Chapitre 9: Maudite
Ecrit par Lalie308
La mystérieuse nelcalienne s'appelait Célesta. Axa ne se posa aucune question quant au lieu où elle se trouvait. Elle le savait pertinemment et se sentait à la fois heureuse d'avoir enfin franchi l'étape tant attendue et anxieuse quant à la suite, elle était enfin à l'extérieur, libre. Elle scruta la femme en face d'elle, affichant un air impassible. Elle passa la langue sur ses lèvres sèches, ressentant encore la douleur de ses blessures. Elle se demandait ce qu'il en était de Cody puisqu'elle avait des souvenirs très vagues de ce qui s'était passé. Elle savait qu'elle lui avait encore fait du mal et s'en voulait. Elle s'en voulait uniquement pour lui, les autres d'après elle, ne méritaient pas sa culpabilité. Juste pour jouer les curieuses, elle se permit de poser une question :
— Où suis-je ?
— Là où tu aurais toujours dû être, chez toi, le village des nelcaliens, répondit Célesta en s'avançant.
— Est-ce vous qui m'avez conduite ici ?
— Oui glami. Je sais que tu as beaucoup de questions, mais suis moi. Je t'en apprendrai plus sur qui tu es.
Elle était avec les nelcaliens, l'endroit qu'elle était supposée trouver lorsqu'elle le voudrait, l'endroit plein de mystères. La vraie planète Nelca, avec ses vrais habitants. Célesta lui tendit sa main. Elle l'observa puis la prit. Elles marchèrent ensuite vers l'extérieur de la pièce. La lumière du soleil rendait l'atmosphère magique, le vent soufflait délicatement et les cheveux à présent normaux —de couleur banc-noir— d'Axa se laissaient bercer par monsieur vent. Dès que leurs pieds touchèrent l'extérieur, Axa eut la confirmation que c'était un tout autre monde, différent de la tristesse entourant la cité.
L'endroit était juste beau. Le sol était fleuri abondamment et de doux parfums planaient dans l'air. Des nelcaliens jonchaient les lieux. Ils se souriaient, discutaient sans crainte, sans mauvaises pensées. Plusieurs habitations, toutes plus originales les unes que les autres se tenaient sur les lieux. Elles étaient toutes faites de plantes et planaient au-dessus du sol, soutenues par des nuages. Les nelcaliens lui souriaient chaleureusement chaque fois qu'elle passait près d'eux.
— Hala, glami, (Salut, déesse)la saluaient-ils.
Pour une fois, elle se sentit acceptée et respectée. Elle leur rendait leurs sourires, faisant abstraction de sa douleur qui se dissipait et de sa peau entaillée. Les nelcaliens étaient d'une beauté sans pareil, leur peau blanche et brillante, leurs yeux verts et leurs cheveux blancs étaient d'un véritable éclat. Le son de leur rire était adoucissant, leur sourire relaxant. Les femmes à la beauté d'Ishtar étaient vêtues de robes blanches généralement courtes et légères et leurs cheveux étaient soit retenus, soit relâchés sur leurs épaules. Les hommes à la beauté d'Apollon étaient vêtus de longs pantalons blancs, certains portaient des gilets blancs sur lesquelles étaient brodées des fleurs, d'autres étaient torses nus et se livraient à des tâches physiques et d'autres encore portaient de longues chemises semblables aux gilets. Le paradis, pensa Axa. Elles arrivèrent enfin à leur destination. Célesta, à l'opposé des autres, portait une couronne de fleurs et de perles. Elles se tenaient près d'une boule nuageuse géante.
— Intrata(Ouverture), articula Célesta.
Une ouverture se fendit dans la boule, Célesta invita Axa à y entrer :
— Après toi.
Axa, très curieuse n'hésita pas et s'y hissa, suivie par son binôme. L'intérieur était tout aussi blanc que l'extérieur. La boule s'ouvrit et se transforma en un plateau circulaire qui s'élevait, soutenu par une barre semblable à un tronc d'arbre. Le plateau s'arrêta à une hauteur considérable du sol, leur offrant une vue panoramique du paysage qu'Axa ne pouvait s'empêcher d'admirer. Les nelcaliens très grands de taille paraissaient de là-haut minuscules.
— Wow, s'émerveilla Axa.
Célesta tendit ses mains vers l'avant et les éleva. Une rambarde apparut autour d'elles. Axa n'avait jamais vu d'oiseau ni d'animal de sa vie. De là, elle voyait des centaines d'oiseaux de toutes couleurs, volant et chantonnant.
— Tu aimes les Jil ? demanda Célesta face à son expression admirative.
— Jil ? répéta Axa.
Célesta lui sourit doucement.
