CHAPITRE I

Ecrit par Samensa

MIKE

Je suis assis à mon bureau depuis 7h en train de lire les informations sur internet. C'est fou le nombre de cambriolages qu'il y a eu ces derniers temps. C'est à croire que les malfrats ont décidé de faire de ce pays un plaque tournante de l'insécurité. Mais, nous ne les laisserons pas faire. Nous mettrons en place toutes les mesures possibles pour pouvoir les freiner. En parlant de mesures, il faudrait que je fasse un retour à mon supérieur hiérarchique, le commissaire, pour lui faire part de l'état d'avancement de nos actions sur le terrain. 

J'entreprends donc de rédiger mon rapport lorsque j'entends des bruits à l'entrée. Nos bureaux sont organisés en box dans un open space à l'exception de ceux des supérieurs, qui eux ont des salles aménagées en bureau. Je me lève donc pour avoir une vue de la porte d'entrée. Je vois alors deux de mes collègues entrer en soutenant une jeune fille qui m'a l'air vraiment épuisée. Elle a les vêtements sales, les tresses en bataille, les yeux bouffis. Je vais à leur rencontre pour savoir ce qui se passe.

- Mais qu'est ce qui se passe?

- Elle vient d'arriver, elle dit avoir été témoin d'un meurtre. On l'emmène dans la salle d'interrogatoire. Répond l'un de mes collègues.

- D'accord. Et toi - en faisant signe à un autre policier - apporte lui de quoi se rafraîchir. 

Pendant que mes collègues s'occupent de la fille, je me dépêche d'aller me mettre en uniforme afin de commencer le travail. Si cette fille a vraiment été témoin d'un meurtre, alors on a du pain sur la planche.


SAFI

A en croire mon sens de l'orientation dans le temps, ça fait environ 1 heure que je suis dans cette salle. Les policiers ont vraiment été gentils avec moi, ils m'ont offert à boire et à manger mais je me suis contentée de boire, je n'ai pas vraiment l'appétit. Ils ont aussi relevé mes empreintes et ont pris mes pièces d'identité. J'attends donc qu'ils m'interrogent afin que je puisse leur dire ce qui s'est passé et j'espère n'oublier aucun détail. Je veux vraiment qu'on les arrête.

La porte s'ouvre sur un homme de grande taille en tenue. Il doit frôler le mètre quatre vingt-dix et sans mentir, il est vraiment beau. Il a la carrure d'un homme qui fait beaucoup de sport, normal puisqu'il fait partie des forces de l'ordre. Il tire la chaise en face de moi, s'assoit et m'adresse un sourire qui se veut rassurant.

- Bonjour Mlle DUPRE.

- Bonjour Monsieur ?

- M. KOFFI. Je suis l'officier Mike KOFFI. 

Il me fixe d'un regard perçant qui met tellement mal à l'aise que je baisse les yeux.

 - J'espère que vous allez mieux ... Sinon, on peut reporter cet entretien à plus tard. 

- Non! Non! officier, je veux parler, vider mon sac. Il faut que vous retrouviez ces gens le plus tôt possible sinon je ne donne pas cher de ma peau. Ils ont pris mon smartphone, ils savent qui je suis, ils vont me tuer si vous ne faites rien. Je vais bien, je veux parler.

- Du calme. Respirez! ... Ne vous inquiétez pas ...

Il met en marche le magnétoscope, s'adosse dans sa chaise et croise les bras.

- Je vous écoute.

- Très bien. 

Je me redresse et me mets à parler.

- Alors, je descendais du boulot. Il était exactement 4h15 parce que j'ai regardé l'heure avant de sortir. Je le fais toujours. Et, ...


MIKE

Je l'écoute parler depuis 10 minutes. J'ai un peu pitié d'elle car je sais qu'elle est vraiment en danger. Ce matin, après son arrivée, un homme a effectivement été découvert assassiné à l'endroit qu'elle avait indiqué. Et cet homme n'est pas inconnu de nos services. Il se fait appelé "le passeur" et travaille avec le plus grand cartel de drogue de la sous-région. Et si, c'est vraiment eux qui l'ont éliminé comme je pense, alors on a un véritable problème. 

Nos services ont eu à faire une descente dans les entrepôts de cet homme avec perquisition d'une grande quantité de drogue. Et quand je dis grande, c'est vraiment énorme. Il a surement du avoir des problèmes avec le cartel suite à cela. En tout cas, ces gens ne plaisantent pas. S'ils savent qui elle est alors, il faut la faire sortir d'ici sinon ils la feront tuer. C'est pas inconnu: la police grouille de taupes, et à l'heure actuelle, je suis sûr qu'ils savent déjà qu'elle est ici.

Je reporte mon attention sur elle. Elle tremble quand elle parle et se tire les doigts, signe qu'elle est très nerveuse. Je lui tends un mouchoir pour qu'elle essuie les larmes qu'elle essaie de refouler tant bien que mal. Elle me sourit faiblement et continue son récit. C'est vraiment une belle femme. Elle est métisse, son nom et sa peau très clair le témoignent. Je suis d'autan plus fasciné par la couleur de ses yeux, marron clair. 

- Voilà officier, je crois que je vous ai tout dit ! dit-elle après avoir tapé la table d'un coup de poing.

Je sors donc mon état de réflexion et j'éteins mon magnétoscope.

- Bien Mlle DUPRE. Ecoutez, vous n'allez pas pouvoir rester ici ni retourner chez vous. On vous enverra dans un endroit sûr car ceux qui vous cherchent sont vraiment dangereux ... et partout. Il ne faut pas qu'ils vous retrouvent.

