Chapitre 61

Ecrit par Auby88

"Tout le monde dit que l’Amour fait mal, mais ce n’est pas vrai.

La solitude fait mal, le rejet fait mal, perdre quelqu’un fait mal, l’envie fait mal.

Tout le monde mélange ces choses avec l’Amour, mais en réalité l’Amour est la seule chose dans ce monde qui couvre toute la douleur et fait que quelqu’un se sente merveilleux à nouveau. L’Amour est la seule chose dans ce monde qui ne fait pas mal.  (Mesa Selimović)"



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Edric MARIANO


Assis dans mon canapé, je revois toutes les photos que j'ai prises avec Maëlly. Demain est un grand jour pour moi. Demain, je me marie avec Maëlly. J'ai encore du mal à y croire. Dommage que cette joie-là, je ne puisse pas la partager avec mon père. Je lui ai remis une invitation en personne. Il a dit qu'il viendrait seulement pour Maëlly et pour s'assurer que je ne jouerai pas à l'idiot avec elle, même s'il aurait préféré que monsieur FREITAS ne donne pas la main de sa fille à un vagabond comme moi...

Ce n'est pas le moment de penser à tout cela Edric. Ce n'est pas le moment d'être triste. Continue de te focaliser sur des pensées positives, continue de penser à papa Delmundo qui sera à tes côtés demain, continue de penser à Maëlly et aux enfants que vous aurez dans l'avenir. Oui, pense juste qu'un jour tu seras papa et que tu pourras offrir à ton fils tout cette affection qui t'a manqué de ton père... Voilà !


Mon téléphone sonne. Je reconnais cette musique. C'est un appel vidéo de Maé.

- Bonsoir Maé

- Bonsoir Ed. Tu es à la maison ?

- Oui. Pourquoi me le demandes-tu ?

- Je pensais que tu serais parti enterrer ta vie de garçon.

- C'est ce que tu aurais voulu ?

- Oh non.

J'éclate de rire en entendant le ton sur

lequel elle le dit.

- Ne t'inquiète pas Maé. Je ne compte aller nulle part cette nuit. Je veux être bien frais pour toi demain.

- J'en suis ravie. Moi aussi je suis à la maison, seule dans ma chambre… J'aurais bien voulu être avec toi cette nuit pour danser du kinzomba bien sensuel comme le faisait en Martinique, mais tu sais combien les parents sont conservateurs.

- Oui, Maé. De toutes façons, demain à pareille heure, nous serons collés, cimentés et serrés pour la vie. Et nous pourrons danser du kinzomba à volonté, ma belle.


Elle ne répond pas. Un court silence s'installe dans la conversation.


- Maé, tu me reçois toujours ?

- Oui… Ed ?

- Oui, Maé.

- Tu seras bien là demain ?

Je souris.

- Oui, je serai là. A l'heure et près de toi.

- Tu me le promets ?

- Oui, promis Maëlly. Mon smoking est prêt, il ne me restera qu'à l'enfiler demain... C'est quand même mon mariage et je ne le raterai pour rien au monde !

Elle m'offre un léger sourire.

- Et tu me diras bien OUI ?

- Bien sûr ! En criant, s'il le faut. Tu en doutes encore ?

- C'est juste que… mon mariage raté m'est revenu à l'esprit. Et j'ai peur que tout ne se passe pas bien demain ou que tu changes d'avis.

- Maé, mon amour ! … Attends, on va faire une chose.

- Quoi ?

- Je vais tenter de chanter quelque chose pour toi " Auprès de toi de Medhy Custos"… Ecoute très bien les paroles de la chanson car elles parlent pour moi. Je les fredonnerai avec le chanteur. D'accord ?

- Oui, Ed.


