Chapitre 9 : Jour 2... premier rendez-vous

Ecrit par Womins

Alex***

Ca fait des mois que je prépare cette course. 40 000 coureurs, 21,1 kilomètres à parcourir dans le Bois de Vincennes.

En cette matinée de fin d’hiver, je me réchauffe en matant ces corps musclés à souhait. Anne-So ne sait pas ce qu’elle rate.  

Qui sait, peut-être l’homme de ma vie est là, quelque part en train de faire des flexions. Il serait sûrement bien foutu. J’ai rarement vu des grassouillets prétendre à un titre dans ce genre d’exercice. Je repense à Adams et je souris en modifiant mes paramètres de recherche. 2 kilomètres ça me semble parfait.

Ce que je vois me plait. Je fais défiler les profils sans un vrai critère de choix. Nicolas… non, Bastien… non, Claude… non, Antoine… non. Ils sont tous beaux, grands, ils ont l’air de prendre soin d’eux. Je m’arrêterai au dixième profil. Tony… non, Harry… non, Ted… non, Flavien… non, André… non. Et enfin Max. Mis à part son nom de chien, il n’est pas mal le numéro dix et c’est la quatrième fois qu’il court le Fitbit running.

Je like son profil et j’engage une longue série d’étirements.

Les jambes écartées, le buste penché vers l’avant et les bras entre les jambes quand j’aperçois Max derrière moi. Il marche à l’envers tout comme toutes les personnes autour de moi. Il porte une paire d’écouteurs aux oreilles et il me sourit en s’avançant. C’est indéniable, il est bel homme.

Max (juste derrière moi en retirant ses écouteurs) : C’est une position bien étrange pour faire connaissance.

Je me redresse immédiatement et prise d’un léger vertige, je manque de m’écrouler. Il me rattrape et nous sommes collés l’un à l’autre. Je le sens bien sur mes fesses malgré le tissu fin de mon collant. Un semblant de pudeur m’impose de m’éloigner de lui en faisant un demi-tour. Je le regarde de la tête aux pieds.

Max (en souriant) : Si la petite analyse est terminée peut-être pourrions-nous saluer de façon plus conventionnelle.

Moi (en m’épongeant le visage) : Bonjour, Alex.

Max : Bonjour, Max.

Moi : Désolée pour tout à l’heure.

Max : Ce n’est pas la peine, j’aimerai bien que toutes mes rencontres se passent ainsi.

Je ne dis mot.

Max : Alors vous êtes prête ? Au fait on peut se tutoyer ?

Moi : Je ne sais pas je suis prête mais oui, nous pouvons nous tutoyer.

Max : C’est ton premier marathon ?

Moi (en attrapant ma bouteille) : C’est ma troisième inscription et ma seconde participation. L’an dernier j’ai fini parmi les 25 000 premiers.

Nous rions ensemble. Il m’aide à ranger mes affaires dans mon sac.

 25 000 sur 40 000 ce n’est pas mal je pense et de toutes les façons, je cours pour le plaisir.

Max (en regardant sa montre) : Tu devrais le confier.

Moi (en lui lançant le sac) : Tu as raison.

Nous nous dirigeons vers le service chargé de prendre soin des effets personnels des coureurs en parlant de nos motivations.

Quand il m’apprend qu’il est pharmacien et qu’à cause des nouvelles règlementations il a du mal à rembourser son crédit je suis prise par quelques appréhensions. Je me contente de lui dire que je travaille dans le monde de l’édition. Il n’a pas besoin de savoir que je suis rédactrice en chef d’un célèbre magazine. Et puis, l’édition ce n’est pas si loin de la réalité.

Je confie mon sac à un jeune homme qui vient sans doute de sortir de la phase critique qu’est l’adolescente. Les cicatrices qu’il porte sur le visage témoignent d’une acné sévère. Il est courtois comme on n’en voit plus. C’est même étrange. Alors que je suis en train de m’imaginer combien ses parents doivent être fiers de lui, je suis bousculée et je manque de m’écraser sur le stand devant moi.

Moi (en me retournant) : Mais putain, vous ne pouvez pas …

Je m’arrête net dans mon élan de petite sauvageonne quand je vois la personne coupable de ce désagrément. Est-il vraiment possible que quelqu’un soit aussi poisseux que moi ?

