
Chapitre 67
Ecrit par Jennie390
⚜️Chapitre 67⚜️
????Landry Ratanga????
—Tout va bien se passer, dis-je à Yolande en passant une main dans son dos. On mettra un point final à tout ceci très bientôt. Ne t'inquiète pas.
— Ce type est fou et tant qu'il n'aura pas atteint son but, on ne pourra pas se reposer sur nos lauriers. Il a tellement de ressources et tu le sais. On est peut-être dans une nouvelle maison, mais ça ne va pas l'arrêter. Qui sait ? Il pourrait même déjà savoir où nous sommes actuellement. Avec lui, il faut s'attendre à tout.
—Oui, je sais qu'avec lui, il faut s'attendre à tout. Mais pose le cœur, on va s'en sortir, d'accord ?
—J'ai tellement peur, si tu savais.
Je me rapproche et passe mes bras autour de son corps. Elle se fige légèrement avant de se laisser aller. Elle pose sa tête sur mon épaule et je la lui caresse doucement en chuchotant.
—Je sais, Yolande, je sais...
On reste dans cette position pendant environ deux minutes, puis elle se détache de moi. Mes yeux s'ancrent dans les siens qui brillent de quelques larmes qui lui roulent sur les joues. Je passe mes pousses pour essuyer les gouttelettes salées. On se regarde durant une seconde qui me paraît une éternité. Mes yeux passent de ses yeux à elle avant de descendre jusqu'à ses lèvres, que je meurs d'envie de l'embrasser. Je baisse la tête afin de voir si elle va m'arrêter, mais elle ne bouge pas d'un iota. Elle me regarde dans les yeux. Je finis par me décider et au moment où je m'apprête à poser mes lèvres sur les siennes, la voix de Meli me stoppe dans mon élan.
—Yoyooo!
Yolande retire ses mains posées sur moi comme si je brulais, puis elle recule de quelques pas. Elle passe une main sur sa robe en me lançant un regard troublé.
—Euh, la petite me cherche. Je ferais mieux d'aller la...retrouver.
Je hoche la tête et la regarde quitter la cuisine. Je m'adosse contre le comptoir et me passe nerveusement une main sur le visage. Avec ce psy*chopathe qui se balade en liberté, ce n'est clairement pas d'avoir ce genre d'idées. Mais je dois reconnaître que passer autant de temps avec elle commence à avoir un certain effet sur moi. Dès la première fois que je l'ai vue, je l'ai tout de suite trouvée très belle. Mais actuellement, je ressens une forte affection pour elle, je ne sais pas comment décrire cette sensation proprement.
????Émile Biyoghe????
Je regarde le café dans ma tasse d'un air distrait. Je suis sûr d'avoir actuellement de grosses poches sous les yeux à cause du manque de sommeil qui me foudroie depuis hier soir. J'ai passé toute la nuit à penser à la cabale montée contre moi par quelques imbéciles qui se sont crus malins. Cet affront est complètement encastré dans ma gorge et il n'y a pas moyen que j'avale ça comme si de rien n'était. Ils vont me le payer ? Oh, oui, ils vont me sentir passer !
Cette nuit, je n'ai pas passé toute la nuit à uniquement ruminer contre ce qu'ils ont fait. Au contraire, j'ai également pensé aux différentes manières adéquates de me venger. Je veux que lorsque j'aurai mis un point final à toute cette histoire, qu'ils comprennent et réalisent bien que la pire erreur qu'ils aient pu commettre dans leurs vies a été de me défier. J'espère que, où ils se trouvent, l'évidence de ma vengeance imminente est claire et nette dans leurs esprits actuellement. D'ailleurs, il me vient l'envie soudaine de bien le leur faire comprendre à l'instant.
Je prends mon téléphone et fouille dans les contacts le numéro d'Hortense Ratanga. Dès que je le trouve, je lance l'appel. Ça sonne, mais elle ne décroche pas. Je réessaye deux fois de plus, mais elle ne prend toujours pas. Je prends mes clés de voiture et démarre pour le boulot. Pendant que je conduis, j'appelle à nouveau. Cette fois-ci, elle décroche, mais ne parle pas en premier. Je prends donc la parole.
