Chapitre 9
Ecrit par Lady_miinash21
Docteur Kadijah Hanne
J'ai dû passer la nuit à l'hôpital pour veiller sur l'évolution de l'état de Kayni. Elle est toujours sous sédatif, son cerveau met du temps à réagir mais je pense que d'ici quelques heures, elle se réveillera. La pauvre, la voir comme ça me fait mal parce qu'elle est si jeune, si innocente et si gentille. Son cas m'a toujours intrigué, il est...spécial, différent des autres cas.
Elle n'a jamais présenté un trouble mental ou comportemental et son cerveau fonctionne à un rythme...disons au dessus de la normale. La première fois qu'on me l'a amené, je me suis dit: cette petite là est épileptique ? Elle semblait normale et n'avait en apparence aucun problème, elle s'exprimait bien et réagissait normalement. Mais après avoir fait quelques EEG (électro encéphalogramme) et radiographies de veille, j'ai pu déceler quelques dysfonctionnements de l'activité des cellules nerveuses de son cerveau. Et la réponse donc à ma question était: Oui
Bien qu'étant ma patiente, on a su développé des relations plus fort, peut-être de mon côté parce que je la considère un peu comme ma fille, elle a l'âge de celle que j'aurais pu avoir. Pendant nos rendez-vous, on discute plus que je ne l'a consulte, et ça peut durer au moins 1h de temps. Au début, elle était timide et ne parlais pas trop, c'est à sa mère qu'elle disait ce qui lui faisait mal et cette dernière me transmettait les informations. C'est au fil du temps que j'ai su gagné sa confiance, elle s'ouvrait à moi et se confiait me laissant la découvrir. Elle est très intelligente certes mais aussi un peu naïve et insouciante, très sensible et généreuse. Elle a un bon coeur ça c'est sûr, tout ce qu'elle a elle le partage. Au cours de ses rendez-vous, elle s'était liée d'amitié avec deux petits talibés qui restait devant le bâtiment de neurologie pour mendier, en venant à chaque fois elle rapportait des pots contenant toute sorte de nourriture c'est à dire des pâtisseries, des plats qu'elle cuisinait souvent elle-même, des boissons, des bonbons, bref tout. Elle leur donnait à manger avec le sourire et restait joué avec eux un peu avant de partir. J'en étais ravie parce que ces petits étaient adorables et aimés de tous les travailleurs de l'hôpital, et le geste de Kayni était salué par tout le monde ce qui faisait qu'ils l'imitaient souvent. Mais il a fallu qu'un beau jour, les services sociaux débarquent dans le but de les amener dans un refuge dans le cadre du "retrait des enfants des rues", un plan lancé par l'État. Nous étions tous contre, leur expliquant qu'ils étaient bien entretenu et logés parce que oui, l'hôpital leur avait aménagé un espace de jeu sous forme de chambre avec la participation de tout le personnel, mais ça n'a pas marché, ils ont dit niet, et je ne comprends toujours pas pourquoi. C'est comme ça qu'ils les ont amené, les pauvres petits étaient en pleurs et s'accrochaient avec leur petites mains à nos blouses, cette image était triste et me fendait le coeur. Mais ce qui m'a le plus fait mal c'est la réaction de Kayni lorsque je lui ai expliqué le départ des talibés, elle a tellement pleuré ce jour là comme s'ils étaient morts, mais c'était presque pareil parce que depuis ce fameux jour, on ne les a plus revu. J'ai tenté de me rendre au refuge et j'ai étais surprise lorsqu'on m'a dit qu'ils n'étaient plus là-bas, ils avaient disparu, mystérieuse histoire.
C'est vers l'après midi que Kayni s'est réveillée. Son mari n'était toujours pas venu, ni ses parents, je suis sûre qu'il ne les a pas prévenu mais je vais les appeler après avoir parlé avec Kayni. Je ne vais pas la brusquer au risque de conséquences fâcheuses mais je compte bien savoir ce qui s'est passé, je compte rendre service à cette petite avant mon heure.
Ismaïla Junior Sy
Je ne peux pas appeler ses parents putains. Son vieux là, c'est sûr qu'il va pas me croire si je lui raconte la version que j'ai créé de toute pièce. Je ne vais pas les appeler non, si cette docteur reste jusqu'à maintenant sans les voir, elle va s'en occuper. Cette pétasse a failli m'avoir hier, j'étais même à deux doigts de craquer, elle parlait comme si elle savait que c'est moi qui ait abusé de Kayni, mais en y réfléchissant bien, je n'ai pas abusé d'elle, c'est ma femme et j'ai plein droit sur son corps, bien qu'on s'était mis d'accord avec ses parents que je ne l'a toucherais pas avant qu'elle ne soit majeure raison pour laquelle on ne dort pas dans la même chambre mais je m'en fou. C'est ma femme, je la loge et la nourrit pourquoi ne pourrais-je pas profiter de ses formes généreuses. C'est vrai, j'étais en état de transe, j'étais bourré jusqu'au os et j'y suis allé un peu fort mais c'est parce que JE SUIS FORT, hé ouais je suis un homme viril et costaud, j'y vais pas molo moi.
Je me lève pour prier mais reviens aussitôt sur ma décision. À quoi ça me sert d'effectuer tous ces mouvements matin, midi, soir sans même réciter une sourate, ni même faire les ablutions, ça devient lassant ishhh (Astahfiroulah moi qui écrit ces atrocités que Dieu me pardonne et vous aussi qui lisez pardonnez moi).
Pourtant avant je ne ratais aucune prière et je le faisais convenablement, je me portais volontaire pour le diriger quand j'étais chez mon oncle, mais maintenant, nouma nex lakoy dèfè ak bouma ko sentiré rk (je le fais comme ça me chante et quand je le sent). Je sais mangui bakar (je suis entrain de pêcher) et c'est clair que de là haut mes parents ne sont pas fier de moi ayant été de fervents serviteurs d'Allah mais je n'y peux rien, c'est comme ça.
