Chapitre 9

Ecrit par Verdo

Nadine avait longuement hésité avant de composer le numéro inscrit sur la carte de visite que Kodjo lui avait tendue. Elle n'était pas habituée à ce genre de geste, et bien qu'elle fût reconnaissante, elle craignait d'abuser de sa générosité. Mais après avoir passé plusieurs nuits à écouter sa mère lui rappeler l'importance de ne pas laisser passer cette opportunité, elle se décida enfin. Avec une voix tremblante, elle avait passé son appel, et à sa grande surprise, Kodjo avait répondu chaleureusement et fixé un rendez-vous dans un restaurant près de son entreprise.

Le jour du rendez-vous, Nadine avait choisi avec soin sa tenue. Une robe simple mais élégante, assortie à des chaussures modestes. Elle voulait faire bonne impression, surtout après l’aide qu’il lui avait déjà apportée. Lorsqu’elle entra dans le restaurant, Kodjo l’attendait déjà, assis à une table près de la fenêtre, un sourire aimable sur le visage.

« Bonjour, monsieur Kodjo, et merci encore pour cette opportunité de vous rencontrer. »

Kodjo se leva légèrement pour lui serrer la main avant de l'inviter à s'asseoir.

« Bonjour, Nadine. Je suis content que vous ayez pu venir. »

La conversation débuta sur un ton léger. Kodjo voulait en savoir un peu plus sur elle, ses aspirations et ses défis. Nadine répondit avec franchise, mais surtout avec gratitude.

« Avant tout, je voulais vous remercier encore une fois pour les cent mille francs que vous m’avez donnés. Grâce à vous, ma mère a pu continuer son traitement. Elle vous en est extrêmement reconnaissante. »

Kodjo hocha la tête, visiblement touché par ses paroles.

« Je suis heureux de savoir que ça a pu aider. Mais ce n’était rien, vraiment. »

« Pour vous, peut-être. Mais pour nous, c’était énorme. Ma mère insiste pour vous rencontrer et vous remercier en personne. »

Kodjo esquissa un sourire en haussant légèrement les épaules.

« Ce n’est pas nécessaire, Nadine. Je l’ai fait parce que je le pouvais, c’est tout. »

« Non, vraiment, elle insiste. Elle dit que c’est la moindre des choses pour quelqu’un qui nous a tendu la main. »

Kodjo réfléchit un instant avant d’acquiescer.

« Très bien, nous trouverons un moment pour cela. Mais pour l’instant, parlons d’autre chose. »

Il sortit un petit carnet de notes de sa poche et tourna quelques pages avant de poursuivre.

« J’ai parlé de vous à un ancien collègue à moi. Il est aujourd’hui directeur des ressources humaines dans une entreprise. Je lui ai expliqué votre situation, et il a accepté de vous offrir un stage d’un an. Vous serez rémunérée chaque fin de mois à hauteur de cent cinquante mille francs. Cela vous convient-il ? »

Les yeux de Nadine s’écarquillèrent de surprise et de joie. Elle posa une main sur sa bouche pour étouffer un cri, mais l’émotion débordait.

« Monsieur Kodjo, vous êtes sérieux ? Vous venez vraiment de dire cent cinquante mille par mois ? »

Il hocha la tête, amusé par sa réaction.

« Oui, Nadine. Cent cinquante mille. Vous commencerez dès la semaine prochaine si cela vous convient. »

Nadine, submergée par l’émotion, se leva brusquement, oubliant un instant où elle se trouvait.

« C’est plus que parfait, monsieur ! Je ne sais pas comment vous remercier. J’ai cherché une telle opportunité pendant des années sans succès. Merci infiniment. »

Kodjo rit doucement et lui fit signe de se rasseoir.

« La seule façon de me remercier, c’est de bien travailler. Soyez professionnelle, sérieuse, et montrez-leur de quoi vous êtes capable. Vous aurez une chance de faire vos preuves. »

Elle hocha vigoureusement la tête, les larmes aux yeux.

« Je vous promets que je ne vous décevrai pas, monsieur Kodjo. Vous ne regretterez pas votre geste. »

Ils continuèrent à discuter pendant un moment, Kodjo lui donnant quelques conseils sur la vie professionnelle et l’attitude à adopter dans un environnement de travail. Nadine l’écoutait avec une attention totale, absorbant chaque mot comme une éponge.

En quittant le restaurant, elle se sentait comme une nouvelle personne. L’avenir, qui lui semblait autrefois sombre et incertain, venait soudain de s’éclairer grâce à cet homme généreux. Elle savait que c’était maintenant à elle de prouver qu’elle méritait cette chance.

