Chapitre 7 : Un couple unique
Ecrit par Auby88
Judith da SILVA
Enfin je souffle ! La fête de ma princesse a été une réussite. Tous les convives sont déjà partis, à l'exception de ma belle-mère et ma belle-soeur.
Ces deux femmes me détestent. Et ce depuis le jour où je suis entré dans la vie d'Arnaud. Elles passent le plus clair de leur temps à m'humilier, me rabaisser, me ridiculiser. Mais jamais je ne dis mot, jamais je ne réplique. Je garde toujours mon calme.
Malgré tout, je les accueille chaque fois avec sourire, je m'empresse de les traiter en reines, même si à chaque fois, elles me répondent à peine, elles n'aiment pas manger ce que je cuisine. Je remercie au moins le ciel de ne pas vivre dans la même maison qu'elles et d'être aimée par mon mari.
Si je n'étais pas convaincue de ce que mon homme m'adore et s'il n'y avait pas Sibelle entre nous, il y a longtemps que je l'aurais quitté malgré tout l'amour que j'ai pour lui.
Ce n'est vraiment pas facile d'être l'épouse d'un homme comme Arnaud. Je ne suis pas laide, mais à ses côtés, je passe pour une guenon aux yeux de tous. J'ai fini par m'habituer à tous les regards aux alentours : jalousie, moquerie, médisance …
Quoi qu'il en soit, j'évite autant que possible de me retrouver en public avec lui. Aussi souvent que possible, je décline ses invitations aux galas de la Banque. Parce qu'à chaque fois, je me dois de me maquiller pour cacher mes imperfections et de porter des talons aiguilles que je n'ai jamais aimés ; ce qui n'empêche pas les mauvaises langues de se délier.
Disons que ma vie d'épouse d'Arnaud da SILVA, je ne l'assume pas mais je la supporte. Et tout à l'heure pendant la fête, j'ai bien lu le choc sur les yeux de cette Margareth. Très canon avec ses longues mèches naturelles, son visage net bien maquillé — pendant que moi je me bats au quotidien avec mes boutons—, sa taille fine et ses longues jambes.
Elle me regardait avec dédain, voire dégoût. Je ne lui en veux pas. Elle n'est ni la première et ne sera point la dernière à me regarder ainsi. De toute manière, il me faudra la supporter pour faire plaisir à Sibelle qui l'apprécie beaucoup. J'avoue que j'étais un peu jalouse de cette proximité entre elles, mais je garde à l'esprit cette évidence : Sibelle est ma fille et le sera toujours.
J'ai aussi remarqué la manière dont cette aguicheuse de Margareth scrutait Arnaud avec des yeux pleins d'admiration. De toute manière, j'ai aussi fini par m'habituer à toutes ces femmes qui le contemplent avec envie. Dieu seul sait si Arnaud ne me trompe pas. Quoi qu'il en soit, j'ai grande confiance en lui.
Comment suis-je arrivée à entrer dans le coeur d'Arnaud ? J'ai beau me poser la question, je n'y trouve pas de réponse concrète. Je me rappelle juste que j'étais le "vilain petit canard" au collège, de famille très modeste pendant que lui, unique garçon d'une richissime famille de deux enfants était adulé par toutes les collégiennes. Un don juan, il était, multipliant les conquêtes féminines. Secrètement, moi aussi j'étais amoureuse de lui. Il ne faisait jamais attention à moi. Il ne savait même pas que j'existais. Nous nous sommes rapprochés grâce au professeur de mathématiques qui nous a mis dans le même groupe de travail. Peu à peu, il a eu recours à mes services pour relever son niveau en maths. Je ne sais à quel moment son cœur s'est mis à battre pour moi. Il m'a juste déclaré sa flamme en m'assurant que j'étais la plus belle à ses yeux et que j'avais un sourire unique. J'ai d'abord hésité car doutant de ses intentions, mais finalement j'ai fini par accepter et braver les railleries des autres filles. Depuis lors, nous ne nous sommes jamais quittés. Nous nous sommes mariés pendant nos études universitaires. J'ai obtenu un master en gestion des ressources humaines et j'ai travaillé quelque temps dans un cabinet de renom, mais j'ai fini par abandonner tout cela pour devenir femme au foyer. J'avais besoin de consacrer tout mon temps à ma famille et spécialement à ma fille, la prunelle de mes yeux.
