CHAPITRE I : LES RESULTATS

Ecrit par Chroniques Femmes Fatales




 Poupina retint son souffle, la journaliste venait juste d’annoncer à la radio, la lecture des admis de la régions du Sud. Son regard se promena sur sa famille assise autour du grand poste radio que son père avait spécialement acheté pour suivre les résultats du baccalauréat.  Sans savoir pourquoi, elle eut soudain l’envie d’être seule, loin de tous. Elle voulait être la première à savoir ce qu’elle ressentirait exactement quand son nom allait être lu entend que définitivement admise.

Toute sa famille ainsi réunie autour d’elle la mettait mal à l’aise. Une sensation étrange la tenaillait.  elle la reconnue, et ce n’était pas le stress de ne pas réussir, non. C’était un sentiment très familier, du déjà, car à chaque fois qu’elle passait un examen, ils étaient toujours là près d’elle à faire un peu trop de démonstrations affectives. La fin était toujours la même: Ils sautaient de joie, appelaient tout le monde, les voisins, les amis, la famille, comme si c’était exceptionnel, ou quelque chose de surprenant! Ou qu’elle était incapable! Alors qu’ils devraient déjà savoir qu’elle réussissait toujours avec succès. Cette fois-ci encore elle allait l’avoir, comme d’habitude.

Une boule se forma du fond de sa gorge, et remonta lentement, Poupina sut qu’elle allait se mettre à pleurer de frustration.

« Pas devant eux », lui fit une petite voix dans sa tête qu’elle connaissait trop bien.  Profitant de leur concentration, elle s’éclipsa sans faire de bruit avec son fauteuil. Personne ne remarqua son absence, de toute façon ils avaient plus important à faire apparemment. C’était le résultat définitif qui leur importait beaucoup plus!

Dans sa chambre, elle s’enferma à double tour et éclata en sanglots. Elle savait pourquoi elle pleurait, les cris de joie qui fusaient du salon, en étaient  particulièrement la cause, elle venait de réussir une fois encore à son examen, et cette fois-ci, c’était la goutte d’eau. Elle allait devoir aller à l’université.

Maintenant, elle était officiellement une grande fille, elle allait devoir préparer son avenir, et surtout devenir une personne responsable. Etre responsable… Qu'est-ce que cela signifiait? Affronter les regards des autres qui la suivraient presque partout et avec pitié?  Elle ne voulait pas de ça! Ils pouvaient s’étouffer avec!  Elle savait très bien ce qu’ils voyaient en elle.

C’était d’abord son fauteuil, cet horrible fauteuil qui en disait long sur son état physique incapable, et elle avait horreur de ces regards.

Quelques coups furent frappés sur sa chambre, mais elle se retint de répondre, elle ne voulait même pas ouvrir. Elle n’avait rien à leurs dire, encore moins envie de célébrer son examen. A coup sur c’était son père, c’était le plus courageux pour venir cogner dans sa chambre quand elle était enfermée, pour faire son inspection, comme si elle allait se jeter par la fenêtre ou faire une connerie!

Les coups cessèrent, elle sut qu’il était reparti rejoindre les autres. De sa chambre, elle  entendait ses pas lourds et tristes. Les effusions de joie au salon avaient cessés, remplacés par le silence qui en disait long.

“ Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, cela ne me fait pas plaisir, c’est tout!” pensa-t-elle en chassant de sa tête l’image de sa famille triste. Ce n’était pas la première fois, et avec le temps, ils devaient deja savoir que ce n’était pas son truc les effusions de familles!  De toutes façons, elle savait qu’ils pensaient tous qu’elle était bizarre, s’ils la comprenaient vraiment, ils allaient savoir qu’elle ne voulait pas ce foutu examen! Ou alors, ils étaient contents parce qu’ils savaient qu’ils n’allaient plus s’occuper d’elle encore longtemps!

Cette dernière pensée lui suscita un sourire amer. Elle savait très bien que ses parents ne la laisseraient pas aller loin de la maison cette fois-ci. Ils l’avaient déjà laissé partir pour Zoétélé, alors, la voir encore partir loin, n’était pas envisageable. Financièrement surtout.

