Chapitre 9 : Je l’aime et pis c’est tout :)

Ecrit par Néfi

Le ciel me tomba sur la tête. Je faillis m’évanouir.

« Je te l’avais dit Dona, ce garçon est dangereux, je ne le sentais pas du tout » pensa ma J.A.

-          Mais comment ça il n’est pas pour moi ?

-          Il est dans mon lycée. Je le vois tout le temps traîner avec des filles. La plupart en sont amoureuses dans mon lycée. Je me demande s’il n’a pas  déjà une copine Dona.

-          Mais non Sandra, c’est impossible, Alex ne me ferait pas ça. Il est tellement honnête et franc avec moi. Notre relation est basée sur la confiance.

-          Dona, fais comme bon te semble, mais attention. Je serai toi, je me réserverai quand même.

Je m’en allai rejoindre Alex, en la laissant là. J’en avais marre que tout le monde me prévienne, m’avertisse, cherche à me dire quoi faire. Je voulais juste mon histoire avec lui. Mais et si c’était vrai ? Le doute s’insinua en moi. Alex était en train de manger quand je le rejoins. Je lui posai quand même la question. Il fut très surpris de ma question et se figea aussitôt.

-          Dona, il faut que tu arrêtes d’écouter ce que les gens racontent sur moi.

-          Mais Alex, tu as une copine ou non ? Réponds-moi !

-          Quand on est ensemble je te donne l’impression que je ne t’aime pas ? Hein Dona ?

« Putain, mais réponds à ma question », hurla ma J.A.

-          Oui, mais je veux juste que tu me promettes que ce n’est pas le cas.

Il m’emmena plus loin et pris ma main, et plongea son regard dans le mien.

-          Dona, je t’aime. Je t’aime comme je n’ai aimé personne. Pourquoi tu veux que j’aie une copine en dehors de toi ?

« Comment tu résistes à ça Dona ? » questionna ma J.A, la main sous le menton.

Evidemment, ses paroles me faisaient du bien. C’était si magique entre nous, que j’avais du mal à le croire capable de ça.

-          Ok bb, je t’aime aussi. Je te crois.

 

Nous passâmes toute la soirée ensemble, collés l’un à l’autre. Tantôt, nous dansâmes du zouk, tantôt du hip-hop, tantôt du coupé-décalé. Vers 4 h du matin, nous nous éloignâmes dans une des chambres de la maison.

Il me souleva aussitôt et me prit dans ses bras. Il avait une telle force, pensai-je. Il était beau, mon Alex. J’adorais ses yeux. Il avait de tous petits yeux, qui me charmaient terriblement. Il  m’embrassa passionnément, prit mes lèvres. J’adorais le goût de ses lèvres. C’était indescriptible. Mon cœur battait la chamade. Toujours en m’embrassant, il m’allongea sur le lit et parsema mon cou de baisers. Sa langue me caressait le visage, il l’utilisa pour me chatouiller les oreilles. C’était juste magique.

J’essayais tant bien que mal de lui rendre ses baisers. Mes mains se baladaient désormais sous son tee-shirt, caressant son torse musclé, son dos. Sa peau était si douce. J’étais vraiment dingue de lui. J’enlevai son tee-shirt. Je voulais juste me donner à lui. C’était l’homme de ma vie. J’en étais à présent sûre et certaine. J’avais trouvé mon âme sœur, ma moitié.

Il enleva ma robe et mes chaussures. J’avais un ensemble de sous-vêtements couleur vert pomme. Il enleva mon slip et prit mes lèvres, au creux de moi. J’étais totalement mouillée. C’était la première fois qu’un homme me faisait ça. C’était tellement bon, j’enfonçai mes ongles sur le haut de son dos. Sa langue allait et venait sur moi. Je n’arrêtais pas de gémir, de me tortiller.

-          C’est bon, ne t’arrêtes pas stp.

Il s’arrêta, me regarda dans les yeux et me dit d’un ton sensuel et de sa voix rauque :

-          Dis-le encore bb.

-          C’est troooop bon bb, encore, le suppliai-je.

J’avais des sensations très agréables partout en moi, surtout dans le bas du corps, mes jambes, mes cuisses. C’était indescriptible ; Je commençai à détacher les boutons de son jean, afin de sortir sa virilité.

Soudain il s’arrêta, comme pris de panique.

-          Non, non Dona, me dit-il en se relevant. Je ne veux pas que nous le fassions comme ça. Il faut que tu sois prête.

-          Mais bb, je suis prête, j’ai envie de toi. Je veux que ce soit toi, le premier.

