CHAPITRE 94: QUI JE SUIS.
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
***CHAPITRE 94 : QUI JE SUIS.***
(Je suis fatiguée oh, je vais corriger demain sinon je vais dormir encore comme hier avec votre suite)
**LESLIE OYAME**
Arsène : (Me regardant en silence)
Moi : (Soufflant) Je ne suis pas ce que tu crois que je suis et cette relation est basée sur le mensonge en grande partie. Comme je te l’avais dit, après la mort de ma grand-mère , mon grand père était venu me chercher au village pour m’emmener ici auprès de mes parents Colette et Landry Mbazogho que je n'avais vu jusque là qu’en photo. C’est à ma venue que j’ai également fait la connaissance de mes deux grands frères Ludovic et Léandre ainsi que mes deux petits frères Lauria et Loyd que tu connais déjà. Quand je suis arrivée ici, je ne parlais à personne et je restais dans mon coin pour pleurer ma grand-mère qui était partie et que maintenant je devais vivre avec des gens que je ne connaissais pas. Dès le départ avec mes parents et mes grands frères, il y avait une distance, ils se comportaient avec moi comme les gens du village qui avaient peur de moi et me fuyaient après le décès de Mema. Plusieurs mois après que je sois venue, j’avais remarqué que mes parents étaient bizarres, ils ne s’occupaient pas de nous comme des parents devaient le faire avec des enfants, comme mes grands parents le faisaient avec moi et cet attitude me poussait à les détester et les mépriser. C’est ainsi que j’ai pris Loyd et Lauria sous mon aile pour m’en occuper moi-même. À l’époque je faisais des jardins derrière la maison et c’était avec la récolte que l’on se nourrissait. Puis j’avais arrêté de le faire parce que j’avais perdu la motivation. Je m’étais donc tournée vers mes parents pour leur faire prendre leur responsabilité et c’était à coup de cris et d’injures que je réussissais à obtenir de l’argent de mon père pour manger, aller à l’école ou faire quoique que ce soit, sans ça, il dépensait tout dans l’alcool, la cigarette et les paris. Très tôt, je ne voulais pas être associée à ces gens et je n’avais qu’une seule hâte, c’était de grandir, trouver un homme riche qui allait me sortir de là et me barrer de cette vie que je considérais comme un enfer pour moi. C’est dans cet état que j’avais croisé Benjamin pour la première fois, on était dans le même quartier mais pas dans le même secteur. Il était près de la route dans une barrière, du côté des familles aisées. Lorsque je l’avais vu, j’étais tout de suite tombée sous son charme parce qu’il représentait tout ce que j’avais rêvé et que j’espérais recevoir d’un homme. Il était beau, il était attentionné, il avait une famille riche, il était en couple avec une grande du quartier et la traitait comme une princesse. C’était ce que je voulais. Alors j’avais fait des recherches sur lui et j’avais décidé de devenir amie avec sa petite sœur Kelly. J’avais tout fait pour le devenir et j’y étais arrivée. Kelly m’avait introduit dans leur famille et très vite j’avais été prise comme une des leurs. Mon objectif à moi était très clair, devenir la femme de Benjamin malgré le fait qu’il était en couple avec Joliane et qu’il me voyait comme sa petite sœur. Il avait gagné son bac et était parti en Europe puis l’année d’après , elle l’avait suivi. La troisième année ils étaient tous les deux revenus et s’étaient mariés avant de retourner en France. Ce jour j’avais pleuré et je m’étais dit que peut-être je m’étais trompée et j’avais décidé de poursuivre ma vie en laissant mon rêve de devenir sa femme de côté. Je ne m’étais pas éloignée de Kelly et j’avais décidé que nous resterions amies. C’était elle et moi contre le monde car beaucoup de gens lui disaient que j’étais sauvage, envieuse et que je faisais des coups dans son dos. Elle n’a jamais cru à ça et m’a toujours défendu bec et ongle contre toutes les personnes qui voulaient briser notre amitié. Quand j’ai eu 19 ans, Kelly était allée en vacances à l’étranger avec toute sa famille et Lauria était tombée malade. Je n’avais pas d’argent et mes parents encore moins, j’avais tourné pour trouver de quelque chose pour l’emmener à l’hôpital et c’est comme ça que j’avais cédé aux avances d’un homme qui me tournait autour depuis plus d’un an. C’était la toute première fois que j’avais des rapports sexuels et cet homme m’avait fait faire des choses horribles avant de me donner 50 milles pour l’emmener à l’hôpital .