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Depuis son mariage avec le pasteur Sika, Selinam avait rêvé d’une vie luxueuse et confortable, une vie digne de son statut de femme d’un homme influent. Elle avait imaginé des journées passées dans une immense maison, entourée de domestiques, recevant les visites des fidèles et jouissant d’un respect quasi royal dans la communauté. Cependant, ses illusions commencèrent à s’effondrer dès le premier mois suivant le mariage.

Au lieu de l’immense résidence qu’elle espérait, le pasteur Sika lui avait trouvé une petite villa modeste dans un quartier excentré de la ville. Bien qu’elle fût bien entretenue, la maison n’était pas ce qu’elle avait espéré. Elle était bien loin du standing auquel elle s’était habituée lorsqu’elle vivait avec Kodjo, son ex-mari. Au début, elle s’était convaincue que c’était temporaire, que Sika, avec son influence et sa richesse supposée, allait rapidement la transférer dans une maison plus grande et plus prestigieuse. Mais les jours passèrent, puis les semaines, et la réalité s’imposa à elle : cette maison était tout ce qu’il comptait lui offrir.

Le pasteur Sika, quant à lui, était presque absent. Ses visites se faisaient rares, et quand il venait, c’était pour des raisons purement égoïstes. Il la voyait davantage comme un objet de plaisir que comme une véritable partenaire de vie. Il ne restait jamais pour la nuit, inventant des excuses liées à ses responsabilités spirituelles et à ses nombreuses missions pastorales. Au début, Selinam avait cru à ces excuses, pensant que son mari était simplement un homme dévoué à son ministère. Mais au fil du temps, elle réalisa que quelque chose n’allait pas.

Lors des cultes, elle remarquait l’attitude distante du pasteur envers elle. Bien qu’il prêchât avec passion et recevait des éloges de ses fidèles, il n’avait jamais pris un moment pour la mentionner ou reconnaître son rôle dans sa vie. Elle restait assise dans un coin réservé aux épouses de responsables religieux, écoutant les murmures des fidèles qui se moquaient d’elle. Certains chuchotaient qu’elle n’était qu’une distraction temporaire pour le pasteur, d’autres disaient qu’elle n’avait rien à faire dans l’église, car son passé était incompatible avec le rôle de "première dame".

Les rumeurs et les moqueries devinrent rapidement insupportables. Lorsqu’elle se promenait dans les couloirs de l’église ou assistait aux réunions des femmes de la paroisse, les regards méprisants la suivaient. On la jugeait constamment, non pour ce qu’elle était, mais pour ce qu’elle avait été. Le poids de son passé d’épouse divorcée et d’ancienne femme mondaine la poursuivait partout, et l’image qu’elle avait voulu se reconstruire était constamment ébranlée par des commentaires malveillants.

Un soir, après un culte particulièrement éprouvant où une des fidèles avait publiquement insinué que Selinam n’était pas digne de porter le titre de "Madame Sika", elle rentra chez elle en larmes. Elle passa des heures dans sa chambre, à réfléchir à tout ce qu’elle avait sacrifié pour en arriver là. Elle avait abandonné sa famille, ses enfants, et même son confort matériel pour suivre un homme qui, au final, semblait ne pas se soucier d’elle.

Selinam commença à se rendre compte que la vie de "femme de pasteur influent" n’était pas ce qu’elle s’était imaginée. Derrière les apparences se cachait une réalité bien différente. Elle n’avait ni le respect, ni l’amour qu’elle avait espérés. Au lieu de cela, elle vivait dans l’ombre de Sika, enchaînée à une relation qui ne lui apportait ni épanouissement ni reconnaissance.

Les jours qui suivirent, elle tenta d’avoir une conversation franche avec Sika. Mais chaque fois qu’elle essayait d’aborder le sujet, il esquivait, lui disant qu’il était trop occupé ou qu’elle devait prier pour obtenir la force de supporter les épreuves. Ces réponses ne faisaient qu’ajouter à son désespoir. Elle se sentait seule, abandonnée et prise au piège dans une vie qu’elle ne reconnaissait plus.

Au fond d’elle, Selinam commença à se demander si elle n’avait pas fait une grave erreur. Avait-elle troqué son ancienne vie pour un mirage ? Et si oui, pouvait-elle encore rectifier le tir ou était-il déjà trop tard pour revenir en arrière ?

Quelques semaines après le début de sa désillusion dans son mariage, Selinam commença à ressentir des changements physiques inhabituels. Elle se sentait souvent fatiguée, avait des nausées matinales, et son appétit avait changé de manière significative. Soupçonnant une grossesse, elle décida de se rendre dans une clinique pour en avoir le cœur net. Les résultats confirmèrent ce qu’elle pressentait : elle était enceinte.