—J'ai toujours su que tu étais une fouine et une em*merdeuse de première catégorie. Mais à ce que j'ai compris, je t'ai malheureusement trop sous-estimé. Je prévois toujours tout. De ce fait, ç'a été très brillant de votre part à tous de réussir à me frapper sans que je vois le coup venir. Monter une cabale contre moi, m'envoyer en prison, kidnapper Mélissa : c'était audacieux. Mais tu vois, dans ce jeu, l'audace a un prix.
—C'est toi qui prends tout ça pour un jeu parce qu'autrement, tu ne t'amuserais pas autant avec la vie d'un être humain comme tu l'as fait avec Yolande et tout le reste. Tu n'es qu'un véritable délinquant et en tant que tel, ta place est derrière les barreaux. Je peux t'assurer que tu vas y retourner. Il faut vraiment être totalement taré pour avoir des envies lubriques sur des personnes avec des retards mentaux ou des fous. On ne pouvait pas rester les bras croisés pendant que tu foutais la m*erde un peu partout.
—Et vous vous vous êtes pris pour des justiciers des temps modernes, hein ? je demande sarcastiquement. Mettre votre nez où vous n'avez pas été invités. Mais ne vous inquiétez pas, je vais remettre les pendules à l'heure.
—Si tu crois que tu peux nous intimider, tu te trompes.
La suffisance et l'impertinence qui transparaissent dans son ton m'horripilent au plus haut point.
—Ce n’est pas une intimidation, c’est une promesse, dis-je d'un ton calme, mais menaçant. Ceux qui se dressent contre moi finissent toujours par le regretter. Et vous, allez regretter d'avoir commencé quelque chose que vous ne serez pas en mesure d'arrêter. Préparez-vous !
—Ne t'inquiète pas, parce qu'en s'engageant dans tout ça, c'était en toute connaissance de cause. Nous savions parfaitement à quoi nous attendre avec une vermine de ton espèce.
Je me rends compte que cette image de moi que j'ai passé des années à bâtir et à polir a complètement éclaté. On me parle maintenant avec beaucoup de légèreté et d'impolitesse, que ça m'en donne de l'urticaire.
—Ah, c'est bien que vous soyez tous préparés, Hortense ! me moqué-je froidement. Tu viens de dire que je suis ta*ré, n'est-ce pas ? Je vais vous montrer à quel point je suis ta*ré ! Je vais m'occuper de chacun de vous, tous autant que vous êtes, et je ne vais pas m'arrêter là non ! En ma qualité de ta*ré, je dois faire plus pour que vous compreniez bien que vous vous êtes attaqué à la mauvaise personne. Richard et toi avez apparemment oublié que vous avez des enfants, des jumelles, n'est-ce pas ? Tout comme cet imb*écile de Vincent a oublié qu'il a son fils Toby.
—On va seulement te tuer une bonne fois si tu t'en approches ! Me menace-t-elle férocement. Tu...
—Je vais m'occuper de vos gosses, Hortense, ricané-je en lui coupant brusquement la parole. Tu n'imagines même pas le genre d'idées qui traversent mon cerveau de ta*ré pour vos enfants. Préviens bien tes complices de mer*de. Soit dit en passant, dis à ma tendre épouse que le jour où je vais remettre la main sur elle, les un an et demi qu'elle a passé chez moi ressembleront désormais à des vacances à Miami par rapport à ce que je lui réserve. Vous êtes prévenus !
Je ne lui laisse pas dire quoi que ce soit et je raccroche automatiquement. J'ai le sang en ébullition, j'ai hâte de les bouffer tout cru.
Quand j'arrive au bureau, je prends place sur mon fauteuil et envoie un texto à Sigma.
« Top départ, tu peux t'y mettre ! Je veux un boulot impeccable. Tiens-moi au courant. »
« Ça marche ! »
***
C'est l'heure de la pause, tout le monde est allé manger. Quant à moi, j'essaye de bosser, mais la fatigue me tiraille les nerfs. J'ai vraiment besoin de repos. Je suis assis sur mon fauteuil, les coudes posés sur le bureau. Je me masse les tempes, les yeux fermés. Puis je m'adosse quelques minutes avant de me plonger à nouveau dans mon boulot. Je me lève et me dirige vers mon étagère à documents. J'en pioche un et commence à le feuilleter.
