CHAPITRE VII
Ecrit par Flore LETISSIA
Dorlande déchanta rapidement car moins de deux semaines après, Ibra retomba dans ses travers avec plus de frénésie. Et cela lui causa énormément de peine. Elle désespérait de le voir mal tourner, sans rien pouvoir y faire. Elle se plaignait, bavardait, mais Ibra lui répondait qu'elle se faisait des idées, et il trouvait des justifications pertinentes à ses absences et manquements. Ce qui ne facilitait pas la tâche à Dorlande qui n'avait aucun élément concret en sa possession pour le confondre.
Il ne recevait pas de coups de fil intempestifs a des heures indues. Elle avait beau fouiller dans son téléphone portable, jamais elle n'était tombée sur un message compromettant. Ce fut en vain qu'elle lui fit les poche sans une seule fois mettre la main sur un billet doux, un reçu d'hôtel, le moindre indice qu'elle pût associer de façon honnête et objective à son infidélité.
Ses vaines investigations la sidéraient et la perturbaient à tel point qu'elle croyait en devenir folle. Comment un homme qui laissait traîner ses vêtements, chaussettes et chaussures dans la chambre pouvait-il se révéler si fin, si ingénieux pour dissimuler les preuves de son infidélité ? Elle avait pourtant la certitude qu'il y en avait quelque part. Ce n'était pas parce que un chat cachait ses excréments qu'il n'en faisait pas !
Cependant une nuit, Ibra rentra tard comme a l'accoutumée. Dorlande s'était efforcée d'attendre son retour pour le sermoner. Mais elle ne le pût ; le sommeil l'emporta. L'horloge murale du salon sonnait les douze coups de minuit, quand il rentra enfin. Généralement lorsqu'il rentrait, il marchait sur la pointe des pieds afin d'éviter de la réveiller, cela lui fournissait un élément de discussion quant à l'heure exacte de son retour.
Ce ne fut donc qu'au petit matin qu'elle vit son homme dans le lit, à ses côtés, dormant a poings fermés. Elle le regarda intensément dans son sommeil, écoutant son souffle léger comme celui d'un nourrisson. Jamais en cinq ans de vie commune, elle n'avait surpris le moindre ronflement venant de lui. Il était couché sur le ventre, la tête tournée de son côté, les deux mains passées sous lui. Le sommeil lui donnait une virilité troublante et ses traits. Un subit élan de tendresse et de désir la poussa vers lui, mais elle y résista de toutes ses forces. Il lui causait des tourments trop douloureuse pour qu'elle ait la tête à faire l'amour ce matin.
Elle descendit rapidement du lit pour ne pas céder à la tentation de le toucher, et se dirigea vers la douche mais elle trébucha sur ses vêtements qui traînaient. Comme a son habitude, avant de se coucher, Ibra avait ôté ses habits et les avaient laissés par terre. Bientôt elle ne ferait plus sa lessive. Il enverrait également ses habits du week-end au pressing, comme ses costumes de travail, où elle lui exigerait de les faire par ses maîtresses.
Elle ramassa le jean, le plia et le posa sur une commode. Il n'était pas sale, Ibra pourrait encore le porter. Elle prit également le polo blanc pour en vérifier la propreté et elle se figea, brusquement. Son cœur fit un bon furieux dans sa poitrine et se mit à battre fortement. Sur le devant du polo, au niveau de la poitrine il y avait toute une trace de fard. C'était la marque caractéristique que laissé un fond de teint sur une pochette ou un kleenex. Et elle en devina clairement la provenance, elle pût parfaitement suivre le déroulement de la scène qui avait laissé cette trainée de fond de teint sur le polo.
Seigneur ! Ibra avait passé une partie de la nuit avec l'une de ses maîtresses et l'avait tendrement serrée dans ses bras avant de la quitter. Et cette dernière avait affectueusement posé sa tête sur sa poitrine, juste a l'endroit où battait son cœur pour entendre le murmure amoureux ! Il ne s'agissait donc plus de coucherie, mais d'amour ? Ibra en était là à présent ? Il n'offrait plus son sexe, mais son cœur, sa personne, son être entier? La situation était donc plus grave qu'elle ne l'imaginait. Peut-être ses jours à ses côtés étaient-ils comptés ?
