CHAPITRE 8

Ecrit par Anaëlle97

Chapitre 9

"Avouer que le mensonge est une condition vitale, c'est là, certes, s'opposer de dangereuse façon aux évaluations habituelles, et il suffirait à une philosophie de l'oser pour se placer ainsi par-delà le bien et le mal." Par-delà le bien et le mal (1886) de Friedrich Wilhelm Nietzsche

****Luna****

Je sens que Papa est malheureux du fait que je n'arrive pas à me confier à lui et surtout du fait que je lui mens. Le temps que Papa descende , Sylvain est rentré. J'ai récupéré la bouffe qui vient de la "Marée de Jarelle" qui est d'ailleurs mon restaurant préféré! J'ai mis la table en attendant patiemment que les hommes de la maison veuillent bien venir honorer le repas.

Papa descend les marches quelques minutes plus tard avec une mine surprise.

-Tu as finalement décidé de fêter ta réussite ? Me questionne-t-il en descendant les escaliers


Même s'il a un peu maigrit ces derniers temps, mon père demeure le plus beau !

-Oui Papa, c'était un petit coup de blues rien de plus, répondis-je en essayant maladroitement de me composer une expression joyeuse.

-Ok, va appeler ton frère pour qu'on puisse passer à table

Je monte au premier appeler Sylvain, ça me fait bizarre de me retrouver devant sa porte en plus elle est entrebâillée.

C'est quand même fou. Depuis le retour de Sylvain, je n'ai jamais mis pied dans sa chambre. Elle est toujours verrouillée, et en plus l'idée d'y pénétrer ne m'a jamais effleurer l'esprit. Mon grand frère est ce qu'on appelle souvent une  "personne secrète"! Je crois le connaître mais au fond on ne parle jamais de sujets importants, de nos projets .........bref on plane toujours sur les sujets sans importance et superficiels. Il y a aussi le fait qu’on n’a jamais eu l’occasion de vivre sous le même toit pour une longue durée et d’apprendre à se connaître qui pèse dans la balance.

-Je vous dis que je ne flancherai pas, dis Sylvain, debout au beau milieu de sa chambre.

Je peux le voir par l'entrebâillement de la porte. Mais il parle à qui?

Je cogne trois coups contre sa porte ce qui a pour effet d'attirer son attention et un léger sursaut. Il se retourne brusquement, les sourcils froncés et le visage tendu. Il se radoucit dès qu'il se rend compte que c'est moi.

-Luna? Que fais-tu là? Me questionne-t-il

- Papa m'a demandé de t'appeler pour qu'on puisse passer à table, lui répondis-je

- Je descends tout de suite


[....]

- Je tiens encore à te féliciter ma chérie, je suis fier de toi et que je sais que ta mère où qu'elle soit l'est aussi, dit Papa en levant son verre

-Félicitations sœurette, dit Sylvain en levant aussi son verre

J'ai pris mon verre mécaniquement en plaquant un grand sourire fake sur mon visage

-Merci Papa, merci Sylvain répondis-je en trinquant.

Je bois une gorgée du mon jus de fruits qu'il y a dans mon verre et je le dépose. Le repas n'en parlons même pas je me suis forcée à l'avaler tellement que j'ai mal à la gorge! Ensuite, il y a eu le dessert! En temps normal je me serai régalée, mais là c'est de la torture pour moi.

-Bien maintenant que tu fais ton entrée dans la cour des "pseudo grands" (rires) j'ai décidé de t'offrir ce téléphone dont tu rêvais tant, dit Papa

-Hein? C'est tout ce que j'ai trouvé à dire

-Demain tu t'apprêtes tôt on ira chercher ton premier portable ma grande reprend Papa

- Mon ........téléphone! Sérieux? Tu as toujours été contre Papa! Dis-je encore
- Ah Lu soit contente et arrête de poser des questions me réprimande Sylvain

-Mais je suis contente !

