Chapitre 8
Ecrit par Mayei
Chapitre 8
...Kevin...
Je finis de me préparer alors que Alice se dépêche pour emballer ma nourriture de ce soir. Je choisi avec minuties mes vêtements en fonction de la température dehors. J’étais bien pressé que ce froid finisse et que l'été arrive. J’allais enfin arrêter de me doubler autant et ressembler à un bonhomme de neige. En juste quelques jours, il y a eu certains changements dans ma vie. Il fallait savoir saisir le taureau pas les cornes quelques fois et c'est ce que je faisais en ce moment. Je passais donc mes chaussures lorsque Alice se montra.
Alice : précieux est la !
Moi : ok je me dépêche de porter mes chaussures
Alice : j'ai fini d'emballer la nourriture
Moi : merci mon cœur ! que serais-je sans toi ?
Une fois prêt, je pris Alice dans mes bras et l'embrassais tendrement. Elle répondit avec joie à ce baiser et ne voulait même plus y mettre un terme.
Moi (me détachant) : je dois y aller bébé
Alice (boudant) : c'est nul comme métier ! ils te gardent toute la nuit et je reste ici toute seule sous mes draps.
Moi : ne t'en fait pas. Je vais bientôt même quitter cette usine et penser à faire autre chose.
Alice : tu dis ça tout le temps ! Si je gagnais de l’argent à chaque fois, je serais millionnaire depuis !
Moi : cette fois ci c'est pour de vrai
"oh les amoureux là-bas, nous allons être en retard" cria précieux
Je laissais échapper un sourire puis sortis avec Alice. Comme d'habitude, précieux fit les éloges de Alice puis nous sortions de la maison. À peine étions nous arrivés un peu plus loin qu'il éclata de rire.
Précieux : tu es fort, man !
Moi : arrête de jouer les fous
Précieux : même moi à la place de Alice, je n'allais rien soupçonner.
Moi : bouge
Précieux me laissa à la station du métro. De son côté, il continua jusqu'au travail. Je pris le métro qui me menait ou j'allais. À ma descente je marchais juste un peu pour atteindre le quartier et insérer le code qui me permettait t'atteindre l'intérieur. Une fois devant la porte je sonnais et c'est avec le sourire qu'elle m'ouvrit la porte.
Divine : depuis que je t’attendais !
Moi (souriant) : je suis descendu un peu tard du boulot
Cela faisait maintenant une semaine que je passais toutes mes soirées avec Divine. Il fallait souligner que tout était allé vite entre nous. Il n'y avait pas eu moyen de trop parler. J’avais fait comprendre à Alice que mon emploi du temps avait changé pourtant j'avais tout simplement démissionné. Il fallait que je fasse du temps pour Divine. Mes papiers y dépendaient. A divine j'avais raconté que vivant avec ma sœur, je ne pouvais pas l'accueillir comme ça chez moi. Nous étions donc tombés d'accord sur le fait que je passe chez elle chaque soir. Heureusement que Alice n'était pas une fouine, sinon elle m'aurait déjà découvert. Divine part déposer mes affaires, enfin mon sac à dos.
Un instant après elle revient vers moi. Elle porte un petit short qui montre sa forme de rêve avec un pull de couleur rose clair. Elle a relevé ses cheveux en une queue de cheval et a des chaussettes au pieds. Il fait froid donc c'est compréhensif. Elle approche et s'assoit près de moi dans le fauteuil. Je passe mon bras derrière pour la rapprocher un peu plus et elle pose sa tête sur ma poitrine.
Divine : bébé ?
Moi : oui ?
Divine : dis quand est-ce que je pourrai rencontrer ta sœur ?
Je me raidis immédiatement en entendant sa question. Il fallait que je trouve une réponse rapidement pour ne pas qu'elle se rende compte de quelque chose. Pourquoi les femmes aiment tant les chichis.
Moi : tu souhaites rencontrer ma sœur ?
Divine : bien sûr que oui !
Moi : tu ne trouves pas que c'est un peu trop tôt ?
Divine : mais non pourquoi tu penses ça ? si c'était ta mère j'aurais compris mais c'est juste ta sœur. Et en plus c'est ta petite sœur
Moi : tu n'as pas tort mais tu sais je n'ai jamais été un homme a femme. Je prends toujours mon temps avec ces choses-là. Et si je te présente aujourd’hui et que demain tu me laisses ? je vais encore venir présenter une autre ? ça fait bizarre.