Cette nouvelle la remplit d’une joie immense, une lumière dans les ténèbres de sa situation actuelle. Pour Selinam, ce bébé était une bénédiction, une chance de renforcer les liens avec le pasteur Sika et d’apporter un renouveau dans leur relation froide et distante. Elle se persuada que cette grossesse changerait tout, que Sika verrait en elle une véritable épouse et non plus une simple compagne de passage. Elle se mit à rêver de moments de bonheur partagés, imaginant Sika caresser son ventre, parlant avec tendresse au bébé à venir.

Décidée à marquer cette occasion spéciale, Selinam planifia un dîner romantique pour annoncer la nouvelle. Elle choisit de le faire un samedi soir, sachant que Sika serait libre après le culte du soir. Toute la journée, elle s'affaira à préparer l'événement. Elle dépensa ses maigres économies pour acheter des bougies parfumées, une belle nappe, et un repas raffiné qu’elle cuisina elle-même. Selinam voulait que tout soit parfait pour ce moment qu’elle imaginait comme un tournant dans leur relation.

Lorsque Sika arriva à la villa ce soir-là, il fut surpris de voir l’effort que Selinam avait déployé. La table était magnifiquement dressée, illuminée par des chandelles. Une douce musique jouait en arrière-plan, et l’odeur d’un repas délicieux flottait dans l’air. Mais au lieu de paraître ému ou impressionné, Sika semblait agacé.

— "Qu’est-ce que tout cela ?" demanda-t-il froidement, déposant sa Bible et son téléphone sur la table.
— "C’est une surprise, mon amour," répondit Selinam avec un sourire timide. "Je voulais qu’on passe une soirée spéciale ensemble."

Malgré son ton distant, Sika s’assit à table, visiblement plus pour lui faire plaisir que par réelle envie. Selinam servit le repas, essayant de briser la glace avec des conversations légères. Mais Sika restait taciturne, regardant son téléphone de temps en temps et répondant à peine à ses tentatives de dialogue.

Enfin, après le dessert, Selinam prit une profonde inspiration. Elle se leva, plaça une main tremblante sur son ventre et annonça avec enthousiasme :
— "Sika, j’ai une merveilleuse nouvelle à te partager. Nous allons avoir un bébé."

Elle s’attendait à voir son visage s’illuminer, à entendre des mots de joie ou d’excitation. Mais au lieu de cela, Sika fixa son assiette un long moment avant de lever les yeux vers elle, son visage sombre et fermé.

— "Quoi ?" lâcha-t-il d’un ton glacial.
— "Je suis enceinte," répéta-t-elle, un sourire encore accroché à ses lèvres malgré le ton inquiétant de son mari.

Sika se leva brusquement, renversant presque son verre. Il posa ses mains sur la table, la fixant avec une colère contenue.
— "Tu crois vraiment que c’est une bonne nouvelle ?" dit-il, sa voix trahissant une fureur qu’il ne cherchait même pas à dissimuler.

Selinam sentit son cœur se serrer. Elle ne comprenait pas pourquoi il réagissait ainsi.
— "Mais… c’est notre enfant," balbutia-t-elle, déconcertée. "Un cadeau de Dieu."

Sika secoua la tête, comme si ses paroles l’irritaient encore plus.
— "Je n’ai pas le temps pour ça, Selinam. Je suis un homme occupé, avec des responsabilités spirituelles. Je ne peux pas gérer ce genre de distraction."

Sans ajouter un mot de plus, il saisit sa Bible et son téléphone et quitta la maison, claquant violemment la porte derrière lui. Selinam resta figée, debout près de la table, son monde s’écroulant une fois de plus.

Les larmes commencèrent à couler sur ses joues alors qu’elle réalisait l’ampleur de ce rejet. Elle avait espéré que cette grossesse serait une occasion de raviver leur lien, de construire quelque chose de solide, mais la réaction de Sika lui montrait qu’elle ne comptait que très peu pour lui. Le pasteur, l’homme qu’elle avait quitté tout pour suivre, n’avait aucune intention de partager sa vie de manière sincère et encore moins de fonder une véritable famille avec elle.

Selinam s’effondra sur le sol, les mains sur son ventre, se demandant comment elle allait traverser cette nouvelle épreuve. Dans le silence de la villa, seule avec sa douleur, elle comprit qu’elle devrait désormais compter uniquement sur elle-même pour protéger cet enfant et lui offrir une vie meilleure.

