Chapitre 7 : Face à un Dilemme (2)

 

Depuis l’appel interrompu d’Olivier, Ushy n’avait pas eu de ses nouvelles. Dans sa tête se mêlait une question après une autre, retourner au pays ? Rester en Afrique du Sud ? Ya Martin finirait-il par les inscrire ? Et s’il ne le faisait pas, comment allait-elle subvenir à ses études sans son aide ?

 

Ben en faisant des recherches sur les couts des formations avait fait savoir à UShy que les formations coutaient extrêmement chères, Ushy était perdue car pour elle suivre une formation universitaire faisait partie du plan qu’elle avait établi pour atteindre ses objectifs. Repartir en RDC lui garantissait de suivre sa formation universitaire avec certitude par contre, rester en Afrique du Sud laissait une question importante sur le plateau : Ya Martin subviendrait-il aux frais de la formation ?

 

Sandra de son côté, était comme un couteau à deux faces, un matin elle était gentille et un autre méchante. Ushy avait finit pas s’adapter au comportement de sa belle-sœur, Ben et elle faisait tout leur possible pour bien se tenir ; ils ne voulaient surtout pas que leur comportement soit perçu comme un manque de respect envers Sandra. Ya Martin quant à lui, se chargeait désormais de déposer les enfants à l’école lui-même pour décharger Ushy comme promis. Il le faisait même quand il travaillait de nuit, alors qu’il rentrait à la maison vers 6h, il déposait tout de même les enfants à l’école avant de se reposer. Et quand il travaillait de jour, il quittait vers 8h avec les enfants pour les déposer d’abord avant de continuer.

 

-         Ushy ?

 

-         Ya Sandra

 

-         Avec le froid là, il te faut des vêtements contre le froid et aussi des bottes. Certainement que Lielle payera son loyer ce soir ou demain, dès quelle le fait, je te donnerais un peu d’argent pour des vêtements d’hivers.

 

Sandra était déjà prête pour le boulot, debout devant la porte centrale, elle s’adressait à Ushy avec un grand sourire aux lèvres. Ushy, comme toujours lui répondait poliment

 

-         D’accord Ya Sandra

 

-         N’oublie pas de sortir deux sachets de pondu hein

 

Le pondu c’était les feuilles de manioc que l’on utilisait comme légumes, au Congo ce plat était appelé saka-saka ou parfois pondu en lingala.

 

Sandra qui était déjà à la véranda avait encore fait demi- tour pour rajouter

 

-         Ne fais pas trois comme d’habitude sinon nous serons à cours de provision

 

-         D’accord Yaya j’ai compris

 

-         Vers 14h apprête Séphora, je te ferais signe pour que tu me l’amène à la station de train, elle a sa visite médicale chez le pédiatre aujourd’hui

 

-         Ça marche Yaya, j’ai tout noté

 

-         A tout à l’heure !

 

-         Bon service Ya Sandra !

 

Ben regardait fixement Ushy pendant qu’elle parlait avec leur belle sœur. Dès que celle-ci était sortie de la parcelle, Ben entamait la conversation avec sa sœur

 

-         Tu sais Ushy je ne cesse de me demander comment tu fais pour être aussi tolérante ; je ne m’imagine pas à ta place

 

-         Ben je n’y peux rien c’est chez elle ici et si je veux y rester je me dois de juste être tolérante

 

-         C’est chez notre frère ici tu veux dire

 

-         Notre frère est marié Ben !

 

-         Cette Sandra est une très mauvaise femme je ne cesse de me demander pourquoi elle avait motivé Ya Martin à nous faire venir ici.

 

-         A force de chercher une explication logique à toute cette histoire, il m’arrive de ne pas fermer l’œil la nuit, mais j’ai juste résolu de m’appuyer sur le Seigneur. Dis-moi, où en êtes-vous avec ton ami qui avait trouvé un truc pour toi

 

-         Tout a été conclu hier, je dois juste livrer des paquets pour lui à l’Université UWC

 

-         C’est où ? c’est loin d’ici ?

