Chapitre 9
Ecrit par Annabelle Sara
Le mystère autour du décès de Marianne commençait réellement à intriguer Léon qui se retrouvait à présent avec deux visions de ce qui paraissait être le motif de cette assassinat.
Le fait que ces deux versions viennent de deux jeunes femmes qui lui avaient sûrement parler de la victime en fonction de leur relation avec elle, le poussa à penser qu’il devrait peut être s'intéresser à cette histoire d’un point de vue plus objectif.
En allant faire des recherches sur internet, il ne s’attendait pas vraiment à découvrir une quelconque information. Mais cependant il réussit à dénicher un article qui semblait détailler l’accident tragique qui avait emporté le camarade de Fallone des années plus tôt. Il avait cherché durant des heures alors c'était providentiel de tomber sur cet article. C'était apparemment le blog d’une jeune journaliste indépendante qui d’ailleurs avait également couvert le procès de l’ancien professeur de la victime, ainsi que la mort tragique de la jeune Marianne.
Sans trop y penser il envoya un message à la blogueuse lui disant qu’il avait des informations concernant le décès de la jeune femme.
Il avait attendu de recevoir la réponse de la blogueuse mais en vain. Même Solène remarqua son agitation le soir, alors qu’ils étaient tous les deux devant la télé.
- C’est comment avec ton téléphone depuis… tu attends un appel? Lui demanda-t-elle visiblement ennuyée.
- Non… Oui… Mon directeur devait m’envoyer des documents pour mettre en place les critères de sélection des jeunes entrepreneurs à promouvoir lors de la semaine de la jeunesse, déclara-t-il.
- Ah bon?
Il hocha la tête en posant le téléphone, écran contre la table.
- Je dois faire le choix parmi une dizaine de jeunes entrepreneurs alors oui…
- les critères sont jouables ? fit-elle.
- Jouables comment?
Elle se tourna vers lui, la lueur dans son regard lui fit comprendre qu’elle allait lui demander quelque chose qu’il ne serait pas capable de lui offrir.
- Léon s’il te plait ne fais pas comme si tu ne comprenais pas ce que je veux dire!
- Je ne comprends pas! Fit-il froid.
- C’est une bonne occasion pour moi de donner un peu de visibilité à un ou deux clients! Ce serait bien si tu pouvais pistonner un de mes clients… Pour qu’il obtienne une place dans votre stand?
- Ce n’est pas comme ça que les choses se font, déclara Léon. Je ne peux pas pistonner quelqu'un, Solène. Tout ce que ton client peut faire c’est déposer son dossier et attendre que le comité décide qui ils vont mettre en avant.
- Mais attends tu ne vas pas me dire que le comité ne décide pas selon tes recommandations… tout ce que je te demande c’est de mettre les dossiers de mes clients dans la liste de présélection. Les encensés un peu pour qu’il soit choisi… c’est tout!
- Donc tu estimes que cette demande est éthique?
- Tout de suite, l’éthique. J’attends son cousin, moral, comme je ne peux pas demander un service à mon gars, fit-elle.
- Tu aurais pu me demander de te donner les critères de sélection pour tes clients, d’étudier leur dossier et de les mettre sur la piste pour correspondre à ce que le comité recherche. Mais non, tu veux que je leur offre le stand comme ça!
- Je dis hein, le problème est où? Fit-elle visiblement énervée. Tu es toujours comme ça avec ton idéalisme! Aidé ta go est devenue un crime? Donc je ne peux pas te savoir en position de faire quelque chose pour moi?
- Je peux tout faire pour toi... sauf tricher; voler ou mentir!
- A quel moment donc est-ce que je peux te demander de l’aide? Répliqua-t-elle.
- Quand tu comprendras la différence entre aider et se compromettre. Inscris tes clients sur notre liste en ligne, fais suivre le circuit normal à leur dossier et laisse moi faire mon boulot! S’ils sont élus, ils auront leur place dans les stands!
- Comme si on ne sait pas comment ces choses se passent en réalité!
- Qu’est-ce que tu veux dire par là? S'offusqua-t-il.
- Je veux dire que tu n’as juste pas le pouvoir de le mettre dans ce stand. Tu crois que tu bluff qui avec ton charabia sur le circuit normal et tout ce bla bla? Si je veux que mes clients soit dans ce stand ce n’est sûrement pas avec toi que je devrais être en train de négocier!
Il semblait comprendre où elle voulait en venir mais il préférait qu’elle étaye son propos et surtout exprime tout le fond de sa pensée.