Poupina regarda le plafond blanc, à la recherche des réponses à toutes ces questions se bousculaient dans sa tête par rapport à son avenir. Elle venait d’obtenir un Baccalauréat Technique, mais ici au Cameroun, les possibilités concernant cette branche étaient très peu. Il n’y avait que de grandes écoles, et celles-ci coûtaient très chers. Coté finance ses parents ne roulaient pas dans l’or, son père n’était qu’un fonctionnaire, et sa mère une maîtresse d’école, alors les grands projets n’étaient pas pour eux, surtout que son père avait décidé depuis trois ans de construire une maison au village!

Mais alors, pensa Poupina, si elle n’allait pas à l’université, qu’adviendrait-il d’elle? Les gens n’allaient pas être étonnés, pires ils diraient même qu’elle avait fait ce que beaucoup dans sa condition ne pouvait pas faire ici en Afrique! Aller à l’école et obtenir les diplômes! Ils ajouteraient même qu’elle pouvait être fière d’elle. Comme si ces conneries allaient lui remonter le morale! Elle voulait étudier, montrer à tous que son handicap ne la limitait pas! Elle voulait parcourir le monde, vivre enfin une vie libre sans avoir l’impression de dépendre des gens! Mais il fallait être réalistes, ils avaient raison, et c’est ce qui l'énervait le plus. En plus elle détestait la foule, alors pour le projet de parcourir le monde, elle pouvait barrer cela. Et le plus effroyable c’est qu’elle allait être loin des religieuses qui l’avaient élevée. Pire, ces cauchemars pouvaient recommencer, et rien ne pourrait la sauver de l’abîme cette fois-ci.

Ses parents ne savaient pas cela, d’ailleurs, ils ne connaissaient rien d’elle.  Ils se contentaient de la regarder évoluer, sans savoir l’enfer dans lequel elle vivait depuis une dizaine d’année.

Elle ne leur avait rien dit. Les sœurs croyaient que ses parents leur avaient laissé le champ libre pour prier pour elle et avec elle à chaque fois que le cauchemar recommençait, mais elle s’était abstenue de le leurs dire. Ils étaient déjà suffisamment tristes et coupables d’avoir une fille paralysée, alors ajouter encore le problème de possession était au-dessus des forces de Poupina. Elle était heureuse d’avoir un problème et de chercher toute seule la solution, sans qu’ils ne soient derrière elle tout le temps.

Quel meilleur moyen de lui rappeler son handicap ?

Un sourire affectueux naquit sur son visage, elle pensait aux sœurs qui l’avaient vue grandir. Celles-ci savaient tout d’elle.  Elles connaissaient son tourment infernal. Et cela, depuis le jour où son père, après avoir constaté que Poupina ne marcherait plus après son accident  avait pris contact avec un couvent spécialisé qui avait à son sein des établissements primaires et secondaires. Elles avaient accueilli chaleureusement Poupina, et quand ses rêves avaient commencé, elles l’avaient protégée, et ensembles elles priaient pour éloigner d’elle les esprits qui la troublaient.

Parfois, sœur Faustine l’obligeait à sortir de son cocon, en lui confiant de petites besognes. Ses parents ne savaient même pas qu’elle pouvait cuisiner, encore moins faire les autres travaux domestiques! A chaque fois qu’elle voulait faire quelque chose, l’un des membres de sa famille l’avait déjà fait! Ils la faisaient se sentir inutile, pire un poids ou redevable.

Peronne n’avait besoin de son aide, ils ne lui demandaient rien, mais la questionnaient sans cesse si elle avait besoin de quelque chose! Certes, elle  proposait jamais son aide, mais elle leur en voulait de ne pas penser  à elle comme une personne utile

Son visage s’assombrit, et sa chambre lui parut soudain très petite, tandis qu’un  froid commença à l’envahir de l’intérieur. Poupina ferma les yeux afin de chasser ses pensées, mais elles étaient déjà présentes. elle prit peur, et se rendit compte que sa chambre était loin de la protéger, il lui fallait de la chaleur humaine, la présence qui allait faire en sorte qu’elle oubli ses pensées obscures. Et de toute façon, tôt ou tard, elle devait sortir pour recevoir ses félicitations d’usage de sa famille.

