Chapitre 9

Ecrit par Anaëlle97

Chapitre 9

****Sylvain****

Le reste de ma journée je l'ai vécu en tant que spectateur, présent de corps mais pas d’esprit. Je me suis débarrassé des dossiers les uns après les autres, tout m'agaçait. J'avais un seul besoin…Prendre un verre.

Assis derrière mon bureau j'attends mon dernier client de la journée avec une certaine pointe d'impatience. C'est un client important que le directeur général devait recevoir mais il me l'a refilé au dernier moment. Un certain Adéyémi BABALOLA, riche commerçant d'origine Nigériane. Il aurait un gros dépôt à faire. J'entends la sonnerie de mon téléphone fixe retentir.

-Allô?

-Mr BABALOLA est là murmura la réceptionniste

-Dites-lui que je vais le recevoir

-C'est compris Monsieur

J'ai réajusté ma veste et rangé le dossier de mon précédent rendez-vous.

Toc toc toc

-Entrez !

-Monsieur OBOSSOU, Mr BABALOLA je vous prie, dit la réceptionniste en l'introduisant dans mon bureau

-J'aimerais savoir pourquoi le DG n'est pas en mesure de me recevoir aujourd'hui

Il porte un agbada en Bazin brodé avec soin. De taille moyenne, de corpulence enrobée et de petits yeux sournois.

Je me lève de mon siège pour lui montrer un signe de respect peut être que cela le mettra plus à l'aise.

-Bonsoir Mr BABALOLA, je suis OBOSSOU Sylvain, le Dg a eu une urgence familiale, il ne peut donc pas honorer votre rendez-vous, mais il a tenu à ce que je me mette à votre disposition dis je

Je fais signe de la main à la réceptionniste pour qu'elle nous laisse seuls.

-Asseyez-vous je vous prie

Il a l'air sceptique quelques secondes avant de rabattre les pans de son agbada faisant apparaître une mallette en cuir rouge qu'il pose sur mon bureau et s'assoit.

-Je vous sers quelque chose à boire? Le questionnais-je

- Non merci et c'est El Hadj BABALOLA pas  "Mr BABALOLA"

- Bien sûr El Hadj......

- Bien, j'ai mon dépôt hebdomadaire à faire sur mon compte

Il déverrouille la mallette laissant apparaître des liasses et des liasses de 10.000 F

-Ça fait 50.000.000 F CFA, si vous devez compter faites le vite j'ai d'autres chats à fouetter.

50.000.000 F ? Dépôts hebdomadaires? Il est riche à quel point pour être reçu uniquement par le Dg?

Je me suis connecté sur le réseau fermé de la banque j'ai ensuite recherché son compte.

J'ai le souffle coupé et la bouche pâteuse ! Ce type c'est qui? Il a plus de dix milliards sur son compte !!!!!

-Est-ce que je peux vous poser une question?

-Je vous écoute Sylvain OBOSSOU

-Vous faîtes quoi comme boulot?

-Vous pensez à vous reconvertir? Demanda-t-il sournoisement

-Non c'est juste que....

-Mon boulot Sylvain c'est de prêter allégeance à Amaymon!

Hein? Qu'est-ce qu'il vient de dire?

-De ....de quoi parlez-vous?

-Arrête de faire l'innocent Sylvain ! Nous sommes dans la même barque! Et ce n'est pas que ton patron a une urgence familiale c'est moi qui est demandé à être désormais reçu par toi!

Je crois que suis sur le cul!

-Je suis ton nouveau guide dans la confrérie! J'espère pour toi que tu ne vas pas te dégonfler ! Et sache le tu n'es pas le premier à faire ça on est tous passé par là! Moi ça a même été avec ma propre fille donc ta situation est même meilleure!

-Votre fille!

-Oui ma fille!

-Et elle sait que c'est vous?

-Oh elle ne le saura jamais puisqu'elle est morte!

Koum koum! Koum! Koum koum

- Morte?

-Elle s'est suicidée!

- Oh désolé, je m'excuse pour mes questions

- Fais donc ce versement sur mon compte et on ira chez moi dîner
 
La perspective de dîner avec lui ne m'enchante pas vraiment, mais il est désormais mon référent dans la confrérie, je lui dois respect et obéissance.

