Chapitre 7

Ecrit par Annabelle Sara

   

Quatre jours après son retour de Los Angeles, Victoire retrouvait le calme de sa maison à Odza. Cette maison trop grande pour elle toute seule, elle avait secrètement espéré que sa sœur et sa nièce viendraient s’installer avec elle. Mais juste après son retour, Ange lui avait confié que Stéphane Medou lui avait proposé de travailler avec lui en contrepartie de sa maison.

 En voyant que sa sœur avait un air radieux, elle soupçonna autre chose, ce que sa sœur confirma sans se faire prier.

Ils s’étaient embrassés et d’après ce que sa sœur lui avait dit, c’était un baiser passionné. L’envie subite de vomir qui traversa le mannequin fut la conséquence de toutes les choses qu’elle s’était imaginée en train de faire  avec cet homme qui ne quittait plus ses pensées et qui peuplait ses nuits, quoiqu’elle fasse, il ne lui sortait pas de la tête.

Il fallait définitivement qu’elle oubli cet homme. Elle avait donc décidé de s’éloigner en laissant Ange qui semblait enfin se retrouver et retourner chez elle pour pouvoir s’isoler un peu pour penser à autre chose, elle devait bien avoir des choses importantes à gérer entre ses actions caritatives et les autres projets qu’elle fait dans le pays.

Mais rien ! Même les bavardages de son assistante n’y faisaient rien !

Après deux nuits passé ici à imaginer Stéphane et Ange elle avait eu besoin de prendre de l’air. Alors elle décida de faire un tour au marché des fruits en ville pour se ravitailler.

Alors qu’elle faisait la conversation à un vendeur  d’ananas qui certifiait ses fruits étant de Bafia, elle le vit et faillit défaillir.

Il était là, dans un short kaki avec des sandales de la même couleur et un t-shirt de couleur blanche.

Il était sexy !

La raison de sa présence dans ce marché était là, comme par magie ils se trouvaient tous les deux au même endroit.

Heureusement ils n’étaient pas seuls, Stéphane était accompagné par une version blonde et masculine de Cassie, elle le reconnut tout de suite, c’était le frère jumeau de  son amie, il y’avait aussi un autre homme et une copie féminine plus jeune de celui-ci !

Ils semblaient à la recherche de quelque chose et la plus jeune semblait contrariée, le petit clan s’approchait dangereusement d’elle et le premier  réflexe de la jeune femme fut de détourner le regard pour ne pas se faire remarquer par Stéphane.

Trop tard, dans la brusquerie de son geste, il l’avait effectivement aperçu.

  « Mlle Esso’o ? », entendit-elle alors qu’elle s’apprêtait à mordre dans une tranche d’ananas.

Elle se retourna pour leur faire face.

  « Mr Medou, quelle surprise ! », s’exclama-t-elle en éloignant le fruit de ses lèvres. « Vous ici ? »

  « Je suis plutôt celui qui est étonné de vous voir dans un marché ! »

Elle tiqua face à cette provocation ouverte.

  « Je vous rappel que je suis une femme et une de nos fonctions à la sortie de l’usine… c’est de courir dans les marchés ! », déclara-t-elle. 

  « Je me disais juste qu’avec le nombre de badauds vous préfèreriez ne pas vous faire envahir… »

  « Il se trouve qu’il n’y a rien d’exceptionnel pour eux dans le fait de me voir, puisque je suis ici tout le temps ! Mais je crois que cela dépasse complètement un fils de… barrière ! »

Des rires se firent entendre autour d’eux, et le reste de la troupe de Stéphane sentant la tension grimper à cette allusion du mannequin, réagirent, Patricia la première :

  « Effectivement ce n’est pas dans ses prédispositions, tout comme faire les courses d’ailleurs ! Voilà déjà une heure que nous parcourons la ville à la recherche de fraises… Sans succès ! », déclara la plus jeune du groupe visiblement épuisée par cette sortie.

Victoire éclata de rire.