Divine : hum ! mais qui t'a dit que je vais te laisser ? ça ne risque pas d'arriver mon cher
Moi : on verra ça plus tard. Pour l'instant viens par la
Pour tuer le discours comme on le dit, je la pris dans mes bras et me mis à l'embrasser. Nous n'avions pas encore passe le cap des choses sérieuses mais avec la façon dont se présentaient les choses, ça ne saurait tarder. Elle se dégagea de moi quand ce fut le moment de manger. Encore une fois, elle passa la commande en ligne. Je n'avais pas encore ose lui demander si elle savait préparer. J’étais ici pour un but précis. Je pouvais toujours manger les bons plats de Alice une fois à la maison.
...Maman Françoise...
Je n’arrivais pas à placer ne serait-ce qu’un seul mot. J’étais stupéfaite du résultat que cette séance de relooking me présentait. Moi qui avais tout le temps un foulard sur la tête, je me retrouvais avec ce long tissage lisse, me tombant dans le dos. Sans oublier cette tenue qui soulignait chaque courbe de mon corps. J’étais simplement bouche bée. Cette femme avait fait un travail excellent même si ce n’était pas mon style. Je m’approchais du grand Mirror pour bien regarder ce reflet, centimètre par centimètre. Je me sentais vraiment belle.
Lesly : comment tu te trouves maman Françoise ?
Moi : j’en ai perdu mon latin !
Morelle : ça veut dire que tu aimes ?
Moi : disons oui ! Même si c’est un peu trop osé comme tenue.
Morelle : tu vois Luna ? Qu’est-ce que je t’avais dit ?
Luna ; vous finirez par vous y habituer croyez-moi.
C’était elle l’experte alors je croyais ce qu’elle me disait. Cette Luna était très belle. Elle nous avait accueilli avec le sourire. Elle n’avait pas ce caractère sauvage des commerçantes d’Abidjan lorsqu’on leur posait plein de questions. Elle s’était montrée patiente bien sur ce soit elle la patronne. Lorsque les filles avaient expliqué ce qu’elles voulaient, elle n’avait pas hésité à appeler même la coiffeuse pour nous faire la coiffure ici dans son magasin. Sa coiffeuse était très douée en plus. Pour les tenues, elle nous avait aussi fait des réductions.
Nous avions réglé pour les courses et étions sur le point de nous en aller.
Luna : les filles, n’hésitez pas à passer me rendre visite souvent ! Vous me faites tellement penser à mes sœurs.
Morelle : si monsieur notre père nous le permets !
Elles se sont fait des accolades et nous avons rejoint la voiture dehors. Le chauffeur me regarda en gardant la bouche grande ouverte. Je lui souris. Je sais ! J’avais moi aussi eu la bouche ouverte il y’a quelques instants en voyant mon reflet dans le miroir. Nous nous installons à l’arrière de la voiture. Durant le trajet, pendant que les filles parlaient de je ne savais quoi, mes pensées s’envolèrent vers lui. Monsieur Desoto ! Mon patron ! C’était pour lui que je faisais tout ça. J’espérais que cela allait porter des fruits. Il y avait bien longtemps que je ne le regardais plus comme une employée qui regardait son patron. Mes sentiments pour lui avaient évolué au fil du temps. Mes sentiments pour lui, chaque jour, grandissaient et s’imposaient.
J’étais arrivée dans cette maison lorsque j’avais exactement seize ans. Mon père, qui était tout le soutien financier que j’avais en ce temps, venait de mourir. J’habitais à l’intérieur du pays plus précisément à Bouaké. La sœur de mon père avait proposé de me prendre chez elle. Elle avait dit à tout le monde qu’elle me garderait chez elle. Cela devait me permettre de continuer mes cours comme ses enfants. Elle avait dit qu’elle ferait cela en mémoire de mon père, car, ce dernier n’aurait pas supporté l’idée que l’avenir scolaire de son unique fille soit réduit à néant. Seulement une fois arrivée sur Abidjan j’étais devenue la servante de ma tante. Je faisais presque tout dans sa maison, de la nourriture jusqu’au ménage en passant par la lessive de ses enfants et son mari. Je faisais absolument tout. La rentrée scolaire approchait à grand pas mais je n’avais pas de nouvelle de ma tante par rapport à la situation.