(Essuyant mes larmes) Malgré ce qu’il m’avait la première fois, j’étais retournée chez lui quand les ordonnances et les factures se multipliaient et à chaque fois il me couchait avant de me donner son argent. J’ai continué comme ça pendant un temps et quand j’ai eu marre de me faire traiter comme un objet sexuel, je l’ai zappé pour chercher quelqu’un d’autre et c’est ainsi que j’ai commencé à me promener entre les mains des hommes pour avoir de l’argent. Je ne l’ai jamais dit à Kelly parce qu’elle était contre ces choses et que j’avais une image que je m’étais faite dans sa famille. C’était la double vie que je menais dans le secret même si de temps en temps certaines personnes qui me croisaient entrant ou sortant des motels venaient le lui rapporter mais elle n’y croyait jamais. Puis quand j’ai eu 22 ans en classe de terminale, j’ai rencontré Princy, un jeune homme qui rentrait de Suisse où il avait fait ses études et qui voulait faire de moi sa petite amie. Il ne m’intéressait pas mais me donnait de l’argent alors nous avons commencé à sortir ensemble. À lui comme à tous les autres, j’avais dit que mon père était mort, que ma mère vivait en province et que c’était chez mon oncle que je vivais et ce dernier me maltraitait. J’avais rencontré Princy l’année que Benjamin avait perdu sa femme alors mon rêve de devenir sa femme que j’avais mis de côté était de nouveau d’actualité. J’avais tout fait pour réajuster le tire et ranger ma vie afin de lui être agréable. Deux ans après avoir commencé avec Princy que je gardais dans l’ombre, je l’avais convaincu de me louer un studio parce que la cohabitation avec mon soi disant oncle était devenu plus que pénible. Il l’avait fait et j’avais persuadé Kelly de venir s’installer à côté de moi vu qu’il y avait un studio jumeaux juste à côté dans la même barrière à la démocratie où j’habitais. Elle avait accepté et nous étions toutes les deux parties là-bas. C’était l’occasion pour moi de mieux me rapprocher de Benjamin qui sollicitait tout le temps Kelly pour l’aider avec ses trois enfants. J’ai continué ma relation avec Princy toujours dans l’ombre en le faisant passer aux yeux des gens qui le voyaient de temps en temps chez moi comme un simple ami. En quatre ans de relation que nous avons fait en tout, il n’a connu que Kelly comme étant mon seul parent et personne d’autre. J’ai poursuivi mes études jusqu’en licence avant d’arrêter et chercher du travail que j’ai eu par un monsieur avec qui j’avais couché pour cela. Comme j’ai eu une source de revenus assez stable, j’ai voulu me libérer de Princy en le traitant de plus en plus mal mais malgré cela, il s’accrochait et voulait toujours me présenter à sa famille pour faire de moi sa femme. Pendant cette période, j’ai eu un retard de lui que j’ai enlevé sans qu’il ne le sache car je ne voulais aucun obstacle à ma relation que je tentais d’avoir avec Benjamin de qui j’étais devenue très proche. Benjamin m’avait proposé de l’accompagner à une soirée très importante pour lui. C’était une soirée organisée par le Coge et il m’avait dit qu’il ne voulait pas y aller avec n’importe qui. En entendant cela, j’avais pensé que j’avais atteint mon but et que mon rêve devenait une réalité, j’allais enfin devenir sa femme comme je l’avais toujours espéré. J’avais accepté de l’accompagner et nous nous étions présentés comme un jeune couple. Tout allait bien et je maîtrisais les choses jusqu’à l’apparition de Linda. Elle faisait partie des invités de cette soirée et avait apparemment une position stratégique. C’était la toute première fois que nous la rencontrions et par un concours de circonstances que personne n’avait compris, elle était devenue la petite amie de Benjamin et tout le monde la