- Et qui est le grand manitou qui va mettre tes clients sur la liste comme par magie?
- Ton directeur! C’est à lui que je devrais m’adresser!
Elle lui avait lancé cela avec désinvolture, se détournant de lui comme pour marquer la fin de la conversation. Léon ne savait pas s’il devait voir cela comme un signe ou juste comme une nouvelle façon pour Solène d’attaquer sa dignité.
- Moi je dois voir qui pour que tu acceptes de porter mon enfant?
La question installa directement le froid dans le salon. Solène ne semblait pas très ravie du parallèle que venait de faire son compagnon mais le cachait bien en maîtrisant chacune des expressions de son visage.
-Je ne veux pas parler de ça, se contenta-t-elle de dire.
- Non, bien sûr! Mais puisque moi je voudrais en parler dis moi à qui je devrais m’adresser… À tes parents?
- Laisse mes parents en dehors de cette histoire…
- Pourquoi tu ne veux pas que Papa et Maman sachent que tu veux porter mon enfant?
- Jusqu’ici c’est toi qui mets un enfant sur la table, pas moi…
- Ah d’accord! Donc en fait je suis seul dans mon film! Mais il fallait me dire ça au lieu de faire ce cinéma… De toutes les façons, la discussion est sur la table. Quand tu voudras en parler on en parlera, espérons juste que d’ici là que le marché ne s’ouvre à d’autres options!
- Pardon? Tu viens de dire quoi là?
C’était la première fois que Léon menaçait ouvertement Solène de la mettre en compétition avec une autre personne. Il n’était pas fan du stratagème, mais ne dit-on pas que l’ennemi de la femme c’est la femme?
- Léon…
Il se leva du canapé au même moment que son téléphone sonnait.
- Excuses moi cet appel est important…
Il ne savait même pas qui c’était puisque le numéro n’était pas enregistré dans ses contacts. Il se réfugia dans la chambre pour répondre.
- Allô!
- Allô, bonsoir vous êtes Léon?
- Oui c’est moi vous êtes?
Il ne reconnaissait pas cette voix un brin musicale.
- Je suis Rose Bum, j’ai reçu votre message qui dit que vous avez des info sur les Essengue a me procurer…
Rose Bum, la blogueuse qui a enquêté sur la mort de Vidal et le procès de Belinga.
- Sur les Essengue? Je voulais parler du décès de Marianne oui mais…
- Et de la relation probable voir certaines avec les activités de son père si je ne me trompe! S’il vous plaît ne me faites pas perdre mon temps vous avez des infos ou pas.
Cette façon de faire de la journaliste qui semblait vouloir lui tirer des vers inexistants du nez, exaspéra.
- Je ne sais même pas de quoi vous parler. Qu’est-ce que les activités de Mr Essengue ont à voir avec la mort de sa fille. Moi je vous ai contacté parce que vous avez couvert le procès de Belinga et la mort de Vidal tous deux liés à l’époque à la victime d’aujourd’hui, vous me contactez pour parler des activités de son père. A quel moment est-ce que j’ai mentionné son père dans l’histoire? Soit dit en passant je ne connais absolument rien des activités d’Essengue!
- Donc vous ne savez rien… merci de m’avoir fait perdre mon temps!
Elle allait raccrocher quand Léon réalisa qu’en réalité s’il l’avait contacté c’était justement parce qu’il ne savait rien et surtout il voulait comprendre.
- Je vous ai contacté pour essayer de comprendre les réelles raisons de l’incarcération de l'ancien copain de Marianne. Et à quoi correspond ce rituel autour de son cadavre…
Il y eut une pause, Rose ne raccrocha pas. Elle semblait analyser les paroles de Léon.
- Le copain de Marianne est mort…
- La définition de copain pour cette fille était bien plus large pour se définir en un seul nom!
- Vous voulez dire qu’elle couchait aussi avec le prof?
- Selon ma source c’était bien plus que ce qu’elle avait bien voulu dévoiler il y a quelques années, répondit Léon.
- On peut se voir?
Julie observait sa patronne de loin, alors qu’elle découpait des légumes pour faire un plat de à son époux. Thérèse était très à cheval sur les habitudes alimentaires dans sa maison. Elle était une inconditionnelle du rééquilibrage alimentaire. Et depuis que DD avait souffert d’une insuffisance cardiaque, elle s'assurait que ce qui sortait de sa cuisine était sain à la fois pour elle et son époux. Ça se voyait d’ailleurs sur chacun d’un.