Ce soir-là, mes cousins avaient reçu leurs fournitures scolaires. Chacun couvrait ses livres. Tout doucement j’avais approché ma tante et lui avait dit : « Tantine Monique ! Je n’ai pas eu mes fournitures aussi pour les cours ». On aurait dit que j’avais touché la corde là plus sensible de ma chère tante. J’avais reçu une gifle tellement retentissante que son mari était sorti de la chambre pour demander de qui se passait. Comme c’était elle la dame de fer dans la maison elle avait renvoyé son mari dans la chambre. Cette affaire ne regardait que sa nièce et elle. Comment osais-je lui demander où « exiger » d’aller à l’école ? Après tout, elle me nourrissait. J’utilisais son électricité et son eau à volonté. Je dormais sur un matelas dans la climatisation. En plus de ça il fallait qu’elle paie mes cours ? Je me croyais dans un conte de fée peut-être ?
Cette nuit-là j’avais pleuré en pensant à mon père ! J’en voulais au ciel de m’avoir arraché mon père aussi brusquement. S’il était encore vivant, je ne serai pas en train de me faire maltraiter par ma tante. Le lendemain on me présentait à une femme qui devait me trouver du boulot. Une semaine après, j’atterrissais dans la maison d’un jeune cadre dynamique qui avait besoin d’une aide domestique dans sa maison. Depuis ce jour j’avais travaillé pour monsieur Desoto. Dans les débuts ma tante prenait 90% de mon salaire et je me contentais des dix pour-cent qui restaient. Pendant quatre ans elle l’avait fait. Je grandissais et mes besoins aussi. Lorsque j’avais osé m’y opposer, madame ma tante avait jugé bon que je prenne la porte.
Ce jour qui était censé être mon jour de repos, j’étais revenue chez monsieur Paul avec toutes mes affaires. J’avais essayé de lui expliquer ! Il ne m’avait pas laissé placer une qu’il me permettait de rester comme je veux. Je l’avais regardé avec des yeux pleins de gratitude. Je prenais soin de ses enfants alors il n’y trouvait aucun inconvénient. Mais comment vivre avec un homme pendant plusieurs années et ne rien ressentir pour lui ? Comment rester insensible lorsque chaque fois qu’il passe son parfum me reste dans l’esprit ? Comment supporter de le voir torse nu, bien sculpté malgré son âge avancé ? Comment rester sereine lorsque la pucelle que j’étais, découvrais une partie de son corps à chaque fois ! Oui j’étais pucelle à trente-trois ans. Je passais tout mon temps dans cette maison. À quel moment aurais-je pu vivre une quelconque liaison amoureuse ? J’étais bien trop calme ! Bien trop sage.
Si d’un côté j’avais réussi à monter un petit business qui se portait bien, cela n’avait pas été le cas pour ma vie sentimentale.
« Allo ? »
Je revins à moi brusquement ! Nous étions presque arrivées à la maison. J’avais passé tout mon temps ressasser le passé. Leslie parlait avec son frère au téléphone et c’était maintenant confirmé qu’il arrivait demain. Mon cœur cognait dans ma poitrine. Et si nous avions fait tout ça pour rien ? Et s’il ne remarquait rien ? J’allais être franchement déçue mais j’espérais tout de même que ce ne soit pas le cas.
Ma nuit avait été très courte. Je pensais constamment à ce qu’on devait préparer. Il aimait énormément la sauce de graine de palme. Mais il allait rentrer tard du coup manger trop lourd n’était pas conseillé. A défaut de d’autre graine, j’optais pour une soupe du pêcheur. Je laissais les consignes au cuisinier et je supervisais du mieux que je le pouvais. J’avais sorti des couverts jamais utilisés pour changer un peu. En fait c’était moi même qui avait acheté ces couverts. Cette maison manquait cruellement de présence féminine dans ce genre de détails. Le temps était passé à vive allure. J’avais vite fait de prendre une douche. Puis on frappa à ma porte.
Moi : ouiii ?
Morelle (ouvrant) : oh tu es en serviette maman ! On peut rentrer ?
Moi : oui bien sûr !
Elles se sont jetées sur mon lit. Morelle a supplié pour se coucher sur ma poitrine mais elle était bien trop vielle maintenant pour ça.