  « Je crois que vous n’êtes pas du bon coté de la planète pour chercher les fraises… », affirma-t-elle pour répondre à l’adolescente.

  « Ça je le disais bien mais bien-sûr  mademoiselle voulait à tout prix une tarte aux fraises pour l’anniversaire de son amie… », commença l’homme qui lui ressemblait.

  « Judith adore les fraises, je me fiche que nous soyons en Afrique ou dans l’Amazonie, vous irez les chercher en avion s’il le faut! »

Victoire éclata encore plus de rire.

  « Bon… Il est frais que ce n’est pas un fruit équatorial mais je connais quelqu’un qui en produit ! », lança Victoire. «  Je peux vous indiquer… »

  « Ah non ! Si vous connaissez où c’est il vaut mieux que vous nous accompagniez sinon vous aussi serez coupable de ma mort…je n’en peux plus ! »

La jeune fille leva des yeux, implorant le mannequin, elle ne voulait pas décevoir cette jeune fille mais elle n’y pouvait rien.

  « Je suis vraiment désolée… »

  « Ecoutez Victoire, je suis Ronald le frère de l’autre là ! », fit-t-il en jetant un coup d’œil à son frère. « Dans cette histoire contrairement à Patricia je n’y suis pour rien du tout, je suis une pauvre victime qui a dû suivre ces bonshommes sous la menace ! Mais je vous en supplie ne nous laissez pas entre leur mains nous risquons nos vies... »

Elle sourit en reconnaissant là l’humour de Cassie, ils étaient vraiment jumeaux.

  « C’est vrai mais… »

  « Allons Victoire vous n’allez tout de même pas vous faire prier ! », intervint Stéphane en continuant à la provoquer. 

Elle décida de ne pas faire attention et de tourner la tête vers le père de l’adolescente.

  « Le seul problème est que généralement je viens en aide aux gens que je connais… »

  « Oh, pardon ! », fit-t-il en lui tendant la main. « Pierre et ma fille Patricia. Ronald… Et lui je crois que vous le connaissez ? », ajouta-t-il en désignant Medou.

  « Victoire Esso’o et je me ferais un plaisir de vous accompagner jusque chez Mama Marguerite ! », dit-elle en payant le vendeur qui attendait toujours, un peu amusé par cette scène. Vous avez une voiture ?

    «  Oui nous avons prit la mienne ! », répondit Stéphane avec un sourire en coin.

    « Ok alors, vous allez me donner une minute je vais payer mon taxi et nous allons prendre votre voiture », dit-elle en allant régler la course du chauffeur de taxi.

La petite troupe se dirigea vers la voiture de Stéphane. Pendant que Victoria parlait de fruit avec Ronald et Patricia, les hommes restaient à l’arrière et les suivaient dans un calme plat. Calme que Victoire même en pleine discussion avec le frère de Cassie et la fille de Pierre ne supportait pas, elle avait le sentiment que deux paires d’yeux étaient braquées sur elle et le fait que celle de Stéphane Medou en faisait partie, la mettait mal à l’aise.

Heureusement ils sont vite arrivés à la Rover de Stéphane, ce fut comme une évidence les trois compagnons de l’homme d’affaire prirent place à l’arrière laissant à la jeune femme le siège passager avant.

Elle s’assit et boucla sa ceinture.

   « Alors où allons nous ? »

   « Minka’an ! », murmura Victoire bouleversée par la proximité de Stéphane Medou.

Le trajet fut moins pénible que ce qu’elle avait imaginé. Grâce aux trois derrière, elle n’avait pas vraiment été gênée par le fait de partager la cabine de cette voiture super luxueuse avec son fantasme humain.

Elle lui indiqua le chemin vers la maison de la seule femme à sa connaissance qui faisait pousser des fruits occidentaux dans la cour arrière de sa maison.

En entrainant sa petite troupe chez Mama Marguerite, Victoire se disait elle allait juste les introduire et s’en aller.