Thérèse avec sa silhouette de collégienne et son mari qui avait une bonne corpulence et une meilleure forme que bon nombre des hommes de son âge. Thérèse préservait bien son corps même si elle aurait voulu le voir s’arrondir après une grossesse. Voir Thérèse batailler avec son infertilité rendait Julie perplexe tous les jours.
Elle n’avait jamais eut d’échec avec le traitement de sa grand-mère, alors cela poussa la jeune femme de ménage à se poserr des questions qu’elle exposa cette nuit là à sa grand-mère.
Elle l’appela le soir une fois chez elle.
- Ma’a Bonsoir comment tu vas?
- Julie c’est toi?
- Oui c’est moi… mon nom ne s’affiche pas quand je t’appelle?
- je demande hein, quand tu partais à Yaoundé tu m’as laissé les yeux pour voir ou bien tu m'as appris à lire la langue des blancs?
- Maâ pardon je ne t’appelle pas pour que tu m’engueule, coupa Julie. Je venais voir pour ma patronne si tu peux encore lui faire le traitement…
- Ekieu la femme là n’a pas encore porté?s’étonna l’octogénaire criant dans le tympan de sa petite fille. Comment c’est possible? Elle a sauté les jours…
- Non Ma’a je lui ai donné moi même chaque dose… Matin et soir aux mêmes heures! J’étais très méticuleuse … Mais rien, son ventre glisse comme le gombo!
- Hum toi que je connais ci…
- Ma’a pardon… La femme ci m’a beaucoup aidé! C’est l’une des patronnes qui me traite comme une personne de sa famille. Je veux comprendre ce qui lui arrive. Normalement elle devrait avoir une grossesse multiple vu comment tu as fait son nettoyage, intervint Julie.
Elle entendit des bruits par le téléphone qui lui signifiaient que sa grand-mère se déplaçait. Le bruit d’une porte qui se ferme fit comprendre à Julie que sa grand-mère venait de rentrer dans sa chambre, là où opère la magie.
-Tu as toi-même préparé le lavage?
- Oui moi même… j’ai même inspecté les serviettes…
- La couleur de la glaire était comment? Demanda la grand-mère.
- Rouge foncé, épaisse avec une très mauvaise odeur… Normal pour une femme de son age qui n’a ja,ais eut de retard.
- Tu m'avais dit que l'hôpital des blancs n’a rien vu dans son ventre…
- Rien! Pas de fibrome ou de myome! Elle a la santé et tout mais rien ne vient, je veux comprendre!
- Si c’était spirituel je l’aurais… Euille… Attends!
- C’est quoi? S'inquiéta Julie qui regrettait de ne pouvoir elle-même voir ce que sa grand-mère voyait. Ma’a…
- Il y a une ombre sur la tête de cette femme…
- Hein? Tu m’avais dit qu’elle n’avait rien de spirituel qui la bloquait non?
- Julie c’est souvent comment que tu me fais bavarder pour rien? Je t’ai dit que rien ne l’empêche de tomber enceinte, son ventre n’est pas attaché et elle va même tomber enceinte mais… il y a une… trois ombres bizarres qui attendent qu’elle annonce sa grossesse pour se déchainer sur elle!
- Attends elle est enceinte?
- Tsuip! Mieux, moi qui ne suis pas allé à l'école hein!Tu ne comprends pas qu’elle ne doit pas tomber enceinte parce que ça va attirer la malchance dans sa vie?
- Comment? Non! Ma’a regarde bien, ce n’est pas ça! La femme ci à trop cherché l’enfant avec son mari. Pardon…
- C’est comme ça que vous êtes! Tu poses une question on te donne la réponse mais tu continue à poser la même question!
Sentant sa grand-mère énervée par son comportement, Julie s’excusa. Elle voulait un jour hérité du sac de sa grand-mère alors elle se devait de rester dans ses bonnes grâces.
- Non… Ma’a je sais pas… mais la femme ci ne va pas supporter de ne pas pouvoir avoir un enfant avec son mari.
- Depuis qu’ils sont mariés ils n’ont pas eu d’enfant ça n’a pas dérangé ! Alors qu’ils continuent comme ça c’est simple. Si Dieu ne veut pas que le sang de ces deux là se mélange, ce n’est pas pour rien!
- Hum…
- Donc arrêtes de parler d’enfant avec elle. Elle ne doit pas tomber enceinte jusqu’à ce que les démons autour d’elle disparaissent.
Julie croyait en la science de sa grand-mère, elle l’avait vu bien trop de fois sauver les gens en plein désespoir.