Lyly : je choisis ce que tu dois mettre et Momo va te faire ton maquillage
Momo (avec sa trousse) : j’ai tout ce qui faut avec moi !
Elle m’a passée un foulard sur la tête et s’est mise au travail. J’avais le cœur qui battait vraiment vite. J’avais peur et étais excitée à la fois. Je soufflais un moment pour faire ressortir toute cette pression. Momo avait fait du bon boulot, le maquillage faisait très naturel. Je passais la robe qui DIEU merci n’était pas trop courte. Il nous fallait attendre maintenant que monsieur Desoto rentre. Nous étions toutes au salon. De temps à autre je me levais pour vérifier la table à manger.
Lyly : maman Françoise tout est bien sûr la table là !
Momo : ça fait plus de cinq fois que tu vérifies ! C’est papa qui te met dans cet état ?
Moi : mais non ! J’aime quand tout est bien fait.
Momo (air moquant) : hummm
Piiiiiing ! C’était lui ! C’était lui ! C’était le klaxon de la voiture. Il avait mis plus de temps que prévu mais il était là maintenant. J’eus soudainement mal à la tête. J’avais envie de prendre mes jambes à mon cou mais pour aller où. Je restais debout, toute raide, ne sachant que faire.
Les filles accoururent pour attendre leur père. Je me tenais en retrait pour attendre ce moment décisif. S’il ne remarquait rien ça voudrait dire qu’il n’y avait plus rien à espérer. Soudain il apparut, toujours aussi beau, toujours aussi classe.
Mr Desoto : ça vous va les filles
Elles ; oui papa !
Mr Desoto : vous m’avez manquées venez par ici !
Bien que surprises, elle se jetèrent dans les bras de leur père. Le moment de câlins fini il se décala et ses yeux se posèrent sur moi.
Mr désolée : oh Françoise ! Tu...tu as l’air changée ! Cette coiffure te va à merveille !
Moi : merci monsieur !
Mr Desoto (me regardant) : ça te va vraiment bien
Moi (complètement gênée) : merci ‘
Il échangea quelques temps avec les filles puis monta dans sa chambre en sifflant
Lyly : je ne l’avais jamais vu d’aussi bonne humeur
Momo : comment ne pas être de bonne humeur après avoir vu une beauté comme maman Françoise ? J’étais sûre que ça allait marcher.
Malgré le fait que Momo soit aussi bien convaincue, j’avais des doutes ! Il était arrivé ici déjà de bonne humeur ce qui voulait dire que quelque chose dehors l’avait rendu de bonne humeur. Je n’étais pas la cause de cette bonne ambiance.
…Elizabeth Ahizi...
[un peu plus tot ce meme jour]
Moi : pardon fais vite avec ma coiffure je n’ai pas que ça à faire !
J’ai fait fi de la grimace que cette vilaine coiffeuse a faite. Personne ne pouvait gâcher ma joie aujourd’hui. Mon gars venait aujourd’hui pour me voir. Je l’avais rencontré comme ça sur Facebook par le pire des hasards. Ce n’est pas parce que j’étais dans presque la quarantaine que je n’allais pas me promener sur Facebook. De plus je suis jeune ! Trente-six ans j’ai encore le temps de me trouver un bon mari. Je disais donc que j’avais rencontré Antoine sur Facebook. C’était un ivoirien mais qui vivait désormais en Italie dans la légalité s’il vous plaît. Nous avons passé un bon moment à échanger et nous nous sommes trouvés des affinités. Après trois mois d’échange, il a décidé de venir me voir aujourd’hui. Son vol arrive ce soit six environs de 19 heures. J’avais misé tout mon petit argent dans ce billet d’avion et aussi pour la résidence. Ne me regardez pas comme ça ! Mettre un peu d’argent dans un billet d’avion pour voir son petit ami c’est mauvais ?
Je me faisais vieille et depuis je n’avais pas trouvé un homme pour m’épouser. La vie est bizarre hein. Quand je pense que par le passé les hommes s’alignaient devant la porte de mes parents. Mon père en avait des céphalées. J’ai eu de tout, des directeurs d’entreprise aux ministres en passant par des maires. Si seulement j’avais été un peu plus intelligente. Si seulement j’avais (mal de le reconnaître) agi comme la petite Luna ! Peut-être que je n’en serais pas là. Elle au moins investi tout cet argent que ces hommes versent sur elle. Même une parcelle de terre je n’avais pas. Heureusement que j’avais eu mon fils avec un directeur et ma fille avec un maire. Je n’avais pas de soucis à me faire à ce niveau car leurs pères s’occupaient très bien deux ! Ils vivaient avec leurs pères c’était la condition pour qu’ils s’occupent d’eux. Moi je vivais ma vie comme je le pouvais.