Quand subitement, ma porte s'ouvre à la volée. Richard entre dans mon bureau l'air grave et Vincent entre juste après lui, les mains en poche. En deux temps, trois mouvements, Richard s'approche de moi et empoigne le col de ma chemise.
—Tu te prends même pour qui, toi?! hurle-t-il en m'assenant un coup de poing en plein visage. Je pense que c'est parce qu'on ne t'a pas correctement cassé la gueule dans ta vie que tu te permets autant de libertés.
Le coup est tellement inattendu que je tombe automatiquement à la renverse et m'écroule sur le canapé. Je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits que Richard se rue à nouveau sur moi. Avant ça, j'ai tout de même le temps d'apercevoir Vincent debout, prêt de la porte, les mains en poche, regardant la scène d'un air satisfait.
Ces deux imb*éciles ont décidé de se pointer à mon travail par surprise pour me flanquer une raclée. Des chiens comme ça !Je suis si fatigué ces temps-ci que je n'ai pas la possibilité de me défendre. Je ne peux qu'essayer de mettre mes bras devant mon visage pour me protéger, mais ça ne sert à rien, il enchaîne les coups de poing.
—Lâche...moi...pu... tain ! hurlé-je dans la douleur. Tu...tu...
—On t'a laissé beaucoup...trop de liberté! gronde-t-il en me brutalisant. Tu te prends même pour qui, Émile ?
—Tu vas me lâcher, oui ! Tu m'as... Aïe pété le nez !
—Que ce soit la première et la dernière fois que tu men*aces ma famille ! Mes enfants ne doivent jamais être mentionnés dans ta sale bouche de psy*chopathe!
Je sens un liquide chaud gicler de mes fosses nasales accompagné d'une forte douleur. Je saigne. Je n'arrive même plus à placer mes mains sur mon visage qui est désormais tuméfié. Je vois arriver un autre coup lorsque j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre à la volée.
—Mais...qu'est-ce qui se passe ici ? hurle ma secrétaire. Sécurité ! Sécurité !
Richard me lâche et recule. Le seul réflexe que j'ai sur le champ, c'est de placer ma main devant mon visage pour arrêter un temps, soit peu, le sang qui coule de mon nez.
—Comment osez-vous venir ici agr*esser monsieur Biyoghe ? Securitééé!
—Richard, je pense que ça suffit, dit Vincent. Allons-nous-en ! Il a eu la raclée qu'il méritait.
— Émile, la prochaine fois que tu parles de nos enfants, je te casse en deux ! me me*nace Richard. Psy*chopathe ou pas psy*chopathe !
Je n'arrive pas à en placer une, la douleur est tellement insupportable. Les gars de la sécurité arrivent et s'apprêtent à saisir mes agres*seurs.
—Pas la peine de nous toucher, dit Vincent. On est juste passé pour une visite de courtoisie qui s'imposait depuis un moment déjà. On s'en va !
Ils me toisent et quittent mon bureau.
—Monsieur, vous avez l'air amoché, dit ma secrétaire. Il faut qu'on vous emmène à l'hôpital.
Elle s'apprête à poser ses mains sur moi, mais je l'arrête.
—Ne me touchez pas ! Prenez mes clés de voiture et que l'un des gars m'emmène. Je ne peux pas conduire actuellement.
Je m'assois à l'arrière de mon véhicule et l'un des agents de sécurité passe derrière le volant. J'arrive à la clinique la plus proche où je suis pris en urgence. Environ une heure plus tard, je suis installé dans la salle de repos. Les saignements ont été arrêtés. J'attends l'ordonnance du médecin. La colère que je ressens n'a pas de nom, j'ai envie de tout briser sur mon passage. Ces deux im*béciles ne savent absolument pas ce que je leur réserve depuis quelques jours.
Je prends mon téléphone afin d'envoyer un texto à Philippe. J'ai tellement mal au nez au point de ne pas avoir envie de parler.