- C’est seulement elle ou bien son mari est aussi concerné? Demanda Julie pour essayer de mieux comprendre la situation.
- Je ne vois qu’elle hein! C’est bizarre, mais depuis le début c’est elle seulement que je vois. On ne me montre personne d’autre depuis. Donc fais comme je te dis là va lui parler et dit lui que quand son moment va arriver ça va arriver mais là… là… là qu’elle oublie seulement hein! Tu as compris ce que j’ai dit non? Ne me rappelle pas ici pour me demander de t’expliquer ou de regarder encore… Les choses sont claires!
- Oui Ma’a!
Julie répondait mais se demandait bien comment elle allait expliquer la situation à Thérèse.
Il était 11 heures lorsque Sylviane gara sa voiture devant le duplex de son père. Depuis qu’elle avait quitté la maison paternelle pour l’université, elle ne revenait ici que pour rendre visite ou pour une occasion particulière. En réalité, c'est Thérèse qui la faisait revenir ici aussi souvent.
C’est vrai qu’il n’est pas commun de voir les enfants d’un homme devenir proche de la seconde épouse de celui-ci. Mais Thérèse avait réussi à créer une relation profonde entre elle et les enfants de son fils.
Alors Sylvianne voyait en elle une grande-soeur plus que la deuxième femme de son père, malgré que les autres membres de la famille de son père et de sa feue mère ont longtemps essayé de monter ses frères et elle contre la jeune épouse du tout-puissant DD.
Mais Sylvianne s’était juré de ne jamais se laisser manipuler pour servir les intérêts des gens. Même pas ceux de son père. Pour la simple raison qu’elle se définissait comme une chef de meute, pas un suiveur.
En entrant dans la maison , elle annonça sa présence en appelant Thérèse. Elle savait que son père ne pouvait pas être là à cette heure c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle venait en mi-journée.
- Thérèse? Julie?
- Bonjour Madame Sylviane, fit Julie en apparaissant dans la cuisine.
- Julie… Bonjour! Tu es seule?
- Non Madame est dans sa chambre…
- Elle fait quoi? Elle n’a pas fait le brunch ce matin? Elle savait pourtant que je venais, dit Sylvianne ignorant la lueur particulièrement triste dans le regard de la femme de ménage.
- Elle a passé commande je crois…
- Il y a quoi? Thérèse ne commande jamais la nourriture…
- Sylvianne, s’exclama Thérèse en entrant dans le séjour. Tu es déjà là?
Sylviane remarqua directement ses yeux gonflés. Elle portait un kabas, alors qu’en temps normal le brunch c’était leur moment détente autour d’une table pleine. C’était l’une des occasions que Sylvianne publiait systématiquement sur les réseaux et là elle sentait que quelque chose n’allait pas bien.
-Mamie Thé, ça va? On dirait que tu ne m’attendais plus…
- Si mais je n’ai pas vu le temps passé… Je faisais un peu de rangement dans la chambre et puis voilà j’ai oublié de préparer notre brunch.
- Mais hier encore on en parlait au téléphone! Si tu préfères on peut annuler…
- Non pourquoi? Tu ne viens pas me voir tous les jours, je ne peux pas me permettre de ne pas avoir ce moment privilégié avec ma première fille.
- Ton unique fille! Renchérit Sylvianne se demandant si c’était vraiment le moment adéquat.
Thérèse fit comme une pause à la mention du fait que Sylvianne était son unique fille.
Sylviane s’en rendit compte. Elle décida de ne pas faire semblant de n’avoir rien vu.
- Thérèse, qu’est-ce qui se passe?
Les larmes remontèrent aux yeux de la jeune femme qui malgré tout afficha un sourire satisfait.
- La vie, tout simplement! Déclara Thérèse. Même s’il faut reconnaître que celle des femmes n’est pas toujours simple, de quoi je me plains. Il y a celles qui arrivent facilement à réaliser leur rêve… et puis il y a nous autres!
Sylviane savait de quoi il s’agissait. Même si sa belle-mère ne le disait pas tout le temps, on pouvait lire la douleur de ne pouvoir avoir d’enfant à elle.
- Viens… On va s’asseoir! Tu ne m’as jamais parlé de ça… Mais je sais que tu essayes d’avoir un bébé depuis!
- Et avec tous ces échecs je dois avouer que je suis fatiguée… J’ai tout essayé de la médecine conventionnelle à la traditionnelle. Je suis même allé jusqu’au Maroc… Zéro! Aucun résultat, c’est fatiguant pour le corps et surtout émotionnellement.
