Chapitre 9

Ecrit par MoïchaJones

Je marque une pause, le temps de laisser à mes jambes la capacité de se remettre. Elles seraient bien incapables de supporter le poids de mon cœur. Il n’est plus qu’un bloc de glace, vide de tout désir. Amaya a réussi à plomber l’ambiance par sa seule présence. Mon corps entier est raidi par la frustration. Parcouru de long en large par le désir de continuer la conversation avec son vis-à-vis. Mais Uhu s’éloigne. D’un petit pas en arrière, juste assez pour que je puis me décoller de mon siège, mais on dirait qu’un abime s’est creusé entre nous. Je respire lentement, essayant de redonner un sens à mon souffle. Ou plutôt, c’est pour calmer la chaleur qui continue de torturer mes veines.


Uhu me prend par la taille et m’attire encore à lui. Pleine d’espoir je le regarde dans les yeux, un air joueur, mais c’est sans compter sur la présence majestueuse de sa mère, qui continue de nous observer avec intérêt.


En refermant derrière moi, j’avise sans surprise l’absence d’Aba. Cet homme est la discrétion même. Maintenant que j’y pense, je me demande bien à quel moment exact il a jugé qu’il était temps pour lui de partir ? Je ne me suis rendu compte de rien, trop occupée que j’étais. C’est pardonnable je crois. Au moins un qui sais ce que c’est que préserver l’intimité des autres, pas comme certaines, dotées d’un sans gêne légendaire.


Je souris pendant qu’on remonte l’allée jusqu’au porche. Elle est toujours là à nous regarder d’un air sévère. La réprobation sur son visage ne me parle pas, je suis heureuse. Je marche aux côtés de mon homme, ma main dans la sienne. Rien ne va gâcher cette maigre consolation. Il y a encore 2 mois je ne savais pas s’il était possible que je retrouve un semblant d’intimité avec lui, aujourd’hui il y a cette petite nuance de complicité entre nous. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. A chaque jour suffis sa peine.


Mon regard évite soigneusement celui de ma belle-mère. Pas du tout envie de me sentir honteuse de quoi que ce soit. D’une œillade, elle pourrait réduire en miette le piédestal de n’importe quel simulacre de géant. Elle a un don pour ça… faut croire. Elle serait parfaitement capable de m’achever d’un seul coup, sans trop d’effort. Autant mieux éviter…. Je crois.


- Désolée de vous déranger les amoureux, mais nous n’avons pas toute la nuit. Dit-elle d’une voix faussement désolée. Bonsoir Belinda. Ajoute-t-elle


Il fallait bien sûr qu’elle remette une couche par-dessus celle encore fraiche de mon embarras. J’avais bien dit qu’elle est douée pour ça quand elle le veut.


- Bonsoir maman.


Je sens mes joues virer au pourpre. Merci à l’obscurité de mâtifier encore plus ma peau déjà sombre.


On rejoint le salon où Joseph nous attend avec…. L’autre. Je marque un nouveau temps d’arrêt devant la porte et la pression de la main d’Uhu sur la mienne me rassure. Il est avec moi… Enfin je crois. Sinon je ne pense pas qu’on se serait autant rapproché. Uhu est un homme tellement vrai, impulsif mais sans faux semblant. Je suis presque sûre que je l’ai enfin retrouvé. Peut-être pas totalement, mais rien ne sert de courir si ce n’est pas pour finir la course. Il a fait le pas qu’il fallait, à moi d’entretenir la flamme fragile de notre réconciliation.


On prend place sur le fauteuil en face du canapé. Enfin Uhu s’assoit sur le fauteuil et m’attire sur ses jambes. Mon cerveau crie au scandale, mais mon corps se laisse docilement faire.


- Uhu !


La mine sévère de sa mère en dit plus que sa voix sèche. Il exagère je sais, mais une partie de moi ne peut s’empêcher de jubiler. Généralement il n’est pas si expressif, surtout en public. Je dois vraiment lui avoir manqué pour qu’il passe outre ses restrictions habituelles.


- Mère… Il serait temps de commencer… Tu ne crois pas ?


Sa voix est lasse. Mon pauvre chou. Tu dois être fatigué.