vénérait presque dans notre entourage. J’avais été prise d’une rage folle à son endroit et j’ai essayé par tous les moyens de la saboter auprès de la famille de Benjamin et celle de Joliane sa défunte femme. Seulement rien ne marchait et tout le monde l’appréciait. C’est ainsi que petit à petit ma colère à son égard s’est étendue sur toutes les personnes qui l'appréciaient en commençant par Jennifer que j’avais également eu l’occasion de rencontrer jusqu’à Kelly. Je détestais tout et tout le monde. J’étais tellement amère que ma liaison avec Princy a pris fin, avec mes petits frères qui étaient sous ma charge financière aussi, c’était en dent de scie, mes parents que je ne supportais pas et qui vivaient à mes crochets me sortaient par tous les pores et Kelly qui n’arrêtait pas de me vanter les mérites de Linda m’irritait de plus en plus. Il y avait des jours où j’essayais de faire bonne figure et il y a d’autres où il m’était impossible de faire semblant et nous avons commencé à nous disputer de plus en plus toutes les deux au point de faire des semaines sans se parler. J’étais allée voir une amie que j’avais à l’époque qui faisait dans l’occultisme pas avoir des hommes et elle m’avait emmené chez son nganga pour qu’il m’aide à séparer Linda de Benjamin. Pour cela il m’avait demandé de lui apporter des sous vêtements des deux et tout mon argent que j’avais comme économie, je l’avais fait. Malheureusement, la séance s’était très mal passée et il y avait eu un déchaînement d’esprits qui avaient saccagé le temple et frappé le nganga et ses apprentis. J’avais eu la chance de ne rien avoir comme châtiment et je m’étais enfuie. Un des jeunes qui travaillait avec le monsieur m’avait rattrapé à la route et m’avait dit de laisser tomber cette histoire parce que Linda et Benjamin étaient des intouchables, tout ce que je ferais, allait se retourner contre moi et je devais abonner l’idée d’être avec Benjamin parce que cet homme n’était pas pour moi. Je n’étais pas d’accord et j’avais cherché trois autres qui pourraient m’aider. Les deux premiers n’avaient pas voulu me recevoir et m’avaient chassé de leur temple pendant que le troisième m’avait clairement montré dans une bassine ce qui devait m’arriver si je persistais, je devais devenir folle et marcher toute nue dans les rues. J’avais alors arrêté de partir chez ces gens et j’avais cherché un autre moyen de les séparer. J’avais trouvé cette occasion à l’anniversaire du dernier de Benjamin que Linda avait décidé d’organiser pendant qu’il était en voyage d’affaires. Durant la fête qui se déroulait à l’arrière de la maison, j’étais allée au salon en colère et j’avais sans le faire exprès casser un cadre photo de l’ancienne femme de Benjamin qui était encore là et que Benjamin adulait à cette époque. La surprise passée, j’ai eu l’idée de casser tous les cadres pour faire accuser Linda qui venait de redécorer la maison. Je pensais ainsi créer une petite dispute entre eux pour gagner du temps mais la chose avait pris des proportions telles que Linda avait fini à l’hôpital suite à un accident qu’elle avait eu sur la route après une dispute avec Benjamin. Elle était enceinte et avait perdu le bébé. La relation avait pris fin et Benjamin de qui on avait eu la confirmation qu’il était instable sur le plan émotionnel était allé se faire soigner pendant trois mois. À son retour, il nous avait réuni pour s’excuser auprès de nous pour son attitude, nous avait expliqué les tenants et aboutissants de sa relation avec Linda et nous avait dit qu’il avait l’intention de partir demander pardon auprès des parents de celle-ci pour la récupérer. Je n’avais pas compris ce revirement de situation et une fois de plus, tout ce que j’avais fait n’avait servi à rien. Puis il y a eu votre excursion à la pointe Denis suivi du mariage de Jennifer durant lequel il lui avait fait sa demande et elle avait accepté.
Je me suis arrêtée pour essayer de reprendre le contrôle de ma voix qui était totalement enrouée et plus très claire. Je me suis également mouchée pour mieux reprendre ma respiration.