"Cette fois je ne m'en sortirai pas, je suis dans de beaux draps

Je rends les armes, je lève les bras, je me remets à toi

J'accepte d'être ton prisonnier, si tu deviens ma maison d'arrêt

Inutile de m'passer les menottes, je ne m'enfuirais pas

Choisis la route qui t'importe et je suivrai tes pas

Car derrière tes barreaux je sais, que je trouverai ma liberté


Car si je suis sûr d'une chose aujourd'hui

Près de toi, je resterai

Dans tes bras jusqu'à l'infini

Près de toi, je resterai

Et au fond de moi mon cœur le sait

Près de toi, je resterai

Dans tes bras jusqu'à l'infini

Auprès de toi


A une peine d'amour totale, chérie condamne-moi

Et si je n'suis pas raisonnable, multiplie-la par trois

Car tant que tu s'ra ma geôlière

Mon cœur demandera perpétuité (…)


- Tu es toujours là, Maé ? m'enquiers-je, ne la voyant plus à l'écran. Maé !

- Oui, Ed.

Je l'entends pleurer à chaudes larmes

- Tu pleures ? Pourquoi ?

- Je ne te mérite pas, c'est sûr. Je ne mérite pas tout cet amour que tu as pour moi, Ed.

- Ce n'est pas une question de mérite, Maé. Je t'aime, un point c'est tout... Alors, essuie-moi ses larmes et souris. Tu entends ? Je veux te voir me sourire.


Elle le fait et je lui rends son sourire. Puis j'approche ma main de l'écran. Elle aussi avance la sienne.

- Nous sommes loin l'un de l'autre cette nuit, mais nos cœurs sont proches, Maé. Alors, décharge ton esprit et endors-toi en imaginant que je suis là près de toi, comme un ange qui veillera sur ton sommeil. Non seulement cette nuit mais pour toute la vie.

- Merci, Ed. Je t'aime tellement.

- Moi aussi, ma belle.


Nous restons là à papoter quelques minutes encore, puis je coupe l'appel en souriant.



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Le lendemain


Maëlly FREITAS


A l'organisatrice du mariage, je m'adresse.

- J'espère qu'aucun reporter n'est présent.

- Rassurez-vous, mademoiselle, les consignes de sécurité ont été strictes. Il n'y aucun reporter présent. Les seules personnes autorisées à filmer la cérémonie sont les agents du studio que vous avez vous-même choisi pour la circonstance.

- Bien. Et mon fiancé, il est déjà là ?

- Maé ! L'organisatrice de mariage te l'a dit dix fois déjà. Ton fiancé est déjà là.

- Maman, j'ai juste besoin d'en être bien sûre avant de sortir de la limousine.

- Ah, ma fille, ajoute papa. Edric t'a prouvé des milliers de fois qu'il t'aime, alors détends-toi et sortons de cette voiture. On ne va quand même pas y passer la journée !

- D'accord, papa, on y va.


Papa m'aide à sortir de la voiture et me tend un bras que j'attrape en tremblant.

- Maé, inspire profondément et marche bien droit. Tu ne veux quand pas t'écrouler avant de rejoindre ton fiancé ?

- Non, papa.

- Alors, calme-toi.

- Oui, papa.


" (…)  Today is my day

(…) Aujourd'hui est mon jour

Something big is about to happen oh

Quelque chose de grand est sur le point d'arriver.

Today is my day

Aujourd'hui est mon jour

And I say… I believe I am next in line

Et je dis … Je crois que je suis la prochaine dans le rang

Next in line for a miracle

La prochaine dans le rang pour un miracle

Everything is turning around For my good ooohohhh

Tout est en cours pour mon bien (…)"



C'est sur l'air de "Today is my day (Aujourd'hui est mon jour) de Deborah Lukalu" que je fais mon entrée au milieu des invités. Camilo et Milena, marchant devant nous déposent des pétales de fleurs sur le tapis rouge.


Je viens de remarquer Eliad, Nadia, le père d'Eliad, la femme de Delmundo, le père d'Edric et bien d'autres visages familiers.

Oui, je ne vois plus Nadia comme une prostituée, mais comme l'épouse d'Eliad et la mère de ses enfants...