Raphaël : Excuse-moi.

Je suis figée. Il a eu l’air surpris quand je me suis retournée. C’est clair qu’il ne devait pas se douter que nos chemins se croiseraient ici. Il porte une barbe de 3 jours, elle lui donne un air sexy et sauvage. Dans sa main, il tient une paire de baskets noire à bandes rose fluo. Elles sont trop petites et trop girly pour être les siennes.

Max (en tenant mes épaules dans ses mains) : Tu vas bien Alex ?

Je suis toujours figée. Aucun son ne parvient à sortir de ma bouche.

Raphaël (en tendant la main à Max) : Bonjour monsieur.

Je sens les mains de Max faire pression sur mes épaules et je reviens à moi.

Moi : Euh… oui. Bonjour Raphaël. Maxime je te présente Raphaël, un … un … Raphaël est un ami. Et Raphaël, je te présente Max mon compagnon.

Ils se donnent une poignée de main et je sens que Max mon supposé compagnon ne comprend pas grand-chose à tout ceci. Moi non plus.

Je lui expliquerai tout plus tard. Pour le moment, il a juste à jouer à l’amoureux transit.

Le jeune homme du stand m’enregistre et m’offre un grand sourire. Je le remercie en laissant passer Raphaël. J’ai la ferme intention de m’éloigner de lui.

Max : Et si on attendait ton ami. On pourrait faire la course ensemble.

Mais il ne sent pas le malaise lui ? Pour un pharmacien, il est bête comme ses pieds.

Moi (faisant tout pour cacher mon émotion) : S’il est d’accord je n’y vois aucun inconvénient.

Raphaël (après avoir remercié le jeune homme du stand) : Pas de souci. Il faut juste que je prévienne Liz.

Je n’ai pas entendu le reste de la phrase. Mon cerveau a gelé quand il a prononcé son prénom. Il courait maintenant avec elle.

Il s’éloigne. Je sens le regard de Max sur moi mais je préfère l’ignorer. De toutes les façons, Raphaël revient déjà. Il tient Liz par la taille et ils sont en train de parler ensemble. Elle lui sourit en soulevant la tête pour plonger son regard dans le sien. Elle le dévore littéralement des yeux.

A mesure qu’ils avance, je me souviens de ces fois où je me suis rendue dans son restaurant espérant secrètement lui faire avouer les raisons pour lesquelles elle s’était permis de ruiner mon couple.

Raphaël : Liz je te présente Alex et son ami Max. Alex, Max je vous présente Liz.

Elle nous fait la bise.

Liz (le sourire aux lèvres, les fossettes creusées) : J’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part.

Moi (sachant qu’elle a raison) : Je ne pense pas. Paris est une si grande ville et un aussi joli visage ne doit surement pas passer inaperçu.

Max : Je pense que ce sont les plus beaux yeux que je n’ai jamais vus. On dirait des éclairs.

Je lui lance un regard noir alors que lui, il répond à son sourire. Même si c’est vrai qu’elle a de magnifiques yeux gris bleus, il aurait pu la fermer. Il aurait même dû la fermer. C’est clair que notre histoire ne durera que le temps de ce fichu marathon.

Max : Alors, vous êtes en couple tous les deux ?

Raphaël : Oui, nous sommes ensemble depuis peu. Et vous ?

Max (en se grattant la tête) : C’est si récent que j’ai l’impression que nous nous sommes rencontrés ce matin.

Liz : C’est vraiment beau ce que vous dites.

Moi : Et vous, c’est quoi votre histoire ?

Peut-être m’avouera-t-elle qu’elle ne savait rien de mon existence. Après tout plusieurs hommes se font chaque jour passer pour des célibataires afin d’assouvir leur libido.

Raphaël : Tu sais, c’est un peu long.

Max (en avançant main dans la main avec moi) : J’espère au moins que c’est une belle histoire.

Moi (en serrant les dents) : Surement !

Je me retourne et ce que je vois me glace le sang. Raphael est tête baissée en en train de nouer les lacets de Liz. Elle avait toujours ce stupide sourire accroché à son visage ? Il se met debout et lui colle un baiser sur le front. Romantique à en vomir. Je crois que je vais tomber malade.

Les haut-parleurs crachent un message à l’attention des participants.