Moi : (Reniflant) Dans la foulée, Lauria m’avait appris qu’elle était enceinte. Je m’étais rendue à la maison et c’était sur elle que j’avais déchargé toute ma colère avant de lui balancer de l’argent au visage pour qu’elle aille me retirer ça parce qu’il était hors de question qu’elle me donne une charge supplémentaire. J’étais partie de là-bas après m’être une fois de plus disputé avec mes parents qui eux l’encourageaient dans ce que je pensais être une bêtise qui devait gâcher sa vie et l’empêcher de poursuivre ses études. Une semaine plus tard et c’était le jour qu’on s’était vu à la démocratie la première fois, Kelly m’avait appelé et m’avait demandé de la rejoindre chez Benjamin. Quand j’étais partie là-bas, je les avais tous trouvés sur place et ils me regardaient étrangement. Après m’avoir fait asseoir, ils s’étaient mis à me questionner sur certains actes que j’avais posé qui avaient causé des problèmes en Linda et Benjamin, des choses que normalement ils n’étaient pas censés savoir. Comme ils n’avaient aucune preuve, j’avais réfuté toutes leurs accusations en inventant des mensonges jusqu’à ce qu’ils me montrent les images de l’anniversaire de Raphaël dans lesquelles on me voyait casser les cadres de photos. Acculée par toute cette pression, j’avais craqué et une dispute avait éclaté mettant en lumière mes faits et mes intentions à l’égard de Benjamin. En partant de là-bas après avoir été chassée, j’étais rentrée chez moi, j’avais bu et je m’étais endormie. Le lendemain j’avais constaté que toute la famille m’avait bloquée et Kelly qui était passée chez elle avec Karl avait pris quelques affaires pour partir chez lui. C’était ma dernière fois de partir chez les NGUEMA et de leur adresser la parole. (Essuyant à nouveau mes larmes) Dans l’après midi je m’étais rendue chez mes parents parce que la veille Lauria m’avait écrit pour me dire que le père de son enfant ne voulait pas qu’elle l’enlève et venait se présenter à la maison avec sa famille pour prendre ses responsabilités. En arrivant sur place, j’avais eu la surprise de voir que le gars en question n’était autre que Princy avec qui j’étais sortie pendant quatre ans. Il ne connaissait aucun membre de ma famille et comme tu as bien pu le constater, Lauria et moi on ne se ressemble pas sur le plan physique. Je m’étais énervée et j’avais essayé d’empêcher cette cérémonie en disant à tout le monde que Princy était mon copain que Lauria avait volé. Il avait démenti l’histoire en racontant ce qui s’était réellement passé et ce que j’avais dit sur mes parents. Choqués, mon père avait essayé de me mettre à la porte mais je ne m’étais pas laissée faire et lui avait manqué de respect en l’insultant devant les gens. Après m’avoir giflé et jeté dehors pour la première fois, il m’avait renié en me disant que je ne faisais plus partie de cette famille et que nous pouvions mutuellement nous considérer comme mort l’un pour l’autre. Je suis partie de là et j’ai attendu Princy à la route pour lui dire qu’il ne pouvait pas être avec ma sœur vu qu’on était ensemble, je me suis disputée avec lui et ses parents puis ils sont partis. J’ai voulu m’en prendre à Lauria mais Léandre et Loyd se sont opposés en la faisant fuir pour se cacher à la maison. Frustrée et en colère, j’étais allée toute seule au Paris pour me saouler, tu étais venu nous avions passé la nuit ensemble avant que je ne parte du motel pour chez moi. (Essuyant mes larmes) J’étais tombée malade pendant deux jours avant de reprendre ma vie. J’ai continué à essayer d’empêcher la relation de Lauria et Princy mais je n’ai pas pu. Puis un matin, je me suis évanouie au travail pour me réveiller à l’hôpital où on m’avait appris que j’étais enceinte de 7 mois et que c’était des jumeaux. J’avais essayé de me faire avorter mais tout le monde avait refusé de prendre ce risque. Quand mon ventre était sorti et les malaises avec , mon chef avait menacé de me chasser et que si je voulais conserver mon poste, je devais coucher avec lui. Comme j’avais refusé, il m’avait licencié. Je n’avais plus aucune source de revenus parce que comme je te l’avais dit, les jumeaux avaient tué ma libido pour m’empêcher de coucher avec les hommes et sans travail, je ne pouvais plus rester à la démocratie, le loyer était trop élevé. J’ai essayé de retourner chez mes parents mais j’ai été chassée une fois de plus par eux et c’est ainsi que j’ai trouvé l’annonce de la maison d’Atsimi-Tsoss où j’ai vécu les 7 dernières années avec les jumeaux dans la colère, la honte, l’aigreur , la frustration et la solitude jusqu’à ce que je te revois ce jour au Tropicana. Le reste, tu connais. Voici qui je suis et ce que j’ai fait avant de te rencontrer.