J’étais descendue chez ma sœur pour préparer la venue de mon copain. Oui j’avais une sœur en ville ici mais je préférais descendre chez mon frère pour suivre un peu ce qui se passait là-bas avec sa femme. Au moins nous sommes rassurées que Luna ne soit plus de la maison. Pendant combien d’années, mon frère a passé son temps à nourrir un enfant qui n’était pas le sien. Un enfant dont on ne connaît même pas le père puisque c’est l’un des oncles de sa mère qui a inscrit son nom sur le jugement. Tout cet argent il pouvait l’utiliser pour me construire une maison pourquoi pas. Bref j’ai payé cette fausse coiffeuse et je suis rentrée chez ma sœur tranquillement.
Béatrice : il arrive à quelle heure ?
MOI : 19 heures !
Béatrice : mais c’est à quel moment tu vas commencer à préparer si tu dois aller le chercher aussi.
Moi : mais je comptais sur toi pour préparer non ! Tu sais comment ta nourriture est bonne. Tu prépares et on dit que c’est moi qui ai préparé
Béatrice : hum Elizabeth ! Je vais préparer aujourd’hui et les autres fois ?
Moi ; laisse pour les autres fois là ! C’est pour maintenant qui est important.
Béatrice : hum j’ai compris oh !
Ma sœur Béatrice était un cordon bleu contrairement à moi. On ne pouvait pas tout avoir sur cette terre. J’avais la beauté ! Du coup je n’avais pas besoin de savoir préparer. Les hommes riches que j’allais avoir dans ma vie allaient forcément me prendre un cuisinier et une servante donc pourquoi me fatiguer ? En tout cas c’est ce que je pensais. Mes plans n’avaient pas fonctionné comme j’avais imaginé. Et franchement j’avais la paresse de me tenir dans une cuisine pour regarder comment faire ci ou ça. J’avais d’autres chats à fouetter. Antoine m’aimait et il allait me prendre malgré le fait que je ne sache pas cuisiner.
Je comptais les heures pour aller le chercher à l’aéroport ! Il était bientôt dix-huit heures. Je filais sous la douche et ressortis quelques instants après. Ma tenue était déjà sur le lit. J’étais tellement belle en sortant que même ma sœur a sifflé en me voyant. J’ai arrêté le premier taxi qui s’était pointé et nous avions mis le cap sur l’aéroport international Felix Houphouët Boigny, je me mis du côté des arrivées. Je décidais de m’asseoir en attendant patiemment que le vol avec Corsaire atterrisse. Ça allait prendre du temps puisqu’il fallait encore attendre de passer la douane et récupérer ses valises.
Je ne tenais plus sur place lorsqu’on annonça dans le mégaphone que l’avion avait atterrit. J’ai mis de l’ordre rapidement dans ma tenue et peu de temps après j’étais debout au milieu de toutes ces personnes à attendre que mon chéri sorte. J’imaginais déjà l’émotion que j’allais ressentir. Nous n’allions plus échanger que pas message ou par appels téléphoniques sans se voir. On aurait dire une fillette tant j’étais surexcitée.
Il était bientôt vingt et une heure trente, toujours pas de nouvelles de Antoine. J’attendais tout de même bien que mon cœur se soit mis à battre un peu plus que la normale. Vingt-deux heures toujours pas de nouvelles. A vingt-deux heures quinze je m’approchais des policiers qui étaient à l’entrée.
Moi : chef pardon je peux avoir un renseignement ?
Lui : oui madame ?
Moi : je voulais savoir s’il y’a encore des personnes dedans qui sont venues avec corsaire ?
Lui : je ne pense pas mais laissez-moi voir avec mes collègues !
Moi (peu rassurée) : d’accord !
Il est revenu plus tard en me garantissant qu’il n’y avait plus personne sur le vol. Je n’en croyais pas mes oreilles. Je sortis mon téléphone pour appeler Antoine. Il devait forcément y avoir erreur. Je lançais son numéro immédiatement.
