CHAPITRE 8 : UN ENFANT !?

Ecrit par Flore LETISSIA

CHAPITRE 8 : UN ENFANT !?

Depuis quelques mois, Ibra avait trouvé un nouveau cheval de bataille. Il lui répétait constamment d'arrêter la pilule et de lui faire un enfant, un autre garçon, parce qu'il voulait constituer son équipe de football.

Cette demande avait le don de mettre Dorlande en rogne. Et alors, elle lui rétorquait que tant qu'elle ne trouverait pas de travail, elle ne prendrait pas la moindre grossesse, parce qu'elle n'avait pas fait d'études pour conserver ses diplômes dans une chemise cartonnée. Effectivement, après une maîtrise en lettres modernes, elle avait obtenu un diplôme d'études supérieures en gestion des ressources humaines pour élargir son champ de compétences et se donner ainsi plus de chances de trouver du travail.

Et elle s'entêta pour ne pas arrêter ses pilules qu'elle prenait discrètement, Ibra jetait désormais ses plaquettes dès qu'il en apercevait mais cela ne l'arrêta pas. Elle avait désormais la confirmation qu'il était volage. Il était le genre d'homme qui n'envisageait pas sa vie de couple sans mener parallèlement de constantes conquêtes galantes. Et si jamais elle lui faisait un enfant, il aurait la certitude de l'avoir totalement a sa merci, enchaîné par ce lien. Il s'adonnerait a ses inconstances avec plus d'outrance avec l'assurance qu'elle n'irait nulle part.

Ce bébé qu'Ibra désirait d'elle fut l'occasion de leur première véritable dispute de couple avec des mots assez durs de part et d'autre. Ce fut comme une brèche ouverte qui leur permit dorénavant de se parler, à l'occasion et avec une brutale franchise en se disant des insanités !

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Sarah, la mère d'Alex, se mit également de la partie. Elle se prit de venir chez eux avec une certaine régularité. Certes, des le début de leur idylle, Ibra avait informé Dorlande de ce qu'il avait gardé des rapports cordiaux avec la mère de son fils et que celle-ci venait de temps en temps chez lui voir le garçon. Au début, ses visites étaient relativement espacées puis avec le temps, elles devinrent plus régulières, même quand Alex était a l'internat, parfois même en l'absence d'Ibra. Et Dorlande avait la nette impression que Sarah la narguait, la provoquait par ses allusions perfides et son sourire narquois. Une fois, elle fut plus direct et lui tint des propos moins nuancés :

- j'ai un grand fils ici... Il ne faudrait pas qu'il oublie qui est sa véritable mère... Maintenant que son père est un grand patron, peut-être qu'il serait mieux que nous nous mettions ensemble pour former une vraie famille. Car une véritable famille, c'est le père, le fils et la mère, pas la belle-mère, n'es ce pas ? Qu'en pensez-vous ? Lui dit-elle.

- je n'ai pas pour habitude de répondre au coup de pied d'un âne, peut-être feriez-vous bien de vous adresser à un de vos semblable ! Répondit Dorlande qui n'entendait pas se laisser insulter chez elle. Des deux c'était encore elle la maîtresse de maison.


Elle fit rapport de cette situation a Ibra, et a sa grande stupéfaction, il lui répondit que s'ils avaient eu un enfant tous les deux, Sarah ne lui parlerait pas de la sorte.

Dorlande lui répond par la suite :

- que dois-je comprendre par là ? C'est donc toi qui envoies ton ex me narguer ? Je suis ici chez moi à moins que je me trompe. Maintenant, si tel n'est pas le cas, dis-le-moi ! Peut-être même que Sarah n'est pas tant ton ex que ça !

- je t'en prie, Dorlande, tu divagues complètement ! Depuis quelques temps c'est la même rengaine ! Je n'ai vraiment pas envie de me disputer avec toi.

Sarah c'est un passé révolu qui date de quinze ans ! D'ailleurs elle est mariée !

- on ne le dirait pas hein ! En tout cas, dis-lui de ne plus remettre les pieds dans cette maison tant que moi j'y suis, sinon elle verra de quel bois je me chauffe !


