Chapitre 7

Ecrit par Annabelle Sara


 

Noura

 

Mon réveil venait de sonner, encore une longue journée devant moi.  En levant la tête sur le chevet de mon lit, j’ai aperçu la Bible que m’avait offerte mon mentor. Je trainais ce livre depuis des années déjà et les pages montraient à souhait le niveau de son utilisation.

Je me contentais de lire l’ancien testament, parce que pour moi c’est cette partie du livre qui forge la condition de l’homme.

Le respect des règles, de la loi, le coté stricte et ferme que la religion  se doit d’inculquer à tout chrétien. Le fait de savoir que chaque geste chaque action entraine une réaction impitoyable et stricte.

Devant mon reflet dans la salle de bain, je m’observais et je pensais que j’avais fait du chemin.

Orpheline qui a grandit dans la rue, j’ai vécue de l’autre coté, je connais le regard qu’on pose sur les parias de la société. La pitié, la condescendance, le rejet, la peur, je connaissais ses sentiments parce que j’arrivais toujours à les lire dans les yeux des gens. Normale je suis restée dans la rue de mes 5 à mes 15 ans.

A 15 ans suite à une troisième agression sexuelle, j’ai fini à l’hôpital et c’est depuis ce jour que ma vie a pris une autre tournure.

J’ai rencontré la personne qui m’a appris que la vie c’est la jungle et si on ne peut pas manger on se fait manger. Cette personne m’apprit que la première loi à laquelle l’être humain est soumis est la loi du Talion. Une dent contre une dent, un œil contre un œil !

Je ne suis pas impitoyable je suis juste empathique et je l’assume, mais la meilleure façon d’attaquer et d’atteindre quelqu’un s’est de rester tapie dans l’ombre.

Exactement comme je le fais en ce moment avec Mme Nana, je ne pourrais pas gagner contre une femme comme celle-là si je montrais mon jeu au début de la partie.

J’ai réussi à me mettre sa sœur dans la poche avec cette histoire de grossesse, Armelle s’est ouverte à moi sans réfléchir et c’est à mon avantage. Maintenant je dois accentuer mon action sur une autre personne de l’entourage de Mme Nana.

En m’apprêtant pour la journée je me suis arrangée à être le plus sobre possible, parce que le fait de voir sa femme de si près m’a permis de comprendre que si je voulait toucher cette personne en particulier je devais rester simple et authentique.

Ma vie avait changé lorsque j’avais croisé le chemin de mon mentor qui m’avait ouvert les portes d’un monde auquel je n’aurais jamais imaginé appartenir un jour.

Je vivais dans le luxe et l’abondance moi l’enfant de la rue, qui n’avait connu, ni père ni mère. J’avais trouvé le confort dont rêvait n’importe quelle jeune femme de mon âge.

Nous sommes dans un monde où tout n’est qu’apparence et enfumage.

Alors si les gens se pliaient en quatre devant moi c’est parce que je suis la reine du camouflage et c’est exactement ce que je vais faire dans cette entreprise ce jour en venant rencontrer le mari de Mme Nana.

J’entrais dans les locaux de son entreprise et la standardiste me reconnut lorsque je me suis dirigée vers elle.

-         Bonjour !

-         Bonjour Mme Eko…

-         Mr Nana est là ?, ai-je demandé.

-         Oui Mme Eko !

-         C’est Mademoiselle !, ai-je corrigé.

-         Excusez-moi Mlle Eko, fit la standardiste avant de m’indiquer le bureau du directeur Marketing de la firme de publicité. Vous pouvez y aller il sera content de vous voir.

En entrant dans le bureau de Paul Nana, je ne fus pas vraiment surprise de le trouver fourré dans ses dossiers.

-         Michelle ?, dit-il en me voyant entrer dans son bureau. Bonjour !

-         Bonjour Paul comment tu vas ? Je sais je n’avais pas rendez-vous mais j’avais envie de te voir surtout après avoir appris que tu as eu le poste…

-         Comme tu peux le voir !

Il se leva et contourna son bureau pour venir me faire la bise et m’inviter à prendre place.

-         Tu sais que c’est en partie grâce au travail que nous avons fait sur la campagne de tes produits que j’ai réussi à avoir ce poste ?, m’annonça-t-il.

-         C’est un plaisir de savoir que le directeur marketing de PrimeAds me doit une fière chandelle !

Il rit à ma remarque, il a un beau sourire Paul. Physiquement cet homme est dans la moyenne, ce qui fait que ma tâche auprès de lui n’est pas difficile. Ce qui me dépasse c’est pourquoi une belle femme comme Véronique a choisit un homme qui au plan physique ne joue pas dans la même catégorie que les hommes qu’elle fréquente.

-         Alors que me vaut l’honneur de ta visite ?, me demanda-t-il en souriant.

-         Disons que je me disais que le nouveau directeur marketing accepterait une invitation à diner avec moi pour fêter sa promotion !

