Chapitre 8 : Dans la peau d’un avocat.
Ecrit par Benedictaaurellia
Orlane
Comme
d’habitude, il est 04h 29 quand je me réveille ce samedi matin.
Je
fais mon rituel matinal avant d’aller appeler Mélanie pour qu’on prenne le
petit déjeuner et lever l’ancre.
Je
repense à la soirée d’hier et je souris.
Elle
n’a pas commis une seule gaffe. Cela prouve bien que quand on veut changer il
suffit de le vouloir et d’y mettre du sien. La soirée fut réussie. Tout le
monde a interagit pendant la soirée ciné. Il fallait voir les jumeaux imiter
les salutations et les positions de combat du wakanda. Ce n’est pourtant pas la
première fois que nous regardons ce film. J’en ris encore.
Je
tape à la porte de Mélanie. Je l’entends dire entrez et j’ouvre.
Orlane :
Bonjour. Comment vas-tu ? Tu as bien dormi ?
Mélanie :
je vais bien et toi ? Oui.
Orlane :
le petit déjeuner est prêt. On descend.
Mélanie
(avec un air déçu) : Ooh déjà ? J’avais espéré faire encore la
cuisine ce matin. Qu’est-ce qu’il y a au menu ?
Orlane :
ce n’est pas grave. Prochainement. Des pancakes (Littéralement, il signifie
gâteau à la poêle. C’est un peu comme des crêpes. En pratique, les crêpes sont plates
alors que les pancakes sont plus épais, grâce à l'ajout de levure et parfois de
blancs d'œufs battus).
Mélanie :
hmm je salive déjà. Ça fait tellement longtemps que j’en ai mangé.
Orlane :
tu vas être servie alors. On part avec maman juste après.
Quand
on arrive dans la salle à manger, je vois Mélanie regarder avec envie tout ce
qu’il y a sur la table. On a fait tout un assortiment de pancakes. Il y en a nature
(sans rien), au chocolat, au jambon et au fromage. Il y a aussi de la confiture
et du sirop pour accompagner. Sans oublier, le lait, le chocolat et le café. Je
lui dis.
Vas
te servir. Ne reste pas là à baver sur la nourriture.
Après
le petit déjeuner nous partons avec maman.
Direction
le cabinet de maman.
Une
fois arrivées, maman nous installe dans son bureau.
Maman :
asseyez-vous. Je reviens avec le dossier sur lequel nous allons travailler.
Mélanie :
j’aime bien le bureau de ta maman. Ça change des bureaux standards. C’est
beaucoup plus chaleureux.
Maman
a mis au mur des photos de notre famille et des dessins enfantins qu’on lui faisait
tout le temps quand on était plus jeunes. Il y a aussi des fleurs naturelles
qui égayent la pièce. On s’y sent tout de suite à l’aise.
Maman
revient avec un dossier tout mince entre les mains et avec une mine toute
froncée.
Maman :
Les filles, on a un FD. Le cabinet a été désigné comme commis d’office pour ce
dossier. Celui qui devait s’en occuper a un empêchement de dernière minute.
Mélanie tu ne pourras travailler dessus avec nous.
Mélanie :
C’est quoi un FD ?
Maman :
Un FD c’est un cas de Flagrant délit. C’est lorsqu’un suspect a été pris la
main dans le sac en commettant un crime. Il s’agit ici d’un meurtre et ce
dossier est assez sensible. Je suis désolée mais je ne peux pas te laisser voir
ce dossier. Les images sont horribles. Orlane a l’habitude. Je ne voudrais pas
te créer des insomnies. Tu ne m’en veux pas j’espère ?
Mélanie :
Non maman. Il n’y a pas de problèmes. Je vais me mettre dans un coin et surfer
un peu sur le net le temps que vous finissiez.
Maman :
Merci. T’inquiètes pas, prochainement tu seras de la partie.
On
s’éloigne d’elle et on va s’installer à terre. Je travaille toujours mieux à
terre. Depuis trois (03) ans et demi déjà, je suis des cours de droit. J’ai une
licence en droit des affaires que j’ai eu il y a un an et demi.