Nous nous dirigeons vers la ligne de départ silencieusement. Le bois est en effervescence. Mon cerveau est en surchauffe et mon sang est toujours aussi froid. De quoi peuvent-ils bien être en train de parler derrière nous.

Les minutes courent devant nous. Ils attendent quoi pour sonner le départ que j’échappe à ces trois individus bien heureux. Je les guette de temps en temps et j’ai l’impression qu’on me frappe le cœur ou le cerveau avec un burin. Maxime me fait la conversation.

« Ppppooooommmmmppp… »

Je m’élance à corps perdu sur la piste. Je sais que c’est une épreuve d’endurance mais je ne pourrai pas passer plus de temps avec eux. Je cours à en perdre haleine. Aussi vite que mes jambes me le permettent. Je suis dans le peloton de tête. Je regarde derrière moi et je ne les vois pas. C’est super.

Les arbres défilent sur les côtés. Les spectateurs applaudissent et hurlent les prénoms des personnes qu’elles sont venues soutenir. J’aurai peut-être dû liker un autre profil que celui de Max.

Je regarde ma montre, plus que 16 kilomètres.

Je sens ma bouche pâteuse. Je suis essoufflée. Plusieurs coureurs passent devant moi. J’essaie de forcer un peu mais je n’y arrive pas. Une main se pose sur mon épaule et la quitte. Max est à côté de moi. Je dois avoir l’air bien bête à respirer comme une vache qu’on mène à un abattoir.

Max : Tu devrais prendre ton temps si tu veux terminer cette course.

Moi : …

Je puise dans mes dernières réserves pour ne pas m’arrêter. Et voici que Raphaël et Liz passent devant moi sans même un regard. Il doit être en train de courir à son rythme à elle. Ils s’éloignent de plus en plus de nous. Ils doivent avoir accélérés. Non, c’est moi qui ai ralenti sans même m’en rendre compte.

A quoi rime tout ceci ?

Je n’arrive plus à avancer. Je suis trahie par mes jambes, par mon coeur. Je finis par m’écrouler en tentant de cacher mes larmes. Je reste là, sur la piste quelques secondes et cela me semble être une éternité. Les coureurs passent à ma gauche, à ma droite. Ils me dépassent en me jetant des regards remplis de pitié et de questions. Je sens la terre trembler sous le poids de leurs pas. On dirait une armée en mouvement. Je me sens enveloppée par des bras. Je me laisse aller et j’éclate en sanglots. Max est revenu, il est revenu pour moi. Il me porte et nous quittons la piste.

Sans rien dire, il m’amène vers une équipe de secouristes et me pose sur un lit dans une ambulance. Je suis toujours en larmes. Ils me prennent les paramètres et la responsable finit par nous dire qu’il n’y a rien d’anormal. Elle me donne quand même une boisson sucrée. C’est du jus d’orange, je l’avale en faisant la grimace. Je n’aime pas le jus d’orange.

Les secouristes nous laissent seuls. Ils doivent penser que nous sommes des amoureux. Max s’installe sur le petit tabouret et ne me quitte pas du regard. Pourquoi faut-il qu’il soit si gentil ? Je me sens gênée.

Moi : C’est l’histoire de ma vie. Je crois que cette fois, je serai parmi les cinq derniers.

Maxime : C’est juste pour le fun tu sais. C’est vrai qu’il y en a pour qui c’est du sérieux. Alors, tu me dis ce qui t’es arrivée ?

Moi (en quittant le petit lit) : Rien, juste eu une baisse d’énergie.

Maxime : Si tu le dis. Bon, maintenant que notre course s’est terminée précocement, on pourrait peut-être faire autre chose.

Moi (en mettant mes chaussures) : Et que suggères-tu ?

Maxime : On pourrait aller jusqu’à la ligne d’arrivée et applaudir nos concurrents, applaudir Raphaël et Liz.

Moi : Quel fair-play ! Ça me va.

Nous marchons pendant une bonne heure dans le bois avant d’en sortir pour emprunter un taxi afin qu’il nous dépose de l’autre côté. Le Bois de Vincennes est quand même le plus grand parc de la région parisienne.  