Cependant c'est sûr que Leïla me félicite en ce moment, elle n'a jamais compris pourquoi je faisais ces mouvements ridicules, et préférait qu'on sorte boire un verre plutôt que de me courber et me recourber pour que ma colone vertébrale en souffre, disait-elle. Elle avait raison, je vais sûrement finir courbé comme tous ces vieux là.
Ce n'est que vers 17h que je daigne rendre visite à ma très chère femme. J'espère qu'elle n'est pas encore réveillée pour pas qu'elle me dénonce. Je vais devoir utiliser un moyen de pression pour qu'elle ne le fasse pas sinon ça va être chaud pour moi.
Kayni Gueye
...aïe...ah ma tête. J'ai atrocement mal à la tête et cette lumière m'aveugle. J'ouvre carrément les yeux, mais où est-ce que je suis ? J'essaie de me redresser mais une douleur vive au niveau de mon bas ventre m'en dissuade, aïe ça fait mal. Mais qu'est-ce qui m'est arrivé pour que j'atterrise là, je ne me rappelle de rien.
Ma gorge est sèche, j'ai trop soif. Je regarde autour de moi et aperçois un gobelet posé sur une sorte de comode près du lit. En voulant l'attraper, ma tête cogne la barre où est accroché ma perfusion, et là je commence à avoir des vertiges et le tournis, je vois des images qui sont floues et qui apparaissent de plus en plus, je n'en peux plus, ma tête va exploser.
-Haaaaaaaaaaaaa, criais je en tenant ma tête avec mes mains.
Quelques secondes plus tard, j'entends la porte s'ouvrir en furie.
-Kayni, kayni répond moi, qu'est-ce qui se passe ?
Je reconnais cette douce voix.
-Doc...teur Kadijah ? Aïe...ah mon Dieu
-C'est moi Kayni, calme toi.
Elle s'empresse d'injecter un liquide dans ma perfusion et trente secondes plus tard, mes douleurs à la tête diminue.
Et là tout me revient, tout. Je commence à verser de chaudes larmes. Il a gâché ma vie, comment il a pu me faire ça ?
-Pourquoi ? Pourquoi il m'a fait ça ? Pourquoi ? Criais je
-Chut calme toi s'il te plaît, je suis là, dit-elle en me prenant dans ses bras.
-Et si tu me racontais tout ce qui s'est passé, qu'est-ce qu'il t'a fait ?
-Il m'a...snif...violé, il m'a pris...mon innocence,...il a...gâché ma vie, dis-je en hoquetant.
-J'ai envie de m...
Juste à ce moment, la porte s'ouvre sur ce monstre qui vient de détruire ma vie.
-Oh ma chérie, tu es enfin réveillée, ça va, dit-il hypocritement en s'avançant vers moi
Je repense à ce qu'il m'a fait et c'est comme si la scène se redéroulait, la peur m'envahit.
-Non...non ne m'approche pas, Kadijah dit lui de s'en aller, j'ai peur de lui, criais je en m'agitant
Kadija: Je vous prie de sortir d'içi monsieur.
Lui:Mais...
Kadijah: Il n' y a pas de mais. Elle est en état de choc, revenez peut-être plus tard qu...
-NON qu'il ne revienne plus jamais, je ne veux plus le revoir de ma vie.
Kadijah: Sortez,dit-elle en ouvrant la porte.
Il me lance un regard meurtrier et sort de la chambre.
-Je ne veux...plus le...revoir...s'il...s'il te plaît...aide moi Kadijah,...aide moi
Docteur Kadijah Hanne
-Chut ne t'inquiète pas, je vais t'aider, il va payer pour ce qu'il t'a fait, dis-je en la prenant dans mes bras.
Je fais en faire une affaire personnelle, cet homme va payer. Même si c'est son mari il n'a pas le droit d'entretenir un quelconque rapport avec elle sans son consentement et en plus avec une telle violence.
Ceci est appelé le viol conjugal, une forme de violence exercée par le partenaire intime. Un sujet tabou, voilà ce qu'elle est. Certains répondrons à vos plaintes par des : mais c'est votre mari Madame, ou alors : c'est un devoir conjugal. Ce "devoir" est défini par ne pas commetre l'adultère, l'infidélité tout simplement. Le consentement mutuel est à la base d'une quelconque rapport dans un couple. Et dire que la société hésite entre des sanctions ou des médiations contres ces actes ignobles, ces violences conjugales qui traumatisent et portent atteinte à la santé de la victime. Bien qu'étant condamné par la justice, içi au Sénégal, certains parents préfèrent faire le "massla" en échange de quelques billets que d'arrêter ces monstres et il finissent toujours par perdre leur enfant pour après dire si je savais.
Je compte aider Kayni. Si elle porte plainte, avec ses dossiers médicaux et un bon avocat, son monstre de mari ira croupir en prison pendant un long moment.
-Et...et mes parents ? Ils...sont au courant ?
-Non pas encore, excuse moi je comptais les appeler puisque ton mari ne la pas fait. Tu te rends compte qu'il nous a dit que vous vous êtes fait cambrioler et que c'est le voleur qui t'a violé ?
-Oh mon dieu, qu'est-ce que je lui ai fait pour qu'il gâche ma vie comme ça ?
Et elle éclate en sanglots. Je suis triste de la voir comme ça. Elle est si jeune, comment l'être humain peut être aussi odieux. Il va payer. Pour ce qu'il me reste à vivre, je vais tout faire pour qu'il paie, inchallah.
Le dernier chapitre avant un bon moment, merci pour tout