- D'accord, c'est compris. Mais, je dois appeler ma famille. Ils vont s'inquiéter. 

- Je le ferai pour vous. Je vous apporterez des vêtements de rechange et on partira ensemble plus tard.

Je me lève pour partir lorsqu'elle m'attrape la main.

- Officier?

- Oui?

- Merci. 

- Je vous en prie, c'est normal.

- Et puis, tutoyez-moi. Vous en avez bien le droit après tout ce que vous faites pour moi.

- D'accord. Alors, ce sera réciproque... Safi.

- Mike. 

Nos regards restent accrochés un instant puis elle baisse la tête.

Je sors de la pièce et donne des consignes pour sa sécurité. Il faut que je passe des coups de fil à des personnes de confiance pour sa sécurité. Je dois trouver un endroit où la cacher le temps de l'enquête. C'est un témoin clé de cette affaire. Je dois aussi appeler le portraitiste pour qu'elle fasse un portrait robot des hommes qu'elle a vu le plus tôt possible.


SAFI

Je me réveille en sursaut lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Je regarde autour de moi, je suis toujours au commissariat. Un policier entre et dépose un plateau de nourriture ainsi que des vêtements sur la table.

- L'officier KOFFI m'a demandé de vous remettre ces vêtements. Il veut que vous les portiez. Mais avant, vous devez manger, on vous a acheté du sandwich et une canette de soda. Bon appétit.

- Euh, merci... Mais dites moi, il est quelle heure?

- 15 h 30.

- Ah bon ? J'ai dormi longtemps alors... Merci.

Il sort de la pièce et me laisse seule. Mon ventre se met à gargouiller. J'attaque mon sandwich avec appétit. Je le termine rapidement et ouvre ma canette que je bois à grande gorgée. Ciel, j'avais vraiment faim! 

Je me lève et me place dos à la caméra pour troquer mes vêtements contre ceux que m'a fait parvenir Mike. Je travaille dans un bar de strip-tease et même si, je n'en suis pas une, je ne ressens aucune gêne à me mettre en sous-vêtements devant d'autres personnes. Pour moi, ce n'est pas être nu, c'est être en sous vêtements. Nuance! Je dépose mes vêtements dans la chaise que j'occupais. 

J'entreprends de passer le pull- over que j'ai reçu quand soudain, je ressens un violent mal de ventre qui me fait tomber au sol. J’entraîne dans ma chute le plateau qui contient les restes de nourriture que j'ai mangé. Je me tords de douleur. J'ai envie de crier mais je ne peux pas. J'ai tellement mal que je me mets à pleurer. Mais, qu'est ce qui m'arrive? Mon regard est capté par quelque chose d’inhabituel sur la canette. Ma canette a été percée par le bas, je vois un trou fin, sûrement avec une seringue. Je me rends compte de la situation. J'ai été empoisonnée.


MIKE

Le commissaire n'est pas présent aujourd'hui. Et étant son homme de confiance, j'ai la possibilité d'occuper son bureau lorsqu'il est absent. J'y travaille donc aujourd'hui et ça m'arrange parce que je peux surveiller Safi à partir des écrans de surveillance. 

Je vois qu'elle vient de recevoir ses vêtements et de la nourriture sur laquelle elle se jette avec appétit. Je souris, je suis vraiment contente qu'elle arrive à manger. J'ai eu peur que cette situation ne lui coupe l’appétit. Et, j'ai l'impression que sous cette apparence fragile, se cache une femme forte. Je continue mon travail en jetant de temps en temps des coups d’œil aux écrans. A un énième coup d’œil, je m'aperçois qu'elle est en train de se déshabiller. Je ne peux m'empêcher de l'observer. Elle enlève délicatement le t-shirt qu'elle porte et le dépose sur la chaise. Puis, elle descend son pantalon. Elle est de dos, donc j'ai une belle vue sur ses fesses. Elles sont belles, fermes, rebondies, comme je les aime.

Nom de Dieu, qu'est ce que je raconte? Et puis, qu'est ce qu'elle est en train de faire? J'ai chaud tout d'un coup, j'enlève le premier bouton de mon uniforme et me passe la main sur le visage. Elle se baisse pour retirer son pantalon. Là, c'est trop pour moi, je sens une érection naître. Je suis en train de devenir fou. Je décide donc d'arrêter les écrans lorsque je la vois tomber par terre. Mais, à quoi joue t-elle? Je me rapproche de l'écran et me rends compte qu'elle se tord en fait de douleur.

Je bondis de mon fauteuil et court vers la salle d'interrogatoire. Dans l'open space, je crie aux autres d'appeler une ambulance. Ils doivent me prendre pour un fou puisqu'ils me regardent avec des yeux écarquillés. Je dois crier une seconde fois pour que l'un d'eux s'exécute. Devant la salle d'interrogatoire, le policier de garde qui ne se doute de rien est en train de papoter gaiement avec une jeune femme que je reconnais comme étant la femme de ménage. Je lui crie d'ouvrir la porte. Ce qu'il fait confus.

Une fois à l'intérieur, je m'assieds et prend Safi dans mes bras. Elle est en sous vêtements mais je ne le vois pas. Je vois juste une jeune femme en train de perdre la vie. Elle essaie de me faire signe avec son regard que je suis jusqu'à la canette à côté. Je la prends, l'examine et me rends compte qu'elle a été empoisonnée. Je dois faire quelque chose sinon elle mourra avant que les secours arrivent.
MON AVOCAT, MON PROT...