— Oui, répliqua-t-elle en pointant les oiseaux.
Axa hocha positivement la tête en souriant. Lors de leurs cours à la cité, ils avaient parlé des oiseaux de la Terre.
— Tends ta main, lui intima Célesta.
Axa observa son interlocutrice en fronçant les sourcils, mais s'exécuta.
— Ouvre-la, ordonna gentiment Célesta.
Elle s'exécuta. Quelques secondes après, un Jil se posa sur sa paume. Il se prosterna même, amplifiant l'émerveillement d'Axa.
— Ils te respectent parce qu'ils savent qui tu es, précisa Célesta.
— Qui suis-je ? interrogea Luz.
Le Jil s'envola. Axa tout sourire, se retourna vers Célesta.
— Je te l'ai dit, tu es une déesse. Notre déesse, répondit solennellement Célesta.
— C... Comment ? bégaya Axa.
— Tu n'es pas qu'humaine, mais aussi nelcalienne, affirma Célesta.
Bien qu'elle y ait déjà songé, cette possibilité laissait Axa septique, elle fronça les sourcils. Elle savait que c'était logique. Son teint était très proche de celui blanc des nelcaliens malgré que sa mère ait une peau noire. Cela était peut-être dû à l'extrême blancheur de la peau des nelcaliens. Mais elle se demandait comment elle pouvait provenir de deux races différentes.
— Ton père était le roi, le dieu. Notre souverain. Il s'est battu pour des générations et générations de nelcaliens, ajouta Célesta.
Ce portrait lui rappelait Hongust.
— Je t'expliquerai bientôt. D'abord, laisse-moi te présenter officiellement à ton peuple.
Célesta poussa un long cri, très aigu. Axa comprit aussitôt l'origine de son cri spécial. Les minutes suivantes, tout le peuple se rassemblait autour d'elles.
— Mata, mata. U tempu hè bonu.(Peuple, peuple. L'heure est bonne( Notre déesse est là, cria Célesta.
Le peuple se mit à hurler d'allégresse, de joie. Axa ne comprit pas pourquoi autant de joie.
— Mata, eccu a nostra glami,(Peuple, voici notre déesse) ajouta-t-elle.
De nouveaux cris s'en suivirent. Puis ils se mirent à chanter en harmonie. Leurs chants étaient identiques à ceux des anges. Les notes se suivaient et envoûtaient de plus belle. Axa avait chaud au cœur et était heureuse malgré son interrogation sur leur admiration à son égard. L'instant était magnifique. « Oh Oh oh oh oh.... Abbrazzu glami, abbrazzu glami », chantèrent-ils à l'unisson.
— Veux-tu leur parler ?
Axa rougit légèrement, gênée. Elle n'était pas habituée à autant de bonne attention.
— Hum, bredouilla-t-elle timidement en regardant Célesta.
— Ne sois pas timide. Aller, l'encouragea-t-elle.
Elle ne savait même pas quoi dire, mais se tourna vers eux.
— Je... Euh... Hala, bafouilla-t-elle en balançant sa main et souriant nerveusement.
Mais aucun ne la regarda de travers, aucun ne la prit comme une étrangère. Ils souriaient toujours et encore. À force d'être rejetée par ceux qui ne la méritaient pas, elle ne s'habituait pas à l'amour de ceux qui la méritaient.
— Glami, site per aiutà à distruisce l'omu?(Déesse, vas-tu nous aider à détruire les humains?) cria un nelcalien.
Tous se tournèrent vers elle, attendant sa réponse. Elle était gênée, se triturant nerveusement les doigts.
— Quoi ? s'étonna-t-elle.
Elle ne comprenait pas bien cette haine envers les humains, elle était humaine. Malgré leur comportement à la cité, elle savait que certains étaient bons, comme Cody. Célesta ayant remarqué sa gêne dispersa l'assemblée pour se retrouver avec Axa.
— Pourquoi nous détestez-vous autant ? demanda Axa, confuse.
— Pas toi, mais les humains normaux. Ils ont détruit notre peuple.
— Comment ? insista-t-elle.
Célesta s'assit tout simplement sur le sol et invita Axa à la rejoindre. Elle s'assit en face d'elle et lui tendit ses bras. Elle s'en saisit.
— Je vais te montrer toute la vérité, ferme les yeux, déclara Célesta.
Elle allait enfin tout savoir, se dit-elle. Les dix-huit années de secret allaient enfin être rompues. Pourtant, comme pour empêcher ce moment, les bourdonnements reprirent aux oreilles d'Axa, elle se leva subitement et se mit encore à hurler. Cette fois était très intense et douloureuse.
— Elle te ment, persifla la voix maléfique de la dernière fois. Viens à moi. Uniquement à moi et tu sauras.