« Philippe, je veux que ça se fasse le plus tôt possible. Ils sont venus m'ag*resser à mon bureau. Tu sais ce que tu as à faire !»
Je n'ai plus la force de retourner bosser, donc je demande à ce qu'on me dépose chez moi. J'avale des cachets et m'allonge avec cette atroce douleur au nez. Ils ne paient vraiment rien pour attendre. J'ai donné le top départ à Sigma et à Philippe, ça va barder.
???? Hortense Ratanga????
Émile Biyoghe est vraiment la crapule qu'il pense être ! Hier matin, il a osé m'appeler pour me me*nacer et il n'en est pas resté là. Il a me*nacé de nous faire du mal à tous et spécialement à mes filles. Les personnes que j'aime, celles auxquelles je tiens. Je ne peux nier que j'ai tout de même peur de ce qu'il pourrait faire, parce qu’en tant que psy*chopathe, je sais très bien qu'il mettra ses me*naces à exécution. Mais ce n’est pas une raison pour se laisser faire. À la guerre comme à la guerre.
Un appel de Landry me sort de mes réflexions.
—Allô !
—Oui, Horty, comment ça se passe ?
—Bah, tout se passe comme prévu, je réplique en tapotant sur le clavier de l’ordi.
—Ah ouais ?
—Oui, ils sont allés à son cabinet comme prévu et ils ont fait tout comme prévu.
— Émile ne s’est rendu compte de rien ?
—Non, il ne s’est apparemment rendu compte de rien, dis-je. Il a cru que c’était juste une petite visite pour lui casser la gueule pour ce qu’il a dit sur les gosses.
—Et de ton côté, tu as pu faire ce que tu avais prévu ?
—Dès qu’ils sont arrivés au cabinet d’Émile, ils m’ont envoyé un texto pour me demander de me tenir prête. C’est ce que j’ai fait. Donc, là, je suis en train de travailler dessus. Je prépare le fichier automatique et il sera prêt à l’emploi au moment opportun.
—Parfait !
—Et de votre côté ?
—Bah, ça se passe bien, me répond-il. Yolande et Melissa sont installées dans la nouvelle maison.
—Et est-ce que c’est sûr que vous n’avez pas été suivis lorsque vous quittiez l’ancienne maison ? On sait qu’à l’heure actuelle, ce Sigma doit lui avoir tout dit, sinon autrement, il ne m’aurait pas appelé pour me me*nacer.
—Bon, comme c’était prévu, on a déménagé de nuit et on a pris le max de précautions pour ne pas être suivi. Toutefois, le risque zéro n’existe pas. Il peut très bien savoir où se trouve la nouvelle maison dans laquelle on a installé Yolande et Mel. On ne peut être sûr de rien. L’essentiel, c'est que le reste du plan se passe comme prévu.
—Oui, j’y travaille ! Et sinon, Yolande est dans quel état d’esprit ?
—Elle a peur et à juste raison. Tant que ce chien ne sera pas hors d’état de nuire, elle n’aura pas le cœur en paix.
—C'est compréhensible. Mais bon, ça ira.
—Mais bon, pour la baston que Richard et Vincent sont allés lui administrer à son cabinet, vous imaginez bien qu'il va y avoir des représailles lourdes, n'est-ce pas ?
—Oui bien évidemment, qu'on le sait, je réplique. À l'heure actuelle, il doit déjà avoir mis sa contre-attaque de feu en marche, mais dans tout ça, on doit rester concentré. Focus sur ce qu'on a prévu. Tant qu'il n'y a pas mort d'homme, on avance.
—Ok! Bon je te laisse ! Je vais rejoindre Yolande et la petite.
—Justement en parlant de Yolande, je voulais te demander: elle te plaît n'est ce pas ?
—Ekiee! s'exclame-t-il. Où es tu allée chercher ça ?
—Landry arrête ça, je te connais tellement bien. Ça se lit dans tes yeux et même dans ton langage corporel. Il y a tellement de douceur en toi quand tu lui parles.
—Hummm. Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, ricane t-il. J'ai toujours beaucoup de douceur en moi, en tout temps et en tout lieu. Donc euh...