Max est quelqu’un de charmant. Son ex a perdu la vie dans un tragique accident de voiture il y a deux ans et depuis, il a du mal à draguer. Sa sœur lui a alors parlé de Tinder. Ce n’est pas facile pour lui de jouer les dragueurs mais il essaie. Il m’avoue qu’avec moi, il ne fait pas vraiment d’efforts, que tout est naturel.

Les coureurs ne seront pas là avant un bon moment. Nous nous asseyons près du lac de Saint-Mandé pour regarder les canards. Pas de chance, nous n’avons rien pour eux. Il y en a très peu. Ils doivent s’être mis à l’abri du froid.

Les premiers rayons de soleil commencent à se faire sentir. Ils caressent tendrement nos peaux et un soulèvement de voix nous alerte quant à l’arrivée des premiers coureurs. Nous marchons vers la ligne d’arrivée en riant comme de vieux amis. A coup de bras, nous parvenons à trouver des places derrière les barrières de sécurité. Des coureurs passent la ligne d’arrivée sous les acclamations et les applaudissements des spectateurs venus nombreux. Ils sont heureux, on ne dirait pas qu’ils viennent de courir 21 kilomètres. C’est une autre ambiance quand on voit la course dans la peau d’un spectateur. Même si je n’ai pas fait sensation sur la piste, je suis heureuse d’être là à cet instant. Avec tout ce vacarme, j’ai du mal à entendre ce que Max me dit. Je le vois juste s’éloigner et je le perds dans cette immense foule. Je continue d’acclamer les coureurs qui passent la ligne d’arrivée. Ils sont de plus en plus nombreux. Raphaël et Liz arrivent ensemble. Ils ont l’air bien épuisé. Je quitte la première rangée de spectateurs pour me cacher. J’aime mieux prendre mes dispositions pour éviter les questions concernant ma piètre performance. J’essaie de me concentrer sur les coureurs mais je n’y arrive pas. Je les observe de loin et mon petit cerveau se dépêche d’interpréter le moindre de leur geste. N’en pouvant plus, je décide de m’éloigner un peu.

Je m’installe sur un banc, sous un petit arbre dont j’ignore le nom. Je me déchausse. Je sens l’air passer entre mes petits orteils. C’est si bon.

Ca fait des heures que je n’ai pas entendu mon téléphone et c’est bizarre. Je ne l’ai pas sur moi. Il est dans mon sac, il faudrait que j’aille le récupérer. Je profite encore un peu de ce petit coin de calme. Peut-être que Max est en train de me chercher.

Une quinzaine de minutes plus tard, toujours pas de Max à l’horizon.

J’ai du mal à me lever. Je marche lentement et pieds nus sur le gazon en profitant du grand air dans le bois. Des enfants courent dans tous les sens, ils ont des ballons, des cerfs-volants. Je fais attention à ne pas me faire renverser par l’un d’entre eux. A quelques mètres du stand, j’aperçois Max. Il porte un petit garçon aux cheveux blonds et est en pleine conversation avec une dame aussi blonde que le garçon. Il a un petit air de Max aussi. C’est sûrement Fiona sa sœur. Max fait descendre le garçon de ses bras et ce dernier attrape le carton qui traine au sol. Je ne lis pas bien ce qui y est écrit mais je devine que c’était un message pour l’encourager ou pour le féliciter. Je m’approche et là, celle que je prenais pour Fiona a les lèvres accrochées à celles de Max. Je m’arrête un petit moment, le temps pour mon cerveau de comprendre ce qui est en train de se passer. Des frères et sœurs ne se bécoteraient jamais ainsi surtout pas en public à ce que je sache.

Mes pas se font plus grands, je suis bien décidées à savoir à quoi ils jouent tous les deux.

Moi : Max, je te cherche depuis un moment.

Max (repoussant doucement la blonde) : Euh… J’étais pas loin.

Le petit garçon : Papa… papa… papa... c’est qui la dame ?

Moi (en m’abaissant afin de me mettre à la taille du petit) : Bonjour toi, tu sais j’ai un neveu de ton âge. Je m’appelle Alex et toi ?

Mes yeux sont attirés par la plaque sur laquelle est inscrit « Nous sommes fièrs de toi. Ton fils et ta femme. »

Ce n’est pas possible, le monsieur s’est joué de moi hein. Alors comme ça celle à côté c’est sa femme. Je lève la tête et je le regarde. Il sait qu’il est dans de beaux draps.