On n’aurait été seuls que je lui aurai fait un baiser sur le sommet de son crane luisant.


Je sens son bras droit qui se referme sur mes reins. Ses doigts parcours mon ventre à travers le tissu léger de mon chemisier et je sens une légère contraction vive sur mon bas ventre. Un frisson me parcours l’échine et je sens un sourire germer sur ses lèvres qu’il a posé sur mon épaule gauche. Il sait très bien l’effet qu’il a sur moi et il en joue. Ce n’est pas fairplay, mais c’est agréable.


La matriarche ouvre la séance pendant qu’une autre séance s’ouvre en moi. J’ai à peine la volonté nécessaire pour écouter ce qu’elle dit, je ne donne pas chère de ma concentration. Je dois me lever si je veux savoir de quoi on m’accuse encore une fois dans cette famille. Parce que tout est toujours de ma faute. C’est toujours à moi de faire l’effort de… Je délire je crois. Des doigts parcourent maintenant la peau de mon ventre.


- Il s’en veut de la tournure que cette histoire a prise.


Qui s’en veut de quoi ? Je n’arrive plus à me souvenir pourquoi nous sommes réunis ce soir. Qu’est-ce qu’ils font chez moi ? Chez nous ? Quand nous avons tout ce temps à rattraper.


Je me retiens de justesse de gémir à haute voix. Il faut que je fasse quelque chose. Ma mère ne m’a pas élevé ainsi. D’une main ferme je retire la baladeuse qui dessine des arabesques sur ma peau. Un raclement de gorge grossier me fait lever les yeux. Je tombe dans ceux noir de Jomo. Son visage transpire la colère, mais je crois y lire aussi la jalousie, l’envie et un je ne sais quoi d’effrayant. Je joue vraiment à un jeu dangereux. Qui a idée d’agiter un gigot de viande bien saignant devant un loup affamé ? Surement un idiot.


- Jomo !


La voix d’Amaya nous ramène à la réalité. Elle est tournée vers le concerné qui ne nous quitte pas des yeux Uhu et moi.


- Jomo, on t’écoute.


C’est Joseph qui a parlé cette fois. Les deux adultes ne semblent pas se rendre compte de ce qui est en train de se passer dans la pièce. Les esprits sont….


- Ce que je dis ne semble pas vous intéresser apparemment. Personne ne m’écoute.


La scène aurait été comique dans d’autres circonstances. Mais là, malheureux sera celui qui s’amusera à en rire.


Excédée, Amaya se lève dans un mouvement suffisamment théâtral pour avoir son effet tragique. Uhu pousse un soupir de frustration en me repoussant pour faire face à sa mère.


- Mère…
- Il n’y a pas de mère qui tienne. Je suis la seule à me soucier de ce qui se passe dans cette famille apparemment.
- Ce n’est pas ça. Aujourd’hui n’est tout simplement pas le bon jour pour en parler.
- Rien ne sert de laisser la situation refroidir. Ca ne ferait qu’envenimer les choses.


Je vois Joseph du coin de d’œil rouler les siens en se passant la main sur sa barbe. Il est tellement à l’opposé de sa femme. Calme, réfléchit, alcyonien. D’humeur toujours égale, c’est l’homme le plus facile à vivre que je connaisse.


- Amaya ce que l’enfant essaie de te dire c’est qu’il sera encore temps demain ou après-demain d’en discuter. Rien ne presse.


Elle le toise avec énervement et croise les bras dans une mine boudeuse que je ne lui connais qu’en face de lui. Devant lui elle redevient une femme. Un être fragile, maniéré et qui adore grogner


- Je viens de passer plus de 8 heures entre avion et aéroports, je n’ai pas vraiment la tête à discuter.
- On l’a bien vu.


Jomo a parler dans sa barbe mais assez fort pour que tout le monde l’aie entendu. Je risque un coup d’œil vers lui et le vois vider son verre de whisky d’un coup sec avant de se lever.


- Je vous aime bien, mais je me préfère.


Il pose rapidement son verre sur la table basse et fait une bise sur la tempe de sa mère. Il vient tchek son frère et veut me prendre dans ses bras, mais j’ai un mouvement de recul qui ne passe pas inaperçu. Il s’attendait vraiment à ce que je me laisse faire aussi facilement le con ?


