
CHAPITRE 8: COMA
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 8 : COMA.
UN MOIS PLUS TARD.
**ERINE ANGUE OBIANG**
(Sonnerie du téléphone) C’est le mien.
Moi : Bébé s’il te plait, tu peux me passer ce
téléphone ?
Il s’exécute.
Moi : C’est qui ?
Fred : Lens.
Moi : Il me veut quoi ? Si c’est pour me raconter
les conneries pardon, je ne suis pas d’humeur.
Fred : Décroche d’abord et tu verras.
Moi : Hum.
Je prends le téléphone et je décroche.
« Moi : (Nonchalante) Allô ? »
« Lens :
(Voix grave) Erine. »
Mon cœur a raté un battement rien qu’à l’écoute de sa voix et
j’ai tout de suite été prise de peur sans que je ne puisse me l’expliquer.
« Moi : (Paniquée) Qu’est-ce qu’il y a
Lens ? »
« Lens : On a trouvé ya Bhernie dans son bureau
aujourd’hui et il ne bougeait plus. »
« Moi : (Les larmes coulant de mes yeux) Comment
ça ? Ça veut dire quoi ? Il est mort ? »
« Lens : (Reniflant) Je ne sais pas. »
« Moi : (Criant) Comment ça tu ne sais
pas ? Vous êtes où ? »
« Lens : Nous venons d’arriver à l’hôpital et les
médecins l’ont pris. On ne sait pas encore ce qu’ils vont nous dire. »
« Moi : C’est quel hôpital ? »
« Lens : Jeanne Ebori. »
« Moi : J’arrive tout de suite. »
Clic !
Fred : (Inquiet) C’est comment ?
Moi : (Tremblante) Il faut que je parte à l’hôpital
Jeanne Ebori tout de suite, mon grand frère est là-bas.
Fred : Quel grand frère ? Bhernie ?
Moi : (Pleurant) Oui, Lens vient de l’y conduire et on
ne sait pas s’il va s’en sortir.
Fred : (Me tirant dans ses bras) Calme-toi bébé.
Moi : (Pleurant) J’ai peur Fred. J’ai peur d’apprendre
que ça y est, il est parti.
Fred : (Prenant mon visage en coupe) Ne pense pas à ce
genre de choses Erine. Ton frère ne peut pas mourir. Pas maintenant. Tu
comprends ?
Je remue affirmativement la tête et il me sert dans ses
bras.
Moi : Je veux aller à l’hôpital.
Fred : Oui, on y va. Attends j’appelle Frida pour lui
dire qu’on passe lui déposer Lucia. Toi va faire son sac.
Je suis partie à la chambre faire le sac de ma fille et la
changer avant d’aller dans la mienne prendre ma sacoche. Je suis revenue vers
lui et nous sommes partis de la maison pour chez sa sœur puis nous sommes allés
à l’hôpital où j’ai trouvé Rail et Lens assis dehors.
Moi : (Me précipitant sur eux) Ils disent quoi ?
Lens : On ne sait toujours rien.
Fred : Mais qu’est-ce qui s’est passé au juste ?
Lens : Vous-même vous savez que depuis là son silence était
devenu inquiétant car personne n’arrivait à le joindre. Les 3 fois que je suis
allé chez lui, Chancelle me disait qu’il est parti s’enfermer dans son bureau
et il ne veut parler à personne. Aujourd’hui encore elle nous a dit la même
chose mais on a insisté et avons décidé d’aller cogner là-bas. C’est comme ça
que Zoé nous a dit qu’il est dedans depuis et il ne sort pas. On a donc cassé
la porte et on l’a trouvé là-bas inconscient dans un état choquant. Il ne
respirait plus, aucun signe de vie et maigre comme un squelette (essuyant une
larme) il faisait peur à voir mais nous avons quand même décidé de l’emmener
ici.
Je me remets à pleurer et Fred me reprend dans ses bras.
Pendant que je pleure, je vois maman arriver avec Stella et 4 de nos oncles. Ils
viennent vers nous à pas pressés et ils demandent.
Eux : C’est comment ici ?
Moi : (Me détachant de Fred, en colère) Vous nous
demandez encore ce qui se passe ? Parce que vous ne savez pas ce que vous
lui avez fait ?
Tonton Roger :
Tu parles de quoi ?
Moi : Je parle du fait que vous êtes tous une bande de
criminels et sorciers.
Eux : (Choqués) Zian ? (Quoi ?)
Lens : (Mettant sa main sur ma bouche) Tais-toi
maintenant.
Je me débats pour retirer sa main mais cette fois ci c’est
Fred qui m’attrape et me soulève pour m’emmener loin de là pendant que je
gesticule dans tous les sens.
Moi : Laisse-moi tranquille Fred.