La dame : Je suis Fiona, sa femme. A voir votre tête je suppose que mon cher et tendre a encore dû se faire passer pour un célibataire.

Max : Ce n’est pas ça Fiona.

Fiona : Ne mens pas, tu as enlevé ton alliance. Que vous a-t-il raconté cette fois ?

Moi (me relevant) : Je suis désolée madame. Ce n’est que ce matin que nous avons fait connaissance. Et je ne savais pas qu’il était toujours marié.

Fiona : Il vous a dit que j’ai demandé le divorce ou que je suis morte ? Hum… Mon chômeur d’époux est très créatif quand il faut mettre une femme dans son lit. Alors que je me décarcasse à faire tourner la pharmacie de mes parents, il drague à tous les points de la ville.

Max : Fiona, je t’en prie c’est la dernière fois.

Fiona (en riant) : Il me l’a déjà faite celle-là. Viens Joan, on va laisser ton papa régler ses comptes… Pour une fois.

Et elle s’en va déjà. Abandonnant le carton à nos pieds. Je suis juste dégoûtée par Max. Je tourne mes talons et il me retient.

Max : Je suis navré Alex.

Moi (en me courbant) : Moi aussi, je suis navrée pour ce qui va suivre.

J’attrape le carton et je le lui frappe sur la tête. Celui-ci s’enfonce jusqu’à son cou et tout le monde nous regarde.

Je serre la main autour des anses de mon sac et je m’en vais.

 

Anne-So***

C’est dimanche et je ne peux même pas m’adonner à l’un de mes plaisirs favoris. Oui, je ne peux pas faire la grasse matinée. Je n’ai cependant aucune raison de me plaindre.

Je consulte attentivement mes comptes. Ces derniers mois, j’ai dû toute seule prendre en charge la chimiothérapie de mon père. C’est un traitement aussi lourd que coûteux mais que puis-je faire ? Le mari de Pippa a décidé de ne plus rien lui donner. Et moi qui lui ai toujours dit que dépendre d’une personne pouvait s’avérer dangereux.

Je referme mon ordinateur en ayant une pensée pour elle.

Je vide le fond de ma tasse de café et je range ce torchon que je faisais semblant de lire. Un lavage à la main prend du temps, je vais donc en profiter pour faire quelques achats au magasin en face.

Je n’aime pas le cabillaud et pourtant me voici en train d’hésiter entre ces darnes de cabillaud et ces filets de saumon. Mon téléphone vibre, c’est un message de Fred. Il m’informe que son vol a été retardé. Je peux tranquillement terminer mes courses avant de retourner à la station-service. Je dépose mes paquets à l’arrière de ma Toyota hybride avant de retourner à l’intérieur pour régler.

La caissière : Pour la voiture, le café et le magazine ça vous fera 67 euros.

Je passe ma carte dans le lecteur.

La caissière (en m’offrant un large sourire) : Merci.

Moi : Merci à vous.

J’attrape mes clés et je m’en vais. Avant d’arriver à la porte d’entrée, la caissière crie un « madame » qui ne manque pas de me faire sursauter. Je me retourne et c’est bien moi qu’elle appelle. Je retourne sur mes pas. Elle fouille en bas de sa caisse et me tend un bout de papier plié portant un numéro de téléphone.

La caissière : Excusez-moi, nous avons trouvé ceci sous votre tapis.

Je la remercie une nouvelle fois et je m’en vais en lui promettant que je reviendrais. En sortant, un groupe d’adolescents me siffle. Ils ne doivent pas avoir plus de 20 ans et je leur fais de l’effet. Je suis bien contente.  

Une fois installée dans ma voiture, je déplie le bout de papier. Aucune indication quant au propriétaire de ce numéro. Si il l’on trouvé dans ma voiture c’est que ça doit être important. Je connecte mon kit main libre et je lance un appel à ce numéro. Je démarre pendant que ça sonne.

Une voix : Allo, vous êtes bien sur le répondeur de Xavier Terrier, il n’est pas là pour le moment alors appelez plus tard.

Une seconde voix (masculine) : Malia, tu veux bien me passer mon téléphone.