 

Ushy ne connaissait pas la ville, son trajet de tout le temps restait maison-école des petits, maison-église, maison- boutiquier du coin

 

-         Pas trop loin mais il n’y a pas de ligne directe à partir d’ici, je dois prendre deux trains, je prends un ici pour changer de train à la station de Belville

 

-         Ok

 

Ushy avait fait tous ses travaux ménagers et comme convenues avec sa belle-sœur, elle avait apprêté sa nièce, puis après le coup de fil de Sandra elle s’était dirigée vers la station pour donner le bébé à Sandra. Sandra l’avait surprise, elle l’avait acheté une paire de botte qu’elle lui tendait

 

-         Ils ont fait les soldes non loin de mon boulot, tiens je t’ai pris ces bottes

 

-         Merci Ya Sandra

 

Sandra avait pris le bébé et était monté dans le prochain train, Ushy quant à elle, se dirigeait vers la maison, elle ne s’était pas rendu compte que Lielle était descendue du train qu’avait emprunté Sandra

 

-         Didi ça va ?

 

-         Oh grande sœur je ne t’ai pas vu arriver, c’est le retour ?

 

-         Oui, je t’ai vu quand je descendais du train, tu parlais avec Ya Sandra

 

Les deux jeunes filles cheminaient ensemble tout en parlant

 

-         Oui je suis venue lui déposer Séphora pour qu’elle l’amène chez le pédiatre

 

-         Quoi la petite est malade ?

 

-         Non juste une visite je pense

 

-         Ah d’accord, je suis tellement contente de voir que ces derniers jours les choses ont l’air de bien marcher entre ta belle-sœur et toi

 

-         Tu sais par moment je n’arrive pas à la comprendre grande sœur

 

-         Je t’avoue que moi aussi, la vérité reste qu’elle n’est pas une bonne femme mais même en étant mauvaise, on a tous un bon côté, tu vois ce côté humain, je pense que ça l’arrive de temps en temps de faire des efforts d’être gentille et tout

 

Puis Lielle, elle-même éclatait encore de rire, Ushy ne pouvait pas s’empêcher de faire pareil, les deux jeunes filles avaient éclaté de rire

 

-         Ushy vivre chez les gens peut parfois être une bonne chose car ça t’apprend à grandir et à respecter les limites qu’on te trace, en fait je le dis par rapport à ma propre expérience, quand j’ai eu mon bac avant d’aller au Ghana je suis allée à Brazzaville qui est une des villes de notre Congo alors que je vivais à Pointe-Noire. Donc là-bas j’étais arrivée chez un oncle, sa femme était gentille, elle n’était pas comme ta belle-sœur Sandra heureusement pour moi ; mais malgré ça, le fait d’être chez des gens me donnait tout de même d’être obligée de me tenir aux limites qu’on me traçait. Il y avait des choses que j’étais obligée de faire pour maintenir la bonne relation et des choses que je n’avais pas le droit de faire toujours pour maintenir la bonne relation. Alors que chez mes parents, je n’avais pas besoin de tout ça, est ce que tu comprends ?

 

-         Oui grande sœur je vois de quoi tu parles, et quand je réfléchis à tous tes conseils je me dis que rester ici malgré tout ce que me fait subir ma belle-sœur n’est pas une fatalité, mais ma peur reste celle de savoir si Ya Martin nous mettra à l’école

 

-         Je te comprends mais est-ce que tu peux juste lâcher prise et croire que demain sera meilleur ? je te redis encore que pour moi tu n’es pas venue ici par hasard, alors ne laisse pas les circonstances t’intimider

 

-         Olivier veut que je rentre je pense te l’avoir dit

 

-         Oui tu me l’as dit, c’est normal il veut que tu sois à ses côtés mais n’empêche que tu dois penser à ton avenir aussi. Pour le moment tu n’es pas encore mariée, alors c’est le moment de construire ta carrière, tu n’as pas à mettre ta vie en pause juste pour Olivier ma petite sœur Didi

   

Lielle ne cachait pas son avis à UShy, pour elle la bonne décision était de rester

 

-         Et toi même que veux-tu faire ? sans tenir compte de l’influence de mes conseils ou même de l’avis d’Olivier, sans même tenir compte du comportement de Sandra, toi-même que veux-tu faire ?