- Oui tout de suite

Je réfléchis à vive allure ! S’il vient verser des sommes comme 50.000.000 chaque semaine ça veut dire que ce sont ses bénéfices ou l'argent qu'il met de côté pour une retraite paisible? C'est un sacré pactole cet argent. Donc je serai aussi riche que lui? Waouh j'ai eu mon jackpot, il me reste encore du chemin pour être comme lui mais la certitude d'être un futur riche m'apaise l’esprit.


[....]


Je suis le véhicule d’El Hadj BABALOLA qui se faufile entre les rues animées de Cotonou. Il se gare enfin devant une imposante bâtisse dans la zone de Cadjèhoun. Je me gare et il m'invite à entrer.

Ça c'est une Maison!


[....]

- Vous savez Sylvain, j'étais balayeur à Dantokpa ! J'avais une femme qui m'aimait malgré ma pauvreté et trois enfants. C'était dur de joindre les deux bouts. J'étais pauvre oui mais je ne voulais pas que ma femme travaille. J'étais l'homme de la famille c'était à moi de faire bouillir la marmite. Au vue de l'évolution de notre situation qui était de plus en plus précaire, j'ai laissé ma femme commencer un petit commerce de vendeuse d'atassi (mets à base de riz et de haricots encore appelé ayimonlou au Togo) . Tout allait bien, enfin les choses se sont légèrement améliorées. Et là elle est tombée enceinte. Un jour en quittant l'école ma première fille s'est faite percuter par un chauffard elle est morte sur le coup. Ma femme sous l'effet du chagrin a perdu le bébé et était inconsolable. Comme si ce n'était pas assez, j'ai été viré pour avoir manqué cinq jours de travail alors que je consolais ma femme et enterrait ma fille. J'ai décidé ce jour de prendre mon destin en main. Rester là à me plaindre n’allait rien arranger. J'ai alors rejoins la confrérie, je t'épargne les détails mais ma vie a changé.




****Inspecteur CLERGÉ ****

Je m'engouffre dans mon appartement tout en sueur. Je viens de terminer mon jogging matinal et je suis prêt à attaquer ma journée. Je prends une douche froide et j'enfile ma tenue d'inspecteur. Une fois habillé je vais dans la cuisine me faire un café bien frappé.

-Tu es très beau dans ta tenue officielle, me dit une voie féminine et suave que je connais un peu trop bien

Confortablement installée dans un des fauteuils de mon séjour , jambes croisées , dans une robe noir avec une fente devant qui contraste avec la couleur de sa peau, une veste bleue , une coiffure avec ses cheveux naturels qu'elle seule a le don de parfaire. Je fais semblant de l'ignorer en commençant par préparer mon café.

- Un café? Lui demandais-je

-Non je suis déjà assez nerveuse comme ça!

- Qu'est ce qui peut bien mettre tes nerfs à si rude épreuve ?

-Le fait que l'assassin de ma sœur soit toujours en liberté m'énerve !

-Chaque chose en son temps veux-tu?

- C'est plus facile à dire qu'à faire

-Eh détend toi et dis-moi comment tu as fait pour entrer.

Elle esquisse un sourire visiblement fière d’elle.

Je me sers une tasse de café et je vais m'assoir dans le fauteuil en face d'elle.

-C'est un secret

- Humm , si tu te fais attraper, je nierai te connaître

-Méchant ! Dit-elle en faisant la moue

-Sais-tu ce qui serait parfait?

-Retrouver l'arme du crime ?

- Exactement!

- On n’a aucune idée d'où elle peut bien être

-On a déjà fouillé son ancien appartement à Paris et on n’a rien trouvé. Si ce couteau est quelque part c'est chez lui.

-Et s’il s'en était débarrassé?

- Il faut qu'on trouve un élément qui le place sur la scène du crime la nuit du meurtre et il sera bouclé

-Je veux qu'il fasse la prison ici au Bénin loin du confort des prisons françaises

- Rappelle-moi de ne jamais être ta cible ! Il faut qu'on trouve le moindre petit délit qu'il a commis sur le sol béninois susceptible de le faire aller en prison

-(Rires)

- Allez…il faut que tu y ailles

-Puisque tu me chasses.......bye Inspecteur CLERGÉ

Elle s'est approchée de moi m'a fait une bise sur la joue et s'est éclipsée.

LUNA: MES LARMES