-          Non mon coeur, coucher avec toi n’est pas banal pour moi. C’est sacré.

-          Oui mais j’en ai envie, très envie lui répondis-je en le touchant et en le caressant.

-          Non Dona, stp. Pas comme ça, non. Pas maintenant. Allez viens, nous allons prendre l’air.

Il semblait décidé. Il l’avait dit d’un ton ferme.

Au fond, mon amour pour lui venait d’être multiplié par 100mille.

Quel homme ! Pensai-je, lorsque nous retournâmes à l’étage où se tenait la fête. Les hommes comme ça sont rares, très rares.  Connaissez-vous des hommes qui auraient eu le cran de faire ça. Je n’étais au fond qu’une gamine naïve de 15 ans. J’étais persuadée que cela aurait été un autre mec, j’aurais été déjà souillée à l’heure qu’il fait.

La soirée continua tranquillement. J’étais tellement heureuse. Alex fut l’un des tout derniers à partir. Il ne me lâcha pas une seule fois. Je ne voulais pas qu’il parte mais bon, pas le choix. J’avais quand même eu le temps de le présenter à mes cousins qui l’avaient trouvé très sympathique.

Une fois allongée dans mon lit, à l’aube, je me mis à penser au déroulement de la soirée. Sandra qui m’avait effrayée avec ses histoires. Honnêtement je savais que ma cousine était une kpakpato girl, qu’elle était au courant de tous les commérages de son lycée. Mais bon, de là à venir me raconter ça, je trouvais que c’était abusé. La relation que j’avais avec Alex était tellement passionnée, tellement franche que j’avais du mal à croire que c’était possible. Tout ce que je voulais c’était être avec lui, le reste m’importait peu.

J’avais eu une seconde discussion avec Sandra où je lui avais bien fait comprendre ce que je pensais. Elle m’avait juste répondu :

-          Et bah tant pis pour toi Dona, je t’aurais prévenue.

« Rho, arrête de nous emmerder là Sandra », s’exclama ma J.A. en tirant la langue.

 

Mon séjour à Cotonou se déroula super bien dans l’ensemble. Je restai une semaine encore après la fête.  Alex et moi passions plein d’après-midi à la plage, enlacés, et sirotant des cocktails. C’était juste le paradis sur terre.

J’appris dans la foulée, que j’avais eu mon BEPC. Alex était fier de moi. Il n’arrêtait pas de me dire en me prenant par le menton et en me fixant droit dans les yeux:

-          Tu es belle, intelligente et tu me rends dingue. Que demander de plus à Dieu ?

La séparation fut très douloureuse. Mais je tins bon. Je ne pleurai pas. Non, pas devant lui.

Je retournai à Parakou. La vie me parut juste insipide. Les premiers jours furent très durs. Je n’avais envie de rien, je n’avais goût à rien. Heureusement que Sheila était là pour me réconforter. J’écoutais en boucle « notre » chanson, If I could turn back… Je revivais notre premier baiser à chaque fois.

 

A la rentrée, mes camarades avaient remarqué que j’avais changé. Je participais moins aux sorties, j’étais moins réactive en cours. J’étais en seconde option mathématiques, je n’avais pas d’examen à passer, donc j’étais tranquille. Alex, lui était en Terminale option mathématiques aussi.

Le rythme de nos échanges changea petit à petit. Au début nous nous parlions tous les soirs. 3 mois après, Alex répondait moins souvent à mes sms et mes appels. Il disait qu’il était très occupé avec son examen à préparer. Ses parents également lui mettaient une pression énorme. Une fois ce fût carrément son père qui décrocha son portable et me dit « Alex n’est pas là. Il est occupé. Rappelez plus tard ».

 

Je ne comprenais plus rien. Le « Alex » que j’avais connu était tellement prévoyant, tellement amoureux. Je ne concevais pas qu’il puisse me négliger autant. Les rares fois où nous nous parlions, c’était pourtant comme si nous ne nous étions jamais quittés. C’était très intense. C’était des florilèges de « Je t’aime » à n’en plus finir. Mais dès que nous ne nous parlions pas, il devenait comme distant. Je ne comprenais pas ses nuances à Alex. J’avais très mal. Je me sentais négligée, ignorée, comme une vielle chaussette.  Pourtant quand je lui en faisais part, son discours ne changeait jamais :

-          Je suis occupé bb, c’est tout. Il n’y a rien. Je t’aime toujours autant.

La distance n’arrangeait rien. Je n’avais que 15 ans et je ne pouvais pas me permettre d’aller à Cotonou sans l’autorisation de mes parents, et surtout sans une bonne raison.