  « Victoire ! », s’écria la vielle dame en la voyant arrivé. « Ma fille, tu ne m’as donc pas oublié ? »

  « Tu sais très bien que je ne pourrais jamais faire une chose pareil Ma’a Maggy, Comment tu vas ? », répondit la jeune femme en faisant une bise à la femme rondelette qui venait de lui ouvrir la porte. «  Mais aujourd’hui je t’amène de la clientèle, cette jeune demoiselle et ses messieurs veulent des fraises pour faire une tarte… je vais donc les laisser entre tes mains… »

Elle n’eut pas le temps de se retourner que la vielle lui tendit un piège dans lequel elle tomba sans réfléchir.

   « Tu ne pourras pas donc gouter à mes cerises alors… »

  « Hein ? Où sont-elles ! », s’écria-t-elle en fonçant dans la maison de la dame accompagnée par les rire de ses compagnons.

 

Le jardin de Ma’a Maggy comme l’appelait Victoire, n’avait rien à voir avec les jardins ordinaires africains. Il avait des fruits partout mais aucun qui étaient vraiment de la région et s’était impressionnant comme ils étaient de bonne qualité, pensa Stéphane.

Pendant que Pierre et sa fille choisissait leurs fraises, Victoire se délectait de cerise. Stéphane l’observait pendant qu’elle mangeait avec gourmandise chacune des petites boule rouge qu’elle attrapait dans ses main.

  « Vicky, à votre avis on prend lesquelles, grosses ou petites ? », demanda Patricia en attirant l’attention du mannequin qui laissa Ron avec les fraises.

  « Les petites… elles ne perdent pas leur jus en sortant du four… elles sont même encore meilleures si elles sont cuites dans une casserole avant... »

Elle mordit dans une des fraise et Stéphane reçu une décharge en voyant ces lèvres envelopper aussi délicatement ce minuscule fruit rouge, une bouffée de chaleur traversa tout son corps. Il se contint avec beaucoup de difficulté.

Victoire avala le fruit, inconsciente de la réaction qu’elle provoquait chez Medou. Elle se tourna vivement vers la vielle dame avec une expression de complète satisfaction dans les yeux.

  « Cette fois tu t’es surpassée, elles transpirent l’amour que tu leur as donné ! »

Stéphane fut surprit par la déclaration de Victoire, celle-ci ne fit qu’attiser son désir pour cette femme, il voulait la prendre là au milieu de la terre, les arbres fruitiers. Il aurait tout donné pour voir cette sublimation dans ses yeux au moment crucial de l’amour.

  « Pierre prenez celles-ci autant que vous pouvez c’est un vrai régale pour le palais ! Et si vous revenez demain je doute que vous puissiez en trouver ! »

Elle ne savait pas si bien le dire, pensa Stéphane qui s’écarta pour laisser passer son frère qui répondait à son téléphone, pendant que Victoire se dirigeait vers les cerises qu’elle avait abandonné une minute plus tôt. Il ne tenait plus en place, il décida de s’approcher.

  « Je vois que vous aimez beaucoup les fruits ! », déclara-t-il sans savoir ce qu’il pouvait utiliser pour entamer une conversation.

  « Normale, ils sont sucrés… Et c’est un plaisir sain ! Pour le corps et l’esprit ! »

Il sourit à cette remarque et pensa qu’elle perdrait  surement de son assurance s’il la provoquait un peu. Il prit une fraise dans ses mains le plus délicatement possible et la mordit avec démesure sachant qu’elle le regardait du coin de l’œil  il mâcha doucement et avala sa bouchée en la savourant.

  « Certes elles sont juteuses et très sucrées… Mais je doute qu’elles soient la source de plaisir sain pour le corps et l’esprit… », murmura-t-il, la laissant sans voix. « D’ailleurs je crois que vous le savez mieux que vous ne voulez l’avouer ! »

Il se fraya un chemin derrière elle, sans le faire exprès son bas-ventre se frotta légèrement aux fesses de la jeune femme. La réaction de cette dernière le fit sourire, il n’y avait aucune raison pour qu’il soit le seul à souffrir. Vu comment elle retenait son souffle à chaque fois qu’il s’approchait d’elle, il savait à présent qu’elle le désirait. Il avait pris plaisir à le lire dans ses yeux.