« Votre crédit est insuffisant pour effectuer cet appel »
Merde ! Je me précipitais dehors et attrapais le premier gérant de cabine. Je lui donnais le numéro à composer. Ça sonnait
Antoine : allo ?
Moi (surprise) : Antoine ? Antoine tu es où ?
Clic !
Moi : allo ? Allo Antoine ? Antoine ?
Il venait de me raccrocher au nez. Non pincez moi pour que je me réveille. On recomposait le numéro mais cette fois-ci il était indisponible. Antoine s’était joué de moi ? L’argent que j’avais envoyé pour le billet. La chambre que j’avais réservée en surprise pour sa venue ! Non ce n’était pas possible ! Je m’étais fait avoir comme une petite fille. Antoine m’avait eu ! Il m’a même très bien eue. Je ne savais que faire. J’allais rentrer à la maison comme ça ! Qu’allais-je dire à ma sœur ! Elle s’était donnée tant de mal pour préparer pour cette occasion. Je m’étais mise à marcher comme ça, le regard perdu dans le vide ! Je m’étais faite avoir. Dans mon propre pays, un homme avait réussi à m’arnaquer comme les brouteurs le faisaient avec les femmes blanches en Europe. Le désespoir ! je ne me savais pas autant désespérée. Je marchais lorsque les phares d’une voiture derrière moi m’aveuglèrent. Je poussais sur le côté et la voiture avança. Jusqu’à mon niveau puis s’arrêta. Je cessais de marcher. La portière s’ouvrît et un homme en descendit. Lorsque mes yeux croisèrent son regard, je fis secouée par l’étonnement !
Moi : Paul...
Paul : Elizabeth
Moi : Paul Desoto ?
Paul : Elizabeth Ahizi !
Je n’en croyais pas mes yeux. Cet étudiant que j’avais laissé par le passé. C’était lui qui roulait dans cette grosse voiture avec chauffeur. Il sentait la fraîcheur comme la possible. Il prenait même l’avion maintenant. L’homme n’est rien vraiment. J’étais vraiment surprise de le voir ainsi.
Paul : je peux te déposer quelque part ?
Moi : pourquoi pas ?
Paul : on y va alors !
Je montais dans sa voiture. L’intérieur était classe avec la climatisation. On sentait que ce n’était pas les voiture deuxième main mais plutôt celles qui sortait chez le concessionnaire. Sur le coup ma douleur quant à Antoine avait baissé un peu. On disait que tout concourait au bien de ceux qui aimaient Dieu ! Voilà ça ! J’étais venue ici pour rencontrer Antoine un menteur et je tombais sur Paul et cette grande surprise.
Paul : tu rentes de voyage ?
Moi : oh non ! Je devais recupérer un colis mais il y’a eu un retard donc demain je passerai récupérer. Et toi ?
Paul : je rentre des États Unis comme ça ! Je suis allé rendre visite à mes enfants !
Moi : tes enfants ?
Paul : oui j’ai deux garçons aux États Unis. Et mes deux filles au pays ici !
Moi : 4 enfants ! Ta femme est bien courageuse !
Paul : nuance ! J’ai des enfants oui mais pas de femme Elizabeth !
Voilà qui était intéressant ! Il n’avait pas de femme. Il me retourna la question. Je n’avais pas de mari et j’ajoutais même que je n’avais pas d’enfants. Il ne fallait pas que cela gâche mes plans. On connait les hommes dans Abidjan. Lorsque tu as déjà des enfants, toute ta valeur disparait. Un enfant oui mais deux enfants, ça compliquait l’équation. Il me déposa chez ma sœur et me tendit sa carte de visite. Il avait souligné que je devais lui passer un coup de fil le Plus tôt possible. Il parlait même de se revoir. Qui avait dit que mon temps était passé. Le vieux vis-à-vis a dit ! Personne ne connaît le jour de son jour. Je crois que je venais de connaître le mien. Si j’avais négligé Paul par le passé parce qu’il n’avait rien à m’offrir, aujourd’hui je n’allais pas commettre cette erreur à nouveau. Merci Antoine de m’avoir traînée dans cet aéroport même si tu n’y étais pas. Au moins ça avait servi à quelque chose.
Le chauffeur de Paul m’avait laissée devant le portail de ma sœur.
Paul : j’attends son appel Elizabeth
Moi : je n’y manquerai pas.