Son départ sonne le glas et les autres ne tardent  pas  à le suivre. On se retrouve enfin seul, mais on dirait que l’ambiance badine d’antan s’est évaporer avec nos invités. On est là debout l’un en face de l’autre à se regarder comme deux étrangers. Nous revoilà au point de départ. Je ne sais pas quoi faire. La gêne est palpable entre nous. Le sentiment de s’être mal comporté. Tout ce qu’il fallait pour que nous n’ayons plus envie de faire quoi que ce soit. Elle a réussi son coup. Très forte cette femme.


On regagne nos appartements en silence et chacun finit de se préparer pour la nuit. Je m’allonge la première et le regarde enfiler son bas de pyjama. Mon regard traine sur ses abdominaux saillent, suit la ligne transverse du petit oblique qui disparait sournoisement sous la bande élastique de son pantalon. La salive a du mal à passer au travers de ma gorge. J’ai le souffle court. Il se retourne, se soustrayant à mon admiration. J’halète en silence et ferme les yeux. Je sens mon pouls battre la folie en plein sud. Je serre les jambes aussi fortement que ma position le permette.


Il me rejoint enfin et me prend dans ses bras. Un baiser dans mon cou et il cherche une position confortable pour la nuit.


Vas-y ! Je ne dirai pas non ! Je cris silencieusement de toutes mes forces. Pas assez fort toutefois pour qu’il entende. Ses mains restent fixes sur mes reins quand mon bassin fait un subtil bond en arrière. Toujours rien. Aucune réaction. Sans le faire exprès bien sûr, je me trémousse un tout petit peu plus, histoire de déclencher une réaction.


- Belinda arrête de gigoter s’il te plait. J’aimerai bien dormir.


Douche froide.


Je reste immobile. Je suis glacée. Sa respiration se fait régulière, il s’est endormi. Son haleine fraiche atterrit en un point sur ma nuque et m’empêche complètement de faire comme lui. J’ai peur de faire comme lui et de me rendre compte que ce n’était qu’un rêve. Il est bien là. Dans mon dos, avec moi dans ses bras.


Soupire d’extase.


Je glisse sans m’en rendre compte dans le sommeil, à mon tour.


J’ai chaud…. Tout d’un coup je suis fiévreuse. Pourtant je suis parcourue de frisson. Un courant d’air… Non plutôt une rafale qui ne s’abat que sur ma poitrine. C’est doux, pourtant chaud et froid en même temps. Je sens la moiteur sur ma peau. Une fine couche écumeuse qui favorise la déferlante électrique qui me secoue. Je ne suis plus qu’halètement. Je suis prise dans une tornade. Je me bats pour garder la tête hors de l’eau, mais je me sens attirer vers le bas. Je suis oppressée. Ma poitrine va exploser.


- Laisse toi faire.


Cette voix me galvanise. Ce murmure rauque m’excite au plus haut point. Je me sens défaillir pour de bon quand un sillon humide est tracé le long de mon ventre. Merde ! Qu’est-ce qui m’arrive. Je suis toute molle. Ma volonté m’a lâché. Je suis au bord de l’évanouissement.


- Ne résiste pas.


Je n’ai pas envie de résister. Je ne fais rien pour. Même si je le voulais, je n’ai pas assez de volonté pour y arriver.


La coulée continue plus bas. Je sens mon sexe lui aussi près à exploser. Je me cambre, frustrée par cette fraicheur qui ne va pas plus bas que mon pubis. Je suis plus qu’humide. Imaginer un seul instant l’effet qu’elle aurait sur ma féminité me vrille encore plus. Je laisse échapper un soupir d’insatisfaction.


Putain qu’est-ce qui m’arrive. Je n’arrive plus à penser. Je suis une boule de sensations vives. J’ai mal, chaque muscle de mon corps souffre le martyr. Je suis tendue, crispée. Ma gorge est sèche, mon souffle brulant. Ma tête va exploser. Il faut que ça s’arrête. Quel que soit ce qui m’arrive, il faut que j’y mette fin.


- Stop !


Mon cri résonne comme une prière.