Ça
a pu se faire grâce au LMD. C’est un système que beaucoup critiquent. Moi-même
je le critique parce qu’avant de le mettre en pratique, il faut réunir un
certain nombre d’éléments. Ce que nos dirigeants africains n’ont pas fait mais
ont quand même adopté le système. C’est cela qui explique pourquoi de
nombreuses personnes ne s’en sortent pas dans ce système.
Cela
n’empêche pas qu’il a des avantages comme par exemple le cumul des unités de
valeur.
A
chaque année, on a plusieurs unités de valeur. Un cour représente une unité de
valeur. Il y a les unités de valeur fondamentales (les matières principales),
celles transversales (les autres matières) et celles libres (là c’est un choix
de cours que toi-même tu fais).
Certaines
unités de valeurs (celles transversales) peuvent être cumulées. Autrement dit,
en première année on peut choisir de faire des unités de valeur de la deuxième
année ou de la troisième année. Ainsi, en cumulant les matières, et en les
éliminant, on peut avoir sa licence bien avant les trois (3) ans réglementaires.
Généralement,
on ne conseille pas trop cela pour éviter que les étudiants se surchargent de
cours mais moi, c’est ce que j’ai fait.
J’avais
maman et Paul pour m’aider. Je faisais de courts séjours à Paris pour me
perfectionner aussi. Donc, je n’ai pas eu de mal.
Je
suis une passionnée du droit. Depuis toute petite, je lis des livres de droit
donc, ça m’a énormément aidé.
Je
prépare actuellement mon Master 2 en droit judiciaire. Il ne me reste qu’à
passer le CAPA (Capacité à exercer la fonction d’avocat. C’est après avoir
passé le CAPA qu’on peut être inscrit à un barreau et exercer). Ça vous
surprend hein !
C’est
pour cela qu’Edmund m’appelle petit génie. Bien que je n’aime pas trop cette
appellation, c’est ce que je suis.
Le
terme génie n’est pas vraiment approprié. Je préfère le terme surdoué. Je suis
une « surdouée ».
Mes
parents préfèrent que je sois loin des feux des projecteurs et ça me va comme
ça. Pour toute personne, je suis juste une fille intelligente qui est en Terminale.
Le reste seul ma famille le sait. Maman m’a déjà appris toutes les ficelles du
métier. J’étudie tous ses cas avec elle et je l’aide à préparer ses conclusions
et ses plaidoiries. Parfois, c’est même moi qui lui écris ses plaidoiries. Depuis
qu’Edmund est au cabinet, je l’aide aussi.
Je
sais. Vous allez me demander comment je peux avoir une licence et un master
sans Bac. En fait actuellement, c’est le Bac Togolais que je prépare. J’ai déjà
un Bac Français. Je l’ai eu il y a quatre ans. C’est avec ça que j’ai suivi mes
cours de droit.
J’ai
aussi un MBA en gestion. Je donne aussi un coup de main chez papa quand je ne
suis pas trop occupée au cabinet avec maman. Mais je l’avoue, je préfère le
métier d’avocat.
Vous
trouverez que ça fait trop pour mon âge mais c’est exactement ce dont j’ai
besoin.
Mon
cerveau a besoin d’être tout le temps sollicité.
Je
ne sais pas si c’est une maladie mais je suis comme ça.
Mon
cerveau, quand je ne le bourre pas, il ne me laisse pas en paix. Tout ce qu’il
lui faut, c’est un repos de trois à quatre heure maximum par nuit. Plus une
sieste d’une heure en journée. En dehors de ces heures, je ne peux pas me
reposer.
Puisque
j’ai assez de temps libre, je ne peux rien faire d’autre que travailler.
Travailler et prier.
Avant,
je faisais beaucoup la fête. Quelle fresque n’ai-je pas faite ?
Il
y a encore à peu près cinq ans, tous les coins chauds de Lomé me connaissaient.
Quel
DJ à l’époque n’a pas fait mon éloge ?
C’est
pourquoi quand je regarde Mélanie, je souris. J’ai fait pire qu’elle.
