Chapitre 8 : Retour à la réalité
Ecrit par Néfi
Lorsque
j’ouvris les yeux, je ressentis une vive
douleur au niveau de la tête. J’essayai
de me relever pour voir où j’étais. Dans un hopitâl….
-
Et merde, pensai-je. Je vais avoir de gros
problèmes avec les parents.
J’avais une
perfusion sur le bras. La bouteille de la perfusion n’était qu’à moitié vide et
le jet était d’une lenteur. Je n’étais pas prète de sortir d’ici me dis-je,
dégoutée.
Ma sœur
Sheila s’était assoupie
dans le fauteuil en face de moi.
Je toussotai
pour la réveiller.
-
Sheila, Sheila dis-je d’une voix cassée et
fatiguée. Rien n’y fit, elle ne se réveilla pas.
-
Putain, Sheila, réveille-toi, prononçai-je à
nouveau, avec une voix plus forte.
A ce
moment-là, elle sursauta, ouvrit les yeux, d’un air apeuré, confus. Il se passa
environ une demi-seconde, le temps qu’elle comprenne où elle se trouvait. Elle
s’approcha de moi.
-
Oh ma Nana, ça y est, tu es réveillée. Comment
te portes-tu, me demanda-t-elle ?
-
J’ai très mal à la tête Lala. Que s’est-il
passé ?
-
Vous avez eu un accident avec l’autre-là, ton
type, Alex dit-elle, en levant les yeux au ciel.
« Elle
n’est pas très contente là, pensa ma J.A., et je comprends pourquoi. Toujours à
n’en faire qu’à ta tête !!Pfff »
-
On ne sait pas comment cela s’est passé. Mais
votre voiture a fait plusieurs tonneaux apparemment. Les passants vous ont
sortis de la voiture et allongés au bord de la route. Heureusement qu’il y a eu un ami à papa qui
passait à ce moment-là et vous a emmené à l’hôpital. Voici tout ce que je sais,
compléta-elle en me touchant la main.
-
Et Alex, comment va-t-il ? Les parents, ils
ne sont pas trop fâchés ? Ils vont me tuer à coup sûr . Et ..
-
Shuuut, calme-toi. Tout va bien. Tu dois te
reposer. Alex va bien. Il est déjà sorti lui. Pour papa et maman, le plus
important est que tu ailles mieux. Le reste, ce sont des détails.
Une infirmière
entra à ce moment-là dans ma chambre. C’était une dame d’environ la
quarantaine. Elle respirait la sagesse. Elle avait une robe
« infirmière » de couleur blanche.
-
Alors, comment vas-tu Dona ? Laisse-moi
prendre ta tension, me dit-elle avec un sourire bien aimant.
-
Ça va Madame. Merci, J’ai juste un peu mal à la
tête.
-
Oui, c’est certainement la morphine qui ne fait
plus effet. Je vais t’en rajouter dans ta perfusion.
Je sortis de l’hôpital le lendemain. J’appris bien
plus tard que 2 jours s’étaient écoulés entre l’accident et mon réveil. Alex me
manquait, j’étais à la fois en colère contre lui et aussi impatiente de le
voir. En colère car je n’avais aucune nouvelle de lui. Il n’était pas passé à
l’hôpital me voir. Je me disais à ce moment-là que c’était certainement parce
que lui aussi avait besoin de repos. Mais depuis mon réveil, jusqu’à présent,
je n’arrêtais pas de surveiller mon téléphone. Pas de sms, pas d’appel, rien.
J’avais bien sûr envoyé des SMS, essayé de l’appeler mais toutes mes tentatives
restaient sans réponse.
« Du haut de tes 15 ans, tu te fais déjà
malmenée par les hommes Nana » me lança a J.A.
« Oh, arrête, stp, ne commence pas
toi ! » lui répondis-je violemment.
Mais au fond, c’était vrai. Résumons la situation.
Je venais de rencontrer un garçon, pour lequel j’avais eu le coup de foudre et
qui m’a en tout cas laissé penser que la réciproque était vraie. Après le coup
de foudre, il y avait eu l’histoire avec sa cousine. J’ai pensé à tort qu’il avait
déjà une petite amie. Au moins cette histoire m’avait permis de comprendre que
je l’aimais déjà très fort. C’était vraiment indescriptible. J’avais le cœur
qui battait la chamade, les mains moites, des papillons dans le ventre, juste
en pensant à ces moments avec lui. Et il
y avait eu l’accident. Nous aurions pu mourir dans cet accident tous les deux.
D’ailleurs, qui était ces gens dans la voiture qui nous a percutés ? Je
n’avais toujours pas la réponse. Je n’avais pas eu le temps de voir quoique ce
soit, et surtout je n’avais pas de nouvelles d’Alex. J’avais bien envoyé Sheila
chez Loïc pour savoir où il était. Mais Loïc lui répondit simplement qu’il
était retourné à Cotonou.