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Le retour d’Ayélévi à la villa d’Ethiam marqua un nouveau départ dans leur vie. Quelques semaines après son retour, elle donna naissance à un magnifique garçon qu’ils baptisèrent Pépé. La naissance de Pépé fut un événement de grande joie pour le couple, et Ethiam saisit l’occasion pour officialiser leur union. Une petite cérémonie fut organisée pour célébrer la sortie du bébé, et durant cet événement, Ethiam surprit Ayélévi en annonçant son intention de la doter et de la marier civilement le même jour. Ayélévi, émue aux larmes, accepta avec bonheur.

La cérémonie fut simple mais chaleureuse. Familles et amis proches assistèrent à cet heureux moment, témoins de l’amour renouvelé entre Ayélévi et Ethiam. À partir de ce jour, tout sembla s’aligner pour le couple. Ethiam semblait plus apaisé, et Ayélévi s’épanouissait dans son rôle de mère. La villa, autrefois vide et glaciale, était désormais remplie de rires et de moments de complicité.

Cependant, quelques semaines après leur mariage, un problème inattendu surgit. Pépé, qui semblait être un bébé parfaitement normal pendant la journée, ne dormait pas la nuit. Dès que le soleil se couchait, il se mettait à pleurer sans s’arrêter, peu importe ce que ses parents essayaient. Les berceuses, les câlins, les remèdes traditionnels, rien ne semblait apaiser le petit garçon. Pourtant, dès les premières lueurs de l’aube, Pépé retrouvait son calme, souriait et gazouillait comme si de rien n’était.

Au début, Ethiam et Ayélévi pensaient qu’il s’agissait de coliques ou d’un simple inconfort lié à l’âge. Mais les nuits blanches s’accumulaient, et la situation s’aggravait. Ayélévi, épuisée, emmenait parfois Pépé avec elle au travail, où il passait la journée sans aucun problème, dormant même parfois dans ses bras. Ce contraste entre son comportement diurne et nocturne commença à inquiéter sérieusement ses parents.

Ils décidèrent donc de consulter un pédiatre pour avoir des réponses. Les analyses furent exhaustives : examens sanguins, échographies, tests auditifs et neurologiques. Après plusieurs heures passées à la clinique, le médecin leur annonça que Pépé était en parfaite santé. Aucun problème médical ne semblait expliquer ses pleurs nocturnes.

— "Votre fils va très bien," assura le médecin en refermant le dossier. "Peut-être est-ce une phase liée à son développement ou un besoin d’attention. Cela arrive parfois chez les nourrissons. Essayez de le rassurer et de maintenir une routine apaisante avant le coucher."

Ethiam et Ayélévi repartirent de la clinique soulagés que leur fils n’ait aucune anomalie physique, mais frustrés de n’avoir aucune solution concrète à leur problème. Les nuits continuèrent à être agitées, et les cernes sur le visage d’Ayélévi devenaient de plus en plus visibles.

Un soir, après une nouvelle nuit sans sommeil, Ayélévi se confia à Ethiam.

— "Je ne comprends pas, Ethiam. Pépé va parfaitement bien le jour, mais la nuit, c’est comme s’il était tourmenté. On a tout essayé, mais rien ne marche. Et si... et si le problème venait d'autre part ?"

Ethiam, qui se frottait les tempes d’épuisement, fronça les sourcils.
— "Qu’est-ce que tu veux dire ?"

— "Je ne sais pas exactement… Mais je commence à penser que quelque chose ne va pas avec cette maison," murmura-t-elle, hésitante.

Ethiam la fixa, incrédule.
— "Tu veux dire que tu penses que ma maison est… hantée ?" demanda-t-il avec un mélange de scepticisme et d’amusement.

— "Je ne dis pas ça exactement, mais il se passe quelque chose ici. Depuis que je suis revenue, je ressens parfois une drôle d’énergie, surtout la nuit. Et Pépé ne pleure qu’ici, jamais ailleurs."

Ethiam secoua la tête, rejetant l’idée.
— "C’est absurde, Ayélévi. Cette maison est neuve, je l’ai construite moi-même. Il n’y a rien ici qui pourrait causer ça."

Mais malgré ses paroles, une ombre d’inquiétude traversa son esprit. Ayélévi, quant à elle, ne pouvait ignorer son intuition. Elle se souvenait des nombreuses nuits où elle avait entendu des bruits étranges, ou senti une présence inexplicable lorsqu’elle allait chercher de l’eau pour Pépé.

Ethiam passa plusieurs jours à réfléchir à la meilleure manière de gérer la situation de la sacoche. Depuis le retour d’Ayélévi à la maison et la naissance de leur fils Pépé, les nuits étaient devenues insupportables. Entre les pleurs incessants du bébé et les cauchemars qui le tourmentaient, il sentait que la situation lui échappait. La sacoche, bien qu’enfermée dans une pièce à clé, semblait exercer une présence invisible et oppressante dans la maison.

