelle maison parmi les propriétés de mon père. J’ai déjà commencé à chercher des locataires pour celle-ci.

− Ce sera avec plaisir.

 

Nous discutons un moment de décoration d’intérieur et d’architecture. Il est bien tard quand nous allons nous couchons. Je m’attends à une bonne partie de jambes en l’air. Mais je reste sur ma faim… Le mignon garçon se couche juste près de moi dans ce lit glacé et s’endort en me serrant dans ses bras.

 

*****

 

Le lendemain, après notre réveil, nous prenons un petit déjeuner en amoureux au lit. Nous avons trainé un peu dans la maison avant que je me décide à faire un saut à l’extérieur. J’avais besoin impérativement de passer à la maison prendre des vêtements propres et voir mes parents. Je suis partie sans les prévenir. Victor a décidé de passer rencontrer Jeanne en ville. Affaire de famille, je ne mets pas ma bouche. Ils n’ont qu’à s’arranger là-bas.

 

Je me mets en route pour la maison aux alentours de13h. Je préfère y aller en taxi. Arrivés chez nous, je ne trouve que Junior qui est allongé dans sa chambre. Je vais dans la mienne et change mon sac de vêtements. Je suis tellement heureuse que Victor soit revenu dans ma vie. Je fouille dans mes sous-vêtements et sors un ensemble sexy. Je compte bien fêter l’annonce de ma grossesse comme il se doit. Je m’imagine déjà dans cette tenue avec un Victor plein de désir devant moi… Coquine… On ne peut plus mettre l’enfant sur l’enfant. Et j’ai très envie de lui. Son corps me manque, le sentir m’emmener au 7e ciel me manque terriblement. J’ai besoin de lui.

 

En ressortant de la chambre, je m’arrête chez Junior pour papoter un peu avec lui avant de partir. Je n’ai pas envie de vite repartir et restez dans la maison vide de Victor. Adossée dans le cadran de la porte de la chambre de Junior, quelle n’est pas ma surprise de voir Carole débarquer devant moi. Elle entre dans le couloir comme si de rien n’était. Même si les parents l’ont foutu à la porte, c’est quand même sa maison.

 

− Bienvenue Madame.

 

Carole est pleine de dédain :

 

− Casse-toi !

− Ekie ! Est-ce qu’on a encore un problème ensemble ?

− Oh… Lâche-moi !

 

Elle me traverse et s’en va dans la chambre. Je lance un regard surpris à Junior. Quand je me tourne pour suivre Carole, Junior se lève du lit et me sort sur la véranda. J’entre dans notre chambre commune et je regarde Carole fouiller dans ses affaires.

 

− Caro, ça va te faire quoi de me demander des excuses ?

 

Je tchipe.

 

− Victor m’a parlé de tes petites manigances, dégoûtée. Comment as-tu pu Carole?

 

Carole se met à rire en laissant tomber les chaussures qu’elle tient en main. Elle se tourne et me fait face.

 

− Il t’a parlé… J’espère qu’il t’a dit pourquoi il est venu ici.

− Qu’est-ce que tu crois ? Je sais que tu l’as piégé sous le paravent d’une pseudo-aide pour notre couple.

− Piéger ? Crois tu qu’on puisse piéger un vieux loup comme Victor si facilement ?

− Vieux loup ?

− Ça se voit que tu ne le connais vraiment pas, ton fameux «amoureux ». Ma pauvre petite, tu es vraiment idiote! Tu te fais berner en plein jour.

− Tu dérailles complètement.

                                                                                        

Elle éclate de rire et s’assied sur le lit avant de se relever aussitôt. Son attitude n’était pas du tout normale. Elle semble à la fois moqueuse et énervée par mon attitude. Trop de haine dont j’ignore la source.

 

− Il t’a vraiment enfoncé dans la bouteille, ma parole ! Et tu le suis comme un petit chien…

− Tsttt… N’importe quoi !

 

Elle est en train de sortir des robes de la penderie quand elle remarque mon sac de voyage posé pas loin de la porte. Carole sourit ironiquement :

 

− Tu es avec lui depuis ces derniers jours, n’est-ce pas ?

− C’est normal non ? Ça te choque comme ton plan n’a pas marché ?

 

Carole roule des yeux :

 

− Et elle se prend en plus la tête dans sa bêtise… Vraiment jeunesse perdue ! Tu peux le garder ton Victor à la con. Il y a mieux dehors ! Des vrais mecs, pas des…

− Tu n’as pas besoin d’être jalouse de moi. De toutes les manières, Victor ne t’en veux pas pour ce que tu lui as fait.

 

Elle se met à rire, limite hystérique.

 

− Oh mon Dieu. Victor Yondi… Le bon samaritain au cœur pur. Je dois me sentir honorée ou me mettre à genoux ? C’est ça ?  demande-t-elle, le visage déformé par la colère. Même pas dans vos rêves !

− Carole…

− Tais-toi ! Merde ! Tu ne vas dire que des conneries ! C’est même une honte pour moi  d’avoir une sœur aussi naïve.

 

Elle est vraiment en colère et j’essaie  de la calmer comme je peux.

 

− Tu délires ! Réveille-toi. Le monde n’est pas si sombre que tu le vois !

 

Carole crie de colère :

 

− Mais ouvres les yeux, bon sang ! Pourquoi crois-tu que sa mère ne veut pas de toi ?

− Sa mère ?

− Oui, sa mère. Elle ne voudra jamais de toi parce qu’elle a déjà une belle-fille.

− Elle a quoi ?!

Mon amour, mon comba...