- Toi seule peux y mettre un terme. Laisse toi aller.


La voix d’Uhu traverse la brume de mon cerveau. Je prends pied avec la réalité. Je sens la pression de ses mains sur mes bras. Son souffle à l’intérieur de ma cuisse gauche. Puis sa langue sur ma peau. Je gémis.


- Uhu…


J’arrive à peine à murmurer.


- Oui bébé…


Un baiser sur mes lèvres, puis un autre sur ma cuisse. La morsure à l’intérieur de ma cuisse me fait beugler comme un animal à l’agonie. J’ouvre péniblement les yeux et le tableau que je découvre serait digne d’un film licencieux. Uhu, drapé d’une écume luisante, entre mes jambes relevées. Mon entrecuisse offert sans honte.


Oh mon Dieu ! Quel réveil.


Il relève la tête et plonge son regard dans le mien. Qu’est-ce que j’aime cet homme. Il lâche mes bras l’un après l’autre, mais ceux-ci restent toujours aussi inertes que lorsqu’ils étaient entravés. Ses mains parcourent ma peau, lentement elles descendent sur mon ventre. Je suis toute tremblante.


Il a décidé de me tuer ou quoi ?


Un sourire carnassier aux lèvres, il remonte vers mon visage sans me lâcher un seul instant du regard. J’ai le cœur qui bat à tout rompre. Je n’entends plus que lui. Mes oreilles détonnent. Les mots n’ont pas d’importance, on s’entend penser. On se ressent. On se perçoit.


Sa langue termine sa course dans ma bouche. Mes mains se meuvent de leur propre volonté sur sa peau. Ses biceps frémissent langoureusement quand j’effleure ses fesses fermes. Je laisse courir mes ongles le long de son dos et ses gémissements font suites aux miens. Pendant que sa bouche fourrage dans la mienne, ses mains emprisonnent les miennes aux dessus de ma tête. Je me débats mollement et il raffermit sa prise.


- Uhu.


Il délaisse ma bouche un instant et je me sens abandonnée.


- Revient…


Il sourit


- J’arrive.


Sans que je ne m’y attende il me possède d’un coup sec.


- Oh


La brutalité de son geste brise mes digues. Dans un cri enraillé, je flanche. Mon corps est parcouru de soubresauts, pendant que lui me semble zen. Il me regarde convulser, le même sourire carnassier aux lèvres.


Il est décidé à me tuer.


Je le sens toujours dur en moi, et je ne peux stopper mes mouvements. Il attend que mes fasciculations disparaissent pour entamer un mouvement lent et régulier qui stimule une nouvelle fois mon corps engourdi.


Il va me réduire en bouillie, c’est sûr.


Il se laisse aller sur moi de tout son poids. Son bras gauche coince ma tête dans son épaule pendant que ses lèvres caressent mon oreille gauche.


- Tu m’as affreusement manqué.


Cet aveu m’émoustille plus que son souffle chaud qui va se perdre à l’intérieur de mon oreille.


- Sentir ta peau sur la mienne… Respirer ton odeur…


Il continue la litanie de ce qu’il est heureux de retrouver, en même temps qu’il me pilonne en douceur. Je le sens insidieusement grossir de plus en plus en moi. J’arrime les ondulations de mes reins à ses va-et-vient, et je ne tarde pas à être de nouveau au bord de l’explosion. Nous gravissons tous les deux les pans exquis de l’extase. Nos corps sont à l’agonie, l’implosion est proche. Je suis prise de vertige et pourtant je n’ai pas bougée du lit. Je suis toujours délicieusement à l’étroit sous le corps tout en muscle de mon mari qui me martèle sans retenu.


- Oh oui


Ses gémissements se font plus forts et mes coups de reins aussi. Ses muscles se contractent de plus en plus, en harmonie avec les miens. Il me serre plus fort, moi je le lui rends en double. Nous cheminons d’un commun accord. Chaque geste… Chaque caresse… Chaque contorsion. Tout nous unis. L’orgasme est fulgurant.


- Je t’aime


Il me regarde comblé, déplace une mèche échevelée sur mon front avant de me répondre dans un murmure.


- Moi aussi je t’aime wapenzi

Jamais sans elle