La voix de la petite fille : Non, tu as promis que …

Je ne reconnais aucune de ces voix et j’ai l’impression que tout ça est une énorme plaisanterie. Une gamine qui joue les standardistes et puis quoi encore ? Je raccroche et j’accélère.

Je suis énervée en arrivant chez moi. Les embouteillages de cette ville commencent à me rendre malade.

Je porte mes sacs et j’entre dans l’immeuble. Frank est devant l’ascenseur. Il est vêtu d’un jean et d’une chemise d’un bleu clair contrastant parfaitement avec la couleur de son pantalon.

Moi (en posant mes paquets et mon sac au sol) : Bonjour Frank.

Lui (sans même me regarder) : Salut Anne.

Nous attendons silencieusement l’ascenseur. Quand il arrive, Frank prend les paquets, j’attrape mon sac et nous entrons dans l’ascenseur. Il pose les paquets et appuie les boutons pour indiquer nos étages respectifs.

Frank (en pointant les paquets au sol du bout de son menton) : Tu reçois ?

Moi : Oui. Ca fait un moment que je ne t’ai pas croisé.

Frank : J’ai passé un moment chez mes parents.

Moi : D’accord.

Le silence s’installe. L’ascenseur monte soudain, il appuie sur un bouton et l’ascenseur s’arrête brusquement. J’ai du mal à garder l’équilibre et je me retrouve adossée à une des parois. Frank se tourne vers moi et sourit. Il a un sourire démoniaque cet homme. Il s’approche de moi en inspectant chaque partie de mon corps. Son regard s’arrête sur mon triangle glorieux et il se mord la lèvre inférieure. Je sens des picotements dans mon bas ventre.

Frank est maintenant devant moi, ses mains sont appuyées de part et d’autres de mes épaules. Il les pose sur mes hanches et je sens déjà la chaleur de celles-ci sur ma peau. Sans trop les bouger, il plie sur le tissu de ma robe et celle-ci devient de plus en plus courte. Elle remonte sur mes genoux, frôle mes cuisses et est maintenant à ma taille. Il se débrouille comme un chef pour caler le tissu dans les cordes de mon string avant de se baisser. Il regarde ce qui s’offre à lui pendant que ses mains s’accrochent à mes fesses. Elles tombent sur mes cuisses qu’il écarte doucement. Il peut maintenant enfoncer sa tête entre elle. Il dégage le tissu du string avec sa langue et je sens son humidité sur mon sexe en larmes. Il l’attrape avec un doigt. Je suis toute offerte à lui, il peut commencer. Il commence par me lécher la chatte avec de petits mouvements. On dirait qu’il lape une glace. Je sens mon huitre s’ouvrir de plus en plus sous les assauts gourmands de son membre lingual. Il titille ma rose en dessinant des cercles avant de l’aspirer ce qui me fait hoqueter. Je me surprends à libérer un de mes seins et à le peloter au rythme de ce qui se passe dans mon intimité. J’ai l’impression qu’il fend mon être. Je tire sur mon téton, il est dur et gonflé. Rien ne l’arrête même pas la sonnerie de mon portable. Je veux m’enfuir pour le saisir mais il ne me laisse pas faire. Le métal sur mes fesses est froid. Et entre mes jambes j’ai un feu qui me consume. Il enfonce sa langue et je la sens bien à l’étroit. Les exercices de contraction du périnée que je passe mon temps à faire donnent de merveilleux résultats. Il me dévore et j’ai envie de crier. Il est tantôt violent tantôt doux. Il sait qu’il me donne du plaisir. Je pense que là, il est bien décidé à me faire jouir. Il a accéléré le rythme. J’ondule autour de cette langue oh combien experte. Je serre les jambes, le plaisir monte. Je pousse des petits gémissements et les petits bruits qu’il fait ne font que m’exciter. Il me tient fermement et me voici qui jouit. Sa langue est toujours en moi. Il continue de lécher pendant que moi, je reviens à moi. Je me calme. Je respire profondément. Il sort sa tête de ma fournaise et se lève en libérant le tissu de mon string. Il libère aussi ma robe prisonnière des cordes de mon sous-vêtement et tire dessus pour m’aider à l’arranger. Je remets mon sein en place et d’un index, j’essuie les traces blanchâtres qu’il a autour de la bouche avant de l’enfoncer doucement dans ma bouche.

