CHAPITRE 7
Ecrit par Emyam
LYDIA
Avez-vous déjà eu la sensation
d’être réveillé sans l’être vraiment ? D’être comme drogué et d’assister
comme personne externe à une scène qui vous implique vous-même ?
C’est exactement ce que j’ai vécu
hier et cela m’a fait complètement flipper car je n’ai jamais eu si peu de
contrôle sur ma lucidité et mon corps. Je n’ai jamais pu me le permettre.
Hier, je sais que je fus nourrie
et que des médicaments me furent donnés mais je ne saurai réellement expliquer
dans quelles conditions ces faits se sont produits. J’étais complètement dans
les vapes, assommée par la fatigue, la douleur et les médicaments absorbés.
C’est donc un peu groggy que le
sommeil me quitte les yeux ce matin.
La lumière du soleil qui traverse
les rideaux blancs de la fenêtre m’agressent tellement les yeux qu’ils me
poussent à les ouvrir progressivement, en les clignant à plusieurs reprises
pour m’adapter à ladite lumière.
Alors que mes yeux s’adaptent finalement
à la lumière présente, je distingue une petite forme allongée près de moi sur
le lit, la main sous le menton qui me regarde avec insistance comme pour me
décrypter.
Les yeux qui me fixent
aujourd’hui sont du même noir profond que ceux que j’ai croisé hier au réveil.
Mais ils sont d’une innocence et d’une pureté dont on ne peut douter
contrairement aux yeux farouches et hypnotisant qui m’observaient hier.
Je suis tellement surprise qu’en
voulant me relever, je glisse du lit, tombant les fesses les premières au sol.
Non mais c’est quoi ce bordel ?
Alors que je me relève avec
difficulté, j’entends le petit rire aigu du petit garçon qui m’observait au
réveil.
C’est à croire qu’observer les gens au réveil est une manie des hommes
de cette famille bon DIEU ! Hors c’est une chose que je déteste
totalement.
-Bonjour ! Je suis
Yoann ! Enchanté...Enchaîne le petit garçon sans se démonter, s’approchant
de moi pour me tendre sa menotte.
Réussissant à me relever, je ne
peux m’empêcher de sourire devant l’image qu’il projette.
Il dandine des pieds comme s’il
était stressé et me regarde avec ses grands yeux innocents d’enfant.
Il est tellement mignon dans son
petit pyjama à motif de lapin que je fonds complètement.
Je saisis donc sa menotte et joue
le jeu.
-Moi je suis Lydia. Mais toi
spécialement tu peux m’appeler Ly. Très enchantée aussi Yoann !
-Si je peux t’appeler Ly, cela
veut dire qu’on est amis ? Mon papa il dit que c’est seulement quand on
est ami avec quelqu’un qu’on peut lui donner des petits noms !
Affirme-t-il en souriant tellement grandement qu’une fossette se creuse sur sa
joue gauche.
Waouh...Vraiment adorable comme
enfant !
-Alors je suppose qu’on est
amis...
Avant que je ne me rende compte de
ses intentions, Yoann se jette dans et me serre fort comme si j’étais une sorte
de bouée de sauvetage.
-Je suis désolée de t’avoir fait
mal... (Snif Snif) Voulais pas...Renifle-t-il bruyamment. Papa m’a dit que tu
avais eu un bobo. Tu m’en veux ? C’est pour cela que tu refuses d’être ma
nounou Ly ? Je suis tellement désolé... (Snif Snif)
Pause...Attends quoi ? Il a
osé dire à son fils que je refusais d’être sa nounou car je lui en
voulais ? Non mais quel toupet ! Qu’il aille plutôt accuser sa femme qui
m’a chassé comme une malpropre sans même me laisser placer un mot !
Après l’avoir rassurer sur sa non
culpabilité dans l’échec de mon embauche, je demande à Yoann de me laisser
seule un moment. Le temps de me préparer et rentrer chez moi...
***
MARC-ARIEL
Avec tout ce qui s’est
passé hier, j’ai décidé aujourd’hui de ne pas aller au bureau. J’ai fait
déplacer tous mes rendez-vous et ait transféré mes dossiers importants à
Richmond.
Hier je n’étais pas présent et mon fils a eu un accident. Je
n’aurais peut-être pas pu faire grand-chose même en étant sur les lieux mais
cet incident m’a fait réaliser que ma vie de famille a été un peu trop reléguée
au second plan ces derniers temps. Hier par exemple j’avais prévu une soirée
avec mon épouse mais rien ne fut. Au contraire nous nous sommes endormis fâchés
l’un contre l’autre.
Je suppose que c’est donc la raison pour laquelle je sens sa
main me caresser le ventre et descendre un peu plus bas vers mon short.