J’ai fermé les yeux en pleurant en silence pendant un moment avant de les ouvrir et les poser sur lui pour la première fois depuis que j’avais commencé à parler. Il me fixait avec un visage sans expression en silence. Puis il s’est levé et est sorti de la salle sans rien dire. J’ai éclaté en sanglots après son départ et je l’ai attendu pendant plusieurs heures. Il n’est pas revenu et a dormi hors de la chambre. Je ne savais pas s’il était toujours à la clinique où s’il était rentré chez lui. Je me suis endormie avec les maux de têtes et la fatigue autour de 4h du matin.
Ce matin je me suis levée avec les migraines et les yeux bien rouges. Les infirmières qui se sont occupées de moi et même le médecin m’ont demandé si j’allais bien et je leur ai dit oui. C’est à contre cœur que j’ai mangé ce qu’il y avait comme nourriture au menu du jour. Dans l’après midi ses parents sont passés tous les deux me voir et j’avais un peu peur car je ne savais s’il leur avait dit quelque chose ou non. J’ai guetté leur réaction mais il n’y avait rien d’anormal dans leur gestes ou propos. Ils se comportaient avec la même bienveillance qu’ils ont toujours manifesté à mon égard. J’ai alors conclu qu’il ne leur avait rien dit, du moins pas pour le moment. Je n’ai pas arrêté de me demander ce qu’il adviendrait de notre relation. Est-ce que c’était la fin ? Est-ce qu’il voudrait faire une pause pour réfléchir ? Je ne savais rien, il ne m’avait rien dit et était simplement parti sans me donner des nouvelles. Je suis restée ainsi sans rien savoir jusqu’à ce qu’il se pointe autour de 22h devant la porte de la chambre et me fixe sans parler.
Moi : (Hésitante) Bon, bonsoir.
Arsène : (Me fixant, silence)
Nous sommes restés en train de nous regarder en silence pendant plusieurs minutes.
Arsène : (Visage neutre) Je peux te poser une question ?
Moi : Oui.
Arsène : Depuis que nous sommes ensemble, es-tu retournée chez les ngangas pour me faire quelque chose ?
Moi : (Essuyant une larme qui venait de couler) Non, je n’ai jamais mis les pieds là-bas.
Arsène : Tu as fait des coups en douce pour m’avoir ?
Moi : Non.
Arsène : As-tu couché avec quelqu’un d’autre ?
Moi : Non.
Arsène : Même pas pour avoir une faveur ?
Moi : Je te jure que non, tu es le seul homme avec qui j’ai couché depuis cette première fois au motel. Je te jure que je n’ai plus rien fait avec qui que ce soit sur la vie de nos enfants, tu es le seul.
Arsène : Tu es toujours amoureuse de Benjamin ?
Moi : Non.
Arsène : Pourquoi ? Ce n’est pas l’homme de ta vie ? Tu étais prête à tout faire pour être avec lui non ? Alors qu’est ce qui a changé ?
Moi : Ce qui a changé c’est toi Arsène, c’est toi qui m’a fait comprendre que ce que je ressentais pour lui n’était pas de l’amour. Mais plutôt un sentiment destructeur qui me tuait à petit feu et me poussait à faire du mal aux autres. Ça n’a jamais été de l’amour parce que la seule personne que j’ai aimé et que j’aime c’est toi.
Arsène : (Arquant un sourcil) Ah oui ?
Moi : Oui.
Arsène : Et comment le sais tu ? Vu que toute ta vie tu étais persuadée de l’aimer. Ou est-ce parce que je te donne ce que tu as toujours voulu avoir de la part d’un homme que tu crois m’aimer. En quoi l’amour que tu dis avoir pour moi est il différent de ce que tu éprouvais ou continues d’éprouver pour lui ?
