Chapitre 7

Ecrit par Olys_ Soul


 

Une  heure plus tard j’étais à la maison.  J’ai traîné des pieds en rentrant. Je ne parvenais pas à faire face et certainement pas à réfléchir à ce qui s’était passé. Revoir Gab était invraisemblable. Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd’hui ? Et surtout pourquoi je lui ai donné mon numéro ? Cela m’avait semblé si naturel de le faire sur le moment cependant en chemin j’étais tiraillée entre le bonheur, l’excitation de l’avoir revu après tout ce temps mais je ne sais pas pourquoi j’avais le cœur lourd. Notre conversation a pourtant été assez brève.

Gabriel Alexander Louissaint. Cela faisait tellement longtemps mais le revoir m’avait chamboulé. Malgré tout l’effort que je pouvais produire je finissais toujours par me retrouver sans filtre en sa présence. Il était vrai. Il était ce genre de personnes qui semblaient vivre dans un monde où il n’y a avait pas une once de doute ou d’incertitude.  Ces personnes qui malgré leur jeunesse paraissaient avoir saisi la quintessence de la vie.

Il était encore plus beau que dans mes souvenirs. On s’était séparé il y a cinq ans. Quand j’ai rompu je lui ai dit que c’était parce que je n’étais pas amoureuse mais… la vérité est que je l’aimais trop. Ce n’était pas possible, j’aurais été incapable de me donner complètement à mes études, de donner toute l’énergie qu’aurait demandée l’atteinte de mes objectifs.

Un autre de ces beaux mensonges que je me racontais pour ne pas affronter la vérité. Une vérité encrée en moi.

 

J’avais peur et j’ai choisi la facilité. J’ai fui. Bien que cela m’ait déchiré le cœur je le quittai en me persuadant que c’était mon devoir.

D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été indépendante. Et les fois où je ne parvenais pas à mes fins toute seule cela s’apparentait à de l’échec pour moi. Cela doit être dû à l’abandon de mon père.  J’avais à peine quatre ans quand il est parti. Mon grand-père, ce héro est celui qui avait su penser mon cœur de petite fille abandonnée. Parce que peu m’importait les raisons de mon père l’enfant que j’étais a perçu son départ comme tel.

Quant à la jeune femme que j’étais devenue, Alex était son rempart. Le voir, lui caresser le visage, son rire faisaient son bonheur.

 Savoir que quelqu’un avait autant d’emprise sur moi, que ma faiblesse pouvait être aussi  grande, pour la fille trop fière que j’étais  c’était trop.

Depuis il n’y a eu personne. A part bien sur cette lubie que j ‘avais pour le neveu du pasteur.

 

La première fois que je l’ai rencontré, J’étais en retard pour mon cours de « Introduction au droit » et je priais le ciel que mon professeur ne perde surtout pas sa bonne vieille habitude d’être en retard. Il portait un t-shirt de couleur noire à manches longues qu’il avait retroussés, un jeans bleu, des baskets et une casquette qui lui allaient tellement bien de la même couleur que son t-shirt.  Je voulus me persuader qu’il n’était qu’un mirage dans un moment pas très important de ma vie. Arriver à la maison  impossible de le sortir de la tête. Cette voix n’arrêtait pas de me chuchoter l’oreille «  ce qu’il est beau ». J’étais bien d’accord mais je ne devais pas me disperser.

 

Lorsque j’avais senti cette main sur mon épaule jamais je n’aurais pensé que c’était lui.

 

IL était large d’épaule, grand et n’avais rien perdu de son charme. Je l’ai connu mince mais il avait pris des muscles et ce n’était pas pour me déplaire, cela lui allait comme un gant. Il avait le teint clair, des yeux marron dans lesquels il m’arrivait de me perdre. Mais j’avoue que ce que je préférerais de sa physionomie outre sa taille c’était l’épaisseur de ces sourcils noirs et le rosé de ses lèvres. Il disait ne pas n’aimer son nez un peu trop fin à son goût. Bien que je le soupçonnais de jouer à l’intéressant lorsqu’il le disait, j’ai toujours trouvé que cela apportait de la douceur à son visage. Il y avait quelque chose de rassurant dans sa démarche.

 

_ Gia

C’était une voix rauque. Je le reconnu presqu’immédiatement.

_Gab ! Répondis-je toute tremblante.

Il me serra dans ses bras sans que j’aie le temps d’aligner une phrase.

_ Tu es superbe.

Je  baissai les yeux et le remercia. Il me regarda avec tendresse tandis que je fondais à l’intérieur.

_ Tu vas bien ? me demanda-t-il. Qu’est-ce que tu deviens ?

_ Et bien j’ai terminé le droit et viens d’être embauché chez Tanis et Ass. Et …

_ Je suis content de te voir.

_ C’est réciproque.

_ Ecoute j’ai un rendez-vous dans une dizaine  minutes au Marriott mais je peux te déposer avant si tu veux.

_ Mais non, ne t’inquiète pas pour moi. Je ne veux surtout pas te mettre en retard.

_ J’en ferais d’avantage si cela me permettait de te voler ne serait-ce qu’un court instant.

_ Tu n’as pas changé.

_Je sais encore ce que je veux si c’est que tu veux dire.

Il a toujours été entreprenant et sûr de lui. C’en était presque agaçant.

_ Je ne rentrerai pas dans ce jeu-là avec toi Gab.

_ Je t’ai connu plus brave

_ Les gens changent avec l’âge.

_ Pas moi.

Il n’arrêtait pas de me fixer comme s’il voulait sonder mon âme  et s’assurer que je sache encore lire  entre les lignes. Mais à mesure qu’il me fixait à mesure que grandissait la cacophonie de sentiments qui se fondait en moi. « Dieu ce que j’ai pu l’aimer ».

_ Gia, je peux avoir droit à une faveur ?

_ Dis toujours.

_Pas sans assurance de l’obtenir.

_ Ce serait trop facile, tu ne crois pas ? Je t’ai connu plus brave.

Il se pinça la lèvre inférieur d’un air effronté.

_ J’aimerais avoir ton numéro.

_Ton téléphone.

Il me le tendit et j’y enregistrai mon numéro. Je ne saurais l’expliquer mais je ne voulais pas             tergiverser, en moi ne se trouvait aucune résistance  à sa demande.

_ Satisfait ?

_ Je t’appellerai pour te le dire.

On se fit la bise, il insista de nouveau pour me raccompagner. Je fini par le convaincre que ce n’était vraiment pas nécessaire. « Je voulais prendre l’air » lui ai-je dit.

Après cette rencontre j’avais vraiment besoin d’air frais pour mettre de l’ordre dans mes idées.

 

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