Il sembla hésiter.

-         Un petit repas au cours duquel je pourrais bien évidemment te parler de mes prochains projets…, ai-je poursuivi. Et puis je te dois bien cela la campagne publicitaire que tu as faites pour mes produits est juste magique !

-         Hum… en fait le réel souci c’est que mon planning journalier est surchargé…

-         Tu ne peux même pas m’accorder 20 minutes de ton temps avant de rentrer ce soir ?

Je ne sortirais pas d’ici sans ce rendez-vous !

-         Je finis à 21 heures…

-         Ça tombe bien moi aussi, on peut se retrouver quelque part pour discuter tranquillement ?

-         D’accord, répondit-il en hochant la tête. Ce sera un plaisir de partager un verre pour célébrer avec toi.

Bingo ! Maintenant avec mon rendez-vous confirmé je peux mettre en place le plan d’attaque.

-         Disons que je viens te retrouver ici à 21 heures pour qu’on y aille tous les deux. Ça te va ?, ai-je demandé.

-         C’est parfait !, dit-il.

-         Cool… bon je vais y aller ! J’ai une journée assez chargée donc je te retrouve tout à l’heure.

Je sortais de son bureau après lui avoir fait la bise. Mr Nana devra me manger dans la main ce soir quoiqu’il en coûte. De toutes les façons je rate difficilement ma cible.

  

Véronique

  

Jamais un partenaire du club ne m’a autant captivée ? J’avais ce beau nigérian dans la peau. Il savait réveiller la bête sauvage en moi, il le provoquait, le menait aux cimes de la rage, le domptait, l’apprivoisait en maniant avec maestria le langage de la luxure.

-         Ne t’arrête pas…

Je ne savais pas si j’avais déjà utilisé ce ton avec un homme avant. On aurait dit une autre femme, une qui se laisse aller, qui accepte de se laisser modeler par les mains d’un homme.

-         Je n’ai pas l’intention d’arrêter ne t’en fais pas ! Tu as la peau la plus souple que j’ai touché… elle est si douce… un plaisir sous la langue

-         Ah… Oui…

Il avait un de mes tetons dans la bouche, et sa langue râpeuse prenait d’assaut cette partie sensible de mon corps. Moi qui pensais être devenue insensible après avoir allaité deux enfants.

Ses mains qui exploraient mon corps en courant dans tous les sens, tout en ayant une progression bien réfléchie et Oluwa suivit cette progression parce que je le vis disparaitre quelque centimètres plus bas.

Sentir son souffle entre mes jambes me fit sourire, il avait cette présence qui faisait que j’arrivais presque à anticiper ce qu’il allait faire sans vraiment anticiper la réaction de mon corps.

C’est exactement ce qui se produisit, à peine m’avait-il frôlé de ses lèvres que mon corps fut traversé par un grand courant électrique. Il me stabilisa d’une main sur mon bas ventre avant d’accentuer sa caresse.

Même dans mon adolescence je n’ai jamais ressenti ce que je ressentais en ce moment.

-         Oh… Non…

Il se redressa et se revint à ma hauteur, me donnant le temps de retrouver un peu de mes esprits.

-         Tu n’aimes pas ce que je te fais ?, me demanda-t-il.

-         Non ! Si j’aime mais je déteste la façon dont tu me fais perdre le contrôle…

Il sourit et posa un doigt sur mes lèvres que je devinais gonflées par le traitement que venait de leur infliger sa bouche.

-         Tu n’aimes pas perdre le contrôle ?

-         Non…, mon souffle était court.

-         Alors pourquoi choisir d’intégrer ce club et rencontrer des gens que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam ?

Sa question avait un sens puisque techniquement je n’avais aucun contrôle sur notre rencontre où sur nos échanges.

-         Moi non plus je n’aime pas perdre le contrôle Miss Véro !

Ses yeux avaient une lueur particulière, une lueur que je connaissais parce que mes yeux avaient souvent le même.

-         Mais… Ton corps, ton odeur…the way you taste… Je perds contrôle !

Il illustra sa pensée en portant à sa bouche les deux doigts qui une minute plus tôt me titillaient. C’était diablement sexy, cet homme est diablement sexy !

-         Tu veux connaitre quel goût tu as ?

J’ai hoché la tête pendant qu’il se penchait pour prendre ma bouche dans un baisé langoureux. Je pouvais sentir non seulement mon odeur mais aussi mon goût sur ses lèvres. Ce qui provoqua un volcan dans mes veines. Nous savions tous les deux que nous ne voulions plus, nous ne pouvions plus attendre.

Je lui ai instinctivement fait de la place entre mes jambes, c’était la 4ème fois cette semaine qu’on se voyait et j’avais déjà une idée de l’angle idéale pour le recevoir en entier.