-Eh ben tu caches vraiment ta joie alors, me répond Papa

- C'est juste que j'ai l'impression de rêver et je ne sais plus qu'elle attitude adopter.....mentis-je

-Ok c'est bon maintenant débarrasse la table s'il te plaît, dit Papa

J'ai plombé l'ambiance est-ce que la réaction que je viens d'avoir est un temps soit peu normal? Non carrément pas me susurre ma conscience.

[....]

Le lendemain matin


Ce matin j'ai fait un effort côté vestimentaire pour faire plaisir à Papa. Un jean trois quart rouge, avec un top rose qui a des rayures noires en haut, des spartiates aux pieds et une casquette pour dissimuler le désordre de mes cheveux. Je prends ma sacoche bandoulière et je suis prête.

[....]

Papa m'attendait déjà au salon.

-Vérifie que toutes les portes sont bien fermées Lu..
- Ok Papa

[.....]

Papa m'a ramener à la maison et est reparti pour le boulot, dans ma sacoche se trouve mon premier téléphone, un IPhone!

Me dire que j'ai mon premier téléphone m'a mise d'assez bonne humeur mais ça n'a duré qu'un instant.



****Sylvain ****

Je sors d'une réunion importante, et je suis lessivé vu que j'ai passé presque toute la nuit à préparer l'exposé que je viens de présenter. Ils avaient plutôt l'air satisfait par mon boulot.

Je hâte le pas pour aller m'enfermer dans mon bureau en remarquant que Pamela la secrétaire du DG me suit ! Elle me fait du rentre dedans terrible depuis mon arrivée ici. Et je la fuis parce qu'il ne faut pas que je couche avec une autre personne que Luna avant la fin des sept mois. Je dois résister à toute tentation et parlant de tentation Pamela est vraiment bandante. Un pare choc oh la la et une malle arrière fournie. ! Une bouche uhm cette bouche. Cette fille met mes résistances à dure épreuve alors je l'évite au grand max.

Je rentre dans mon bureau que je ferme à double tour derrière moi.

Ping (sms)

Mira: Bonjour bébé

Moi: Qui  appelles-tu bébé?

Mira: Mais toi!

Moi: Depuis quand?

Mira: C'est bon oublie Sylvain

Cette fille est folle! Je lui fais une cour assidue depuis quelque temps. Il y des jours elle est intraitable avec moi et d'autre jour comme aujourd'hui elle joue la carte de la douceur.

Ping (sms)

Mira: Ta réunion s'est bien passée?

Moi: Plus de peur que de mal, je me trompe ou tu essais de changer de sujet?

Mira: C'est exactement ça.

Moi: Ok


Toc toc toc

Je vois le poignet tourné mais la personne n'arrive pas à ouvrir

- Qui est-ce?
 
- C'est la réceptionniste, j'essaye de vous joindre mais votre fixe a l'air d’être débranché

Je suis allé ouvrir la porte.

- Oui vous cherchiez à me joindre pour quelle raison? La questionnais-je

- Il y a un certain Inspecteur CLERGÉ  qui demande à vous voir

Koum koum koum

Mes mains sont toutes moites ! Que fait-il ici?

- Monsieur?

- Oui oui je vais le recevoir répondis je

Je respire un grand coup pour me donner une certaine contenance...

****Inspecteur CLERGÉ ****

Je vois la jeune femme de l'accueil revenir vers moi d'une démarche un peu trop chaloupée, elle a rajouté du gloss sur ses lèvres!

- Inspecteur CLERGÉ, Monsieur OBOSSOU va vous recevoir me dit -elle, veuillez me suivre

Je me suis levée de mon siège. Elle m'a devancé en accentuant sa démarche, non mais je rêve!

Je suis l'inspecteur Bonaventure CLERGÉ de la police française. Je suis sur le sol béninois pour une année entière en tant que Sergent instructeur au camp militaire de Guézo encore appelé Camp Guézo. J'ai 35 ans, métisse ma mère est guinéenne et mon père français, 1m 87. Á part mon rôle de Sergent instructeur je suis ici pour une affaire de meurtre non réglée qui me hante !