Il s’arrêta devant les fruits de la passion et attira l’attention de la jardinière pour savoir s’il pouvait y gouter, il aperçut le regard que Victoire posa sur lui juste avant de détourner les yeux en se rendant compte qu’il l’avait vu.

Victoire ne pouvait pas être timide, il ne s’attendait pas à cela de la part d’une femme qui avait une grande connaissance des hommes ! Alors pourquoi réagissait-elle de la sorte, il avait le sentiment d’être le premier à la faire réagir ainsi. Et c’était d’autant plus excitant que de la voir déguster tous ces fruits.

Ronald revint et se dirigea vers la jeune femme. Son frère serait-il réellement sous son charme ? Cela ne lui plaisait qu’à moitié !

  « J’ai eu Cassie au téléphone… », commença ce dernier. « Elle dit qu’elle a réservé une table au «Wenge » à Bastos pour déjeuner et elle m’a chargé de vous dire de convaincre Vicky de se joindre à nous ! »

  « Bien-sûr qu’elle va se joindre à nous, hein Vicky ! », lança Patricia qui semblait très heureuse de cette nouvelle. « Hein papa elle vient avec nous ? »

  « Si elle est d’accord, chérie on ne va tout de même pas la trainer de force ! »

Elle leva alors les yeux sur lui, Stéphane comprit qu’elle essayait de trouver en lui une raison pour refuser l’offre de sa sœur. Peut être à cause de ce qui venait de se passer et de la tension qui régnait entre eux, elle ne voulait pas rester une seule seconde en sa compagnie. Mais il n’allait pas la laisser s’échapper aussi facilement.

  « Je suis sûr que Cassie sera très heureuse de vous voir, après votre voyage elle ne parle que de vous ! », susurra-t-il sans la quitter des yeux.

   « Je confirme ! », s’écria Ronald.

  « Okay vous m’avez eu avec « Le Wenge »… Et puis ma petite Cassie m’a beaucoup manqué, j’aimerais beaucoup la voir ! », déclara-t-elle tout sourire.

   

Victoire ne comprenait pas pourquoi elle avait accepté de suivre le clan Medou, elle avait quitté sa maison pour faire le tri dans ses pensées, pour oublier Stéphane Medou et son emprise sur ses sens. Et maintenant elle devait partager le même repas que lui, assise face à lui.

Chaque fois qu’elle levait la tête elle croisait son regard brulant. Ce regard qu’elle s’efforce d’éviter depuis au moins une heure. Elle priait qu’il ne s’en aperçoive pas, que personne ne le remarque d’ailleurs.

  « Victoire, j’ai raconté à mon frère comment nous nous sommes amusées toutes les deux à Los Angeles dernièrement… »

  « Comme si deux femmes seules peuvent manquer de divertissement dans une ville comme L.A ! », déclara Ronald en lançant un regard en biais à Stéphane.

  « En effet nous n’avons pas manqué d’activités intéressantes à faire, mais si je comprends ce regard en coin vous pensez que nous n’étions pas toutes seules ? », s’étonna Victoire.

  « Ils ont passé le temps à me charrier sur le nombre de conquêtes que nous avons eu pendant ce bref séjour ! »

  « Pourquoi les garçons pensent qu’on ne peut pas s’amuser sans eux ? », interrogea Patricia. « A l’école ils sont toujours en train de nous courir après et des qu’on les invite ils jouent au plus malin comme s’ils sont indispensables ! »

  « Pour toi en tout cas ils ne le sont pas, suis-je assez clair ! », déclara Pierre à l’adresse de sa fille.

  « En fait Victoire, vous voulez me faire croire que vous êtes une femme libre ? », lui demanda Ronald en la regardant droit dans les yeux. «  Parce que si c’est le cas je serais partant pour être votre chevalier servant ! »

Victoire éclata de rire.