Je rigole.
—On ne va pas entrer dans un débat stérile à l'heure actuelle, me moqué-je en bousculant la tête. Je te regarde seulement.
—Hum... c'est mieux ! Mais au fait, c'est bientôt la rentrée. Les petites rentrent quand ?
—Vu la situation actuelle, Richard préfèrent qu'elles restent davantage chez leur grand mère. Même si elles reprennent les cours en retard ce n'est pas un problème. Je ne veux pas risquer que mes enfants mettent les pieds au Gabon pour se retrouver kidnappés par l'autre psy*chopathe du dimanche là.
—Ouais c'est mieux ainsi. Ne tentons pas le diable.
—Clairement ! acquiescé-je. Ne lui donnons pas le bâton pour nous faire battre. Bon il faut que je te laisse. Je dois terminer de rassembler tous les éléments pour que le fichier soit opérationnel au moment venu. Quand j’aurai fini, j’irai au boulot. Beaucoup trop de dossiers en suspens que je n’ai pas pu terminer ces temps ci à cause de Biyoghe.
—Bientôt on pourra souffler, t’inquiètes. Moi-même je dois me rendre au boulot, tout à l’heure. On se parle plus tard. Prends soin de toi, bisous.
—Bisous à toi !
Je raccroche et me reconcentre sur ce que j'ai à faire. Environ une heure plus tard, je termine ma tache et quitte le cybercafé de mon quartier. Le propriétaire est un très bon ami à moi. J’ai pris le temps de lui laisser quelques consignes sans lui donner trop de détails. Je me rends ensuite à mon lieu de travail. J’assiste à une réunion et me replonge ensuite dans mon boulot. Je ne vais même pas en pause tellement je suis occupée et, à vrai dire, je n’ai pas réellement faim.
À 18 h, je rentre à la maison. Je n’ai pas la force de cuisiner, donc je commande divers plats qui me sont livrés une heure plus tard. Après une douche rapide, je dresse la table et attends patiemment le retour de mon mari. Il débarque et après qu’il ait pris sa douche, on passe à table.
—J’aurais aimé être une petite souris pour te voir casser la gueule de ce sa*lopard !
—Et tu n’imagines pas combien de fois, c'était jouissif de le faire, rigole Richard.
—J’imagine ! Et sinon, tu es sûr qu’il n’a pas pu voir Vincent au moment où il…
Un coup frappé à la porte nous interrompt. Nous répondons et notre gardien entre dans le salon, suivi de trois agents en tenue. Richard et moi, nous nous regardons.
—Bonsoir messieurs, en quoi pouvons-nous vous aider ?
—Richard et Hortense Ratanga ?
—C’est exact, répond Richard. Il y a un souci ?
—Veuillez nous suivre au poste, nous devons vous soumettre à un interrogatoire.
—Un interrogatoire ? je demande en déposant mon verre. Pour quelles raisons doit-on être interrogé ? De quoi sommes-nous soupçonnés ?
—Vous le découvrirez une fois au poste de police, réplique l’un des agents. Mais pour l’instant, n’émettez aucune résistance. Suivez-nous tranquillement.
—Mais pourquoi nous…
—T’inquiètes, chérie, me coupe Richard en posant une main sur ma cuisse. On va suivre les agents.
Je le regarde et l’incompréhension qui voulait éveiller une colère en moi s’en va d’un coup. Au fond, on s’attendait bien à un coup du genre venant du Prince des Ténèbres, comme dit Landry. Nous nous levons.
—Nous allons vous suivre, dit Richard. Pouvons-nous au moins porter des vêtements convenables ?
—Non, vous nous suivez tels que vous êtes vêtus.
—Moi encore, ça peut aller, renchérit Richard. Mais mon épouse ne peut pas sortir d’ici habillée de la sorte, s’il vous plait.
Les yeux des agents descendent sur la nuisette que je porte qui est non seulement ultracourte, mais aussi transparente. Les agents se regardent et l’un prend la parole d’un air agacé :
—Vous avez une minute pour vous changer, madame, déclare-t-il sèchement. Après ça, on vous emmène au poste même si vous n’avez absolument rien sur le corps.