****Sylvain ****

On dit souvent que quoi qu'on fasse notre passé nous rattrape toujours, on a beau marcher ou courir pour le fuir, on ne peut empêcher l'inévitable. Je m'assoie derrière mon bureau en soufflant un grand coup pour me calmer et me donner une certaine contenance.

Je vois la réceptionniste faire entrer l'inspecteur, je déglutis très difficilement. Cet homme m'a toujours montré très ouvertement qu'il ne croyait pas une seconde à mon alibi et qu'il fera tout pour me faire emprisonner. Il vient de réveiller de vieux démons que je tentais de fuir. Je le vois analyser mon bureau des yeux, un rictus de mépris sur les lèvres.

- Veuillez-vous assoir je vous prie dis je

Le voir debout me perturbe au plus haut point.

Il a tiré la chaise et s'est assis en face de moi.

-Bonjour Monsieur OBOSSOU, je vois que vous avez gravit, les échelons en peu de temps, ravi de vous revoir

- Je vous sers quelque chose? Du jus de l'eau ?

- Un verre d'eau ne sera pas de refus merci, me répondit-il en continuant son analyse des lieux

J'ai fait pivoter ma chaise pour me tourner vers le petit frigo posé pas loin de moi.

Je m'empare d'un verre et d'une bouteille d'eau. Je remplis au trois quart un verre que je place devant l'inspecteur.

- Je vous espérais pas ici à Cotonou Monsieur l'inspecteur, que me vaut votre visite ? Le questionnais-je

-Je suis au Bénin pour quelques temps et je veux éclaircir quelques zones d'ombres concernant l'affaire Claudia ADJOVI (pause)  j'ai une ou deux questions supplémentaires à vous poser afin de pouvoir boucler le dossier

- Vous avez trouvé l'assassin?

- Malheureusement non, nous sommes toujours en train d'investiguer mais la hiérarchie demande à ce que le dossier soit boucler pour le moment, me répond-il

- Je vous écoute

- J'ai quelque question concernant votre alibi

Koum koum koum

Mes mains commencent par trembloter, je les cache sous la table loin du regard inquisiteur de Mr l'inspecteur.

- Euh oui

- Vous avez dit que vous vous trouviez dans votre appartement le soir du meurtre.

- Oui en effet Claudia m'avait proposé de passer la soirée en amoureux mais j'ai décliné l'offre car je devais apporté des corrections à ma thèse de soutenance ce soir-là  répondis je

- Je croyais que vous aviez plutôt dormi toute la soirée

- J'ai dormi après avoir terminé de bosser sur ma thèse

-Dans votre première déposition vous avez dit que vous étiez fatigué et que vous avez dormi toute la soirée, reprend l'inspecteur

- Oh les détails de cette soirée ne sont plus nets dans mon esprit mentis-je

-Votre petite amie se fait tuer dans son appartement et vous ne vous rappelez pas des détails de ce jour-là ? S'offusque l'inspecteur

J'ai merdé !
-J'essaye de toutes mes forces d'oublier tout ça, elle me manque atrocement vous savez mais je me dois d'aller de l'avant

- Je vois ça, dit-il en me regardant droit dans les yeux

Je soutiens son regard du mieux que je peux, ma nervosité est en train de gagner du terrain et j'ai du mal à me contenir

-Je veux aussi que justice soit rendue pour Claudia, mais ne m'en voulez pas de vouloir aller de l'avant, répondis-je

- Bon Mr OBOSSOU merci de m'avoir reçu, je vais vous laisser, est-ce que je peux revenir au cas où j'aurai d'autres questions?

- Bien évidemment que oui

- Merci pour votre coopération

Je l'ai raccompagné jusqu'à la porte, ensuite j'ai pu relâcher toute la tension accumulée sur les épaules.