Frank remet l’ascenseur en marche et c’est tout. Il descend le premier. Je peux maintenant regarder mon téléphone.

 

Alex***

En sortant du bois, je suis tombée sur Raphaël. Il était seul. Moi qui pensais qu’avec Liz ils étaient comme cul et string je me suis bien trompée. Voyant dans quel état j’étais, il me proposa de discuter un peu. Mon orgueil me commandait de refuser mais c’était pour moi l’occasion de lui poser certaines questions qui étaient restée en suspens dans mon esprit. Nous nous étions installés comme beaucoup de coureurs près de l’étang. Je ne parlais pas, je le regardais juste. Après tout, c’était à lui de donner le ton à cette conversation.

Raphaël (allongé sur l’herbe) : Alors, il est où Max ?

Pourquoi faut-il qu’il me parle de cet homme adultère ?

Moi (les bras autour de mes genoux pliés) : Je pourrai te poser la même question. Elle est où Liz ?

Il sourit.

Raphaël : Elle est allée voir sa mère et sa grand-mère. Elles vivent dans les parages.

Moi (méchamment) : Comme c’est charmant, la jolie petite famille.

Il ne dit rien et je me sens tout de suite coupable.

Moi : Je suis désolée. Je ne devrais pas dire ce genre de choses.

Raphaël (en relevant son buste pour s’asseoir) : J’ai bien vu les regards que tu lui lances. Tu ne dois pas beaucoup l’apprécier.

C’est le comble. Il pense vraiment que je devrais apprécier cette femme ?

Raphaël : Tu dois te dire que tout ce qui est arrivé est de sa faute n’est-ce pas ?

Moi (en le regardant droit dans les yeux) : C’est quand même un peu vrai je pense.

Raphaël (le regard perdu sur le lac) : Ce n’est pas du tout vrai.

Il était si amoureux ?

Raphaël (se tournant vers moi) : Tu sais, j’ai rencontré Liz plus d’une année avant que je ne te quitte. Et même si tout me condamne à une réputation de salaud, je tiens à te dire qu’avant de te quitter, je n’avais rien fait avec elle.

Moi : Quelle consolation.

Raphaël : Tu vois, tu ne cherches pas à comprendre. Tu juges simplement et comme tu l’entends.

Moi : Tu penses que je devrais comprendre quoi ? Que pendant un an tu m’as menti en aimant une autre ?

Raphaël : Si ça a pris un an c’est que je ne l’ai pas fait sur un coup de tête. C’est ce que tu devrais comprendre. Crois-moi, il en faut des raisons pour renoncer à trois ans d’une vie.

Moi : Tu aurais des raisons. Vas-y un peu !

Raphaël : Tu veux vraiment savoir ?

Je ne répondais rien. Il s’inquiétait pour moi à présent ? Il m’avait déjà brisé le cœur que pouvait-il me faire de pire ?

Raphaël : Tu es belle et tu as une excellente carrière. Pour toi, tout a un prix. Quand j’ai rencontré Liz, j’ai appris que les choses les plus importantes n’ont pas de valeur. Oui, regarde un peu à combien estimes-tu ton amitié avec Charlotte ? A combien estimes-tu l’amour que tu as pour ton travail ? Alex, tu vis dans une petite bulle trop parfaite où tout est négociable. Si je te dis là maintenant que j’ai faim, tu me proposeras vite un restaurant. Attention, je ne dis pas que tout ceci est mal mais juste que souvent, les gens ont besoin de simplicité.

Moi : Et c’est ce que tu retrouves chez elle ?

Raphaël : Oui. Liz est quelqu’un de simple. Elle se décarcasse pour moi. Peu importe l’heure à laquelle mon avion atterri, elle a toujours un petit plat qui m’attend.

Moi : Je vais commencer à penser que tout ça est une question de bouffe.

Raphaël : Si je t’avais demandé qu’on fasse un enfant, qu’aurais-tu répondu ?

Il m’avait prise au dépourvu. Un enfant ? Il n’en n’était pas question pour le moment. J’aurai surement refusé. J’aimais bien trop notre vie comme elle était et je n’avais aucune envie de finir comme Margot.

Raphaël : Tu vois, je te l’avais dit, à un moment, nous ne recherchions plus les mêmes choses.

Love Surprise