Actuellement, elle joue avec sa grand-mère qui l'aime. Je me réjouis au moins qu'elle n'ait pas rejeté Sibelle et qu'elle ait de l'affection pour elle. Moi, je suis assise comme un objet inerte près de mon mari pendant que son entourage ne discute qu'avec lui.
Il est 21 heures. Arnaud rappelle à Sibelle qu'elle doit aller se coucher. Elle rumine quelque peu puis prend congé de sa grand-mère et sa tante, après les avoir embrassées. Par la main, je garde ma fille et toutes deux montons dans sa chambre, située en haut comme toutes les autres.
Je descends quelques minutes plus tard et je surprends une conversation qui m'afflige beaucoup. Ce n'est pas la première fois que j'entends cela, mais je n'en peux vraiment plus de tant de médisance, de méchanceté à mon égard.
- Arnaud, ouvre les yeux, bon sang ! crie sa sœur, cette femme qui à trente ans, vit encore dans la maison de ses parents et n'a pas réussi à se caser avec un homme malgré sa beauté.
- Toi, personne ne t'a sonnée, rétorque-t-il. Je te rappelle que je suis ton grand-frère. Avant de retirer la paille dans mes yeux, pense à retirer la poutre dans les tiens. Tu sais bien ce dont je parle.
- Arrêtez tous les deux ! s'insurge la mère.
Puis s'adressant à son fils, elle ajoute :
- Ta soeur a raison ! Judith ne te mérite pas. Tu dois te débarrasser d'elle pour en épouser une autre de ton rang et qui te convienne vraiment. Quand je pense que tu étais promis à Isabelle, cette fille belle comme une déesse, très grâcieuse et que tu as tout foutu en l'air pour te marier sécrètement à cette laideron de Judith !
Arnaud sent la colère monter en lui.
- Et puis, cette femme est stérile ! Son ventre est vide. Jamais, il ne portera ta progéniture.
- Peut-être maman, mais je te rappelle que nous avons une fille.
- Une petite-fille belle comme le jour que j'aime beaucoup mais qui n'est pas de ton sang, encore moins de celui de Judith. Tu ne connais ni ses origines, ni les antécédents de ses vrais parents.
- Elle reste quand même ma fille !
- Et si ses parents biologiques s'amenaient pour réclamer leur fille ?
- Je n'y pense pas et je ne crois pas que quelqu'un se pointera après dix ans d'abandon.
- Mais …
- Maman ! Il est préférable que nous arrêtions cette discussion. Je te le redis une fois encore, j'aime ma femme et elle me rend heureux. Quant à Sibelle, elle restera toujours ma fille !
La soeur finit par sortir de son mutisme.
- Tes propos ne nous convaincrons jamais, Arnaud !
- Je m'en fiche, Sarah !
- Je partage son avis, Arnaud ! renchérit la mère.
- Alors, je vous prierai toutes deux de ne plus remettre les pieds chez moi. Bonne nuit !
- Arnaud, comment oses-tu me parler ainsi ? hurle la mère.
Il ne l'écoute pas et continue son chemin. Nous nous croisons dans le couloir. Je suis en larmes.
- Mon amour, commence-t-il, tu étais là ?
Je hoche timidement la tête.
- Je suis navré que tu aies à passer par tout cela.
Il me serre contre lui puis m'embrasse. Je réponds à son baiser.
- Je t'aime Judith et je t'aimerai toujours. N'en doute jamais.
- Je sais et je remercie chaque jour Dieu pour cet homme magnifique et cette fille qu'il a mis sur mon chemin.
Son sourire à cet instant et ses mots apaisent mon coeur meurtri. Nous montons dans notre chambre commune et sur le lit, nous restons blottis l'un contre l'autre jusqu'à nous endormir.