Faire
la fête, aller en boîte et j’en passe.
Mais
maintenant, j’ai changé.
Je
me consacre au travail.
Maman
craint souvent que je fasse un surmenage mais jusque-là, ce n’est pas encore
arrivé donc, je garde ce train de vie.
Maman
sort les photos du dossier qu’elle tient et je découvre une horreur sans noms.
Je vois le corps sans vie d’un Mr qui est tout nu. Sa tête me dit quelque chose
mais je ne vois vraiment pas d’où je le connais. J’ai beau être un génie, je ne
suis pas du tout physionomiste. Je peux mémoriser un livre de droit tout
entier. Mais quand il s’agit d’un visage, je me perds.
Le
Mr de la photo a la gorge, les poignets et les chevilles tranchées. Son corps
aussi est lacéré de coups de couteau.
Tout
autour de son corps, est dessiné un pentagramme et au-dessus de sa tête, on
voit le dessin d’un œil qui est entouré par un triangle. On dirait que les
dessins ont été faits avec du sang.
J’observe
bien les photos avant de parler. Maman attend de savoir ce que je tire comme
conclusion en voyant ces photos.
Orlane :
Un amateur pourrait croire qu’il s’agit d’un crime sataniste ou d’un rituel.
Mais c’est juste pour détourner l’attention, je crois.
Maman :
Bien dit. C’est exactement ce que je me suis dit. D’ailleurs, notre client
c’est le fils du Mr. Il était seul dans la maison quand les policiers y ont
fait irruption et ils l’ont embarqué.
Orlane
(surprise) : Comment la police a-t-elle été prévenue, s’ils étaient seuls
dans la maison tous les deux ?
Maman :
Tu poses une bonne question. Note-la. On va y réfléchir.
Orlane :
Regarde maman. Je crois que le corps a été déplacé. Il n’a pas été tué dans la
pièce où il y a toute cette mise en scène. Ou s’il y a été tué, la pièce a été
nettoyée avant la mise en scène. Mais j’opte plus pour la première option. Il
doit y avoir donc au moins deux (02) suspects ou tout du moins une seule
personne avec un fort gabarit. Mais j’en doute. Ils sont plusieurs. S’il avait
été tué dans cette pièce, il y aurait eu plus de sang au sol. Mais là on ne
voit que ce dessin. Pas de marre de sang.
Maman
(toute souriante) : Oui c’est bien ça. Je suis vraiment fière de toi. Tu
es vraiment prête pour prendre ma relève.
Orlane :
Maman ne dit pas ça. J’ai encore beaucoup à apprendre de toi.
Nous
travaillons ainsi pendant deux heures, revoyant chaque photo, examinant tout
dans les moindres détails et notant nos questions au fur et à mesure.
Maman :
bon je crois que nous avons assez avancés. Au moins on sait que le garçon n’est
pas coupable ; du moins pas à première vue. Et s’il l’est, il n’a pas agi
seul. Je n’ai pas encore assez d’éléments pour le faire libérer sous caution
mais si nous parvenons à avoir les vidéos des caméras de surveillance on aura
un peu avancé. Je vais appeler mes indics policiers. Nous aurons les vidéos
dans la semaine.
Orlane :
Maman ça me fait penser. On devrait aussi faire placer des caméras chez nous.
On ne sait jamais. C’est parce que ce Mr en a installé chez lui qu’on peut
avoir certaines réponses.
Maman :
Tu as raison. Je vais en parler avec papa et on verra. Mais n’en parle pas.
Comme tu as dit on ne sait jamais.
On
ramasse les éléments du dossier qui sont éparpillés à terre et on rejoint
Mélanie.
Maman
(à elle) : tu ne t’es pas trop ennuyée, j’espère ?
Mélanie :
Non maman. J’étais à fond dans une série.
Maman :
D’accord. On rentre retrouver les hommes. On déjeune et on fait une petite
virée shopping. Qu’est-ce que tu en dis ?
Mélanie
(toute excitée) : super !! J’aime trop faire du shopping.
Aussitôt
dit, aussitôt fait. Nous prenons la route.