Toutes mes copines, mes sœurs à qui j’avais raconté mon histoire me demandèrent ce que j’espérais encore.

-          Mais il se fout de toi. Attends, tu as 15 ans, il en a 20. Tu sais tout ce qu’il fait à Cotonou là-bas ?

-          Les cotonoises sont terribles hein Dona, toi-même tu sais ça. Oublie-le.

Ma cousine Sandra me narguait à présent :

-          Mais Nana, je te l’avais dit. Tu n’as pas voulu m’écouter. On est au 21eme siècle. Zappe-le. Tu mérites mieux.

Bref, je vous passe toutes les autres remarques que l’on me faisait et les soi-disant conseils que je recevais. Mais je tenais bon. Je m’accrochais aux bons souvenirs que j’avais avec lui.

L’année tirait à sa fin. J’avais validé ma seconde avec 14 de moyenne, alors qu’habituellement je tournais autour de 16. Mes parents étaient un peu déçus de moi. Mais j’avais vraiment donné le maximum. Je n’avais qu’une seule hâte : retourner à Cotonou et revoir Alex. Nous étions fin juin et la dernière fois que j’avais de ces nouvelles remontait à un mois environ.

Etant en vacances, mon père accepta volontiers que j’aille dans la capitale avec mes sœurs Sheila et Angie. Nous étions parties avec le chauffeur, dans la voiture de fonction de papa aux environs de 10h du matin. Je trouvai le trajet super long. Il fallait environ 5h pour relier Parakou à Cotonou. Pourtant le chauffeur roulait à une de ses vitesses. Nous rejoignîmes Calavi (banlieue de Cotonou) à 17h. J’étais assise à l’arrière et j’avais posé ma tête contre la vitre latérale. Le va et vient des passants, les zemidjans (taxi moto habillés en jaune), la multitude d’animations des taxis, des gros camions chargés de sable, défilait devant moi, sans que je ne les vois. « La pollution ambiante à Cotonou est vraiment problématique », pensai-je lorsque je vis une fumée aussi noire que le charbon sortir des pots d’échappement de plusieurs de ces énormes camions. Tant bien que mal, nous arrivâmes à la maison. Ma grand-mère paternelle qui habitait avec la bonne, était assise sur la terrasse, donnant sur le jardin. Elle était en train de trier des haricots. Je m’agenouillai pour la saluer en signe de respect et lui fit un bisou sur la bouche. Elle était toute contente de nous revoir. Mes sœurs lui sautèrent aussi dessus.

-          Alors mes enfants, bonne arrivée. Mais ils ne vous font pas manger là-bas ou quoi. Vous êtes toutes maigres.

-          Non mamie, on mange même trop. Par contre, tu nous fais ton « atassi » (riz aux haricots) demain ? questionna-aussitôt Sheila, la gourmande.

-          Oui, ma chérie. Regarde, je trie déjà les haricots. Répondit-elle.

Pour sa défense à Sheila, ma grand-mère faisait le meilleur « atassi » au monde. Rien que d’y penser, mon estomac se mit à gargouiller. Les retrouvailles continuèrent dans cette ambiance de gaité.

Habitant à peine 2kms de la mer, nous entreprîmes d’aller y faire un tour avec mes sœurs. Nous marchâmes sur les quelques mètres qui nous en séparaient. J’adorais la plage, la mer. La vue de l’océan me rendait joyeuse et m’apaisait à la fois. La nature était vraiment magnifique et prodigieuse de belles choses.

Avec mes sœurs, nous mires les pieds dans l’eau et marchèrent le long de la côte. J’avais décidé de mettre Alex de côté et de juste profiter des moments en famille, au moins pour cette fin de journée. Demain, je m’apprêtais à l’affronter et à tirer les choses au clair. C’était vraiment inconfortable pour moi cette situation et elle me pesait énormément.

Avec Sheila et Angie, nous prirent des glaces dans un bar du coin, les pieds dans l’eau. Nous nous lançâmes ensuite dans un jeu de lancer de boules de sables, comme des enfants de 5 ans. Nous n’arrêtâmes pas de rigoler. La soirée continua dans la même lancée. Après avoir savouré un bon plat de poisson braisé et akassa (pate de maïs allégé, spécialité des habitants de porto-novo), je m’allongeai sur mon lit, pensive. Devais-je l’appeler ? Aller le voir ? Je n’avais pas encore pris ma décision. Ce qui était sûr, je devais entre en contact avec lui. Je m’endormis, à la fois heureuse d’être là car j’allais le revoir, mais anxieuse de tout ce que je pourrai éventuellement apprendre ou découvrir. 

Amour ou raison