Elle essuya ses yeux, même comme elle savait qu’ils étaient enflés et avaient rougis. Elle pouvait toujours leurs dire que c’était des larmes de joie.

Elle remonta sur son fauteuil, et sortit en longeant le couloir. Quand son père avait fait construire cette première maison, il avait demandé àchacun de choisir l’emplacement de sa chambre, Poupina avait voulu la plus éloignée possible, mentant qu’elle avait besoin de tranquillité pour se concentrer sur ses études.

Quand elle entra au salon, ils étaient  tous là, avec les mines tristes. Bien sûr que c’est à cause de moi! Je  les rends tout le temps triste.

A son entrée, son père assit sur le divan face à la radio qui diffusait encore la liste des noms des autres établissements, se leva et vint vers elle.  C’était un homme d’une cinquantaine d’années, chétif, mais avec une force mentale que Poupina admirait en secret. Il réussissait à garder l’équilibre et le mental dans toutes les circonstances. Il se dirigea vers elle et s’accroupit face à elle, puis passa un doigt affectueux sur sa joue en la scrutant attentivement.

- Tu as pleuré ? demanda-t-il avec une lueur de tristesse dans le regard.

- De joie papa, répondit-elle en mentant. Ou alors je ne devrais pas ? Peut-être que mon nom n’a pas été prononcé ?

Elle s’efforça d’afficher un sourire jaune sur son visage.

- Tu sais très bien ma chérie que tu es la meilleure. Le jour où ton nom ne sera pas prononcé, n’est pas encore prêt d’arriver.

Il la prit dans ses bras pour une étreinte, qui fit du bien à Poupina. Elle sentit le froid en elle se dissiper. Elle avait eu raison de sortir de sa chambre, la présence de sa famille la réconfortait pour le moment. Comme un signale, chacun se leva tour à tour pour la prendre dans ses bras.

Quand  ce fut le tour de sa mère, Poupina put lire de la tristesse tout aussi. Mais elle était habituée, sa mère avait tout le temps un regard triste quand elle le posait sur elle.

- Alors, qu’avez-vous prévu pour moi ? demanda Poupina pour changer l’ambiance.

- Tout ce que tu voudras ma chérie, c’est toi la princesse du jour, alors tes désirs sont des ordres.

- J’avoue papa que je n’ai aucune idée, mais la tienne ou celle de Cristal est la bienvenue.

Sa mère lui sourit.

- Ton père a déjà prévenu tous ses collègues qu’il organise la plus grande soirée de sa vie, ta sœur a déjà lancé des invitations à ses camarades de classe, et ton frère je suis sûre que ses camarades d’université seront aussi là, alors imagine la fête qu’il y aura ici ce soir.

Poupina sourit à sa mère.

- Maman, je suis sûre que toi aussi tu as invité tes amies de la réunion. Pas de soucis, une petite fête me fera du bien pour commencer les vacances. Mais pour le moment, j’ai juste faim, je vais aller prendre le déjeuner.

- Ne t’en fais pas, je vais te l’apporter. Donne-moi juste quelques minutes pour te le préparer. Cristal, tu viens m’aider ?

Poupina ne répondit pas, et regarda sa mère entrer dans la cuisine suivit de sa sœur qui ne cachait pas son étonnement.

- Maman, depuis quand tu as besoin de moi dans ta cuisine ? demanda Cristal en ouvrant le frigo.

- Je ne peux donc plus  demander ton aide en cuisine ?

- Maman, tu détestes quand on entre dans ta cuisine, tu as toujours l’impression qu’on ne cuisine pas bien comme toi. Alors j’aimerais bien savoir la vraie raison. Tu sais, tu peux tout me dire. Ça concerne ma petite sœur ?

Cristal lui fit un sourire espiègle, Agnès le lui rendit.

- Tu as raison, je voulais te parler au sujet de ta sœur. Tout le monde va inviter ses amis, et je me demandais si tu connaissais une de ses amies, afin de l’inviter, ainsi elle ne se sentira pas seule.

Cristal regarda sa mère comme si elle avait dit une connerie.