Mes parents bien sûr m’avaient passé un savon, une
fois sortie de l’hôpital. Je me rappelais encore des paroles très dures de mon
papa :
-
Dona, tu n’es qu’une enfant. Je ne te reconnais
plus ma fille. A cause de ce garçon de la capitale, tu te comportes comme une
fille facile. Tu nous mens et tu entraînes en plus tes sœurs dans tes
mensonges. Tout ça pour sortir la nuit avec un garçon. Est-ce l’éducation que
ta mère et moi t’avons inculquée ?
Les filles, vous-mêmes vous connaissez les darons
africains. Bref, je vous passe les détails.
Au bout de quelques semaines, je me sentais déjà
mieux. Les vacances s’étiraient à leur
fin tout doucement.
Par une après-midi ensoleillée, j’étais allongée sous
la paillote, sirotant un verre de bissap bien frais. Je me remémorais cette danse que nous avions
eue lui et moi sous cette même paillote. Son baiser, ses caresses, son odeur.
Oh My Gosh, il me rendait dingue ce mec. Malgré cette colère que je ressentais
à son égard, je n’arrivais pas à
transformer cet amour en haine. Ce n’était pourtant pas faute de ne pas avoir
essayé. Mon téléphone sonna. C’était un numéro inconnu :
-
Allo, dis-je d’une voix surprise, me demandant
bien qui cela pouvait être.
-
Bb,c’est moi.
Mon cœur dansa la samba. C’était lui. Après toutes
ces semaines d’absence. Je passai du chaud au froid.
-
Qu’est-ce que tu me veux encore Alex ?
Pourquoi tu m’appelles ?
-
Écoute-moi Dona. Je sais que tu es en colère. Et
c’est normal. Laisse-moi te parler stp.
-
Je ne vois pas ce qu’il y a à dire de plus Alex.
(J’étais bien contente qu’il m’appelle hein. Je faisais juste la maligne). Tout
est pourtant clair. Tu trempes dans des histoires bizarres, tu m’embarques
là-dedans. J’ai failli mourir à cause de toi. Et de surcroît, tu te permets de
disparaître. Je regrette le jour où tu es rentré dans ma vie.
-
Tout ça s’est passé à cause de ma cousine
Maggy. Nous étions sortis avec la voiture l’après-midi du jour de
l’accident et nous avions croisé des gars qu’elle connaissait. Mais elle ne
m’avait pas dit qu’elle leur devait de l’argent. Environ 200 000 fcfa,
depuis des mois. Ils nous ont vu passer et ont certainement cru que j’étais
encore avec elle. Ils ont voulu nous effrayer, sauf que c’est allé plus loin.
-
Décidément, ta cousine Maggy est vraiment une
peste hein, lançai-je furieuse.
-
Oui mais ne t’inquiète pas. J’avais brièvement
reconnu la voiture avant l’impact. Donc ils sont en prison désormais. Mon père
et mon oncle furieux, nous en ont voulu, surtout pour t’avoir fait prendre tous
ces risques. Ils nous ont coupé nos
téléphones et nous ont interdit toute sortie. Je ne pouvais même plus mettre le
pied dehors. Je t’aime Dona. Crois- moi !
« Il ment ! » clama ma J.A. !
« Mais non, il a des raisons
valables ! » lui rétorquai-je.
Mais devrais-je vraiment le croire ? C’était
peut-être des salades. Certainement même. Comment un homme qui prétend t’aimer
peut-il se comporter de la sorte. Il faut qu’on m’explique là. Cette histoire
commençait très mal. Mais en même temps, l’homme que j’avais connu m’avait
toujours paru franc et honnête. Il ne se serait pas permis de disparaître sans
donner de nouvelles, en sachant que j’étais à l’hôpital. Tout me paraissait à
la fois logique et illogique. Mais bon, mes sentiments demeuraient les mêmes,
et les siens aussi visiblement. Je décidai de prendre la corde qu’il me
tendait.
-
Je t’aime aussi bb. Tu m’as manqué, trop trop
manqué. C’était horrible sans toi. Lui dis-je tendrement.
-
Je sais. C’était pareil pour moi ma Nana.
« Tiens tiens, vous êtes très familiers
maintenant » demanda ma J.A avec un
sourire amusé. Je préférai ne pas lui répondre.
C’est ainsi que nous reprîmes notre relation, là où
nous l’avions laissée. Je découvrais Alex au fil du temps et ce que je découvrais
me rendait encore plus amoureuse de lui. C’était un homme drôle, charmant,
attentionné avec un cœur en or. Il n’arrêtait pas de me faire rigoler. Ne
dit-on pas que « femme qui rit est à moitié dans ton lit ? ». Le
courant passait tellement bien entre nous, que parfois les paroles étaient
inutiles. Il était cependant plutôt jaloux et m’avait répété plusieurs fois
après qu’il ait su que j’étais encore vierge : « Celui qui te touche,
je le tue ». Cette phrase aurait peut-être fait fuir certaines personnes,
mais moi cela ne faisait que me rassurer sur le fait qu’il m’aimait. Mais tous les deux
nous souffrions constamment de ne pas pouvoir se voir, ni se toucher. Nous
étions donc pendus au téléphone toute la journée. Je découvris ainsi qu’il
habitait dans le même quartier que moi à Cotonou. La maison de ses parents et
celle des miens étaient à environ 15 min de marche l’une de l’autre.
