Chapitre 9 : Papa Chef

Ecrit par Benedictaaurellia

Mélanie.

Vendredi quand Orlane me disait que sa maman fait la cuisine tous les jours sauf les dimanches, je me suis demandé pourquoi. Mais je n’ai pas osé lui poser la question. On est dimanche soir et maintenant je comprends pourquoi.

C’est parce que c’est M. qui fait la cuisine.

Oui, oui. C’est papa qui cuisine. Du petit déjeuner jusqu’au diner. Ce matin quand Orlane m’a dit que c’est lui qui avait fait les cornetti (c’est une sorte de croissant italien. Il est différent du croissant. La texture n’est pas la même et il est fourré à la crème, à la confiture ou au chocolat avec du glaçage dessus) que nous avions pris au petit déjeuner, je n’en revenais pas.

Je ne saurai vous donner la recette puisque je n’étais pas à la cuisine quand il l’a fait. Mais selon Orlane m’a dit, les cornetti se font en deux temps.

Il fait la pâte dans un premier temps et il la laisse se reposer avant de la découper, garnir, et cuire.

Je croyais qu’elle me faisait une blague jusqu’à ce que je le voie faire des spaghettis avec une pâte faite maison et une sauce carbonara pour le déjeuner.

Je vous explique.

La pâte pour faire les pates (les spaghettis, les tagliatelles, les macaronis et autres), ils la font maison.

Ça a été une surprise pour moi puisque je ne savais pas que c’était possible de la faire maison. Je sais juste qu’on en achète et puis c’est tout.

Donc bref, papa chef a fait la pâte.

Au moins, j’ai assisté à ça.

Pour la pâte, il faut, de la farine de blé, des œufs (2 gros œufs pour 200g de farine), une cuillère à café d’huile d’olive, du sel et un peu d’eau au besoin.

Après la pesée, tous les ingrédients sont mélangés dans un robot pour obtenir une boule. Ensuite, la boule est filmée puis on la laisse se reposer pendant une trentaine de minutes avant de la découper.

Ensuite, on découpe la pâte en quatre boules égales qu’on farine légèrement avant de les aplatir légèrement.

On passe les passe ensuite deux fois au laminoir (Le laminoir est un outil industriel servant généralement à rallonger ou à amincir des morceaux métalliques. Utilisé en boulangerie et pâtisserie, cet instrument permet aussi l’étalage, l’aplatissement et le découpage des pâtes alimentaires jusqu’à obtention de la forme et de l’épaisseur souhaitée), en commençant le cran le plus large.

On plie l'abaisse de pâte en 2 puis on la repasse deux (2) fois à nouveau dans la machine. Sans la plier.

On change ensuite de cran et on repasse la pâte 3 fois dedans sans la plier.
Quand l'abaisse de pâte devient trop longue on la coupe en deux (2) et on continue.

On procède ainsi jusqu’à ce que la pâte ait l’épaisseur qu’on souhaite.
Les abaisses sont ensuite séchées pendant trente (30) minutes sur un manche à balais posé entre 2 chaises et recouvert d'un torchon propre ou bien sur un étendage.

Pour découper, il suffit de la passer dans l’accessoire à couper de la machine tout en prenant le soin de faire le découpage selon la forme que l’on souhaite.

 

Si vous n’avez ni robot ni laminoir, pas de panique, il y a une solution.

Voici ce que papa chef m’a expliquer.

Tout d’abord, pour réaliser la pâte.

Sur le plan de travail, mélanger la farine avec le sel.

Former un puits suffisamment haut et large afin de pouvoir y déposer les œufs et l’huile.

Casser les œufs dans le puits et verser l’huile d’olive. Mélanger les œufs avec la farine à l’aide d’une fourchette, en ramenant peu à peu la farine au centre du puits.

Ne pas briser le pourtour du puits avant que les œufs soient presque complètement mélangés à la farine.

Lorsque les œufs ne sont plus coulants et que le mélange commence à épaissir, continuer de mélanger avec le bout des doigts.

Former une boule de pâte et la pétrir de 8 à 10 minutes, jusqu’à ce qu’elle devienne souple et élastique. Au besoin, ajouter un peu de farine afin que la pâte ne colle pas au plan de travail.

Envelopper la pâte dans une pellicule plastique et laisser reposer 30 minutes au frais, idéalement 1 heure.

Sur le plan de travail légèrement fariné, abaisser la pâte très finement à l’aide d’un rouleau à pâte, à environ 1 mm (3/64 de po) d’épaisseur.

Replier la pâte plusieurs fois sur elle-même afin de former un grand rouleau, puis le couper en tranches de l’épaisseur que vous désirez.

Déplier délicatement les tranches.

Et c’est tous. Vous avez vos pâtes maison.