 

-         Je ne sais pas grande sœur je suis perdue, je suis vraiment perdue

 

-         Alors tu dois prendre le temps de réfléchir sur ce que tu veux faire, écris même sur un papier d’un côté les avantages de rester et de l’autre, ceux de partir. Puis tu notes encore le risque de rester et de l’autre celui de repartir et évalue cela. Mais surtout soumets le tout au Seigneur dans la prière

 

-         Merci beaucoup grande sœur tu es vraiment une bénédiction pour moi, c’est comme si Dieu savait ce qui m‘attendait ici et il t’a envoyé ici pour moi

 

-         Je me dis aussi la même chose, en fait quand mon frère m’a dit qu’il m’avait trouvé la maison, je m’attendais à un appartement où je suis seule, je ne savais pas que ce sera une chambre, ce qui fait qu’à mon arrivée j’étais très fâchée de constater que c’était ce qu’il m’avait trouvé mais maintenant, je commence à comprendre que c’est le Seigneur qui me voulait ici, je ne le dis pas parce que je te conseille mais plutôt parce que tu me boostes

 

-         Comment ça ?

 

-         Voilà, je t’explique,  en fait je traverse des situations compliquées dans mes fiançailles, je voulais bien prier car je sais que la prière est la solution à tout, mais je n’ai pas la force de le faire. Or, depuis mon arrivée ici, il y a une voix qui me réveille chaque minuit et quand j’entends cette voix prier, je me lève de mon lit et je me mets à prier aussi. C’est vrai que les choses n’ont pas encore commencé à bouger dans mes fiançailles, mais je me sens de plus en plus confiante juste par le fait de savoir que je me lève chaque nuit pour prier. Et tu sais cette voix c’est la voix de qui ?

 

Ushy avait juste sourit, elle savait que c’était la sienne, Lielle parlait de sa voix car Ushy se levait tous les jours à minuit pour prier, puis Lielle avait rajouté,

 

-         Didi, tu ne peux pas savourer le plan de Dieu derrière chaque circonstance, si tu te focalises sur ce qui te fait mal. Louer une chambre chez vous était de loin ce que j’aurais voulu, je t’assure que j’étais fâchée contre mon frère, si bien qu’il avait déjà commencé à me chercher un petit appartement pour moi toute seule après ma réaction. Quand j’ai réalisé que je n’étais pas dans votre maison par hasard, je lui ai demandé d’arrêter les démarches pour l’appartement, il était surpris quand je lui ai dit non je ne veux plus quitter ici je reste. Je suis restée juste parce que grâce à toi, je pouvais enfin me lever tard dans la nuit pour prier alors que pendant longtemps, j’ai demandé à Dieu de me donner cette force. J’ai envie de te dire que tu n’es pas ici par hasard Didi, grâce à toi, je me lève la nuit pour prier

 

-         Je pense que je viens d’avoir ma réponse grande sœur, je pense que j’ai compris ce que je dois faire entre rester et partir, mais je vais tout de même encore prier cette nuit pour être plus sure et je te dirais ma décision demain

 

-         D’accord ma puce, peu importe ta décision je te soutiendrais et je t’aiderais à bâtir un plan selon que tu dois rester ou rentrer au pays, je t’aiderais à bâtir un plan

 

-         Merci beaucoup grande sœur

 

-         Et Ben que décide-t-il face à tout ça ?

 

-         Ben va rester, il a même commencé à chercher des petits boulots, il dit que même s’il arrivait que Ya Martin ne paye pas  sa formation, il restera quand même et il va se battre pour se stabiliser ici

 

-         D’accord, je vois mais ne sois pas influencé par sa décision, nous avons chacun une destinée à nous ; combien même il est ton jumeau, tu as ta destinée propre à toi,

 

Ushy éclatait de rire, ce qui surprenait Lielle  qui ne comprenait pas ce qu’elle avait dit de marrant pour que Ushy éclate de rire comme ça,

 

-         Ben n’est pas mon jumeau, grande sœur

 

-         Comment ça ? c’est ce que votre grand frère m’a dit une fois en passant

 

Ushindi s’était lancée à expliquer comment Ben était devenue son jumeau sur papier, Lielle avait à son tour éclaté de rire avant d’ajouter sur un ton de moquerie

 

-         Bon on va faire comment ? je vais quand même continuer à le considérer comme ton jumeau, ça rendra les choses plus faciles, kiekiekiekiekiekiekiekiekiekiekie

 

-         Kiekiekiekiekiekiekie, ahahahahah la vie et ses surprises !