N'étant pas légalement mariés, aucun lien tangible ne les unissait, hormis le fait qu'il disait qu'elle était la femme aux côtés de qui il voudrait vieillir. Mais l'aimait-il vraiment ? Elle n'en était plus sûre. Qui dit amour ne dit-il pas fidélité ? Comment pouvait on s'offrir a une tierce personne quand on en aimait une autre? C'était inconcevable.
Dorlande suffiqua de colère et d'indignation. Elle leva le polo dans l'intention d'en frapper furieusement Ibra au visage, pour lui faire comprendre son indignation, afin que ce dernier la batte comme plâtre après. Mais a la dernière seconde, elle se ravisa et stoppa son geste. Ibra avec son intelligence qu'elle qualifiait démoniaque quand il en usait pour la contrarier et la contrer, pouvait parfaitement retourner sa précieuse preuve contre elle. Elle décida donc de la garder pour l'instant.
Enfin, elle avait quelque chose de concret sous la main. Ce jour là était marqué par une double pierre blanche et noire. Blanche parce qu'elle détenait enfin un élément attestant des insconséquences d'Ibra. Noire, parce que cette preuve était le signe de son malheur car, au fond d'elle, elle aurait préféré ne rien savoir, ne faire aucune découverte pour demeurer dans le doute, espérer se tromper sur toute la ligne...
Elle se rappela qu'il devait se rendre vers 18h a une réunion familiale avec l'un de ses cousins. Elle allait faire en sorte qu'il soit contraint de s'y rendre avec le fameux polo blanc maculé de fond de teint marron. Ainsi, les siens sauraient tous comment il se comportait. Ce serait sa vengeance.
Elle etendit le polo sur la commode, la tâche suspecte bien en évidence. Elle se doucha rapidement sans faire de bruit, se déplaçant et s'habillant aussi légèrement qu'un papillon. Elle quitta la maison après avoir soigneusement fermé le dressing et emporter les clefs.
Elle n'allait plus se laisser faire. Il fallait qu'elle se montre aussi rusée que lui. Cette preuve qu'elle détenait était aussi précieuse que si elle avait surpris Ibra avec une femme.
Quelques jours plus tard...
La vie continuait chez les Koffi, avec son cortège de variations qui faisait a Dorlande l'effet d'une douche écossaise. Par moment, Ibra se révélait si disponible et tellement amoureux que cela lui rappelait les premiers jours de leur vie de couple. C'était la belle époque. Pendant ces moments-là, il rentrait tôt, discutait avec elle, prenait sa douche en lui demandant de lui laver le dos, ou ils se douchaient ensemble. Ils dînaient en amoureux ; il lui souriait et lui disait qu'elle était belle. Il partait se coucher étroitement enlacés et il lui faisait l'amour longuement l'amour avec autant de passion que le premier jour. Elle était si comblée et tellement heureuse qu'elle oubliait tous ces tourments qu'il lui causait.
Puis Ibra se transformait a nouveau en courant d'air, ne dînant plus chez lui, au point d'en oublier le devoir conjugal et l'envoie balader quand elle le lui rappelait. Et il lui servait le même refrain, les mêmes excuses : il était au bureau a finaliser une proposition de réassurance urgente venue d'un gros client, il analysait des offres a renvoyer le lendemain ou encore des rapports a finir... Ou bien il était avec son Innocent juste pour prendre un pot.
La pauvre Dorlande était contrainte a suivre ce rythme de cohabitation éprouvant qu'il lui imposait. Sa plus grande peine était qu'elle n'avait pas encore trouvé du travail et se transformait progressivement en femme au foyer, pour la plus grande joie d'Ibra. Il lui ressassait d'ailleurs qu'elle n'avait pas besoin de travailler parce qu'il gagnait suffisamment d'argent pour faire vivre sa famille.
//Salut, je vous souhaite une excellente soirée avec ce petit bout//