Dès qu'il sort je ferme la porte à double tour, je m'isole dans la salle de bain et je ferme derrière moi. Je m'inquiète peut être pour rien !

Non sa visite n'est pas anodine et d'abord que fait-il au Bénin ? Je prends mon téléphone dans l'une des poches de mon pantalon. Et je lance l'appel

-Allo c'est moi, on a un problème

.....: Lequel?

-L'inspecteur CLERGÉ vient tout juste de sortir de mon bureau

.... : Celui en charge du dossier de Claudia?

-Celui-là même

-Je suppose qu'il vous a encore posé des questions.

-En effet et je sais qu'il ne croit pas un mot de tout ce que je lui dis.

- Je vais me renseigner sur les raisons de sa présence au Bénin

-Faites donc ça.

Je pose mon téléphone sur le lavabo et je prends ma tête entre mes deux mains. Si jamais ce qui s'est réellement passé ce jour-là vient à être dévoilé je suis foutu. Je me rappelle absolument de tout ce qui s'est passé ce soir-là.  Comment l'oublier ? Ce n'est pas tous les jours qu'on tue une personne!

Ça s'est passé il y a un an six mois. Je fréquentais Claudia depuis bientôt un an, elle était si douce et naïve. Le groupe m'avait demandé un sacrifice pour faire partie des leurs. Quand ils m'ont demandé qui je comptais sacrifier la première personne qui m'est venu à l'esprit est Claudia ! J'aurai pu choisir n'importe quel SDF mais non j'ai choisi ma petite amie. Je devais la tuer de mes propres mains de six coups de poignard.

J'avais tout préparé à l'avance ce soir-là quand elle m'a écrit j'ai décliné l'offre comme ça la police a des preuves qui soutiennent un peu mon alibi. Un autre membre du groupe est resté dans mon appartement pour faire croire à mes voisins que je n'étais pas sorti. Chez Claudia est à cinq minutes de chez moi. Je me suis procuré une fausse barbe et une casquette de baseball. Je suis passé par l'entrée du personnel de nettoyage, à cette heure-là il n'y avait personne. J'ai marché le plus vite possible pour aller jusque chez elle. Je suis passé par les escaliers de secours comme ça j'évite les caméras qui sont dans le hall d'entrée de l'immeuble. Quand je suis entré, elle ne s'en est même pas rendue compte. J'avais le couteau planqué dans une poche intérieure de mon blouson......


Toc toc toc

Quelqu'un frappe à la porte de mon bureau. Je tire la chasse, je récupère mon téléphone sur le lavabo, je sors de la salle de bain et je vais ouvrir la porte. C'est la réceptionniste

- Monsieur veuillez reconnecter votre fixe

- Oui oui je le ferai tout de suite.

****Inspecteur Clergé ****

Je sors du bureau de Mr OBOSSOU avec un sentiment de déjà-vu. Cet homme persiste à me mentir! Et je n'ai aucune preuve qui réfute son alibi. Il a oublié la première version qu'il a donnée à la police et il a essayé de s'en inventer un autre. D'habitude ceux qui vivent un événement traumatisant n'oublient jamais les détails de cette journée!

On a retrouvé Claudia ADJOVI poignardée à plusieurs reprises sur le plancher de son salon. La pauvre s'est littéralement vidée de son sang en un clin d'œil. Á part Sylvain nous n'avons trouvé aucun suspect, on a fouillé dans les moindres détails de la vie de Claudia á la recherche d'un potentiel ennemi mais rien. Cette fille était appréciée de tous. On a essayé d'incriminer Sylvain mais son téléphone le place chez lui la nuit du meurtre !

Je sors des locaux de Orabank et je m'engouffre dans la voiture 4x4 mise à ma disposition tout au long de mon séjour.

Ping (sms)

-Vous l'avez rencontré ?

-Je sors à peine de son bureau

-Alors qu'est-ce que vous en pensez?

-Il continue de mentir

-Je le savais!



LUNA: MES LARMES