Pour la cuisson, cuire dans une casserole d’eau bouillante salée de 3 à 4 minutes, jusqu’à ce que les pâtes soient al dente (fermes mais cuites).

Pour une texture optimale, faire sécher les pâtes à plat sur un linge de 30 minutes à 1 heure avant de les cuire.

   

C’est sûr que toute seule je n’arriverai pas à la réaliser mais, au moins, maintenant je sais que c’est faisable.

 

La sauce carbonnara elle, je la connaissais pour en avoir déjà mangé dans des restaurants. Je croyais à tort qu’elle était faite avec de la crème fraiche. Mais non !

Voici ce que papa chef m’a expliqué.

Papa chef : Beaucoup font la sauce carbonara avec la crème fraiche.

Or, la vraie recette originale italienne n’en contient pas.

C'est un plat de cuisine « pauvre » réalisé avec les produits de base que l'on trouvait chez les bergers et dans les fermes des campagnes des Abruzzes ou de l'Ombrie (régions proches de Rome) ou du Latium, la région de Rome : soit des œufs (tout le monde avait des poules à l'époque), du lard ou du guanciale (il s'agit d'une charcuterie issue de la joue du porc (c'est comme le lard, avec la différence qu'elle est faite avec la joue du porc). Le « guanciale » est typique du Latium, la région de Rome, où la Carbonara est devenue un plat classique. A défaut, pourrez utiliser du lard nature, que vous couperez en petits lardons. Tout le monde faisait de la charcuterie « maison » dans les fermes), du Pecorino (fromage typique des lieux. C'est un fromage comme le parmesan, la différence c'est que ce dernier est réalisé avec du lait de vache, alors que le Pecorino est fait avec du lait de brebis.) et de l'huile d'olive produit sur place.

Le secret pour rendre onctueuse la sauce pour la Carbonara, n'est pas celui d'y ajouter de la crème, qui a pour seul effet celui d'alourdir ce plat. Le secret c'est de battre les œufs avec le Pecorino et/ou le parmesan : cela donne lieu à une crème, l'onctuosité est donnée par les œufs qui suffisent à rendre crémeux le plat. Pour que la sauce soit plus crémeuse, on peut éventuellement ajouter un peu d'eau de cuisson des pâtes (une ou deux cuillerées) à récupérer pendant la cuisson de ces dernières. L'eau ainsi sera riche en amidon relâché par les pâtes, qui va aider à lier la sauce en lui donnant plus d'onctuosité.

Ensuite, pour réussir la Carbonara, il faut tout d'abord que ses ingrédients de base soient de première qualité, car vu qu'il s'agit d'un plat simple, l'intensité de son goût est donné par la qualité des ingrédients avec laquelle on la prépare, comme c'est le cas pour la plupart des recettes italiennes, qui sont à la base simples et basées sur la qualité des ingrédients.

Pour réaliser l'authentique, vraie Carbonara choisissez donc :

-          des œufs très frais de première qualité, biologiques de préférence;

-          du « guanciale » ou du lard ;

-          du fromage « pecorino », à râper vous-même au moment de l'utiliser.

-          des pâtes de blé dur : traditionnellement on réalise la Carbonara avec des spaghettis, mais on peut utiliser d'autres formats de pâtes.

-          de l'huile d'olive vierge-extra.

Pour la cuisson, on fait chauffer une cuillerée d'huile dans une petite poêle anti-adhésive, dans laquelle on verse les dés de guanciale et on laisse rissoler quelques minutes, jusqu'à ce qu'ils soient dorés et légèrement croustillants et leur gras devenu translucide. A ce point, on éteint le feu.

On casse ensuite les œufs dans un grand saladier, y ajoute une petite pincée de sel (on réglera le sel éventuellement après, car la guanciale et le pecorino sont plutôt salés, le plat risquerait d'être trop salé si on ajoute trop de sel dans les œufs).
On poivre et ajoute peu à peu le Pecorino râpé et commence à battre avec une fourchette ou avec un fouet.

Il est important d'ajouter le Pecorino peu à peu et pas en une seule fois, afin d'obtenir la juste consistance de la sauce : elle doit être onctueuse, pas liquide, elle doit être comme une sorte de crème épaisse.

Pendant la cuisson des pâtes, récupérez avec une petite louche un peu d'eau de cuisson des pâtes et réservez-la dans un bol, elle pourra être utile pour après.

Une fois les pâtes égouttées (ne les rincez surtout pas!!), versez-les immédiatement encore chaudes dans le saladier avec la sauce. Remuez-les à ce qu'elles se mélangent bien avec la sauce : la chaleur des pâtes fera légèrement coaguler les œufs et légèrement fondre le fromage, c'est cette crème qui se forme qui va enrober les pâtes en donnant tout son crémeux à la Carbonara.

