Chapitre 7
Ecrit par Benedictaaurellia
Sur le plan spirituel, j’avais beaucoup grandi mais physiquement et psychologiquement, ça n’allait pas. Pour que je retrouve un bon équilibre, il fallait que je me sente bien sur tous les plans.
Je devais me reconstruire, reconstruire mon physique et le plus important, reconstruire mon moral, mon psyché.
Pour se faire, un an après ces évènements, je m’envolais pour les Etats-Unis.
J’ai commencé mon processus de guérison par une opération : la vaginoplastie, en d’autres termes, la reconstruction vaginale.
Cette procédure permet de restaurer l’anatomie du vagin et du périnée.
Ce fut un réel succès.
J’y suis restée l’année qui a suivie et j’ai pu reconstruire aussi mentalement.
L’être humain est composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme. Pour avoir un parfait équilibre, les trois entités doivent être en phase. Les trois doivent être en harmonie. Si le physique n’est pas en forme, cela agira sur le côté psychologique et vice versa.
L’opération a été le plus facile à faire. Je devais juste être allongée et voilà. Bien sûr, j’étais sous anesthésie donc, pas de douleur pendant l’opération.
Ce n’était pas une intervention lourde donc, en deux heures à peine, c’était fini. Dès le lendemain, j’étais sortie.
Les médecins qui m’avaient pris en charge avaient d’abord resserré les muscles du périnée en les rapprochant et en les suturant entre elles avec du fil résorbable pour reconstituer la sangle musculaire. Ensuite, ils ont resserré l’entrée du vagin par une plastie vaginale ce qui a permis de refermer le vagin dans le bas pour avoir une ouverture plus étroite et positionnée plus haut.
Les suites ont été peu douloureuses. Je m’y suis vite fait.
Après l’opération, la deuxième étape a été celle de la thérapie.
J’ai commencé des séances avec un psy, histoire de m’aider à remonter la pente.
Au début, c’était difficile. Je refusais de m’ouvrir. Puis un jour, ma psy m’a demandé si je suis chrétienne. Bien sûr que oui ais-je répondu. Nous avons passé le reste de la séance de ce jour à discuter de différents passages bibliques. Ainsi, peu à peu, j’ai commencé à m’ouvrir à elle.
Ça n’a pas été facile de faire ressortir toutes les émotions négatives que j’avais enfouis en moi. Mais, je l’ai fait. Elle m’a beaucoup aidé cette dame. Je lui en serai éternellement reconnaissante pour cela. Ma relation avec elle m’a tellement impactée que j’ai décidée de faire comme elle. Devenir psy pour aider les autres.
En plus de mes séances avec elle, elle me faisait participer à des réunions de groupes d’entraide pour les victimes de viol.
Au début, j’étais réticente mais, quand je suis allée à la première réunion, moi-même j’avais hâte d’aller aux autres réunions. J’y puisais ma motivation. Plusieurs femmes y ont donné leur témoignage et ont expliqué comment elles s’en sont sorti après avoir elles aussi été violées.
Si elles ont réussi, je pouvais le faire aussi.
Je me suis aussi fait suivre par un coach de vie. il m’a aidé à voir le bon côté de la vie et à être toujours positive.
Bref, j’ai tout mis en œuvre pour devenir la femme forte que je suis aujourd’hui.
Je suis aussi devenue bénévole dans un centre qui accueillait des femmes et jeunes filles mères, veuves, battues, violées et autres. Elles y étaient logées et on leur apprenait à reprendre confiance et reprendre leurs vies en main.
Aujourd’hui, je peux affirmer que je suis plus forte. Physiquement et mentalement.
Comment ? Me demanderez-vous ?
La première étape pour guérir d’un viol, c’est d’abord accepter d’en parler. S’ouvrir aux autres, ne pas se renfermer et garder cela pour soi.
C’est la première leçon que j’ai apprise avec mon psy.
En parler parce que la plupart d’entre nous, qui avons subi ce genre de traumatisme, nous refusons d’en parler. Nous croyons bien faire en nous taisant. Nous croyons que nous taire rendra la chose quasiment inexistante. Nous croyons que nous taire effacera la peine subie. Bref, nous minimisons tout ce que cela peut engendrer.
Au centre, j’ai compris que je n’étais pas la seule à avoir réagi comme ça. Nous tous, nous avions fait cela. C’est ce repli sur soi qui conduit au déni qui est la seconde étape après un viol.