- Maman, sérieusement, tu connais une de ses amies ou camarades ? Je n’ai jamais vue une seule franchir le seuil de la porte pour lui rendre visite.

Agnès dût reconnaître que son aînée avait raison. Il n’y avait que les religieuses qui lui rendaient visite durant les vacances.

Elle regarda sa fille ainée, puis ses pensées allèrent vers Poupina.  Elles étaient si différentes ! Cristal était extravertie, Poupina si introvertie! Elle pouvait passer toute une journée dans sa chambre sans boire ni manger. Elle demandait rarement un service, pire, elle se faisait silencieuse, comme si elle voulait se faire oublier. Mais comment oublier un enfant qui hurlait de son silence ? Qui hantait par son absence ? Poupina était tout le temps dans ses pensées, malgré son envie de se faire toute petite. Martha s’en voulait, c’était son idée de la mettre dans un établissement religieux, juste après son accident pour plus de suivie. Les sœurs disposaient d’un centre médical, d’une école et d’un collège.  Plus tard, quand Poupina avait décidé de rester tout le temps de son cursus scolaire secondaire, au fond d’elle, Martha s’était sentie soulagée, non pas de se débarrasser d’elle, mais parce qu’elle voyait bien une lueur de vie réanimer les yeux de sa fille. Elle était reconnaissante aux sœurs d’en être les responsables. Mais très vite, elle su que sa fille n’était plus totalement la sienne. Les religieuses lui avaient pris son enfant.  A chaque fois que Poupina rentrait, elle se murait dans un mutisme qui disparaissait à l’approche de son départ pour le couvent. Elle se rendait compte qu’elle ne connaissait rien sur la vie de sa fille, ni ses amis, encore moins  ses camarades. Ses visites au couvent étaient  marquées par une gène, comme si Poupina faisait tout pour écourter la visite de sa mère.  Elle avait une façon de repousser les autres par son silence, son regard tranchant laissait sans voix et déstabilisait n’importe qui. Mais en mère attentive, Martha lisait une souffrance muette dans le regard de sa fille, quand elle y plongeait.

Quelque chose la faisait souffrir, et comme Poupina ne se décidait pas à parler, elle se contentait de l’aimer en silence, de prier pour elle. Ce n’était pas la faute de sa fille, les circonstances de la vie l’avaient rendue ainsi. Naître normalement, et devenir inapte suite à un accident à l’âge de trois ans, pourrait traumatiser tout le monde. La vie n’était plus pareille, le destin changeait. Martha savait que le destin de sa fille ne serait plus le même, et c’est ce qui la faisait souffrir. Martha faisait tout pour prouver à sa fille qu’ils l’aimaient de la même façon que celle qu’elle était dix-sept ans plus tôt.

Elle sortit de sa torpeur, tandis qu’une voix lui murmurait qu’ils avaient perdu la vraie Poupina ce fameux jour.

Elle se concentra sur le repas.



                                                ***    

               

Poupina détesta la fête organisée pour elle.

Elle se contenta de sourire par ci, écouter par là mais surtout rester silencieuse. Un collègue de son père lui avait demandé quelques instants plutôt ce qu’elle voulait faire maintenant. Il fallait avouer que cela donnait à réfléchir. Mais le pire c’est qu’elle ne savait pas en quoi elle était douée. Chaque membre de sa famille était concentré à parler avec les amis invités.

Elle s’ennuyait.

La musique lui donnait de maux de tête, et tous ces gens qu’elle ne connaissait pas, lui donnaient aussi des vertiges.

Elle décida de sortir prendre de l’air dans le jardin. Dehors, elle respira un grand coup, comme si elle en avait rêvé toute la nuit. Très vite, ses pensées se mirent à s’évader.  Elle aurait tant aimé profiter de cette soirée si elle avait été normale, elle aurait dansé toute la nuit sa réussite,  avec ses amis et camarades qu’elle aurait invité. Elle aurait ri avec eux, et aurait su ce qu’elle voulait faire plus tard.  Poupina enviait Cristal, elle était si belle! Elle avait un tas d’amis, et un petit copain qui était fou d’elle. C’était la fille parfaite. Cristal ne comptait même pas le nombre d’admirateurs qui lui couraient après. Même Gaston Fono, son premier coup de cœur, était tombé amoureux de sa sœur.