Moi : C’est différent parce qu’avec toi je n’ai jamais eu besoin de me cacher ou d’être celle que je ne suis pas pour me faire apprécier de toi. Ce que j’éprouvais pour Benjamin m’obligeait à endosser un rôle, à mentir, à tricher, à en vouloir, à haïr et même souhaiter la mort des autres. Je m’étais plongée dans une illusion qui me poussait à vivre dans l’hypocrisie et les coups bas. Voici ce que me poussait à faire l’amour que je pensais avoir pour lui. La vérité c’est que tout ce que je cherchais auprès de lui c’était le confort que pouvait me procurer sa présence et c’était ce sur quoi était basé l’amour que je pensais avoir pour Benjamin. Ça ce n’était pas de l’amour et ça n’a strictement rien à voir avec ce que j’éprouve pour toi Arsène. (Essuyant mes larmes) Lorsque l’on s’est rencontré, tu as tout de suite vu qui j’étais , une femme agressive, colérique, injurieuse, impulsive et sauvage, ce que j’ai été durant toute mon enfance et mon adolescence et que j’ai essayé de masquer en me rapprochant de Benjamin. Avec toi, il n’était pas question de faire semblant. En dehors du fait que tu t’occupes de tes enfants, je n’attendais rien de toi et ne voulais rien de toi non plus. Je me suis retrouvée à t’aimer sans que je ne le veuille et sans avoir prémédité quoique ce soit. Est-ce que le fait que tu aies de l’argent et que tu m’en donnes soit à l’origine de ça ? Non. J’aime l’argent et je ne me suis jamais cachée de ça auprès de toi mais ce n’est pas ça qui m’a poussé vers toi. Je me suis retrouvée à t'aimer parce que tu étais toi Archy, et pas pour ce que tu avais ou que tu me donnais. Jusqu’à ce que je te rencontre, seule ma grand-mère occupait la place que tu occupes actuellement dans ma vie, il n’y a que toi qui a pu atteindre ce niveau. Et c’est parce que je t’aime que je te dis qui je suis réellement sans avoir à cacher quoique ce soit.
Arsène : (Après un moment) Je vois. Y a-t-il d’autres choses que je dois savoir sur toi ? Un enfant que tu aurais fait et abandonner quelque part ?
Moi : En dehors du fait que Lucrèce ne soit pas ma nièce et que Denise et moi nous n’ayons aucun lien de parenté, tu sais tout.
Arsène : Ok.
Il s’est avancé et s’est allongé sur le canapé en me tournant le dos. Après plus d’une heure à le regarder, j’ai fini par m’en dormir avec la même incertitude que la veille sur l’issue de cette relation…
*UN JOUR PLUS TÔT.*
**ARSÈNE MFOULA**
Leslie vient de finir de me raconter toute sa vie, je suis tellement sonné que je décide de me lever et de sortir sans rien lui dire. Je suis parti de la clinique sans destination fixe pour venir m’arrêter devant le portail de Paul. Je suis resté là pendant quelques minutes avant de me décider à aller cogner à son portail. Le gardien m’a laissé passer et je suis allé frapper à sa porte. C’est lui qui a ouvert en étant surpris de me voir là. Il est près de minuit et il est même déjà en tenue de nuit.
Moi : (Brisant le silence) Bonsoir.
Paul : Bonsoir ( Se mettant sur le côté) Entre.
Ce que j’ai fait en allant m’asseoir dans son salon.
Paul : Tu veux un verre ?
Moi : Oui stp.
Il a servi deux verres et il est venu me rejoindre. Il m’a tendu le mien et je l’ai remercié après l’avoir pris de ses mains. Il s’est assis à mes côtés et nous avons commencé à boire en silence.
Moi : (Après un moment) Nous avons tous les deux le sang de l’iguane n’est-ce pas ?
Paul : Oui, depuis le jour que nous avions décidé de le mélanger avec celui d’Abess, il nous a contaminé sa mal chance.
Nous avons esquissé tous les deux un faible sourire en écoutant ses propos avant qu’il ne reprenne la parole.
Paul : Elle t’a dit la vérité ?
Moi : Oui, elle vient de le faire. Tu le savais ?
Paul : Je savais ses antécédents avec les NGUEMA vu que Jennifer me racontait ça à l’époque. Seulement j’avais oublié qu’il s’agissait d’elle car je ne l’avais vu qu’une fois après la soutenance de Kelly. Je n’avais pas retenu son visage ni son identité.
Moi : C’était pour ça que tu avais dit que tu avais l’impression de l’avoir déjà vu quand je t’avais montré ses photos ?
Paul : Oui.
Moi : Je vois.
Paul : Comment tu te sens ?
Moi : Mal, très mal et
Jennifer : (Apparaissant) EBOUMA c’était qui à la
Elle s’est interrompue en me voyant et a voulu faire demi-tour tour mais je l’ai arrêté.
Moi : Reviens Jo, il faut qu’on parle. Bonsoir.
Jennifer : (Venant nous rejoindre) Bonsoir.