Me débarrassant des draps que je suppose être un obstacle à
l’atteinte de ses desideratas, elle se met à cheval sur moi et m’embrasse sensuellement.
Cynthia a toujours été du genre à prendre des initiatives
dans l’intimité. Alors sa hardiesse ne me surprend pas. Inversant nos positions
je la ramène sous moi et prend sa bouche avec plus fougue. J’avoue que la
sensation m’avait manqué. Cela fait plus de trois semaines que nous n’avons pas
couché ensemble et pour une personne comme moi qui est normalement très active sexuellement
parlant, c’est énorme.
Je la débarrasse rapidement de sa nuisette en soie et attaque
sa gorge en la parsemant de baisers. Je descends plus bas lorsque j’entends la
porte de notre chambre s’ouvrir grandement puis la voix de mon fils sonner dans
la pièce.
-Papa papa ! Ly dit qu’elle m’en veut pas ! Ça
veut dire qu’elle sera ma nounou ?
Eh merde...
Vous vous demandiez pourquoi ma vie sexuelle avait connu une
pause ? Et bien vous avez désormais l’une des raisons matérialisée sous la
forme d’un petit garçon de quatre ans !
****
MARC-ARIEL
Mon fils qui n’a aucune idée de ce qu’il vient d’interrompre
nous regarde avec de grands yeux tous joyeux pendant que j’entends Cynthia
soupirer bruyamment.
-Yoann je t’ai déjà dit de ne pas entrer dans une chambre
sans frapper ! L’engueule t-elle en revêtant rageusement sa nuisette et en
quittant le lit pour se rendre dans la salle de bain.
Je vois le visage de Yoann se décomposer et passer de joie
intense à remords et tristesse et cela me brise le cœur.
Je suis également dégoûté que nous n’ayons pas pu terminer
ce que nous avions commencé mais j’ai du mal à en vouloir à Yoann. Je savais en
devenant parent que quelques sacrifices devaient s’imposer et je m’étais déjà
préparé mentalement à cela. De plus je sais qu’il n’a même pas conscience
d’avoir gâché quelque chose. Et son expression heureuse lorsqu’il est entré
dans la chambre vaut tous les sacrifices et toutes les privations du monde. Le
voir si souriant après l’accident d’hier m’a ravi plus que tout et a surpassé
tout sentiment de frustration que j’aurais bien pu ressentir.
Un autre enfant aurait pu se renfermer et plonger dans une
sorte de mutisme mais Yoann lui en ressors apparemment sans séquelles. C’est un
petit garçon fort et il vient de me
rendre une fois de plus fier d’être son père.
Respirant grandement pour me calmer et arrêter l’érection qui
avait commencé à naître, je vais serrer mon fils dans mes bras.
Ça m’avait clairement manqué...
Toute la pression que j’avais accumulée, toute la peur qui
m’avait serré la gorge hier disparait comme si un baume m’avait été posé sur le
cœur.
-Papa ! Tu m’empêche de respirer...murmure-t-il plaqué
contre ma poitrine.
Je ne m’étais même pas rendu compte que je le serrais si
fort...
Je le libère donc et ébouriffe ses petits cheveux qui
commencent à constituer une petite touffe consistante.
-Alors papa ? Ly elle reste ma nounou ?
-Mais oui mon cœur. Bien-sûr qu’elle le sera. Mais il faudra
d’abord lui en parler !
Et j’avoue que j’ai assez hâte. Histoire de voir si elle est
toujours aussi fougueuse qu’hier...Je repense encore à sa tentative de
récupération de son ordonnance et un sourire nait instantanément sur mes
lèvres.
Je suis ramené à la réalité par Yoann qui dans et chante sa
joie d’avoir une nouvelle nounou en la personne de Lydia qu’il ne cesse d’appeler
Ly.
Lorsque je lui demande pourquoi il l’appelle ainsi, mo fils
me réponds le sourire aux lèvres que c’est elle qui l’y avait autorisé car ils
sont des amis.
Il est tellement fier en disant cela qu’il m’arrache un
sourire attendri.
Apparemment la farouche Lydia a conquis le cœur de mon
fils...
Le porte sur mon épaule, ses deux jambes de part et d’autres
de ma tête, je sors de la chambre avec pour objectif de trouver Lydia pour lui
parler de son poste.
Car quelque chose me dit que si je ne le fait pas, Cynthia
est largement prête à se passer de ses services. Je sais qu’elle serait même
prête à s’occuper elle-même de Yoann pour se faire.
Or je suis certaine qu’elle déteste cela, même si elle
essaie de me faire croire le contraire.