Fred : Erine calme-toi et arrête de raconter de
conneries.
Moi : (Pleurant de colère) Ce sont eux qui sont
responsables de la situation de ya Bhernie aujourd’hui. Il était tranquille, il
vivait sa vie avec sa femme et il était heureux. Mais ils sont venus remplir sa
tête avec des conneries qui l’ont conduit là où il se trouve aujourd’hui. Et
ils ont le courage de venir demander aux gens ce qui se passe ? Ils demandent
ça à qui ? Si ya Bhernie meurt aujourd’hui, ce sera entièrement de leur
faute.
Fred : Je comprends ta colère mais tous les jours on te
demande de la canaliser. Parler à tort et à travers ne résoudra rien si ce
n’est attirer d’autres problèmes. Ya Bhernie t’a répété ici qu’il ne veut pas
te voir mal parler à vos oncles ou à votre mère même si tu as raison. Tu crois que
si les autres le font c’est parce qu’ils sont bêtes ?
Moi : C’est parce qu’ils tolèrent les conneries et qu’ils
acceptent les bêtises.
Fred : (Soupirant) Erine apprends souvent à te taire et
observer. Tu es jeune et tu es une femme alors il y a des choses que tes frères
ne te diront pas mais si tu regardes bien tu verras que ces choses ne sont pas
simples. Tu crois que c’est par hasard que ton frère d’à peine 30 ans parlent
et puis les autres vieux écoutent jusqu’à obéir ? Tu me diras oui il est
le chef de la famille. Mais pourquoi c’est lui le chef, tu t’es déjà demandée
ça ?
Moi : (Silence)
Fred : Être le chef implique quoi ? Quels sont les
sacrifices à faire ? À quoi faut-il être exposé ? Tu sais que nos coutumes-là
ne sont pas faciles et il y a plein de choses dedans que toi qui n’est pas
initiée, tu ne peux pas comprendre. Si ton frère te dit laisse tomber, alors dis-toi
qu’il sait ce qu’il est en train de faire. À plusieurs reprises, il t’a dit
qu’il ne veut pas te voir manquer de respect aux gens-là, il sait de quoi il
parle. Chez nous par exemple, manquer de respect à un aîné c’est t’attirer la
malédiction. Lens disait l’autre jour que c’est ya Bhernie qui vous protège or
là il est dans un état critique, si tu viens créer quelque chose ici, tu feras
comment ?
Moi : (Silence)
Fred : Tu es fâchée oui, tu as mal pour ton frère oui,
mais apprends à fermer ta bouche car ce n’est pas tout ce qu’on pense que l’on
dit.
Moi : (Essuyant mes larmes) J’ai compris.
Fred : On va retourner là-bas et tu vas t’excuser.
Moi : Ne compte pas sur moi.
Fred : (Silence)
Moi : Autant je veux bien me taire mais autant je ne
serai pas hypocrite. Je ne vais pas faire semblant de demander pardon alors que
c’est faux.
Fred : (Soupirant) Ok. Mais ne dis plus rien.
Moi : J’ai compris.
Il m’a à nouveau pris dans ses bras tout en m’essuyant le
visage. Nous sommes retournés auprès de la famille où il y avait visiblement
une tension palpable et certains regards sur ma personne n’étaient pas
bienveillants, c’est même un euphémisme. J’ai zappé tout ça et je suis allée
m’asseoir dans un coin. 20 minutes plus tard, ils sont venus nous dire que ses
signes vitaux ont repris à fonctionner mais ils l’ont volontairement mis dans
un coma pour essayer de faire en sorte que son corps se remette car s’il est
éveillé, ce sera difficile. Ils nous ont dit qu’il aurait fait un arrêt
cardiaque suite à plusieurs crises qu’il aurait subi et tout son système est
affaibli. Ils ne savent même pas comment son cœur a encore redémarré car pour eux
c’était fini. Ils vont le garder dans cet état pendant quelques jours ou
semaines selon son évolution. Ils nous ont dit qu’ils n’autorisaient pas de
visites pour le moment alors nous devrions rentrer chez nous. Nous avons fait
une concertation les garçons et moi afin de pouvoir nous relayer de sorte à ce
qu’il y ait toujours quelqu’un de proche car on ne sait pas et pour ce jour
c’est Lens qui a décidé de rester. Je suis partie de là-bas avant tous les
autres avec mon gars et nous sommes rentrés à la maison. Je suis directement
allée me coucher sur le lit.
Fred : Ça va ?
Moi : (Coulant des larmes) Non, ça ne va pas. Rien ne
va mais je ne vais rien dire parce qu’il ne faut rien dire.