- Je suis désolée pour toi! Je ne savais pas tout ça!
- Je ne voulais pas que vous vous sentiez mal pour moi… c’était ma bataille je devais la mener toute seule! Ce sera encore plus simple de gérer la défaite ainsi.
Sylviane tiqua à cette déclaration.
- Toute seule? Vous êtes deux dans le couple quand même! fit-elle remarquer.
- Oui… Oui bien sûr…
Cette fois encore la jeune femme comprit que son père n’avait pas été là pour soutenir celle qui depuis une décénnie partageait sa vie.
- Donc en fait même là Papa était aux abonnés absents! Géniale…
- Non, Sylvianne ne conclut pas sans savoir…
- je ne conclus rien! Le fait que j’arrive, je te trouve en larme seule dans ta chambre… en kabas parle pour toi!
- Il a été là pour moi je t’assure! Il m’a bien fait comprendre que ce n’était pas un problème si je ne pouvais pas lui donner d’enfant! Que je n’en reste pas moins sa femme.
- Ce n’est pas un problème pour lui parce qu’il a des enfants! S’écria la jeune femme. Et comme toujours il ramène tout à lui. Il ne peut ni comprendre ni savoir ce que ça te fait à toi de ne pas pouvoir avoir de bébé. Il ne peut pas comprendre s’il ne t’accompagne pas à l'hôpital pour une visite, s’il ne fait pas d’examen comme toi… s’il ne prend pas de décoction comme toi! J’attends depuis que tu me contredises et m’annonce que pour une fois mon père a pensé à une autre personne qu’à lui.
- Sylviane calme toi! Tu parles de mon mari et surtout de ton père… Mais d’où te vient cette rage, ma fille?
- je ne sais pas pourquoi tu prends toujours sa défense Thérèse! Dit Sylvianne en se levant du sofa en cuir.
- C’est mon mari!
- Oui et il devrait mieux te traiter! Prendre soin de toi quand tu vas mal…
- C’est ton père!
- Oui et il devrait vouloir me voir réussir et pas essayer de me nuire… Tu sais ce que ton mari, mon père, a fait?
- Non, explique moi! Sylvianne parle pour que je comprenne…
- Tu te souviens du marché public pour lequel je montais un dossier dernièrement? Celui qui permettrait à ma boite de rembourser la dette à long terme que j’ai à la banque…
- La dette que ton père a avalisée? Demanda Thérèse.
- Oui… tu sais que si je ne réussi pas à payer mes traites et que mon père paie pour moi, je devrais lui céder des parts de ma boite… Voir le contrôle total!
Thérèse fronça les sourcils.
- Si papa paie…
- Oui j’ai compris, il prend ton entreprise!
- Voilà! J’ai découvert que mon concurrent le plus sérieux sur le marché public a monté les enchères en allant corrompre certains responsables et il a même vu un député de la localité pour s’assurer de gagner le marché.
- Chérie… je sais que c’est rude mais tu connais le milieu…
- Attends! Tu sais qui est mon concurrent?
- Non! Fit Thérèse qui à présent était intriguée.
- Essimi!
La bouche de Thérèse s’ouvrit instinctivement.
- Jean? Demanda-t-elle surprise par cette révélation.
- Jean Essimi, le Tchinda politiquement correct de papa! Celui qui gère toutes les entreprises sous le chapeau de mon père. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’il a commencé à me faire ce coup! Lorsqu’il ne peut pas utiliser un de ses soldats, il monte un concurrent à lui… Est-ce qu’on fait ça? Qui fait ça? À sa propre fille!
- Je ne sais pas quoi dire…
- Il n’y a rien à dire! C’est clair comme de l'eau de roche pour moi! Cet homme que tu appelles époux est vicieux, manipulateur, égoïste et méchant. Mais s’il pense me faire perdre mon entreprise, il va lire l’heure! J’aurais juste espéré qu’il te traite mieux…
- Non, ne rentre pas dans notre histoire! Je ne te le dirais jamais assez, c’est ton père, tu peux être en désaccord avec lui, mais il est le seul parent qui te reste et tu n’as pas envie de le perdre! Moi je suis son épouse aujourd’hui ça pourrait ne plus être le cas demain alors que vous votre relation rien ne pourra l'effacer. Je suis d’accord que ses manigances sont malsaines et tout mais je continue de croire que son fond est bon… Il n’agit pas juste pour vous faire du mal mais il croit bien faire aujourd’hui pour que demain vous soyez bien…