Elle n’avait que quinze ans quand elle avait eu son premier chagrin d’amour. Il était leur voisin, et passait tout son  temps en compagnie de Poupina, et finalement,  elle en était tombée amoureuse.  Sauf qu’un jour il lui demanda de le mettre en contact avec Cristal, et de lui remettre une lettre. Elle comprit qu’en fait, elle n’était qu’une excuse pour venir chez eux, voir Cristal!

Cette fameuse nuit, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, et un sentiment de haine envers sa sœur avait grandi en elle d’un coup. Non seulement  sa sœur était la responsable de son accident, mais en plus elle lui piquait le garçon qu’elle aimait!

Ce jour fut aussi le début de ses cauchemars.

La sœur Faustine lui avait toujours demandé de regarder le ciel quand elle se sentait seule et triste. Là, on pouvait être sûr qu’on n’était pas seuls, car là-haut, vivaient le Seigneur et  sa cohorte de Saints et Anges. Comme pour faire un avec ses pensées, une étoile filante traversa soudain le ciel étoilé. Poupina ferma les yeux, et fit un vœu.

- Je veux, je veux être heureuse pour une fois… murmura-t-elle en silence.

Une image se dessina soudain dans son esprit, elle vit d’abord des yeux, d’un vert lumineux. Ils étaient perçants mais limpides, remplis d’espérance et de chaleur. Poupina ne put s’empêcher de se demander si quelqu’un pouvait avoir sur terre des yeux aussi beaux. C’était impossible, il n’y avait que des anges.  Elle était victime de son imagination, conclut-elle en ouvrant d’un coup les yeux.

Un froid glacial la transperça d’un coup, le jardin lui parut soudain froid et dangereux, elle enleva le frein de son fauteuil et retourna à l’intérieur. Elle croisa son père qui venait vers elle.

- Je te cherchais, je croyais que tu étais dans ta chambre.

- Je voulais prendre un peu d’air frais, mais je crois finalement que j’ai attrapé froid.

Il s’approcha de Poupina et posa sa main sur le front de sa fille, et parut inquiet.

- Tu es brûlante, et fiévreuse. Je crois que tu devrais te reposer un peu.

Il se plaça derrière elle pour la conduire jusqu'à sa chambre, elle se laissa faire. Poupina se sentait fatiguée pour protester, elle ne voulait que se retrouver dans sa chambre et dormir. Sa mère s entra dans la chambre toute inquiète aussi.

- Que se passe-t-il André ? demanda-t-elle en pliant le fauteuil, tandis que son mari portait Poupina dans ses bars pour la poser sur le lit.

- Elle a de la fièvre, et tremble entre mes bras, sûrement le froid.

Il recouvrit Poupina de sa couverture. Et s’assit sur le bord du lit en regardant sa femme.

- Elle devrait prendre quelque chose tu ne penses pas ? Un cachet pour baisser la fièvre.  

Agnès posa main sur le front de sa fille et poussa un cri.

- Mais elle est brûlante ! s’écria-t-elle.

André sortit prendre la boite à pharmacie et rassurer les invités. Poupina voulait bien leur dire qu’ils faisaient toute une histoire pour rien, mais ils étaient lancés dans leur rôle de parents inquiets.

- Maman, je vais bien, murmura-t-elle. Je veux juste me reposer un peu et après tout ira bien.

- Chut, reste tranquille, ton père arrive avec un calmant et après on te laisse dormir…

- Je t’assure maman, que tu t’inquiètes pour rien…

Poupina voulut se lever pour rassurer sa mère, mais retomba sur le lit évanouie…

Sa mère se mit à la secouer pour la réveiller, mais bientôt, elle dût la relâcher, le corps de Poupina dégageait une chaleur qui était loin d’être normale, on aurait dit qu’elle était un brasier.

- Oh mon Dieu! Oh mon Dieu fit-elle  en tombant à genoux.

Un nuage fumée sortait du corps de sa fille, comme si elle était sur un brasier entrain de brûler!

