Chapitre 9 : A cœur ouvert

Ecrit par kaynaliah

******Annick*****

-"Voilà. Tu sais tout" dit Charles agenouillé devant moi.

Je prends mon verre de vin qui est posé sur la petite table et le vide jusqu'à la dernière goutte. Je ferme mes yeux un moment afin d'essayer de faire le vide autour de moi et surtout dans ma tête. J'ouvre les yeux et je croise son regard perçant comme s'il essayait de lire en moi.

-"Merci de me dire cette vérité après tant d'années mais cela ne change rien à ma vie"
-"......"
-"J'avais juste demandé un nom pour ma fille. C'est tout ce qui me préoccupait. Ma fille tu la délaissée quelques mois avant ta naissance. Tu as dit de ne pas te chercher. J'ai compris. Je me suis battue pour ma vie et celle de ma fille car pendant que tu allais te marier et reniais ta fille, nous étions à deux doigts de la mort. Ca tu ne le sais pas. Si finalement nous n'étions pas assez fortes pour survivre, à qui demanderais-tu pardon aujourd'hui ou irais-tu présenter tes excuses ? C'est bien beau tes regrets à la noix mais je n'y crois pas une seule seconde tu vois. J'en ai rien à foutre royalement. Quand vous faites souffrir gratuitement des gens il faut toujours s'attendre au revers de la médaille"
-"......."
-"Tu t'attendais à quoi en me disant ça franchement? Tu pensais que je ferais quoi?"
-"J'essaye de rattraper le temps perdu Annick"
-"Rattraper quel temps? On parle de 18 années Charles bordel de merde. Où étais-tu tout ce temps?"
-"...."
-"Tu étais chez toi. Avec ta femme, ta famille. Anaelle et moi n'avons jamais été importantes pour toi. Tu ne me feras pas croire le contraire aujourd'hui. N' Insulte pas mon intelligence s'il te plaît. Je suis allée chez toi. Ta mère n'a même pas eu la décence de me faire entrer dans sa concession. J'avais ma fille dans les bras. Je me suis humiliée pour donner un nom à ma fille. L'humiliation était trop pour moi: entre les insultes et les jets de crachats ou de détritus. On me traite d'arriviste, de briseuse de ménage, de pute alors que je ne suis rien de tout cela. Mon père m'a vue dans ma détresse et m'a dit que ce n'est pas grave si tu ne veux pas reconnaître mon enfant. Elle sera une REMANDA. Depuis ce moment, j'ai compris que tu n'étais qu'un bon à rien, un vrai incapable. Mais Dieu est bon. Il sait pourquoi les choses se sont passées ainsi. Jamais je ne te laisserai entrer dans la vie de ma fille pour la détruire comme tu as eu à me le faire. Jamais de la vie je ne voudrai que tu t'approches d'elle. Tu fais des enfants, les abandonnes et ensuite c'est pour pleurer des années plus tard. Tu laisses mon enfant en dehors de ta folie"
-"Je comprends tout ce que tu me dis mais je ne peux pas renoncer à toi. Je ne peux pas Annick. Je t'aime tant"

Je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai juste vu ma main se lever et s'abattre sur sa joue.