 

-         Je te jure ma petite, en grandissant tu te rendras compte que la vie a des nombreuses surprises en effet ! ça te dérange si on s’arrête à la boutique là, je vais prendre une bouteille de jus

   

-         Non grande sœur ça ne me dérange pas

 

Elles s’étaient arrêtées à la boutique du coin, Lielle avait non seulement pris sa bouteille de jus, mais elle avait aussi pris des serviettes hygiénique pour UShy ainsi que du crédit téléphonique.

 

-         Tiens c’est pour toi

 

-         Merci grande sœur

   

Cette nuit, comme c’était dans ses habitudes, Ushy s’était réveillée à minuit pour prier. Exceptionnellement cette nuit-là, sa prière n’était pas comme celle des autres nuits, elle s’était tout simplement assise sur sa mousse et s’était mise à parler les yeux ouverts

 

-         Seigneur, une des choses qui me définit c’est que j’aime ajouter quelque chose à la vie des autres, et ça tu le sais. D’ailleurs dans chaque rêve et chaque plan que j’ai de mon avenir je suis motivée par le fait d’avoir quelque chose à transmettre. En écoutant grande sœur Lielle me partager que pendant longtemps elle voulait avoir la force de se lever chaque minuit sans succès, et que désormais grâce à ma voix qu’elle entend à minuit elle arrive à le faire, j’ai compris que tu avais un rendez-vous avec moi ici dans cette maison, il peut se faire que je me sois trompée aussi, Saint-Esprit envoie moi un signe, je veux savoir si je dois rester ici ou repartir au Congo.

 

Ushy était là assise, elle avait ouvert sa bible pour méditer, puis elle avait eu une forte pensée pour Lielle, comme elle lui avait partagé cet après-midi ; elle se levait chaque fois qu’elle écoutait Ushy prier. Ainsi, Ushy en se rendant compte que cette nuit elle n’avait pas vraiment prié comme les autres nuits,  se demandait si Lielle avait pu se lever du lit pour prier de son coté,  

 

« Peut-être que non, vu que je n’ai pas haussé ma voix cette nuit et je n’ai pas tiré en longueur qui sais peut être que grande sœur ne s’est pas réveillée pour prier ! »

marmonnait Ushy au fond de son cœur.

 

Elle s’était levée pour s’approcher de la chambre de Lielle et écouter à travers la porte, mais elle n’écoutait aucun bruit, elle essayait de frapper timidement devant la porte parce qu’elle ne voulait pas déranger les autres, Lielle ne répondait pas, tout portait à croire que celle-ci dormait, alors Ushy était retournée dans ce coin de la cuisine où elle dormait pour prendre son téléphone et composer le numéro de Lielle, ça avait sonné beaucoup de fois sans réponse. Quelques minutes plus tard, Lielle sortait de sa chambre,

 

-         Didi ça va ? tu as essayé de me joindre ?

 

-         Oui grande sœur désolée, je ne voulais pas te déranger mais je voulais juste te réveiller pour ta prière de minuit

 

-         Oh c’est trop gentil de ta part, tu sais je ne t’ai pas écouté prier alors je n’ai pas pu me réveiller. Mais après c’est ton appel qui m’a réveillé, j’ai cru que tu avais un souci

 

-         Non j’ai juste voulu te réveiller.

 

Ushy avait hésité un moment avant de rajouter,

 

-         Ecoute je ne sais pas si ça va te déranger mais je te propose qu’on prie désormais ensemble à minuit, moi j’ai déjà l’habitude et comme tu as encore du mal à t’adapter, je suis sûre qu’en le faisant à deux tu seras plus motivée

 

Le sourire de Lielle disait tout sur sa réponse, elle était ravie de la proposition d’Ushy.