***

Cette chaleur, cette horrible douleur en elle, tout cela semblait si familier…

Poupina avait l’impression qu’une coulée de lave circulait dans son corps. Tout semblait se consumer en elle et surtout autour d’elle. Comme si elle ne faisait plus qu’un avec le feu qui la brûlait.  Cela lui faisait si mal qu’elle ne put retenir les hurlements  à fendre l’âme.

Elle savait que cela ne servait à rien, personne ne viendrait la sauver. Elle savait qu’en ouvrant les yeux, elle verrait qu’elle était attachée comme d’habitude sur une bûche, prête à être sacrifiée. Elle maintint ses yeux fermés malgré la douleur insupportable. Elle ne voulait pas voir ce qui l’attendait, c’était horrible l’enfer, toutes ces âmes qui hurlaient, et brûlaient comme elle, cette souffrance des damnés, ce feu qui brûlait tout le temps sans jamais s’éteindre… Mais le pire, c’était ELLE!

Oui, Poupina savait bien que d’un moment à un autre, ELLE allait apparaître, et cela allait faire encore plus mal, tellement  horrible d’affronter son visage hideux. Rien que sa voix donnait des frissons malgré le feu dans lequel elle consumait.

Elle se mit à frissonner de tout son corps, cela ne pouvait dire qu’une seule et unique chose: ELLE était là! Elle pouvait ressentir son aura maléfique malgré ses yeux fermés.

Poupina poussa un cri aigu quand elle sentit un frôlement le long de sa nuque. Sans pouvoir se retenir, elle ouvrit les yeux, et la vit…

ELLE était bel et bien là, virevoltant autour de poupina, couverte  de haillons. Poupina voulait hurler devant cette effroyable apparitions, mais sa voix refusait de sortir, paralysée, elle la regarda avancer, incapable de faire le moindre mouvement.

- Alors, on a encore été vilaine jeune fille ? fit l'épouvantable voix venue de nulle part et de partout. L’envie est l’un des sept péchés capitaux, tu le sais n’est-ce pas? Quiconque envie la chose de l’autre surtout de son frère, mérite d’être puni. Oh la vilaine petite soeur…

Cette voix était son cauchemar, cette présence son enfer!

- Regarde-moi…Tu es à moi, retiens-le! Ton âme et ta vie m’appartiennent, c’est mon du ! Une vie, pour une vie…

Poupina secoua la tête négativement, elle ne pouvait pas répondre sans crier, et elle avait tellement froid et brûlait en même temps.

- Tu as perdu ta langue jeune fille ? Je peux te la retrouver...

ELLE approcha sa main vers la bouche de Poupina, au contact froid, celle-ci poussa un cri tellement aiguë qu’elle en eu mal à la gorge et se mit à tousser et cracher en même temps. Les larmes aux yeux lui brouillèrent soudain la vue, floutant la présence devant elle.

- Poupina…Poupina s’il te plaît ouvre les yeux mon enfant… S’il te plaît…

Cette voix n’était plus la voix horrible qui hantait ses nuits, mais celle de son père, elle devait espérer de toutes ses forces afin de revenir à elle.

- C’est un piège fillette! Rêve, réalité tout cela n’est qu’un pas pour moi… Je suis partout en toi, autour de toi. Tu ne pourras jamais m’échapper, jamais…

- Non !... Non…

- Ouvre les yeux s’il te plaît, je t’en prie ouvre les yeux…

Il y avait des larmes dans la voix de son père, des larmes de tristesse que Poupina connaissait bien, cela ne pouvait pas être un rêve…

- Papa…Papa s’il te plaît aide moi…

Poupina voulait s’en sortir, retrouver le monde réel, fuir tout cet horreur autour d’elle. Elle se souvint de ce que lui disait toujours la sœur Faustine : «  Ferme les yeux et pense très fort à notre Seigneur mort sur la croix pour nos péchés, dis-toi que ce que tu vis n’est rien comparé à ce qu’il a vécu sur la croix de Golgotha, et n’oublies jamais d’invoquer sa sainte mère qui vient toujours au secours de ceux qui l’invoque au nom de son fils…Mais n’oublis jamais, Dieu aime tous ses enfants, alors crois

LA SACRIFIEE