La frénésie n’est pas un problème entre nous, il avait un rythme soutenu mais il ne lâchait pas tant que je n’avais pas pris mon pied au moins deux fois. Je sentais toujours ses muscles se contracter quand il se retenait. Ce que d’autres hommes ne faisaient pas il le faisait avec plaisir, avec un sourire satisfait qu’il affiche pendant que moi je cherche mon souffle.

-         T’es déjà fatiguée ?

Evidemment que je suis épuisée mais je ne vais pas lui avouer cela !

-         Non…

Il m’observa et passa ses bras dans mon dos, me soulevant pendant que je m’accrochais fermement à ses hanches. Il me porta de la chambre jusqu’à la salle de bain de l’appartement, pénétra dans la cabine de douche avant de caler mon dos contre le mur froid.

-         Accroches toi ! Je vais aller très vite !

-         Okay…

-         Ready ?

-         Yeah !

J’avais ajusté ma position avant qu’il ne me reprenne d’un mouvement souple et précis.

-         C’est trop bon !

Il venait de m’avouer cela avec son front collé au mien et nos yeux accrochés.

Il m’a donné deux secondes pour m’accommoder à la position avant de lancer l’assaut, du dompteur sur mon corps, essoufflé, au bord de l’agonie tellement les spasmes avaient envahis mon corps. Je m’accrochais du mieux que je pouvais mais se sentais que s’il n’arrêtait pas j’allais perdre plus que le contrôle. Je chantais son nom comme s’il s’agissait d’une berceuse que j’avais apprise enfant.

Oluwa me faisait ressentir toutes les choses que je ne ressentais avec personne d’autre et je ne voulais pas y penser parce que c’était dangereux d’entrer dans ce jeu des comparaisons. Et de toutes les façons je ne pouvais plus réfléchir de façon rationnelle, pas avec cette homme qui me menait aux cimes du plaisir.

Quand la déferlante prit possession de moi, je me suis figée avec les yeux fermés. Il me suivit, bruyamment, un lion. Il me garda dans ses bras pendant qu’on reprenait nos esprits.

Il tendit ensuite la main pour ouvrir la douche qui laissa l’eau jaillir, attrapa le pommeau de douche tout en me gardant dans ses bras, puis dirigea le jet sur nous. Il se décala et se libéra de l’étau de mon vagin avant de me faire ma toilette.

Je le regardais surprise, il était en train de m’aider à me nettoyer.

Qui est cet homme ? De quelle planète est-ce qu’il vient ?

 

Après la matinée passée avec Oluwa j’avais décidé d’aller enfin au restaurant pour m’assurer que tout allait bien. Mais employés m’observaient perplexe. Je n’étais jamais arrivée au travail avec pareil retard. Même lorsque j’avais une urgence !

Mais je me fichais bien du regard de mes employés ce qui m’intéressait, c’était de faire tourner la maison et de ce que je voyais dans les réservations il  y avait quelque chose qui n’allait pas.

-         Ernestine…

-         Oui Madame !, répondit mon assistante en entrant en trombe dans mon bureau.

Elle savait que si je criais de cette façon c’est parce qu’il y avait un problème.

-         Oui madame, me répondit-elle calmement en s’asseyant devant moi.

-         Il y a une réservation que je ne retrouve pas dans les enregistrements, pourquoi ?

-         Vous parlez de la table que les chinois ont…

-         Oui, celle là même !

-         Ils ont annulés hier juste avant la fermeture…, m’annonça-t-elle.

-         Comment ça ?

-         Moi non plus je n’ai pas compris… ils ont appelé pour dire qu’il ne pouvait pas être là alors…

-         C’est la troisième annulation juste cette semaine, bref j’espère qu’il n’y a rien de particulier en dessous, ai-je murmuré comme pour parler à moi-même.

Je suis toujours sur mes gardes lorsqu’il s’agit de mon travail. Rien n’arrive pour rien, une annulation peut passer trois en une semaine c’est un schéma. Réaction de cause à effet, maintenant il ne me reste plus qu’à découvrir la cause de ces effets dommageable à mon restaurant.

Je connais quelqu’un à qui je peux confier cette tâche.

-         Madame, j’oubliais… Voici une enveloppe que j’ai trouvé dans la boite à suggestion tout à l’heure.

Ernestine me tendit une grande enveloppe A4 avec mon nom inscrit dessus, avant de se lever et partir.

C’est bizarre de mettre une si grande enveloppe dans la boite à suggestion, j’ai pensé en déchirant le papier.

En voyant ce que contenait l’enveloppe mon cœur a fait un raté. Mes mains se sont mises à trembler.

C’étaient des photos et la colère se mit à prendre possession de mon corps. Une rage sourde, profonde, une douleur fugace traversa mon cœur pendant que je regardais ces photos les unes après les autres.

-         ERNESTINE !

J’avais hurlé de toutes mes forces, il fallait qu’elle me dise qui a mis cette enveloppe dans la boite à suggestion comme si

 
Et si demain mourrai...