Il est venu me rejoindre et m’a serrée dans ses bras où je
n’ai pas tardé à éclater en sanglots. Quand je vois la vie de mon frère et ce
qu’il est devenu, il n’y a rien qui me fait plus mal que ça. Pourtant il y a
quelques semaines, il avait commencé à changer. Autant sur sa garde-robe que
même son apparence. Il venait même à la maison pour que je renouvelle à chaque
fois ses tresses et je l’emmerdais en lui demandant que c’était quelle mouche
qui l’avait piqué. Tout le monde avait remarqué cette nouvelle énergie puis un
matin, il a commencé à être injoignable. Ce n’est pas la première fois qu’il ne
donne pas de nouvelles car généralement quand il fait les sites, il est
rarement joignable et c’est toujours lui qui appelle. Mais à chaque fois qu’il
part, il le dit à la famille. Là il a seulement éteint son téléphone pourtant
il était là. Je ne me suis pas trop attardée sur lui tout ce temps parce que
j’étais un peu occupée avec ya Lucia qui a annulé son mariage à la dernière
minute car elle a eu un souci avec papa Viclaire. Quand je suis allée lui
parler pour savoir ce qui se passe, elle m’a dit être enceinte et c’est la
raison pour laquelle elle ne peut plus se marier. Je suis passée par toutes les
étapes avec cette nouvelle, incompréhension, confusion, joie, gratitude et un
petit peu de tristesse car c’était à cause de ça que sa relation avec mon frère
était terminée. Je ne lui ai pas dit ça mais au fond de moi, j’ai eu ce
pincement au cœur en pensant que cet enfant aurait dû être celui de mon frère, hélas.
Il n’a malheureusement pas été patient et est parti lié sa vie à l’autre-là qui
jusqu’alors je ne vois aucune utilité dans sa vie. Dans tous les cas, j’ai
compris que le mariage ne pouvait plus se faire car chez eux on n’épouse pas
une femme enceinte. Tout cela m’a occupée l’esprit et franchement le silence de
ya Bhernie ne m’a interpellée plus que ça pourtant l’affaire était réelle et
sérieuse. Quand Lens m’a dit qu’il était squelettique cela m’a automatiquement
fait faire un bond en arrière et fait penser à la mort de mon père qui lui
aussi s’était retrouvé squelettique et le jour d’après il était mort. Alors
j’ai peur, j’ai vraiment peur pour mon grand frère et au fond de moi je sais que
s’il meurt aujourd’hui, nous aurons beaucoup de problèmes car malgré tout je
suis consciente de ce dont Fred parlait plus tôt à l’hôpital…
**CHANCELLE AYANG**
Je suis à la maison avec mes filles en train de me ronger
les ongles car j’ai très peur. Les frères de Bhernie sont partis avec lui à l’hôpital
et depuis là je n’ai pas de nouvelles. Je ne sais pas ce qui se passe mais
quand ils l’ont sorti du bureau moi-même j’ai été effrayée. Ça fait un mois
qu’il est enfermé là-bas. Depuis le jour où il était rentré et avait poussé
l’enfant pour aller là-bas, il n’est plus ressorti. Ce jour-là personne ne sait
ce qui s’est passé mais nous étions inquiètes. Je peux reprocher beaucoup de
choses à l’homme-là mais jamais la maltraitance des enfants. Alors ce jour où
il a rejeté Zoé qu’il soulève quelques soient les circonstances nous a alarmées
plus que nous l’étions déjà.
Il y a quelques mois en arrière, j’ai fait une fugue avec
Hilaire qui avait pu venir me voir. Nous étions censés passer le week-end ensemble
et franchement je me fichais pas mal de ce que Bhernie aurait pu me dire ou non
car concrètement depuis la dispute avec sa sœur, nous n’avions vraiment pas
échangé de mots à la maison. J’étais dans mon coin triste quand Hilaire à qui
je ne parlais pas non plus m’a envoyé un message pour me dire qu’il était venu
sur Libreville et que si je pouvais, je devais aller le rejoindre au lieu
habituel. C’est ainsi que sachant que je ne pouvais pas partir avec les petites
sans soulever les organes de leur père, je suis partie moi-même car je savais
au fond qu’il n’allait pas me chercher parce qu’il s’en fout de moi.
À peine j’ai passé la nuit avec Hilaire qu’il a reçu un
message de son frère disant qu’il y a un autre de ses frères qui est mort le
vendredi. À ce moment, j’ai paniqué et j’ai tout fait pour rentrer parce que
dès qu’il y a un petit problème dans leur famille là, tout le monde débarque à
la maison et si je n’y suis pas, ce sera un problème. C’est comme ça que je
suis retournée à la maison et j’ai trouvé que ni lui ni les enfants n'étaient
là-bas. Son téléphone aussi était éteint. Je suis partie faire acte de présence
au décès en pensant que j’allais le trouver là-bas mais rien. C’est encore à
moi qu’on a demandé où il était et depuis personne n’arrivait à le joindre.