Un jour, alors qu’il s’entretenait avec un ancien ami, celui-ci évoqua le nom du pasteur Sika. Cet homme, disait-on, était réputé pour ses miracles extraordinaires et sa capacité à résoudre des problèmes spirituels complexes. Selon les rumeurs, le pasteur avait aidé des hommes d’affaires ruinés à retrouver leur prospérité et avait même guéri des familles brisées par des malédictions ancestrales.

Au début, Ethiam rejeta l’idée. Lui, un homme pragmatique, habitué à résoudre ses problèmes par lui-même, allait-il vraiment confier un secret aussi lourd à un pasteur ? Et surtout, comment expliquer la sacoche sans révéler l’horrible vérité sur son passé ? Mais plus il y pensait, plus il se rendait compte qu’il n’avait pas beaucoup d’options.

Le bien-être de sa famille était en jeu. Il ne pouvait pas rester les bras croisés pendant que Pépé pleurait chaque nuit et qu’Ayélévi, déjà épuisée par la maternité, commençait à perdre patience. La tension dans la maison était palpable. Il devait agir, et vite.

Un soir, après une énième nuit sans sommeil, Ethiam se leva avant l’aube, déterminé. Il prit son téléphone et rechercha le numéro de l’église du pasteur Sika. Une femme polie répondit à son appel.

— « Église des vérités et des Grâces, bonjour. Comment puis-je vous aider ? »
— « Bonjour, je souhaiterais prendre rendez-vous avec le pasteur Sika », répondit Ethiam d’une voix hésitante.
— « Très bien, monsieur. Le pasteur reçoit sur rendez-vous les mardis et jeudis. Pouvez-vous venir mardi prochain à 10 heures ? »
— « Oui, c’est parfait. Merci. »

Après avoir raccroché, Ethiam se sentit partagé entre le soulagement et l’anxiété. Il venait de franchir une étape importante, mais il savait que cette décision ne serait pas facile à assumer. Que dirait-il au pasteur ? Comment expliquer l’origine de la sacoche sans dévoiler ses crimes ?

Pendant les jours qui suivirent, il tenta de garder l’esprit clair. Il prépara une version édulcorée de l’histoire. Il parlerait d’un héritage maudit, d’un objet encombrant qu’il ne pouvait se débarrasser. Rien qui ne pourrait éveiller des soupçons sur son passé.

Le jour du rendez-vous arriva rapidement. Vêtu sobrement, Ethiam se rendit à l’église des vérités et des Grâces. Dès qu’il franchit les portes du grand bâtiment blanc, il fut frappé par l’atmosphère paisible qui y régnait. Des chants spirituels résonnaient doucement, et les fidèles présents semblaient plongés dans leurs prières.

Une jeune femme l’accueillit à l’entrée et le conduisit dans une salle d’attente ornée de versets bibliques encadrés sur les murs. Quelques minutes plus tard, le pasteur Sika fit son apparition. Grand, charismatique, et vêtu d’une tunique immaculée, il dégageait une aura de sérénité et d’assurance.

— « Bienvenue, monsieur. Vous êtes venu chercher de l’aide spirituelle ? » demanda-t-il avec un sourire bienveillant.
— « Oui, pasteur. J’ai un problème… particulier », répondit Ethiam, mal à l’aise.
— « Rien n’est trop difficile pour Dieu. Parlez-moi de ce qui vous tourmente. »

Ethiam hésita un instant, mais finit par raconter son histoire, omettant les détails les plus sombres. Il expliqua qu’il possédait une sacoche étrange qui revenait toujours à lui, peu importe ce qu’il faisait pour s’en débarrasser.

Le pasteur Sika l’écouta attentivement, hochant la tête de temps en temps. Lorsque Ethiam eut terminé, il posa une main ferme sur son épaule.
— « Mon frère, ce que vous décrivez est un fardeau spirituel. Mais ne vous inquiétez pas, avec la foi et les prières, nous pouvons surmonter cela. Revenez demain avec cette sacoche. Je vais prier avec vous et demander la lumière divine pour vous libérer de ce poids. »

Ethiam acquiesça, soulagé. Pour la première fois depuis longtemps, il avait l’impression de voir une lueur d’espoir. Mais une petite voix dans sa tête ne cessait de lui murmurer que tout n’allait pas se passer aussi facilement qu’il l’espérait.

Écrit par Koffi Olivier HONSOU. 

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La sacoche aux secre...