Le plateau redescendit et le nelcalien qu'avait croisé Axa dans la forêt accourut vers elles.
— Célesta, aide-moi, supplia Axa.
— Glami, paniqua Célesta.
— Aiutà(Aide moi), déclara Célesta à l'endroit du nelcalien qui ne semblait pas paniqué.
Il immobilisa Axa qui se débattait incessamment. L'expression faciale du nelcalien s'obscurcit, comme s'il venait d'avoir un choc. Tous les autres nelcaliens semblaient inquiets.
— C'est elle, affirma-t-il, l'air choqué.
Célesta qui semblait avoir compris fronça les sourcils puis porta sa main à sa bouche.
— Non. Comment est-ce possible ?
Elle se mit à reculer, estomaquée et choquée. Elle ferma sa main puis la rouvrit, il y apparut un bracelet. Elle le lança au nelcalien qui le plaça au poignet d'Axa. Son poignet se tordit sur la gauche puis la droite alors qu'elle se débattait de plus en plus. Son poignet revint finalement à sa place puis elle se calma. Ils la reconduisirent dans la chambre et la firent allonger. Elle avait les yeux fermés. Célesta se rapprocha d'elle et passa sa main au-dessus des plaies qui cicatrisaient trop lentement. Elle se redressa ensuite, croisa les bras et se contenta de regarder Axa. Le nelcalien se rapprocha d'elle et plaça sa main sur son épaule.
— Je n'arrive pas à croire qu'elle y soit parvenue, geint Célesta, la voix tremblante.
Elle se détacha du nelcalien et serra les dents.
— Malidizioni(Malédiction), pas ma petite Luz. Non, continua-t-elle, une larme se promenant sur sa joue.
Elle semblait à présent dévastée alors qu'elle s'en doutait bien après ce qui c'était passé la veille, quand ils avaient recueilli Axa dans la forêt.
— Ne t'inquiète pas Célesta, on va lui expliquer et lui apprendre comment lutter et se débarrasser de ce démon, indiqua le nelcalien.
Démon était un mot trop moindre pour décrire la créature dont parlait le nelcalien. Axa semblait née pour souffrir. Elle n'avait pas choisi cette vie, mais cette vie l'avait choisie. Axa ouvrit péniblement les yeux. Cette série de douleurs l'épuisait de plus en plus et elle avait l'air faible. Elle se leva en grimaçant et s'assit sur le lit.
— Que s'est-il passé ? demanda-t-elle en tentant de se retrouver.
Son regard se posa sur le nelcalien puis sur Célesta et elle fronça les sourcils.
— Célesta, qu'as-tu ? insista-t-elle.
Célesta s'empressa de nettoyer la larme perlant sur sa joue.
— Rien Luz, rien.
— Non, ce n'est pas rien. Dis-moi. Je connais ce regard. Quelque cloche encore avec moi hein ? Parle-moi. S'il te plait.
Axa la suppliait parce qu'elle connaissait ce regard, ce regard de pitié. Elle se sentait anormalement vidée de son énergie et savait que Célesta n'était pas ignorante de la cause de son mal.
— Écoute, Luz... commença Célesta.
— Pourquoi m'appelles-tu Luz chaque fois ? remarqua Axa.
— Parce que c'est ton vrai nom. Les nelcaliens ne choisissent pas leur nom. Leur nom les choisis avant la naissance et seul le sang divin comme le tien peut connaître le nom de tous les nelcaliens.
Axa leva un sourcil.
— N... Nerdy ? tenta-t-elle avec le nelcalien.
— Exactement déesse, répondit ce dernier.
Encore une découverte pour Axa. Un léger mal de tête la fit revenir à leur vrai sujet. Elle affichait à présent un air triste.
— Écoute, tu dois vraiment lutter, lutter contre toi-même, continua Célesta.
— Pourquoi tu me dis ça ? s'intéressa Luz.
— Parce qu'il y a une créature, un être vraiment sombre qui te veut du mal.
Axa savait qu'elle ne lui disait qu'une partie de la réalité. Décidément les gens aimaient bien lui cacher des choses.
— C'est elle qui me fait ça ? interrogea Axa.
— Oui, répondit amèrement Célesta. Tu as beaucoup souffert à la cité, je le sais, mais plus tu es triste, plus elle a de l'emprise sur toi.
— Pourquoi mes blessures ne se cicatrisent-elles plus vite ?
— Je... Hum... On en parlera une autre fois, balbutia Célesta.
Axa souffla d'agacement.
— Non, maintenant, exigea-t-elle.
Célesta souffla longuement, reconnaissant ce caractère obstiné. Elle regarda Nerdy puis Axa.
— Elle te possède.
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Lalie