J’ai dit que je ne connaissais pas car j’étais allée faire les courses la
veille et quand je suis revenue les enfants et lui n’étaient pas à la maison, que
je croyais qu’ils étaient venus au décès et que j’allais les trouver. On a
commencé à poser des questions à tout le monde si quelqu’un avait de ses
nouvelles le samedi et on a fait la réunion le dimanche à la maison où il est
revenu lui-même avec les enfants. Il avait changé et beaucoup rajeuni au point
où tout le monde se demandait ce qui s’était passé.
Comme je l’avais pensé, il ne m’avait rien demandé sur
l’endroit où j’étais et moi aussi je me suis faite toute petite pour ne pas
attirer l’attention sur moi. Après l’enterrement de leur frère, son oncle m’a
convoquée et je suis partie avec maman qui était également venue pour le décès
en question histoire de soutenir la famille. Il m’a questionnée sur ce qui se
passe à la maison et pourquoi Bhernie avait soudainement repris de force. Est-ce
qu’il avait recommencé à voir Lucia ou non et je leur ai dit que je ne savais
rien. C’est ainsi qu’il avait menacé ma mère pour lui dire de correctement
faire son travail car si cette histoire sortait, nous serions les premières à
mourir.
En rentrant ce jour ma mère m’avait frappée avant de me
faire faire un aller-retour d’urgence au village pour refaire les rituels puis
nous étions revenues dans la nuit et elle avait dit qu’elle devait rester avec
nous pour le moment afin que je ne gâche pas tout parce que façon dont tout le
monde était agité, il fallait que je réussisse à nouveau à me faire toucher par
Bhernie. J’ai fait tout ce que j’ai pu mais
ça n’a rien donné. Concrètement depuis que j’ai pris la grossesse de Zazie, il
ne m’a plus touchée et on compte les jours où il a dormi dans notre chambre. Il
faut dire aussi que moi-même je ne cherche pas à ce qu’il le fasse parce qu’à la
vérité, il ne connait pas faire. Avec lui, je ne ressens rien. D’abord il ne
connait pas toucher la femme et faire les caresses et autres là, même les
bisous pour essayer quand même de te motiver et tout rien. Déjà même que pour
m’embrasser, c’est comme s’il cotise ça. Depuis qu’on se connait, il l’a fait
que 2 fois. Le jour de la naissance de Zoé et le jour des fiançailles et là
même c’était parce que les gens autour avaient mis la pression pour le bisou sinon
il n’allait pas faire. En plus, il a seulement une seule botte de papa et maman
et il ne dure même pas. Quand il monte, il ferme les yeux, il fait
tchou-tchou-tchou et c’est fini. Il descend et va se laver. Pourtant son
bangala est plus gros que pour Hilaire mais il ne connait rien faire. Alors partir
vers lui pour chercher le sexe est difficile pour moi mais avec les menaces,
j’avais essayé et cela n’a rien donné.
Puis ce jour il est sorti pour aller je ne sais où comme à
son habitude et en rentrant il a poussé l’enfant pour aller s’enfermer dans son
bureau. Nous avons eu tellement peur que nous ne savions pas quoi faire. Cette
nuit personne n’a dormi car on guettait sa réaction mais il n’est pas sorti, le
deuxième jour pareil. Après une semaine maman a dû retourner chez elle car papa
la réclamait mais elle m’a dit de rester sur mes gardes. Après 2 semaines, j’ai
commencé à me poser des questions. C’est vrai qu’il vit là-bas, mais à part un
toilette et un petit frigo il n’y a rien dans cette pièce. Donc il ne se lave
pas ? Il mange quoi ? Même la fenêtre pour faire rentrer seulement
l’air rien. Après j’ai zappé en continuant à dire qu’il voulait rester seule
là-bas. Mais voilà aujourd’hui ils l’ont sorti presque squelette de cette pièce.
Il est mort ou non, je ne sais pas.
Le bruit du klaxon d’une voiture me sort de mes pensées et
pendant que je sors pour voir, la voiture de sa mère est arrêtée devant le
portail et elle-même est déjà en train de claquer les portières pour marcher
précipitamment vers moi avec un bois à la main. Au même moment un taxi gare
derrière sa voiture et 2 oncles de Bhernie sortent de là.
L’un d’eux : Aubierge.
Elle est arrivée à mon niveau et m’a donné un violent coup
avec son bois à la tête qui m’a automatiquement envoyée au sol.
Tantine Aubierge : Elan no si Ayang tu comprends
non ? (Plongeant sur moi) Tu n’as pas dit que tu es une femme inutile…