-"Arrête tout ce que tu fais Charles. Tu perds ton temps. Jamais je ne reviendrai avec toi"
-"Je suis tellement désolé"
-"Pas autant que moi"
-"Tout ce que j'ai fait était pour nous"
-"Nous? Tu es sérieux là? C'étaient pour les ambitions de ta mère et les tiennes. Je n'ai jamais fait partie de tes plans ni mon enfant. Je veux que tu continues à agir ainsi et que tu nous oublies surtout. Tu as toujours su où j'habitais. Tu as laissé ta femme m'humilier également mais tout ça je laisse à Dieu."
-"...."
-"Je suis heureuse aujourd'hui et pour rien au monde je ne jetterai mon bonheur à la poubelle. J'ai rencontré une personne qui est sérieuse avec moi, qui aime de surcroît ma fille comme la sienne, qui est là pour moi, me respecte et se bat pour mon bonheur et celui de mon enfant. J'aime cet homme plus que tout Charles."
-"....."
-"Je ne veux plus que nous ayons cette discussion car elle n'a même pas lieu d'être. Je ne crois pas en ta bonne foi du jour au lendemain. Seul Dieu sait la vérité mais moi je veux protéger ma fille."
-"Je sais que j'ai fait n'importe quoi mais j'ai besoin de toi Annick"
-"Charles je ne veux plus de toi depuis bien longtemps"
-« ….. »
-« Malgré ma douleur à l’époque, jamais je ne suis venue troubler ton bonheur parfait avec Inès. J’ai passé un cap dans ma vie aujourd’hui. Je suis heureuse aujourd’hui. Laisse-moi l’être tout simplement. Laisse-moi sourire à la vie. Laisse-moi vivre tout simplement »
-« Tu l’aimes vraiment ? »
-« Plus que tout. Il est ma raison de vivre aujourd’hui après ma fille »
-« Tu n’as plus aucun sentiment pour moi ? »
-« Aucun. Oui j’ai eu du mal à avancer dans ma vie mais malgré le temps que cela pris, j’y suis parvenue »
-« ….. »
-« Tu devrais t’en aller maintenant »
-« Notre histoire est vraiment terminée »
-« Elle est archivée depuis fort longtemps Charles. Je te souhaite vraiment de rencontrer l’amour »
-« C’est toi l’amour de ma vie »
-« Charles arrête »
-« Non je ne peux pas Annick. Ce que tu me demandes est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas te voir me filer entre les doigts ni être heureuse avec un autre que moi »
-« Tu ne m’aimes pas Charles »
-« Comment peux-tu douter de mon amour pour toi ? »
-« Comment ? Tu me poses vraiment cette question aujourd’hui Charles ? »
-« …. »
-« Tu m’as abandonnée enceinte. J’étais seule Charles . J’ai failli y laisser ma vie. Tu pavanais ton grand bonheur avec Inès et vos enfants. Inès se permettait de m’humilier sur les réseaux sociaux en me traitant de briseuse de ménage et traitant ma fille de bâtarde. Qu’as-tu fait ? Il t’a fallu 18 années pour te souvenir d’Anaelle ou de moi. On ne parle pas de 18 jours ou semaines. On parle de 18 ans. Anaelle ne te connaît pas et ne désire pas le faire. Je ne te demandais rien à part juste de reconnaître ma fille. Je me suis battue pour l’éduquer et en faire la personne qu’elle est aujourd’hui. »
-« Tu me manques Annick. Je n’ai jamais réussi à t’oublier. Oui j’ai fait des mauvais choix mais je le regrette amèrement sauf mes enfants. Je suis là à m’humilier devant toi mais je vois que ton cœur n’est pas disposé à me laisser la moindre petite chance. Aussi infime qu’elle soit. Je te demande pardon pour tout ce que je t’ai fait. Tu es la femme que j’aime et je t’ai fait amèrement souffrir. Je m’en veux énormément. Aujourd’hui je souffre amèrement de ne pas t’avoir à mes côtés. Je souffre terriblement de ton absence. Je meurs de ne pas t’avoir dans ma vie. Tu as toujours été celle qui me soutient le plus et qui a toujours cru en moi. Tu étais juste ma joie de vivre. Je pouvais tout te dire sans que tu ne te moques de moi ou essaye de me dénigrer. Tu étais ma meilleure amie et je t’ai trahie de la pire des manières. J’ai terriblement honte de tout ce que je t’ai fait subir avec ma famille. J’ai honte d’être si pitoyable là devant toi à te supplier de me pardonner. J’ai fait un choix et j’en paie le prix fort. Je t’ai perdue ainsi que ma fille qui me hait aujourd’hui. Je ne peux pas vous en vouloir mais je vous aime même si vous en doutez. »
-« …. »
-« Tu n’as même pas idée à quel point c’est dur d’être près de la personne qu’on aime sans pouvoir la toucher ni la serrer dans ses bras. Il ne se passait pas un moment sans que je ne pense à toi. Tu as toujours été là. Jamais je ne t’ai oubliée. Je me sens complètement perdu et démuni sans toi à mes côtés. Le réveil est brutal pour moi et j’ai du mal à accepter les choses. Suis-je prêt à te laisser être heureuse avec un autre ? C’est au-dessus de mes forces mais aimer aussi c’est laisser partir la personne qu’on aime être heureuse. Mais c’est tellement difficile également. »

Je me lève du canapé et me rends en cuisine prendre un verre d’eau. A mon retour, il pose fermement son bras sur le mien et me le serre.

-« Tu es sûr qu’il saura te rendre heureuse ? »
-« Je prends ce risque Charles. Même si tu avais été le dernier homme sur terre, jamais je ne me serai remise avec toi. Jamais de la vie. Tu es mon passé et rien ne changera cela »

Il s’est levé rapidement et m’a plaquée contre le mur avant de m’embrasser. Je l’ai immédiatement repoussé avant de le gifler et de lui ordonner de sortir de chez moi et de ne plus jamais y remettre les pieds. Non mais il est d’un toupet celui-là.

J’entends mon téléphone sonner mais je suis trop fatiguée pour y répondre. La sonnerie se fait insistante malgré moi. Je regarde l’heure : il est 4 heures du matin. Mais qui dérange les gens comme ça en pleine nuit. Tchip. Le numéro est masqué en plus. Je sors du lit et vais aux toilettes me soulager avant de revenir à la chambre où la sonnerie du téléphone se fait encore entendre. Je finis par décrocher en colère.

-« Allo »
-« Bonsoir Madame. Excusez-moi de vous déranger. Je travaille à la Polyclinique El-Rapha et on a reçu en urgence un accidenté. On n'a pas son nom mais on a retrouvé son téléphone. Heureusement qu'il y avait encore de la batterie. Vous êtes le dernier numéro qu'il a composé. Pouvez-vous juste venir certifier son identité?"

Koum Koum Koum

-"J'arrive"

En raccrochant, je constate que j'ai un appel manqué de Charles. Seigneur! Pas ça pardon. Je prends vite une douche avant de quitter en catastrophe la maison tout en faisant des prières.

Charles: Le prix de...