Vous devrez avoir donc des pâtes enrobées d'une sauce onctueuse, pas sèche. Si c'est le cas, vous pourrez éventuellement ajouter une ou deux cuillerées d'eau de cuisson des pâtes que vous avez préalablement réservé afin de délayer légèrement la sauce qui enrobe les pâtes et la rendre plus crémeuse.

Versez à ce point les dés de guanciale sur les pâtes (si vous êtes judicieux, en les récupérant avec une écumoire pour éliminer leur huile de cuisson, mais si vous n'avez pas des limites à la gourmandise versez-les avec tout leur huile).

Poivrez abondamment, saupoudrez avec un peu de Pecorino ou de parmesan râpé selon les goûts et passez à table aussitôt.

 

Je ne vous raconte pas combien je me suis régalée.

 

Et ce soir, il est encore aux fourneaux.

C’est tout un autre festin.

Au menu, de la pizza. Rien qu’à l’odeur je salive grave.

Je l’ai vu faire tournoyer la pâte à pizza dans les airs comme on voit faire dans les films et j’étais scotchée. Même Michel et Nicholas le faisaient.

Orlane m’a expliqué que les dimanches, ce sont les hommes qui sont aux fourneaux.

Les femmes se contentaient juste de regarder.

A voir tous les plats d’aujourd’hui, j’ai fini par demandé à Orlane.

Moi : Pourquoi tous les repas d’aujourd’hui sont des mets italiens ?

Orlane : Retour aux sources oblige !

Moi : Comment ça retour aux sources ? Vous avez des origines italiennes ?

Orlane : Oui. Papa est à moitié italien. Donc, par ricochet, nous le sommes aussi.

Moi : Waouh ! On ne dirait pas.

Orlane : Je sais. A voir sa peau, on ne le croirait pas. Et pourtant, il est bel et bien italien. Son jumeau par contre, était tout blanc. Bref, ils étaient les deux extrêmes.

Moi : Etait ?

Orlane : Oui. Il est mort.

Moi : Oh désolée. Mes condoléances.

Orlane : Merci. C’est le passé.

Moi : Donc, tes parents sont un couple d’ibédji (métis) ?

Orlane : Yep !

 

Finalement, de tout le week-end je n’ai pas touché aux cartons de soupe que j’ai apportés. Je me plaisais tellement à manger les repas qu’on faisait tous ensemble que j’en ai oublié mon fameux régime. C’est maman qui ne sera pas contente à son retour.

Aussi bien que maman, que papa chef comme j’ai décidé de l’appeler, maintenant ont su ravir mes papilles. Je sais combien je suis exigeante en matière de nourriture mais là, je suis comblée. Je ne pouvais pas mieux tomber.

Je suis à chaque fois surprise par leur simplicité et leur sens de la famille. J’avoue que ça va me manquer quand je serai chez moi.

Hier, après la virée shopping que maman nous a offerte à Lolo Andoche, nous sommes tous allés à la messe anticipée. Et la nuit c’était remake soirée ciné. La soirée était plus pour les autres. Orlane et moi nous avons plutôt passé la soirée à travailler.

Ce matin après le petit déjeuner, c’était piscine party avec une ambiance de folie. Papa chef a mis de la musique et fallait nous voir tous danser au bord de la piscine. Maman nous a sorti son jeu de rein, hmm mieux je me tais.

Papa n’en parlons pas. Il maitrisait les chorégraphies à fond.

Qui ne rêverait pas d’une famille pareille ?

Je savoure cette ambiance familiale mais je ne veux pas me faire trop d’illusions. Je vais retrouver ma vie après ce week-end. Cette famille n’est pas la mienne.

Maman (venant s’asseoir près de moi) : pourquoi tu es pensive ma biche ?

Mélanie (décidément on ne peut rien cacher à cette dame) : Je repense juste à quand je vais retourner chez moi. Je ne vais plus revivre tout cela. Je vous admire vraiment papa et toi. Avec les enfants, vous êtes tous soudés et vous passez tellement de temps ensemble. Moi je n’ai pas cette chance avec mes parents. J’ai peur de m’habituer à vous et de revenir à la dure réalité de ma vie de solitude.

Maman (me prenant dans ses bras) : Allez ma biche ne pense pas à cela. Je te l’ai dit tu fais partie de la famille maintenant. Tu es ma fille au même titre que Jess et Orlane. Tu peux venir ici quand tu le veux c’est aussi chez toi.

Mélanie : Merci maman.

Maman : allez viens on va rejoindre les autres et diner. Tiens j’ai une proposition à te faire. Et si tu restais toute cette semaine ? Tu as dit que tes parents ne rentrent que vendredi ou samedi non ? On pourrait les appeler et leur demander que tu restes encore toute cette semaine.

Mélanie : J’aimerais bien. D’accord.

   

PS : Vous pouvez retrouver les différents processus et la réalisation des recettes sur le net. En vidéo sur You tube.

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