Fort heureusement, Sarah ne remit plus les pieds à la maison, peut-être qu'elle avait été mise en garde par Ibra. Cela permit a tout le monde d'éviter une situation désagréable.

Mais peu de temps après, ce fut la mère d'Ibra qui débarqua du village sans criée gare. Elle avait emmené tellement de bagages que Dorlande crut qu'elle resterait définitivement chez son fils. Et ça, elle ne le supporterait pas. Ses premiers contacts avec "la dame de fer", comme on l'a surnommait, avait été un peu musclés. Surtout lorsqu'elle dit a Dorlande qu'elle souhaitait avoir de nombreux petits enfants le plus rapidement possible.

- dans notre famille, nous sommes fécondes, nous concevons dès que notre homme nous touche ! Avait-elle déclaré en présence de son fils, comme s'ils s'étaient donné le mot.

Le sang de Dorlande ne fit qu'un tour en entendant cela. Pourquoi venait elle remettre sur le tapis ce sujet, une véritable pomme de discorde entre Ibra et elle ? De quel droit s'immisçait elle dans sa vie de couple en lui dictant ce qu'elle devait faire ? Certes il était normal qu'elle veuille des petits enfants, c'est le vœu de toute femme de son âge, mais elle n'avait pas à lui ordonner d'en faire ici et maintenant. Elle n'avait qu'à prendre son mal en patience et attendre sagement.

De toute les façons, elle devrait s'y faire, parce que pour l'heure, elle n'avait pas les raisons et les motivations suffisantes pour pouponner.

C'est pourquoi Dorlande vit cette visite d'un mauvais œil. Et elle n'avait pas tort, car sa belle-mère ouvrir les hostilités dès le lendemain de son arrivée.

- je constate amèrement que tu as le ventre toujours aussi plat alors que cela fait 10 ans que tu es avec mon fils !

- cinq ans !

- c'est pareil ! Moi, en 5 semaines de vie commune avec mon époux, j'avais déjà pris ma première grossesse !

- les temps ont beaucoup changé, belle-maman ! D'ailleurs, si j'avais le malheur de tomber enceinte juste après 5 semaines en fréquentant un homme j'aurais l'impression d'être un peu comme une lapine ! Lui rétorqua ironiquement Dorlande.

Et il n'en fallut pas plus pour sortir la vieille femme de ses gonds.

- c'est à moi que tu parles ainsi, espèce d'impolie ? Tu oses m'insulter parce que tu n'es pas capable de faire des enfants à mon fils ? Tu es ici dans sa maison pourquoi ? Hein? Dis-le-moi aujourd'hui ! Manger et dormir, c'est tout ce que tu sais faire ? Tu vas partir ! Tu vas partir et je vais trouver "une femme lapine" comme moi, pour mon fils !

- belle-maman, mon départ de cette maison ne dépend pas de toi ! Et même si tel était le cas, sache que ça ne me fait pas peur ! Ibra ne m'a pas trouvée accrochée à une branche comme un singe !

- tié, tié, tié, je ne te savais effronter, insolente, il respectueuse, mais là, tu m'épates ! Une moins-que-rien comme toi qui n'a jamais mis les pieds dans une maternité, qui ne sais pousser que pour faire ça, tu oses me manquer de respect, a moi? Moi, mère de 10 solides enfants, dont un gaillard qui te couches sans résultat probant depuis 5 ans ?

Dorlande la sentait hors d'elle, prête à la frapper. Il se racontait effectivement dans la famille qu'elle battait violemment les copines ou les compagnes des frères aînés d'Ibra, du temps où elle était plus jeune et d'une impétuosité plus vive. 

Dorlande préféra adoucir ses propos pour mettre un terme à leur dispute. Elle voulait absolument éviter une situation dont les conséquences seraient plus compliquées a gérer.

- je ne t'ai jamais manqué de respect, et tu 'e sais bien ! C'est toi qui me dis toujours des méchancetés alors que je ne t'ai rien fait ! Si tu étais gentil avec moi, tu me demanderais ce qui se passe dans mon foyer pour que je refuse de faire un enfant. Tu chercherais à savoir comment Ibra se comporte et tu lui donnerai des conseils ! Dit-elle.

Mais son interlocutrice était lancée, visiblement décidé à en découdre.