Je ne me le fais pas dire deux fois et file dans la chambre où j’enfile rapidement une robe en pagne. Je prends rapidement mon téléphone qui est en charge sur la commode et envoie un texto rapide à Vincent.
« Des agents nous emmènent au poste. »
Je redescends et on nous embarque dans le véhicule. Quand on arrive au poste, on nous installe dans une salle. Quelques minutes plus tard, un homme entre dans la salle.
—Qui êtes-vous ? lui demande l’agent qui nous surveille avant le fameux interrogatoire.
—Je suis maître Ondo, répond l’homme. Leur avocat. Je peux savoir de quoi sont accusés mes clients ou plutôt de quoi sont-ils suspectés ?
Il a été envoyé par Vincent.
—Pour blanchiment d’argent, répond un homme qui entre dans la salle et que je suppose être un inspecteur.
Richard et moi, on se regarde.
Blanchiment d’argent !
—Sur quoi vous basez-vous pour porter de telles accusations contre mes clients ?
—Sur une tonne de preuves !
Il dépose des dossiers sur la table devant nous et s’ensuit toute une série de questions qui n’ont ni queues ni têtes. On ne nous laisse même pas parler, l’inspecteur prend des conclusions hâtives pendant qu’un autre agent prend des notes. On comprend très bien que le plan de l’autre s*alopard d’Émile est de nous coller n’importe quelle histoire sur le dos juste pour pouvoir nous faire arrêter. Et dès que ce sera fait, une fois en prison, il pourra soudoyer des juges et des magistrats pour qu’on écope des années de prison. Il a vraiment décidé de fout*re le b*ordel dans nos vies.
Au bout de deux heures dans un interrogatoire bidon et clairement truqué, nous sommes conduits dans une des cellules du poste en attendant soit-disant qu'une perquisition soit organisée à notre domicile et pour que le Procureur se prononce sur notre cas.
On reste assis, toute la nuit, sur un banc. Impossible de trouver le sommeil. Dans la matinée, Vincent passe nous voir et on lui permet de parler avec nous pendant quelques minutes grâce à son collègue avocat qu'il nous a envoyé.
—J'espère qu'on ne vous a pas touché.
—Non, ils ne nous ont rien fait, réplique Richard. Bon, détournement de fonds?! Sérieux ?
—Actuellement, il est prêt à inventer tout et n'importe quoi pour nous faire payer à tous d'avoir comploté contre lui. Il vous a monté toute une histoire à dormir debout pour que vous soyez enfermés parce qu'il a la possibilité de soudoyer la justice.
—Et il ne pouvait pas trouver autre chose que le détournement de fonds ? je demande en bousculant la tête.
—Franchement, venant de lui, je m'attendais même à pire, dit Vincent. Vous encore, il a tripatouillé une histoire de détournement de fonds et comme il est maudit, moi, il peut me doser un meurtre. Pff! Par contre, il est tellement pressé et désespéré pour nous faire payer que même ce qu'il monte de toute pièce n'est pas bien fait. Mon collègue que je vous ai envoyé hier m'a dit qu'il a lu le dossier et que franchement, même un avocat qui vient à peine d'entrer au barreau peut démonter le fameux dossier en deux temps trois mouvements tellement il est truffé d'incohérences en matière de procédure. Ça doit être le travail de Philippe, ce chacal.
—Il ne va certainement pas s'arrêter là, dit Richard. Il faut juste que ça avance de notre côté comme convenu.
—Moi, j'espère seulement que ça va marcher avant qu'il ne réussisse totalement à nous emmerder, dis-je. Je commence à en avoir marre de lui.
—En tout cas, même si vous êtes ici, je continue à bosser de l'extérieur. L'avocat que je vous ai envoyé va faire de son mieux pour éviter qu'on ne vous transfère pour qu'on puisse gagner du temps.
Je me passe une main sur le visage. Je ne regrette pas de m'être impliquée pour aider des filles qui ne sont pas de ma famille. Je ne pouvais pas rester les yeux fermés devant les exactions de Biyoghe. Mais j'espère que je ne vais pas y laisser trop de plumes.