Il est là devant moi l'homme de ma vie.… Je rabats et rouvre mes paupières pour m'assurer qu'il est vraiment là, à côté de moi. Mon père me confie à lui, lui dit quelques mots puis Delmundo et papa s'éloignent.

- Ma reine ! Tu es splendide.

- Merci, mon roi.

Je souris en le regardant, ma main blottie dans la sienne. La cérémonie civile peut enfin débuter. Un prêtre viendra par la suite pour la cérémonie religieuse….


J'aurais préféré que la question qui suit soit posée en premier à Edric, mais c'est encore à moi qu'on la pose en premier :

- Mademoiselle FREITAS Amelia Maëlly, consentez-vous à prendre pour époux monsieur MARIANO Leonel Edric, ici présent ?


Je tourne la tête vers Ed et répond par l'affirmative.

- A présent, monsieur MARIANO Leonel Edric , consentez-vous à prendre pour épouse mademoiselle FREITAS Amelia Maëlly, ici présente ?


Mes yeux restent fixés sur les lèvres d'Ed attendant sa réponse. Je tremble de tout mon être. Puis, je l'entends dire OUI avec véhémence. Je m'accroche aussitôt à ses lèvres. Il y a plein de murmures derrière nous, mais je n'y fais pas attention.

J'avoue que je n'aurais pas laissé les lèvres d'Edric, oui je n'aurais pas cessé de l'embrasser si le maire ne m'avait pas dit :


- Un peu de retenue, voyons. Nous n'en sommes pas encore là, mademoiselle.

- Oui, je m'excuse. C'est l'émotion, dis-je en essuyant les traces de rouge à lèvres sur Edric qui me regarde en souriant grandement.

- On peut continuer ? s'enquiert le maire

Nous acquiesçons en gardant nos mains l'une dans l'autre.


***********"***""


Un mois plus tard


Maëlly FREITAS


Je me devais d'être ici. Je me devais de revoir cette femme. Pas pour une séance de voyance. Non. Juste pour la remercier de m'avoir guidée quelque peu. Mais je n'ai plus besoin qu'on me dise mon avenir. Je laisserai désormais Dieu m'éclairer.


Finalement, je décide de m'en aller. Ce n'est peut-être pas une bonne idée d'être revenue ici.

Je m'apprête à rebrousser chemin quand la porte s'ouvre et j'entends la voix de  la voyante

- Bonjour !

- Bonjour madame.

- Vous voulez entrer ?

- Non, je passais juste par là et j'ai voulu vous remercier pour vos précieux conseils.

Elle me sourit.

- J'espère que vous avez fait un beau mariage cette fois-ci ?


Je la regarde avec étonnement. Elle continue de me parler en souriant.

- Ce n'est pas de la voyance, rassurez-vous. J'ai juste remarqué la bague à votre doigt.

- Je vois…

- Mais dites, vous n'avez vraiment aucune question à me poser ?

- Non. L'avenir me dira tout ce que je dois savoir au moment voulu ! affirmé-je avec assurance.

- C'est bien. Je suis contente que vous ayez enfin trouvé votre voie ainsi que votre bonne âme d'enfant... J'espère aussi que vos bouts de choux bougent bien à l'intérieur !

- Que vous venez de dire ?

- Bonne journée à vous ! achève-t-elle gaiement en refermant sa porte.


Je reste là perplexe en me demandant ce qu'elle a bien voulu dire. J'y réfléchis un instant, puis regagne ma voiture pour acheter deux tests de grossesse à la pharmacie avant de rentrer. J'en avais fait la semaine passée qui étaient tous deux négatifs.


Malgré cela, la curiosité me pousse encore à refaire les tests.

J'angoisse en attendant les résultats, même si je les connais déjà...


Je l'avais dit. Négatif comme je m'y attendais...De toutes façons, Edric ne me met pas la pression concernant cela. Notre premier-né viendra à point nommé...En attendant, je profite au maximum de mon époux. (Rire)


ÂMES SOLITAIRES