- mon fils s'est toujours bien comporté ! Je le connais parfaitement ! Je l'ai porté 9 longues mois dans mon sein ! C'est toi qui a un mauvais comportement que tu viens encore une fois de prouver c'est donc ta mère à toi qu'on doit faire venir ici pour te donner des conseils ! Vociféra la vieille femme.

- je vois qu'il est inutile de t'expliquer quoi que ce soit pour l'instant ! On reprendra peut-être cette discussion quand tu auras retrouver ton calme et que tu seras mieux disposée à m'écouter, fit posément Dorlande en l'a quittant.

- tu as la chance que nous ne soyons pas 30 ans en arrière ! Sinon, toi comme ça, est-ce que tu pouvais t'arrêter devant moi pour parler ! Remercie vivement le ciel que l'âge mais diminuée ! Lui lança sa belle-mère dont la colère était loin de fléchir.

Elle tempêta longuement en proférant des injures a l'encontre de cette dernière. À midi, elle refusa le déjeuner qui lui fut servi. Le soir, elle s'établit dans le garage et attendit de pied ferme, le retour de son fils. Dès qu'il rentra du bureau, elle le prit en aparté pour lui raconter comment sa campagne l'avait couverte d'injures grossières, juste parce qu'elle avait manifesté le désir d'ailleurs légitime, d'avoir enfin d'autres petits-enfants. Mais plus grave elle avait refusé de lui donner à manger toute la journée. C'était grâce au ciel qu'elle n'était pas encore tombée, vu son âge. 

Ibra savait que sa mère, en rajoutait, mais quel en faisait trop au sujet de ce futur petit-fils. D'ailleurs, jamais Dorlande qui servait même de la nourriture aux vigiles des maisons avoisinantes, ne refuserait de donner à manger à sa belle-mère. Mais pour ne pas envenimer la situation, il la calma avec toutes les phrases douces qu'elle aimait entendre, et lui promit qu'il sermonnerait tant Dorlande qu'elle lui présenterait immédiatement des excuses. Il l'a raccompagna dans sa chambre en lui prenant la main pour lui témoigner cet amour de mère fils auquel il la savait si réceptive.

Quand Ibra monta dans la leur, il y trouva Dorlande étendue sur le lit, lisan un roman d'Esaïe Biton "ah les hommes". Il l'embrassa puis tout en se déshabillant, aborda immédiatement le sujet relatif à l'incident dont sa mère venait de lui parler.

- ma mère dit que tu l'as copieusement injurier du simple fait qu'elle te demandais de faire un enfant ! Tu ne crois pas qu'elle a raison ? Dit-il.

- elle n'a vraiment pas perdu de temps, et de toute évidence, elle s'est donné le beau rôle, celui de la victime. Mais sache que je ne l'ai pas injuriée, parce que je ne suis pas folle. Je ne peux pas me permettre de proférer des insultes à l'encontre d'une personne qui a l'âge de ma propre mère. C'est elle qui m'a traité de tous les noms et à menacer de me faire parti pour te trouver une autre femme.

- quels que soient ses agissements et propos fais en sorte de ne pas te la mettre à dos ouvertement, cela risquerait d'être infernal pour nous tous...

- moi, je n'ai pas de problème avec elle point peut-être faudrait-il que tu lui dises aussi de mettre de l'eau dans son vin ! Elle m'a clairement menacée en me disant que si elle avait eu 30 ans de moins, elle ne s'en serait pas tenue qu'à des paroles...

- je ne lui dirai rien, parce que tu es responsable de cette situation avec ton refus buté de me faire un enfant ! Tu ne crois pas qu'on agissant ainsi, tu lui donnes raison ? Tu apportes de l'eau à son moulin, repris Ibra.

- tu crois peut-être qu'un enfant se fait sur un coup de tête, comme on ferait une salade ou une omelette ?

- quelle garantie te faut-il ? Quel est le problème ? Tu crois peut-être que je ne le reconnaîtrais pas et jurerais mes grands dieux que je n'en suis pas le père ? Fit-il ironiquement.

- le problème est que tu n'es pas sérieux, Ibra ! Je ne sais pas ce que tu me réserves, j'ignore c'est qu'il adviendra de notre relation demain !

