Chapitre 9

Ecrit par sokil

Chapitre 9 :

Il fait nuit, une nuit qui semble interminable avec des étoiles dans le ciel, c’est la pleine lune, elle éclaire tout le paysage ; il faut aussi très froid ; un vent violent se déchaîne et vient me frapper le visage, les arbres presque desséchés, les seules feuilles qui leur restent sont arrachées par la force de ce vent ; je me protège en même temps le visage, la poussière m’aveugle, je ne vois plus bien, mais je dois tout faire pour arriver au sommet de cette colline, il est la bas je l’ai vu Martin !!!! Je n’arrive pas à le rattraper je ne sais pas pourquoi ; pourtant il marche tout doucement, mais moi je cours je tente de le rattraper de toutes mes forces, rien ! Je suis pieds nus, je ne les sens plus tellement ils sont écorchés par les cailloux, et toutes sortes de débris qui se trouvent au sol ; la douleur je ne la sens plus, il faut que je le rattrape à tout prix sinon il y a ce gouffre que je vois tout le temps lorsque je me retourne, il y a un grand vide derrière moi, prêt à m’envahir comme une grosse baleine avec sa grande gueule lorsqu’elle est béante ! Je l’aperçois Martin, il est debout au sommet de cette colline, il a le dos tourné, je crie, je l’appelle de toutes mes forces, il ne me répond pas, ma voix est si faible, mais je m’efforce encore, encore un tout petit peu et je serai prêt de lui ! Ma robe est toute déchirée, laminée, noircie à certains endroits, ce n’est pas important ; je parviens jusqu'à lui enfin, toute haletante !!!

-          Moi : Martin enfin ! chéri !! pourquoi ne m’attends tu pas ?

Aucune réponse ! Je m’approche de lui, je pose ma main sur son épaule, il est froid et raide ; je frissonne, je le retourne de force ; l’image est horrifiante, il a tout le visage bouffé par les asticots, et d’autres insectes, le visage est même en putréfaction et méconnaissable ! Je crie, puis je  fais un bond en arrière, et je tombe et en voulant me relever,  je vomis !!!! Nooon ce n’est pas lui nooooon !!! Au même moment je me sens envahie par une force, je me sens tomber dans le vide, je suis dans une espèce de gouffre…

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J’ai fait ce rêve la veille de mon départ, je me suis réveillée en sursaut sur mon lit tout en sueur ! ce rêve, je le fais depuis un mois, presque toutes les nuits, mais il ne se terminait jamais, mais cette nuit j’ai tout vu jusqu’à la fin, du moins j’en ai vu une bonne partie ; je sais que c’est le signe de quelque de pas bien, mais je ne sait pas de quelle façon ça se réaliserait ; c’est vrai, on dit que certains rêves sont prémonitoires ; mais jusque là, j’ai toujours gardé espoir, je me suis dit que ce n’est qu’un rêve parce que je suis trop anxieuse tous ces temps ci ; car comme on dit souvent que à force de trop penser à quelque chose on finit par en rêver et ce, de différentes manières, c’est comme ça que j’ai pris la chose. Vingt quatre heures plus tard, j’ai compris ! J’ai compris que je l’ai perdu Martin, il a décidé de partir !

-          Moi : Non ! Attendez !!! est ce une blague ou bien ? C’est une surprise c’est ça ?

-          Ma mère : Te faire ce genre de blagues que ça sert à quoi ? Martin était censé récupérer les enfants chez nous hier soir, il nous a dit qu’il viendrait te chercher à l’aéroport avec eux, comme je t’ai dit au téléphone ; nous avons attendu en vain qu’il vienne les prendre, aucun signe ; son téléphone ne passait plus !

-          Moi : Vous êtes allés voir à la maison ?

-          Ma mère : Oui ! on a décidé d’aller à la maison avec les enfants, mais...

-          Moi : Mais quoi ????

-          Ma mère : La maison…  est vide !!!

-          Moi : Vide !!! c'est-à-dire ????