  « Je serais très ravie mais en ce moment je ne vous conseillerais pas d’être vue en ma compagnie ! Vous serez envahi par une horde de paparazzi qui veulent savoir qui est le prochain sur ma liste de conquête après la belle inconnue de Los Angeles. »

  « Attends, une minute ils ont fait un papier sur nous ? », s’enquit Cassie, émerveillée que les paparazzis aient écrits sur elle.

Victoire hocha la tête.

  « Ouais !  Nous faisons le buzz…»

  « De la mauvaise publicité ! », lança Stéphane à sa sœur. « Tu as demandé, tu es servie ! »

Un murmure traversa la table, Victoire sentit que son cœur avait fait un raté en entendant ces paroles sortir de la bouche de cet homme. Pourquoi ce qu’il pensait d’elle l’atteignait ? Elle qui ne donnait aucune importance à ce que disent ou pensent les gens, pourquoi est-ce différent avec lui ?

  « Ne t’inquiètes pas pour moi Steph ce n’est pas aussi grave que ce qui m’attend dans quelques mois… Et les paparazzis de L.A n’ont pas trop d’influence ici ! », déclara Cassie pour remettre une bonne l’ambiance.

Elle fut aidée par le serveur qui vint prendre leur commande.

Ils commandèrent tour à tour et lorsque vint celui de Victoire tout le monde posa le regard sur elle, elle ne se rendit compte qu’après avoir passée sa commande, surprise elle s’étonna d’avoir tous les regards figés sur elle, seule Cassie paraissait amusée.

  « Quoi ? J’ai encore fait une bêtise ? », demanda-t-elle à Ronald.

  « Une salade poivron saucisson, des côtelettes de porc braisées avec des frites de  pomme de terre, et un gâteau au chocolat napée de sauce vanille ? », lui répondit-il en la regardant complètement ébahit.

   « Ils ont les meilleurs grillades de la ville ce serait un sacrilège de ne pas y gouter ! », fit-elle en souriant à toute la tablée en oubliant que Stéphane s’y trouvait.

  « Tu n’as pas peur de prendre du poids avec tout ça… étant donné ton boulot ? », s’enquit Patricia intriguée.                 

  « Je fais des exercices physiques au moins 20 heures par semaine et mon métabolisme s’occupe du reste ! Si j’avais dû changer ma façon de manger je ne serais pas un mannequin… et puis je charge mon repas de la sorte une fois par semaine maxi. »

  « Je n’y crois pas, Ingrid elle, aurait commandée une salade au citron et une solution minceur en guise de sauce vinaigrette ! », murmura Patricia en direction du mannequin.

  « Patricia ! », fit son  père en la rappelant à l’ordre. « Vous êtes une gourmande nous avons eu le loisir de le découvrir, dites nous autre chose sur vous qu’on ne connaît pas. »

Victoire soupira.

  « A part ce que la presse dit de moi que puis-je bien vous dire sur moi ? Je suis une orpheline de mère, qui a eu la chance de percer dans le monde de la mode, qui depuis très longtemps cherche à fonder une famille et qui a lamentablement échouée… 4 fois ! Je milite pour la cause de la femme. »

  « J’ai entendu parler d’un centre pour femmes battues et pour orphelin ! », lança Stéphane.

Victoire fut étonnée qu’il s’intéresse à ce qu’elle faisait au point d’aller se renseigner.

Il essaie juste de s’assurer que sa sœur est en bonne compagnie avec toi, pensa-t-elle intérieurement. N’y vois aucun intérêt quelconque.

  « Oui en effet, je parraine une bonne dizaine de ce genre de centre sur le triangle national ! », déclara-t-elle en levant les yeux sur lui pour ne pas paraitre prétentieuse.