La deuxième chose, c’est d’apprendre à ne pas vivre dans le déni. Si dès la première étape, on s’ouvre à des personnes pour leur parler de ce que nous avons vécu et ressenti, ces dernières nous aideront. Ainsi, le traumatisme sera plus facile à gérer, à guérir. Mais, plus on se tait, plus cela devient difficile de vivre avec, comme c’est le cas avec tous les secrets. Plus longtemps on garde un secret, plus ça nous pèse.
Je me suis donc ouverte et j’ai partagé mes sentiments.
J’avais refoulé tous les sentiments négatifs que m’inspirait mon viol : culpabilité, la honte, dégout pour moi-même, rejet de moi-même, le fait que je n’arrivais pas à me voir dans un miroir, je détestais mon corps que je voyais comme souillé, et tant d’autres choses. Car, je me concentrais sur ma grossesse et ensuite sur mon bébé.
Culpabilité, honte, dégout. Tels sont généralement les premiers sentiments qu’on ressent après ce genre de traumatisme. Avec le temps et grâce aux diverses séances de thérapie et de partage avec les groupes de femmes, j’ai appris à dépasser tout cela.
Je sais aujourd’hui que tout cela n’est pas ma faute. Je ne culpabilise plus. Oui, j’ai été violée mais je garde la tête haute. Ce sont les responsables qui devraient se sentir honteux. Je les bénis tous les jours que Dieu fait et je prie pour qu’ils se convertissent et donnent leur vie à Dieu.
J’ai compris que tout concourt vraiment au bien de ceux qui aiment Dieu. Le Seigneur voulait que je fasse ce travail sur moi-même. Si j’avais toujours ma princesse avec moi, je me serais focalisée sur elle et je me serais oublié. Je n’aurai pas eu cette force de me reconstruire. Mais en me détachant d’elle, j’ai pu le faire. Je la retrouverai un jour, le Seigneur me l’a dit et je lui fais confiance.
Durant tout ce temps, maman est restée à mes côtés. Elle me soutenait et m’aidait à aller de l’avant. Papa aussi venait de temps en temps voir mon évolution.
Bien sûr, je n’ai pas laissé tomber mes cours. Je continue à les suivre. Pour cette année, j’ai suivi les cours sur le sol américain. J’avais déjà une solide base en anglais donc l’adaptation n’a pas été difficile.
Maintenant, je sens le besoin de rentrer chez moi. un peu plus d’un an après, je me sentais prête à rentrer.
Je dis alors au revoir à ma vie de là et je rentrai chez moi.
C’est, toute contente que je foulai à nouveau les pieds de ma maison.
Elle m’a manqué. Je suis chez moi. Dans mon pays.
L’on n’est vraiment mieux que chez soi.
Ce fut un réel plaisir de retrouver tous ces visages familiers. Du gardien jusqu’aux dames de ménages. Chacune de ses personnes d’une manière ou d’une autre m’avait soutenue pendant ma période sombre. Chacun m’avait aidé comme il le pouvait. Je leur serai éternellement reconnaissante pour cela.
Aujourd’hui, si je suis une nouvelle personne, c’est aussi grâce à eux. C’est pour les remercier de tout leur soutien que j’ai tenu à ramener à chacun un petit souvenir de mon voyage. J’ai remis à chacun son présent et c’est tout content qu’ils m’ont remercié. Ça se voyait qu’ils étaient émus. Ils ne s’y attendaient pas.
Nouveau moi, nouveau leitmotiv. Je me suis donné pour but maintenant de redonner le sourire aux gens autour de moi. Ma nouvelle vocation ? Aider les gens. Je me suis découverte une âme altruiste.
Je revenais de loin et je voulais aider d’autres qui sont dans mon cas. Tout seul, on n’y arrive jamais. Il faut toujours l’aide d’une tierce personne pour remonter ce genre de pente.
Vivre ces aventures m’avait permis de trouver ma vocation.
Une des choses que je repris dès mon retour, ce sont les séances de prières du renouveau charismatique. Ça m’avait énormément manqué. Toute ma communauté m’avait manqué. Sébastien encore plus. Bien sûr, on n’avait pas cessé de communiquer mais, ce n’était pas la même chose.
A chacun des membres du groupe, j’avais aussi ramené des choses. Du moins, aux membres que je connaissais quand j’étais encore là. Depuis lors, de nouveaux membres se sont ajoutés. C’était le cas de Paul. Quand je revis Sébastien ce jour-là, il me le présenta. C’est comme ça que nous nous sommes connus.