-          Ma mère : Non seulement il n y a personne mais on a trouvé le portail légèrement ouvert, le gardien aussi n’y était pas ; nous sommes entrés, on pensait qu’on le trouverait ; mais à notre grande surprise, il n y avait personne, toutes les portes de la maison même sont fermées par contre. On a pu voir à l’intérieur, il n y a plus rien ! la maison semble avoir été vidée !!!! même les rideaux il n y pas, on a contourné par derrière, même chose, Rien ! Ni même les chaises au balcon.

C’est bien réel, Martin a décidé de me quitter, je ne me sens pas bien du coup j’ai le vertige, on me fait assoir sur une chaise ; j’ai le regard hagard, perdu dans le vide ; je n’ai pas la force de pleurer, je ne peux pas le croire ; je ne peux l’admettre non !!! Martin n’abandonnerait pas aussi ses enfants !!! Que vont-ils devenir ? Et moi ? Ce rêve était donc un avertissement, mais je n’y ai pas cru. On a décidé de faire un tour chez moi pour avoir le cœur net ; heureusement que j’ai toujours le double des clés dans mon sac. Notre maison surplombe la colline, on peut l’apercevoir à des kilomètres, elle est immense et majestueuse avec son toit en tuiles ; la nuit, elle souvent bien éclairée, mais là, je remarque déjà à distance que tout est éteint, mon cœur se met à battre à la chamade, c’est bien réel.

 Le portail est effectivement ouvert, il est près de minuit passés,  au garage il n y aucune voitures, j’ouvre la porte principale, je suis sous le choc, on dirait que la maison a été pillée par des voleurs !!!! Il n’y a effectivement plus rien, ni meubles, ni chaises, ni tables, même les commodes, TOUT a été emporté, il y a des papiers disséminés un peu partout sur le sol, je remarque des traces de pas avec de la boue ; Martin a sûrement fait venir un camion pour l’aider à déménager ! Je suis toute tremblante, je marche à peine, les larmes ruissèlent sur mon visage, ma mère me soutien, en larmes également, mon père est à nos côtés, triste il a la tête baissée. Je vais du côté de la cuisine, même décor, rien !!! La cuisinière, frigidaire, on a rien laissé ! Je n’ai plus la force d’avancer, je ne fais que pleurer, ce n’est pas possible Martin m’a fait ça !!! Quel coup Seigneur !!!! Ma mère me suggère de faire un tour dans les chambres, afin de voir si au moins mes affaires y sont encore et même ceux des enfants ; je suis pliée au sol, je peine à me relever, mais ma mère me soulève de force, elle me convainc.

-          Ma mère : Mama !!!! lèves toi ! c’est dur je sais, mais allons voir dans les chambres, si tes affaires y sont on les prend et on s’en va !!!! Viens !!!!

Mes affaires ! Je n’en ai cure, ce n’est pas ça qui m’importe pour le moment, c’est le coup dur que Martin vient de m’infliger ! Je me sens perdue sans lui, je ne suis plus rien, je ne vivrai pas sans lui ! Dans notre chambre, toutes mes affaires apparemment y sont, rien n’a été touché, même ceux des enfants y sont ; toutes les affaires de Martin ont disparues, on a rien laissé ; même notre lit, tout a disparu !!!! Le message était bien clair, non seulement Martin est parti, mais il me laisse un message en même temps, celui de  quitter les lieux, le domicile conjugal !!! Quel goujat !!!! Mes parents m’aident tant bien que mal à récupérer l’essentiel, ma mère me suggère de repasser prendre le reste des affaires après. Mes larmes sont intarissables, je pleure à chaude larmes, je me sens trahie, bernée, dupée ; en dix ans tout ce qu’on a construit ensemble vient de s’écrouler comme un château de cartes ; ma vie de rêve vient de partir en fumée, je n’ai plus rien, je ne suis plus rien ; à cet instant j’ai repensé à ce que me disait ma mère il y a des années de cela ou je devais faire quelque chose dans ma vie ; dès cet instant les regrets m’envahissent!!!