  « Notre compagnie avait des ambitions sociales peut être ferons nous appel à vos services ! » 

  « C’est une très bonne idée ! », ajouta Pierre. « Vous serez un très beau visage pour ces actions, qu’est-ce que vous en dites ? »

  « Je pense que pour le moment il vaudrait mieux s’occuper de nos assiettes si vous voulez nous en reparlerons plus tard dans un cadre un peu plus stricte. », déclara-t-elle en désignant les plats qu’on leur apportait.

   

Une gourmande voilà, comment on pouvait décrire, ce mannequin. Ce qui n’était pas chose courante dans ce milieu, Stéphane avait eu l’habitude de voir Ingrid picorer dans ses assiettes, généralement cela ne l’a jamais vraiment émoustillé. Mais, regarder Victoire Esso’o manger avec autant d’appétit lui donnait envie de rester là durant des heures et la regarder.

Stéphane était surprit par l’attention et l’écoute de la jeune femme. Il l’observait pendant qu’elle écoutait Patricia raconter ses aventures avec son amie Judith.

Elle, savait écouter les autres et ne parlait pas beaucoup d’elle-même l’auto-description qu’elle avait faite le prouvait.

Soudain, Stéphane eu une réaction qu’il n’aurait jamais eu normalement dans une situation pareil, sauf si la personne concernée était un de ses proches.

Un bout de gâteau s’était coincé à la commissure des lèvres du mannequin et aussi instinctivement  que s’il s’agissait de sa copine, il le lui enleva avec un bout de son mouchoir. Victoire sursauta d’abord surprise par se geste anodin, lui ne sachant où se mettre lui sourit en lui tendant le mouchoir pour qu’elle finisse ce qu’il avait commencé.

 Il fut épargné de toute réaction par deux jeunes filles qui interpellèrent le mannequin.

  « Mlle Esso’o ! Excusez nous ! », commença la plus mince des deux, trop mince d’ailleurs contrairement à l’autre qui semblait bien en chaire et un peu timide. « Ma sœur et moi nous sommes venues manger et nous vous avons aperçu depuis notre table et nous voudrions des autographes ! »

Victoire observait les deux adolescentes avec un large sourire, qu’elle semblait adresser à la plus timide des deux.

  « C’est ta petite sœur ? », s’enquit-elle en fouillant dans son sac duquel  elle  sortie un polaroid.

Cette femme avait un appareil photo instantané dans son sac ?

  « Oui ! »

  « Comment tu t’appelle ma belle ? », demanda-t-elle à cette dernière.

  « Sophie ! »

Victoire se leva et tendit l’appareil à Ronald, elle se tint près de la fillette et la serra dans ses bras, joue contre joue.

  « Sourit Sophie ! », dit-elle.

  « Dites Cheese ! »

Elles reprirent en cœur et Ronald prit une photo qui sortie de l’appareil instantanément, il l’a tendit à Victoire qui reprit sa place sur la table et prit le stylo que lui avait tendu la sœur ainée de Sophie plus tôt.

  « A ma belle Sophie… », dit-elle en écrivant ce qui fit sourire la petite. « Tu es un rayon de soleil, Vicky E. »

Le mannequin signa et lui tendit la photo en souriant. Elle prit le carnet de la sœur ainée et leva les yeux sur elle comme si elle ne l’avait pas vue avant.

  « Et toi tu t’appelles comment ? »

  « Kate…comme Kate M… »

  « Oui et tu as quel âge ? »

  « J’aurai 16 ans dans une semaine le 20 plus précisément. » 

  « 16 ans ! Seulement ? D’accord, prends soin de toi ma jolie Kate, Victoire E ! »

  « Merci ! », dit la petite Sophie en tirant sa sœur qui semblait déçue de ne pas avoir eu droit au même traitement que sa sœur.

  « De rien ma belle et bonne appétit à toute les deux ! » 

  « Quelle prétentieuse ! Kate comme Kate Moss ! », lança Patricia en se moquant de l’adolescente. « Victoire tu vas avoir de la concurrence méfies-toi ! »

La table toute entière se mit à commenter ce qui venait de se passer ce qui évita à Stéphane de s’expliquer sur son geste.

 


Un Nouveau Souffle