 

-         Nous allons commencer demain alors ?

 

Rajouta Ushy

 

-         Ça marche Didi, bon je retourne dormir

 

-         Ok grande sœur

 

Les jours qui suivaient Ushy attendait son signe de Dieu, ce signe n’arrivait pas mais elle avait désormais ces séances de prière avec Lielle chaque jour à minuit. Ces moments de prières rapprochaient les deux jeunes filles, Lielle avait fini par partager à Ushy les difficultés qu’elle rencontrait dans la préparation de son mariage et les deux jeunes filles priaient pour ça. Olivier continuait à mettre la pression à Ushy concernant son retour, mais Ushy commençait de son côté à être persuadée qu’il fallait qu’elle reste en Afrique du Sud.

 

Un soir Ushy parlait avec Emmanuelle au téléphone, Ushy avait fini par dire tout ce qui se passait en Afrique du Sud à son amie Emmanuelle

 

-         Pour te dire vrai ; je ne sais pas si je dois rester ici ou rentrer

 

-         Tu connais déjà ma position Ushy, il ne faut pas toujours s’attendre à ce que tout soit facile, parfois les plus belles opportunités viennent sous forme d’épreuves ma copine

 

-         Mais Olivier devient de plus en plus carré avec cette histoire de rentrer, tu te rends compte qu’il m’a même dit dernièrement qu’il est prêt à s’endetter pour me trouver le billet de bus au cas où maman ne trouvait pas l’argent pour ça

 

-         Ushy je sais que tu aimes Olivier et d’ailleurs je sais que c’est un très bon garçon. Mais à un certain moment les sentiments peuvent faire perdre toute objectivité. De toutes les façons en ce moment ce n’est pas possible que tu prennes une inscription ici à Lubumbashi à cause la grève je ne sais pas si tu as entendu parler de ça, l’université est en grève

 

-         Ah bon, mais Olivier ne m’a rien dit

 

-         Il ne peut pas te dire ça il a peur que ça t’encourage de rester. Ushy pense à ta mère, regarde ton grand frère est allé à l’étranger et il a bien réussit sa vie mais il n’a jamais pensé à votre maman. Je suis sûre que maman Lydie se dit, maintenant que toi qui es une fille, tu es là-bas, peut être que si tu réussis tu pourras très bien l’aider. Je ne dis pas que c’est seulement là-bas que tu peux réussir mais je veux juste te rappeler que ce n’est pas un hasard si tu es déjà là-bas

 

-         Je suis d’accord avec toi Manue, mais comment vais-je réussir ici si tout dépend de mon grand frère, imagine qu’il se réveille un matin et ne veut pas nous mettre à l’école je vais faire comment ?

 

-         Ushy, j’ai arrêté mes études et je suis couturière aujourd’hui, penses-tu que je ne peux pas réussir avec ce que je fais ?

 

-         Comment peux-tu dire ça Emmanuelle, je crois tellement en toi que je sais que tu deviendras une grande couturière de renom, je te le dis tout le temps et ce n’est pas pour juste te faire plaisir hein

 

-         Alors pourquoi cela ne devrait pas s’appliquer à toi aussi ? je sais que tu es une fille très intelligente et que si tu as la chance d’aller à la fac là-bas, tu vas faire des très bonnes performances. Mais s’il arrivait que tu n’aies pas cette opportunité d’aller à la fac, pourquoi ne pourrais-tu pas réussir avec tes tresses par exemple ?

 

-         Emmanuelle c’est vrai mais je vais trouver les clientes où ? en plus je ne sais même pas parler anglais

 

-         Je n’ai pas dit que tu n’iras pas à la fac, ça c’était juste pour te faire comprendre mais je suis sure que tu iras à la fac. Que tu ailles à la fac ou pas il faut que tu commences déjà à faire l’effort de parler anglais, penses-tu que tu dois forcement aller à l’école de langue pour le faire ? je veux dire n’y a-t-il pas un autre moyen ? essaie de te renseigner même dans ton église, et en parlant des clientes pour tes cheveux, essaie déjà d’en parler aux sœurs de l’église, dis leur que tu sais faire les tresses ça peut t’aider pour tes petits besoins

 

-         Merci beaucoup Emmanuelle, c’est tellement réconfortant de parler avec toi. Je vais comme tu le dis me renseigner s’il y a des clubs d’anglais ou des trucs de ce genre, ton idée me donne tellement de l’espoir

 

-         Je t’aime Ushy tu me manques tellement

 

-         Je t’aime aussi ma copine, ma seule copine d’ailleurs. Si tu savais combien tu me manques !