Mes parents ont laissé les enfants dormir chez Anne ce soir, bien qu’ils me manquent, je préfère les récupérer le lendemain ; je suis assez sonnée comme ça; à peine descendue de l’avion, je me retrouve comme dans un gouffre ; ce fameux rêve ! Il  est clair et limpide, pas besoin de lire entre les lignes, il explique tout, Martin avait l’intention de me quitter depuis longtemps, moi je faisais des efforts pour le retenir, il n’était plus là ! Il n’en pouvait plus. Le drame c’est que je l’aimais, et je voulais lui prouver qu’il pouvait encore me mériter. Tout est bien réel, je suis dans un gouffre, un sacré trou noir. Chez mes parents, je suis assise au salon, la tête baissée, je n’ai envie de rien, je ne veux rien, je n’ai même pas sommeil, je suis perdue dans mes pensées, j’essaie de me ressasser le pourquoi du comment ? J’essaie de trouver à quel moment l’attitude de Martin avait changée vis-à-vis de moi, on a eu des problèmes comme dans tous les couples, mais je cherche la faille, je me pose mille et une question ; j’ai cessé de pleuré, je suis calme.

-          Ma mère : Il faut que tu dormes, tu en as besoin ! car demain on doit y retourner pour récupérer le reste de tes affaires et voir ce qu’on peut faire par la suite.

J’éclate subitement de rire, un rire désolant, je ris à tue tête !!!! Je sens que je commence à perdre la tête, je ne me contrôle pas, je délire en fait, je me mets à prononcer des paroles incohérentes.

-          Moi : Heiiin Olam !!!! C’est comme ça ???? Dix ans !!!! Dix ans !!!! Je t’ai fais quoi ???? ahahahahaha Dix ans !!!!! Seigneur !!!!!

Les rires se transforment en pleurs, une longue série  de pleurs, je ne m’arrête plus, ça me vient du fond de mes entrailles, j’ai tout perdu, et je suis perdue !!!! Mon père et ma mère me soutiennent et m’amènent dans la chambre, j’ai tout le corps qui chauffe avec une de ces migraines ! Je sens comme un début de fièvre !!! La température monte jusque à 39 °C. Ma mère me donne du paracétamol, à peine je le bois que je vomi !!!! Elle m’aide à me changer, je suis dans un pur délire, je me laisse sombrer, elle m’aide à me coucher sur le lit, m’enveloppe avec une couverture, elle me caresse tendrement la tête, je lis de la pitié dans son regard, surtout dans celui de mon père ; ils savent que je suis perdue, moi aussi je commence à le réaliser vraiment.

-          Moi : Olam !!!! Olam !!!! Olam !!!! tssssst tsssst !!!! Tu viens de me tuer !!!! tsssst

-          Ma mère : Ca va aller !!! Pleures autant que tu peux, ça va te faire du bien, laisse toi aller, après ça, tu dois et as le devoir de te relever, pour tes enfants, si tu te laisses aller qui prendra soin d’eux, leur père est parti, toi aussi tu veux partir ?????

-          Moi : tssssst !!!! tssst !!!!

Ma bouche tremblote, je l’entends à peine ma mère, tout ce que je veux c’est disparaître ! Quelle trahison ! J’ai tellement honte ! Honte de moi, que vais-je dire aux enfants, que leur père est où ? Je me sens toute bête, j’ai été si idiote ! De compter autant sur lui. Demain je serai la risée de tout le monde, pire sa famille ; d’ailleurs est elle au courant ? Sûrement elle est complice !!! Ses frères, ses sœurs, la phrase que Magguy avait prononcé au téléphone avec Céline ; elles savaient ! Son téléphone s’était coupé brusquement, elle n’avait pas terminé sa phrase ; maintenant je réalise, c’est bel et bien vrai. Je finis par m’endormir, mais péniblement, mes parents viennent de temps en temps me guetter dans la chambre, ma mère me donne encore d’autres remèdes, cette fois ci je ne vomi plus.

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Je me vois sombrer dans ce gouffre, il m’envahit complètement, il est interminable, je ne vois que du noir, j’ai si peur, je cri de toutes mes force, mais aucun son ne sort de ma bouche ; j’entends des rires avec des voix d’animaux, j’entends des gens parler avec des voix aigues, on m’insulte, on se moque de moi ! Je m’enfonce d’avantage, impossible de m’arrêter, un trou sans fin !!!! J’essaie de toucher les rebords, il n y a rien !!!

Au Coeur de la Tourm...