J’attendais donc impatiemment ce moment où j’irai à la capitale.
L’occasion se présenta 1 mois environ après mon
accident. Un de mes cousins, Lionel, dont j’étais très proche fêtait son 25 eme anniversaire.
Je ne devais rater cela pour rien au monde, d’autant plus que cela me
permettrait de voir qui-vous-savez. Lionel avait 1 autre petit frère (Caleb :
23 ans) et 1 autre petite sœur (Sandra : 16 ans) . Toute la fratrie était
bien évidemment au courant du fait que j’avais un petit ami qui s’appelait
Alex. J’invitai donc Alex à la soirée d’anniversaire de Lionel. Les parents de
ce dernier lui avaient laissé la maison ou que dis-je, leur palace et dormaient
chez un de leurs amis. L’immense bâtisse était peinte tout en vert sombre. Elle
comportait hormis le rez de chaussée, 3 niveaux avec au total une dizaine de
chambres réparties sur les 2 premiers étages. La soirée devait se déroulée au 3
eme niveau qui avait juste une grande terrasse de carreaux blancs. Des tables et
des chaises en plastique avaient été posées ici et là. Avec Sandra, nous nous
étions occupées de la décoration. Des nappes en papier doré, des paillettes
couleur or et gris, des guirlandes, des ballons de couleur noir, grise et or
nous avaient permis d’égayer le lieu de la soirée. Le cuisinier de la famille
s’était occupé du repas : Salade de pommes de terre en entrée, Attièké
–alloco accompagné de poisson et de poulet braisé et pour finir, un gâteau aux
3 chocolats. Le DJ était déjà là et installait son matériel. La fête
s’annonçait belle. Une bonne soixantaine de personnes était attendue. Moi, je n’avais
qu’une hâte : revoir Alex, sentir son regard sur moi, ses mains sur mon
corps, entendre mon cœur s’affoler. Je m’étais mise sur mon trente-deux. (Vous
vous en doutez non ?) J’avais déniché dans une boutique chic une robe
moulante de couleur noire, qui m’arrivait juste au-dessus des genoux. Un
collier au ras du cou de couleur or et des escarpins or également venait
rehausser le tout. J’avais fait un tissage couleur marron, de boucles frisées,
avec une frange, ce qui me donnait un air super cool en décalage avec ma robe toute droite.
J’avais laissé le soin à Sandra de me maquiller. Quelques notes de J’adore de
Dior venaient me rendre définitivement fatale.
La soirée débuta à 22h. La maison était déjà
complètement remplie de monde. Ça dansait, ça piaillait, ça mangeait. Des
garçons serraient les filles dans les coins sombres de l’étage, sur des sons de
Sean Paul. Jusqu’à 1h du matin, Alex n’était toujours pas là. Sandra, ma
cousine n’en pouvait plus d’attendre :
-
Bon Dona, il vient quand ton Alex là. J’en peux
plus d’attendre.
-
Il va venir. Il y a 1h, il me disait qu’il était
déjà en route. Même moi, je suis grave pressée de le revoir.
Je me
dirigeai ensuite vers le balcon, espérant le voir arriver avec sa voiture. La
soirée ne se passait pas forcément bien pour moi. Soudain, quelqu’un me prit
par les hanches et me retourna vers lui. C’était lui. Rien qu’à son odeur, je
le savais. Mon cœur dansa la samba. Nous nous embrassâmes pendant au moins 2
bonnes minutes. Sandra vient nous interrompre :
-
Alors Dona, voici ton fameux A… Elle s’arrêta dès que nous nous
retournâmes vers elle, comme surprise, terrifiée. Je vis une lueur de tristesse
passer dans ses yeux.
-
Oui c’est Alex, mon petit-ami. Alex, je te
présente Sandra ma cousine, dis-je en regardant
Alex.
-
Enchantée de faire ta connaissance la cousine
Sandra. La fête est très belle en tout cas.
J’installai Alex à ma table. Il entama une
conversation avec Caleb. Je ne pouvais pas être plus heureuse. Mais je sentais
que Sandra me fuyait, mais nous observait. Je me décidai à aller la voir :
-
Tu vas enfin me dire ce qui se passe Sandra ?
la questionnai-je.
-
Dona, je n’ai rien contre toi. Tu es ma petite
sœur chérie. Stp, ne prends pas mal ce que je vais te dire. Cet homme n’est pas
pour toi. Tu dois l’oublier Dona, impérativement ! me lança –t-elle en me
suppliant du regard.