- ah, tu avoues donc que ce n'est pas parce que tu veux d'abord travailler que tu ne me fais pas d'enfant ? Je suis sûr que tu continues de prendre tes satanées pilule en cachette... Et puis, qu'entends-tu pas je ne suis pas sérieux ? M'as-tu déjà surpris avec une femme depuis que nous sommes ensemble ? 

- Je n'y compte même pas, tu es trop rusé pour ça ! Mais tu ne peux pas empêcher l'odeur et la sueur de tes maîtresses de rester sur toi quand tu les quittes ! Tu rentres avec leur salive dans ta bouche, leur plaisir sur ton sexe et dans tes yeux... J'entends parfaitement leurs soupirs que tu gardes dans le creux de tes oreilles...

- quel accès poétique ! Mais comment fais-tu pour voir, sentir et entendre tout ça ? Je n'ai jamais su que tu étais douée de facultés aussi particulière ! Ironisa-t-il. 

- qu'attends-tu de moi, Ibra ?

- que tu présentes des excuses en bonne et due forme a ma mère ! Je lui ai promis que tu le ferais dès que je te parlerais.

- je le ferai sans aucune arrière pensée, je n'ai pas ce genre de problème, tu me connais. Et je sais bien comment fonctionnent les personnes de son âge. On ne doit pas les contrarier, elles ont toujours raison. Mais en fait, ma question c'était plutôt dans le sens de : qu'es-ce que tu attends de moi en général ?

- quelle drôle de questions ! Tu es la femme de ma vie, celle auprès de qui je veux finir ma vie !

- finir ta vie ! Comme c'est bien dit ! Si je comprends bien, j'ai juste le droit d'être ton bâton de vieillesse et ensuite ta veuve éplorée, alors que maintenant, pendant que tu es jeune et ardent, tu fais la vie aux côtés de tes maîtresses ?

- quelles maîtresses ?

- peu importe ! Je te rappelle que nous ne sommes pas encore mariés ! Officiellement, je n'aurais aucun deuil a porter !

- rien ne nous empêche de le faire maintenant fixons en la date immédiatement, qu'à cela ne tienne !

- il me faut plus de garanties et pour l'instant, je ne te cerne pas !

- je t'en prie, Dorlande, je ne suis pas le pire des hommes et tu le sais bien. Bon, il se pourrait qu'il me soit arrivé de caresser une ou deux filles dehors, peut-être même que je leur ai pincé les hanches, mais je ne crois pas en faire plus qu'un autre...

- tu reconnais enfin que tu as des liaisons, que tu fréquentes d'autres femmes en dehors de moi ?

- je ne reconnais rien du tout, c'est juste une supposition ! Mais même si c'était le cas, cela ne tire pas en conséquence. Ce qui compte, vois-tu, c'est toi, c'est nous, c'est notre enfant et tous ceux que nous ferons ensemble quand tu ne prendras plus ses affreux comprimés. Les autres ne comptent pas.

- mais si elles ne comptent pas, pourquoi existent elles? Que font elles dans ta vie ?

- qui ça? Demanda Ibra comme s'il ne savait pas de qui elle parlait.

Dorlande le regarda sans plus rien ajouter. De toutes les façons, avec lui, ce n'était pas la peine d'espérer avoir le dernier mot. Quand elle quitta Ibra, elle partit présenter des excuses à sa mère. Bien que n'ayant pas l'intention d'arrêter ses pilules, elle lui promit de tomber enceinte avant son départ.

La vielle dame fut heureuse que son fils ait sermonné sa compagne et l'ait contrainte à lui faire un mea culpa aussi prompt. Elle accepta les excuses avec une mine a la fois réjouie et condescendante, puis elle apprit à Dorlande qu'elle était la pour une semaine. Cela sous-entendait qu'elle avait sept jours pour tomber enceinte.

Pendant tout le séjour de sa mère, Ibra rentrait a la maison directement et n'en ressortait que le lendemain. Dorlande comprit que s'il faisait des efforts, il pouvait changer et se révéler un excellent chef de famille. Elle se promit de reconsidérer sa position quand a son éventuelle maternité si cela continuait. 

PASSION DÉVORANTE