Moi : Je suis au courant des problèmes des NGUEMA et Leslie. Bien que je sache tes raisons de lui en vouloir, je ne te cache pas que jusqu’à présent je ne digère pas ta réaction ce jour. Bien qu’étant surprise, j’aurais voulu que tu me prennes à part pour me le dire que ce soit pendant ou après la fête peu importe mais que tu ne le fasses pas de cette façon. Il s’agissait de la mère de mes enfants et la femme que j’aime. Ce fut un véritable manque de respect et une humiliation pour elle, pour moi, pour ma famille présente et mes enfants. J’ai perdu deux enfants dans le tas et presque perdu leur mère. Je suis bien conscient que ce n’était pas ton dessein mais bon voici ce qui s’est passé.
Jennifer : (Essuyant ses larmes) Je suis désolée.
Moi : Je sais comme nous tous ici. À l’avenir j’aimerais que tu viennes me voir en privé si tu as des choses à me dire sur un de mes proches.
Jennifer : D’accord.
Moi : Je vous présente également mes excuses pour ce que j’ai eu à vous dire à l’hôpital la dernière fois.
Eux : D’accord.
Moi : Je crois qu’il faudra également une assise avec les autres et les enfants mais pour l’instant ce ne sera pas possible.
Paul : Bien sûr. Comment va-t-elle ?
Moi : Elle en a encore pour un bon mois à l’hôpital puis quelques mois sur un fauteuil roulant avant de pouvoir totalement se remettre. Mais sinon ça va, elle tient le coup.
Paul : Tu m’autorises à lui rendre visite ?
Moi : Oui. Mais laisse moi te faire signe histoire de ne pas avoir une dispute avec Reine ou maman là-bas si jamais vous vous croisez.
Paul : D’accord . (Après un moment) Tu passes la nuit ici ou tu vas rentrer?
Moi : Si ça ne vous dérange pas, je veux bien rester ici.
Jennifer : (Se levant) Je t’apprête une chambre.
Moi : Merci.
Elle est partie et nous a laissés tous les deux. Je suis sorti pour faire rentrer mon véhicule dans la barrière puis nous sommes allés nous coucher. J’ai tourné dans le lit toute la nuit sans trouver le sommeil. Je me suis levé à l’aube et j’ai pris un bain avant d’attendre que le jour se lève bien pour aller me changer et me rendre au boulot. Paul m’a rejoint dans la chambre avant que je ne parte
Paul : Bonjour.
Moi : Bonjour.
Paul : Tu as pu dormir ?
Moi : Non. Je n’ai pas arrêté de réfléchir à toute cette histoire.
Paul : Tu sais ce que tu comptes faire ?
Moi : Toujours pas. (Après un moment de silence) Et tu sais le plus drôle dans ça ?
Paul : Dis moi.
Moi : C’est que je n’arrive pas à entrevoir ma vie sans elle, je l’aime comme un malade.
Paul : Quoiqu’elle ait pu faire, ça reste du passé et concrètement cela n’a rien à voir avec toi ni avec ce que vous avez construit tous les deux. Elle a fait ce qu’elle a fait par le passé mais c’est la seule femme avec qui tu as été véritablement heureux en plus d’être la mère de tes enfants alors réfléchis bien et prends la bonne décision.
Moi : Tu sais que tu me fais toujours chier quand tu me sors tes réponses philosophiques ?
Paul : (Souriant) Je sais et c’est pour ça que tu viens à chaque fois me voir quand tu as besoin de conseils. Parce que tu aimes te faire chier.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Hum. Bon je vais y aller, je dois me rendre au boulot ce matin.
Paul : Idem.
Nous nous sommes levés ensemble et nous nous sommes fait accolade.
Moi : Merci pour tout et salut JO pour moi.
Paul : Sans faute. On s’appelle .
Je suis parti de là pour la maison puis de là-bas pour le boulot avant de rentrer à la maison me laver et me changer. Je suis retourné à l’hôpital à 22h pour lui poser des questions et après ses réponses, je me suis allongé sur le canapé sans plus rien lui dire. Cette nuit non plus je n’ai pas réussi à dormir et je me suis levé pour venir la regarder dormir avec des larmes coulant de ses yeux. Elle pleurait dans son sommeil.
Lorsqu’elle a ouvert les yeux ce matin je n’avais pas changé de position, j’étais toujours debout devant elle en train de la regarder.
Leslie : Bonjour
Moi : Qu’est-ce que tu m’as fait ?
Leslie : (Confuse) Je ne comprends pas.
Moi : Je veux que tu m’expliques exactement ce que tu m’as fait et la raison pour laquelle malgré tout, je continue de t’aimer comme un fou…