 

Apres l’appel d’Emmanuelle, Ushy avait fait un message à olivier

 

« Wangu, tu sais avec la grève là-bas à l’université je pense que c’est un signe, je vais rester et voir ce que la destinée me réserve »

 

Olivier avait aussitôt répondu

 

« La grève ne va pas s’éterniser ; presque chaque année, il y a ce genre de grève mais n’empêche que les cours finissent par lancer, arrête de chercher des boucs émissaires et surtout ne voit pas Dieu là où il ne se trouve pas »

 

« Je pense à ma mère et je ne pense pas que rentrer soit la solution je vais rester Liv »

 

La conversation devenait telle que les messages ne suffisaient pas, Olivier avait alors lancé un appel

 

-         Oui wangu, je t’écoute

 

-         Ushy si je ne t’ai pas parlé de la grève c’était pour t’éviter de prendre une mauvaise décision, la grève ne veut pas dire que les cours ne vont pas commencer ; donc tu préfères rester là où c’est incertain que tu ailles à la fac au lieu de rentrer faire tes études ?

 

-         Wangu ce n’est pas que je préfère, mais c’est raisonnable de rester

 

-         Quoi, tu trouves ça raisonnable de réduire ta vie à être la ménagère dans la maison de ton frère mais dis-moi où sont  passés tes projets et tes ambitions Ushy ?

 

-         Je les ai toujours ces projets et ambitions et si jusqu’ici je me suis contentée de rester à la maison faire le ménage, c’était parce que je voulais m’apitoyer sur mon sort ; j’ai parlé avec Emmanuelle et ça m’a ouvert les yeux, je peux continuer à remplir les taches ici à la maison et faire un plan pour mes projets par exemple

 

-         Non mais je commence à me demander si tu tiens encore à notre relation, tu arrives à écouter tout le monde sauf moi, tu considères l’avis de tout le monde sauf le mien ? Ushy quand tu dis que tu peux faire un pan pour tes projets, tu te rends compte que tu n’as pas d’économie rien du tout ? écoute je pense que je commence à perdre patience, je vois que tu penses à toi et à toi toute seule mais pas à notre relation, si tu décides de rester là-bas, alors considère aue notre relation est rompue

 

-         Mais Olivier pourquoi raisonnes-tu de la sorte ?

 

-         Parce que je suis optimiste et je ne peux pas continuer à me voiler la face, je refuse de continuer à tourner autour du pot avec une personne qui ne sait même pas ce qu’elle veut. Ushy je viens de te dire ce que j’en pense à toi de prendre ta décision et de me la communiquer ; soit tu restes là-bas et c’est fini entre nous, soit tu reviens tu prends ton inscription et nous officialisons nos fiançailles. Je vais te laisser tranquillement prendre ta décision

 

Olivier avait coupé l’appel, Ushy était triste, elle se retrouvait entre le marteau et l’enclume. Elle avait beau essayé de protéger  la paix dans sa famille en ne disant pas toute la vérité sur ce qui se passait ici à sa mère ou même à sa grande sœur, elle venait de se rendre à l’évidence qu’elle ne pouvait plus garder tout ça pour elle-même ; il lui fallait l’avais de sa mère, elle n’avait plus envie d’écouter Lielle ou même Emmanuelle, encore moins Olivier ou même Ben ; elle ne pouvait plus compter sur les promesses de Ya Martin ou espérer que ce soir-là Sandra soit de bonne humeur, elle avait envie de parler à sa mère, elle venait de composer son  numéro, maman Lydie n’avait pas laissé sonner pendant longtemps ; elle avait décroché

 

-         Oui Ushy ma fille

 

-         Allo maman je dois te raconter des choses